^«fel-g! Xf' Digitized by the Internet Archive in 2011 with funding from University of Toronto http://www.archive.org/details/laperscution02alla I » t P LA I PERSÉCUTION DE DIOCLETIEN ET LE TRIOMPHE DE L'EGLISE Tome II DU MÊME AUTEUR : Rome souterraine, résumé des découvertes de M. de Rossi dans les catacombes romaines ; traduit de l'anglais, avec des additions et des notes. Deuxième édition. Un volume grand in-8<>. illus- tré. Prix 30 fr. Les Esclaves chrétiens depuis les premiers temps de l'É- glise jusqu'à la fin de la domination romaine en Occi- dent. Ouvrage couronné par l'Académie française. Deuxième édition. Un volume in-12. Prix 3 fr. 50 L'Art païen sous les empereurs chrétiens. Un volume in-i2. Prix , 3 fr. Esclaves, Serfs et Mainmortables. Deuxième édition. Un volume in-8°. Prix 3 fr. Histoire des persécutions pendant les deux premiers siè- cles. Deuxième édition, revue et augmentée. Un vol. in-S". Prix. 6 fr. Histoire des persécutions pendant la première moitié du troisième siècle. Ouvrage couronné par l'Académie française. Deuxième édition, revue et augmentée. Un volume in-S", Prix. 6 fr. Les Dernières Persécutions du troisième siècle. Deuxième édition, revue et augmentée. Un volume in-8". Prix 6 fr. Le Christianisme et l'Empire romain de Néron à Théodose. Troisième édition. Un volume in-12. Prix 3 fr. 50 Saint Basile. Deuxième édition. Un volume in-12. Prix . 2 fr. » Paul Lamache, professeur aux Facultés de Strasbourg et de Grenoble, l'un des fondateurs de la Société de Saint-Vincent de Paul. Un volume in-12. Prix 2 fr. Typographie Firmiu-Didot et C®. — ^resiiil (Eure). LA PERSECUTION DE DIOCLÉTIEN ET LE TRIOMPHE DE L'EGLISE PAR PAUL ALLARD DEUXIEME ÉDITION, REVUE ET AUGMENTÉE TOME SECOND PARIS LIBRAIRIE VICTOR LECOFFRE RUE BONAPARTE, 90 1900 ^OV 20 1933 C4SÙ. LA PERSÉCUTION DE DIOCLÉTIEN ET LE TRIOMPHE DE I/ÉGLISE CHAPITRE SEPTIÈME LES CHRÉTIENS DEPUIS l'aBDICATION DE DIOCLKTIEN ET DE MAXIMIEN JUSQU'a l'uSURPATION DE MAXENCE (305-306). SOMMAIRE. — I. Abdication de Dioclétien et de Maximien. Fin de la persé- cution EN Occident (303). — Dioclétien malade à Nicomédie. — La persé- cution se poursuit dans ses États. —Procédés différents des gouverneurs, — Incendie d'une ville chrétienne de Plirygie. — Martyre de liuit chré- tiens à Césarée. — Galère arrive à Nicomédie. — Il obtient l'abdication de Dioclétien et de Maximien Hercule. — Formation d'une nouvelle té- trarchie. - Élévation de Galère et de Constance au rang d'Augustes. — Choix de deux nouveaux Césars. — Maximin Daia proclamé en cette qua- lité à Nicomédie, au mépris de Constantin, lils de Constance. — Sévère proclamé en la même qualité à Milan, au mépris de Maxence, fils d'Her- cule. — Nouveau partage territorial. — La persécution cesse en Espagne, devenue partie de l'apanage de Constance. — Sévère la fait cesser eu Italie et en Afrique. — Cependant les biens ecclésiastiques ne sont pas rendus, ni les rapports officiels rétablis. —Réflexions d'Eusèbe. —II. Nouveaux édits de persécution en Orient (30G). — Martyre de cinq sculp- teurs chrétiens en Pannonie. — Maximin Daia accorde une amnistie aux chrétiens. —Ses illusions sur la puissance du paganisme. — Les Eglises orientales commencent à se réorganiser.— Canons pénitentiaux de Pierre V. 1 LES CHRÉTIENS DEPUIS L'ABDICATION. d'Alexandrie. — Prompte fin de l'amnistie. — Nouveaux édits de persé- cution. — Leur promulgation dans les États de Maximin et dans ceux de Galère. — Martyre d'Hadrien et de Natalie à Nicomédie. — Martyre de Théodore, à Amasée. — Autres soldats martyrisés dans la môme ville. — Martyre de sainte Julilta et de saint Cyr, à Tarse. — Martyre d'Aphien, à Césarce. — Prodige attesté par Eusébe. — Martyre d'Ulpien, à Tyr. — Martyre d'Edesius, à Alexandrie.— Pierre, évéque de cette ville, se tient caché. — Origine du schisme de Mélèce. — Lettre écrite contre Mélccc par quatre évoques captifs. — Philéas, évéque de Thûiuis, et le haut magistrat Philorome, dans la prison d'Alexandrie. — Souffrances des prisonniers chrétiens décrites par Philéas. — Jlartyrs de la Thé- baïde. — Apollonius. — Le joueur de flûte Polémon. — Conversion du gouverneur Arrien. — Les convertis de la Thébaïde amenés à Alexan- drie et noyés par l'ordre d'Hiéroclès. — III. Avènement de Constantin et DE Maxence (30G). — Constantin à la cour de Galère. — Il est rappelé en Gaule par Constance. — Ruse employée pour déjouer les poursuites. — Son voyage. — Il accompagne Constance en Bretagne. — Mort de Cons- tance à York. — Constantin proclamé Auguste par les soldats. — 11 en- voie son portrait aux autres empereurs. — Galère se décide avec peine à reconnaître son élection, mais le fait descendre au rang de César. — Exaspération de Galère. — Les païens traités aussi cruellement que les chrétiens. — Nouveau supplice du feu, inventé pour ces derniers. — Martyre de Claude, Astére. Néon, Doranina etTheonilla, en Cilicie. — Martyre d'Agapius, à Césarée. — Débauches de Maximin. — Chrétiennes sauvant leur vertu par une mort volontaire. — Sainte Pélagie, à Antioche. — Autres martyres de cette ville. — Domnina, Bernice et Prosdosces se noient pour échapper aux persécuteurs. — Maximin confisque les biens d'une chrétienne d'Alexandrie, qui a résisté à sa passion. — Chrétiennes punies par le martyre de leur résistance aux propositions infâmes des gouverneurs. — Réflexions do saint Augustin sur celles qui ont été outragées par violence. —Ambition de Maxence. — Mécontentement du peuple de Rome et des i>réloriens. — 3Iaxence proclamé par eux empe- reur. — Extinction de la seconde tétrarchie. — Six empereurs en pré- sence. Abdication de Dioclétien et de Maximien. — Fin de la persécution en Occident (305). Après avoir dédié, en septembre, le cirque de Nico- médie, Dioclétien tomba dans une telle langueur, que sa vie parut menacée. Pendant deux mois, des prières ABDICATION DE DIOCLÉTIEN ET DE MAXIMIEN. 3 s'élevèrent pour lui dans tous les temples (1). Le 13 décembre, on le crut mort. Le palais était en lar- mes; les tribunaux avaient suspendu leurs audien- ces (2). Le lendemain, on apprit que l'empereur vi- vait encore (3). Beaucoup, cependant, persistaient à en douter, et disaient que la crainte d'une révolution militaire faisait tenir sa mort secrète jusqu'à la pro- cbaine arrivée de Galère (4-). Enfin, le l*^' mars 305, Dioclétien parut de nouveau en public, mais telle- ment changé par la maladie, qu'il semblait mécon- naissable (5). La crise subie en décembre avait porté le dernier coup à une santé déjà ruinée ; le vieil Au- guste n'avait plus que des intervalles lucides, hors desquels sa raison s'égarait (6). (1) « Dftinde ita languore oppressusut pcr omnes deos pro vita ojus rogarclur... » Lactance, De mort. i)ers., 17. (2) « JJibus Decembribus luctus repente in palalio, inœstitia et la- crymée, judicum trepidatio, et silentium. » Ibid. (3) « Tota civitas jam non modo inortuum sed etiam sepultum dice- bant, cum repente niane postridie pervagari fama quod viveret. » Ihkl. (4) « Non defuerunt qui suspicarentur celari mortem ejus donec Cae- sar vcniret, ne quid a militibus novaretur. » Ibid. (5) « Quae suspicio tantum valait, ut nemo credereteum vivere nisi kalendis Martiis prodisset vix agnoscendus. » Ibid. (6) « Et ille idibus Decembribus morte sopitus animara receperat, ncc tamen lotam. Démens enim factus est, ita ut ccrlis horis insaniret, certis resipisceret. » Ibid. Ces paroles de Lactance sont bien d'un bomine qui vivait alors à Nicomédic et assistait avec tout le peuple au lamen- table déclin de l'empereur. C'est la vivacité d'expression d'un témoin, relevée parfois par un coup de pinceau digne de Tacite. Cependant des bistoriens modernes ont contesté la véracité du tableau, a Lactance, dit M. Duruy, tient à montrer le persécuteur des chrétiens privé de sa dignité d'homme par la justice divine; » Histoire des Romains, t. VI, p. G17. Mais Lactance n'est pas seul à peindre de telles couleurs l'état .^^ V.2 4 LES CHRETIENS DEPUIS L'ABDICATION. Pendant que l'âge, la fatigue, peut-être un secret remords, faisaient ainsi leur œuvre à Nicomédie, la persécution se poursuivait dans les États encore sou- mis à l'autorité nominale de Dioctétien. Les nombreux interrogatoires qui ont déjà passé sous les yeux du lecteur lui ont permis déjuger des différents procédés employés par les gouverneurs appelés à statuer sur le sort des chrétiens. Le moment me parait venu de les résumer en un tableau général, ou plutôt de re- produire celui qu'a tracé, d'une plume émue, un con- temporain, témoin attentif des souffrances de ses frè- res. Les variétés de caractère et de méthode, qui distinguent si profondément les procès de cette épo- que, où les magistrats n'étaient pas coulés dans un moule uniforme, se montrèrent probablement avec d'autant plus de relief dans les pays gouvernés par Dioctétien, que cet empereur était devenu plus inca- pable d'imposer une direction personnelle aux pour- suites exercées en son nom. « Il est impossible, — écrit Lactance, — de repré- senter en particulier ce qui s'est passé dans toutes les parties du monde romain. Chaque gouverneur s'est servi, selon son humeur, de la puissance qu'il avait reçue. Les timides, qui craignaient qu'on ne leur re- de Dioclétien. Eiisèbe {Hisf. EccL, VIII, 13, 11), Conslanlin {Oratio ad sanctorum cœtum, xxv, 2), s'expriment corniiie lui. On aurait mauvaise grâce à voir dans leurs paroles une calomnie intéressée des chrétiens, car Emmnc {Paneg. Max. et Coiist., 9), Euiropc {Brev., X), Julien {Cxsares, éd. Ilerllein, p. 405), s'accordent à reconnaître l'état de maladie ou d'extrême fatigue où était tombé Dioclétien. ABDICATION DE DIOCLETIEN ET DE MAXIMIEN. 5 prochât de n'avoir pas fait tout ce qu'on leur avait ordonné, ont été les plus hardis à aller môme au delà. D'autres les ont imités, ou parce qu'ils étaient natu- rellement cruels, ou par leur haine particulière pour les justes, ou pour plaire aux souverains et s'élever en flattant leur passion à des dignités pluséminentes. « Il y en avait qui se hâtaient de nous ôter la vie, comme celui qui fit un peuple entier de martyrs dans la Phrygie. Mais pour ceux-là, plus leur inhumanité était grande, plus elle nous était favorable. Les plus redoutables étaient ceux qui se flattaient d'une fausse apparence de bonté. Le bourreau le plus dangereux et le plus terrible était celui qui ne voulait tuer per- sonne, qui voulait se pouvoir glorifier de n'avoir ôté la vie à aucun innocent. Car j'en ai entendu moi- même de cette sorte, qui faisaient vanité de n'avoir point répandu de sang dans la province qu'ils gou- vernaient. Leur vaine gloire était encore jointe à une véritable envie. Ils ne pouvaient souffrir que les mar- tyrs eussent l'honneur de les avoir vaincus, et d'avoir remporté sur eux la couronne d'une constance invin- cible. « On ne saurait dire combien ces magistrats ont inventé de tourments pour venir à bout de leurs des- seins par les voies les plus cruelles. Car ils s'y appli- quaient comme à une chose où il fallait qu'ils fussent victorieux ou vaincus, sachant fort bien que c'était un vrai combat qu'ils avaient à soutenir contre les chrétiens. J'ai vu, dans la Bithynie, un de ces gou- verneurs dans une effusion de joie, et aussi glorieux 6 LES CHRETIENS DEPUIS L'ABDICATION. que s'il avait subjugué une nation de Barbares : et cela parce qu'un chrétien, qui avait résisté durant deux ans avec un 1res grand courage, avait enfin paru s'abattre. « Ils font donc toute sorte d'efforts comme en une chose où il y va de leur honneur, et tourmentent les corps par les douleurs les plus violentes, en évitant néanmoins surtout de les laisser mourir dans ces dou- leurs. Est-ce donc qu'ils s'imaginent que la mort seule nous rende heureux? Les tourments ne suffisent-ils par pour nous acquérir la gloire d'une constance gé- néreuse, et une gloire d'autant plus illustre que les tourments ont été plus grands? Cependant, dans l'a- veuglement où les met leur opiniâtreté, ils recom- mandent qu'on prenne grand soin de ceux à qui ils ont fait donner la question ; mais c'est pour la leur pouvoir donner encore une fois. Ils veulent qu'on ré- pare leurs membres et qu'on rétablisse leurs forces; mais c'est afin qu'ils puissent souffrir de nouveaux tourments. Peut-on voir rien de plus doux, rien de plus charitable, rien de plus humain? Ils n'en fe- raient pas tant pour leurs amis ! Voilà la bonté qu'ins- pire le culte des idoles. (( Certes, je ne trouve rien de si misérable que ces magistrats, obligés de devenir les ministres de la fu- reur d'un autre, les exécuteurs des commandements impies de leurs princes, et que cette malheureuse né- cessité a trouvés ou rendus cruels. L'autorité qu'on leur a donnée n'a point été une dignité ni un hon- neur qui les ait relevés; c'est un triste arrêt par le- ABDICATION DE DIOCLETIEN ET DE MAXIMIEN. 7 quel le prince les a condamnés à devenir des bour- reaux, et Dieu à souii'rir des peines sans fin (1). » Les paroles de Lactance font comprendre comment un grand nombre de confesseurs purent survivre à la persécution; mais elles montrent en môme temps quelle multitude de victimes pouvait faire, en certains lieux, la passion d'un seul gouverneur. 11 est ques- tion, au commencement du passage que nous venons de citer, d' « un peuple de martyrs » immolé dans la Phrygie. Cette efTroyablc exécution, qui substitua, dit Eusèbe, à la justice régulière toutes les horreurs de la guerre (2), se place, croyons-nous, au mois de février 305. Une ville de Phrygie où tous les habi- tants étaient chrétiens fut investie par les soldats. Vai- nement on promit la vie sauve à ceux qui sortiraient : personne ne voulut profiter d'une offre dont l'accep- tation paraissait entraîner l'apostasie. Depuis le cu- rateur, les magistrats, les membres du sénat, jus- qu'aux derniers du peuple (3), tous restèrent résolus à mourir ensemble pour leur foi. Quand les soldats et le gouverneur de la province eurent pénétré dans la cité, cette multitude de tout sexe, de tout âge et de toute condition refusa unanimement de sacrifier : elle fut alors enfermée dans la principale église, qui, dans (1) Laclûnce, Div. Inst., V, 11. — Pour rendre ce long passage je me suis servi de l'excellente IraducUon de TïUcmonl, 31 é moires, t. Y, arf. XX sur la perséculion de Dioclétien. (2) Tciôv oOxî'ti [jlsv xoivô) vofJLO) , 7ro>,£[jLO\j 6à xpouto 7r£7r£)>lOpxri(JL£VCOV . Eusèbe, Uist. EccL, VIII, 10, 12. (3) Voir t. I, p. 61. 8 LES CHRETIENS DEPUIS L'ABDICATION. cette cité toute chrétienne, n'avait pu être abattue : les bourreaux y mirent le feu, et cette foule inoffen- sive, hommes, femmes, enfants, périt dans les flam- mes en invoquant le Christ (1). Parmi les martyrs était un haut fonctionnaire d'origine italienne, Adauc- tus (2), investi d'une des charges de finance que Dio- ctétien avait créées dans presque toutes les villes (3). Cette tragédie n'avait pas ébranlé le courage des chrétiens, car, un mois après, la capitale de la Pales- tine vit leur héroïsme éclater d'une manière origi- nale et inattendue. Les prisons de Césarée étaient pleines de fidèles. Une grande fête fut annoncée, peut-être en réjouissance du rétablissement précaire de l'empereur. Le bruit se répandit alors dans le peu- ple que tous les chrétiens déjà condamnés allaient paraître dans l'arène et combattre contre les bêtes. Au moment où la foule curieuse se rendait au spec- tacle, le gouverneur Urbain, en route aussi pour l'am- phithéâtre, vit marcher vers lui un étrange cortège. Six jeunes gens s'avançaient, les mains liées. L'un, Timolaiis, était du Pont; le second, Denys, de Tripolis en Phénicie ; puis venaient nn sous-diacre de Dios- (1) Lactance, Div. Inst., V, 11; Eusèbe, Hist. Eccl., VJII, II; Rufin, ibid. — Je pense avec Tillemonl que le martyre d'Adaiiclus, raconté par Eusèbe dans le même chapilre que l'incendie de la ville chrétienne, et sans transition, eut lieu en môme temps. (2) Voir t. I, p. .^9. (3) Cf. Lactance, De mort, pars., 7. — L'histoire, hélas! se répète. En 1805, lors des massacres de chrétiens par les musulmans en Ana- toiie, deux mille cinq cents ou trois mille, à Orfa, ont été la proie dos flam.mes dans une église incendiée ù l'aide du pétiole. Voir lîevue des Deuj'Mondes , l^' août 1898, p. 518. ABDICATION DE DIOCLETIEN ET DE MAXIMIEN. 9 polis, nommé Romulus, deux Égyptiens, Paiisis et Alexandre, un autre Alexandre natif de Gaza. Dans un excessif mais généreux enthousiasme, ils criaient qu'ils adoraient le vrai Dieu, qu'ils étaient chrétiens, prêts à tout soufTrir, et n'avaient pas peur des bêtes : en témoignage de leur résolution ils montraient leurs mains attachées d'avance. Le gouverneur et son en- tourage restèrent un instant frappés d'admiration; puis Urbain commanda d'emmener en prison ces martyrs volontaires. Deux nouveaux prisonniers leur furent bientôt joints : Agapius, qui, plusieurs fois déjà mis à la torture, toujours avait confessé le Christ; Denys, qui s'était dénoncé lui-même par son zèle à subvenir aux besoins des chrétiens captifs. Ces huit champions de la foi périrent le même jour, non, comme ils l'avaient demandé, par les bêtes, mais par le glaive : leur supplice eut lieu le 2V du mois de Dystros, selon le calendrier syro-macédonien, le 9 des calendes d'avril (*2i mars), selon les Romains (1). A ce moment Galère arrivait en toute hâte à Nico- médie, sous prétexte de féliciter son beau-père de la santé recouvrée, mais en réalité pour contraindre le malade à l'abdication (2). On prétend que celle-ci était depuis longtemps résolue, et que, dès l'époque où il s'associa Maximien Hercule, le fondateur de la tétrarchie avait fixé à l'accomplissement de sa ving- (0 Eusèbe, De mart. Pal., 3, 2-4. (2) « Nec mullis posl dicbiis Cœsar advcnit , non ut patri gralulare- tur, sed ut eum cogerel imperio cedeie. » Lactance, De mort, pers., 18. 10 LES CHRÉTIENS DEPUIS L'ABDICATION. tième année d'empire l'époque où les deux Augustes se retireraient (1). La construction d'un immense palais sur la côte dalmate montre au moins que Dioctétien avait prévu sa retraite, et tout préparé dans la pen- sée de survivre noblement et délicieusement à son règne. Mais peu d'hommes sont assez philosophes pour descendre volontiers du trône. Comme un ma- lade s'attache d'autant plus à la vie qu'il se sent plus près de la quitter, le vieux souverain s'attachait da- vantage au pouvoir, au moment où son état physique et moral le rendait moins capal)le de l'exercer. 11 fallut toute la brutalité de Galère pour le décider à l'abdication. On connaît l'ascendant de ce César sur l'esprit ti- mide et cauteleux de son chef hiérarchique. Mais, jusqu'à ce jour, rien n'avait révélé son influence sur l'autre Auguste. Aussi n'apprenons-nous pas sans sur- prise qu'avant d'arriver à Nicomédie, Galère s'était assuré du désistement de Maximien Hercule. Il l'a- vait menacé de la guerre civile (2), s'était probable- ment prévalu auprès de kii d'une fausse mission de Diocléticn (3), et lui avait enfin arraché la promesse de (1) Duruy, Histoire des Boiuains, t. VI, p. 017. (2) « Jam conllixeral nuper Maximiano sene, eumque lerriierat in- jecto armorum civilium niolii. » Lactance, De mort, pers., 18. (3) Eutropc {Hrer., IX, 27) dit que Maximion, eu consentant à l'ab- dication, céda avec peine aux ordres de Dioclétien, cui cegrc collega ohtemperavit. Aurelius Victor {De Cœsaribiis, 39, 48) dit de inôtne : Cum insententiam Ilerculium agerrime tradtiaisset {Dioclcfianus). Eulrope et Aurelius Victor, contemporains de l'empereur Julien, sont probablement moins bien rensoii^nés que Lactance, qui nous montre ABDICATION DE DIOCLETIEN ET DE MAXIMIEN. 11 se retirer. Fort de cet engagement, il essaya (Vaborcl, vis-à-vis (le Dioclétien, de la persuasion et de la dou- ceur. Il lui représenta sa vieillesse, le déclin de ses forces, la difficulté de gouverner, malade, un si vaste Empire, la convenance de jouir enfin d'un repos acheté par tant et de si glorieuses fatigues (1). il lui rappela l'exemple de Nerva qui avait, vivant, transmis la pourpre à Trajan i2). La défense du vieillard fut pi- toyable. Tantôt Dioclétien parlait de l'humiliation qu'il éprouverait en quittant le faite de TEmpire pour redevenir simple citoyen ; tantôt, des haines qu'il avait excitées pendant un si long règne, et qui n'attendaient que sa retraite pour éclater (3). Nerva, dont on allé- guait l'exemple, était monté vieux sur le trône, n'avait régné qu'un an, et n'avait pas eu le temps de perdre l'habitude de la vie privée avant d'y rentrer (V). Lui, Dioclétien, avait depuis trop longtemps oublié qu'il Maximien lîcrculc décidé à la reiraile par Galère avant même que ce- lui-ci en ait parlé à Dioclétien. Si leur témoignage a quelque valeur, il veut dire probablement que Galère s'était servi du nom et de l'au- torité de Dioclétien pour peser sur la volonté d'Hercule. (1) « Aggressus est ergo Diocletianum, primum molliter et amice, jam senem esse dicens, jam minus validum et administrandœ reipu- bliccie inliabilem, debere illum requiescere post labores. » Laclance, De mort.pers., 18. (2) « Simul et exemplum Nervœ proferebat, qui imperium Trajano tradidisset. » Ibid. (3) « nie vera aiebatei indecens esse si post tantam sublimis fastigii claritatem in humilis vitœ tenebras decidisset, et minus tulum, quod in tam longo imperio multorum sibi odia quaîsisset. » Ibid. (4) « Nerva vero uno anno imperanle, cum pondus et curam tanta- rum rerum vcl œtate vel insolenlia ferre non quiret, abjecisse guber- naculum reipubliCcT, atque ad privalam vilam redisse, in qua consc- nuerat. » Ibid. 12 LES CHRÉTIENS DEPUIS L'ABDICATION. était le fils d'un greffier dalmate, et pris le langage et les sentiments d'un prince né dans la pourpre ! Si Galère ambitionne seulement le titre d'empereur, qu'il le reçoive : il n'y aura plus de Césars, les qua- tre souverains du monde romain deviendront des Augustes (1). 3Iais, à ce prix, qu'on laisse Dioclétien mourir sur le trône ! De toutes les scènes de comédie qui se jouèrent jamais dans le palais des rois, je n'en connais pas qui eût été plus digne d'inspirer un Cor- neille ou un Shakspeare. Il faut avouer que Galère y soutint spirituellement son rôle. Avec une exquise ironie, il prit contre Dioclétien la défense de l'établis- sement politique fondé par celui-ci. La hiérarcbie si sagement établie devra, dit-il, être éternellement maintenue, afin qu'il y ait toujours deux Augustes au sommet de la République, et sous eux deux Césars, leurs modestes auxiliaires. Entre les deux chefs su- prêmes, la concorde a pu aisément durer : si tous les quatre devenaient égaux, elle cesserait vite (2) . Puis, élevant le ton, et devenant tragique : « Si tu ne veux pas céder, s'écria-t-il, je ne prendrai conseil que de moi-même, car je suis résolu à ne pas rester plus long- temps le moindre et le dernier de tous. Voilà quinze ans que je passe dans flllyrie ou sur les bords du (1) « Verum si nomon imperatoris cuperct adipisci , impedimento nihil esse quoniinus onines Augusli nuncuparenlur. » De mort, pers., 18. (2) « Respoiulit deberc ipsiiis disposilionem in perpetuum conser- vari, ut duo sint in lepublica majores, Ciui sunimam reriim leneant, ilem duo minores, qui sint tdjumen'o. Inler duos facile posse concor- diam servari, inter quatuor parcs nullo modo. » Ibid. ABDICATION DE DIOCLETIEN ET DE MAXIMIEN. 13 Danube, combattant obscurément les Barbares, tandis que les autres vivent au milieu des délices, dans de vastes et paisibles provinces (1)! » L'ancien Galère reparaissait, et la menace remplaçait l'ironie. Dioclé- tien, qui avait reçu une lettre d'Hercule et savait que le César avait augmenté son armée, comprit qu'une plus longue résistance serait inutile : « Que ta volonté soit faite! » dit-il en pleurant (2). Telle est l'histoire de l'abdication, écrite par un homme à qui sa position près de Constantin permit de savoir de première source ce qui s'était passé (3). Moins bien renseigné pour le détail (car il se figure (1) « Si ipso cedere noluisset, se sibi consulturum, ne amplius mi- nor et extremus esset. Jam fluxisseannosquindecim in lUyrlco vel ad rlpam Danuvii relegatus cum gentibus barbaris luctaret, cum alii intra iaxiores et qiiietores terras délicate iniperarent. » De mort, pers., 18 (2) « His auditis, senex languidus, qui jam Maximiani senis litteras acceperat scribentis quaecunque locutus fuisset, et didicerat augeri ab eo exercilum, lacrymabundus : Fiat, inquit, si boc placet. » Ibid. (3) On a contesté encore ici le témoignage de Lactance. M. Diiruy [Histoire des Romains, t. VI, p. 617) voit dans son récit « une page de rhétorique que de complaisants écrivains ont prise pour une page d'histoire. » Il demande ironiquement si le rhéteur chrétien a vu au fond du palais les larmes de Dioctétien ou entendu les menaces de Galère. C'est oublier que Lactance était alors à Nicomédie, devint le précepteur du fils de Constantin, et a vraisemblablement appris les détails de la scène soit de quelqu'un de la cour, soit de Constantin lui-même qui vivait en 305 près de Dioclétien , dans le palais. La même réponse me paraît pouvoir être opposée aux doutes de Coen, VAhdicazione di Diocleziano (voir Revue crilù/vc, 1899, l),et de Morosi, Intorno al motivo daW abdicazione delV imperatore Dio- cleziano (dans Archivio storico italiano, t. V, 1880). Le fait, mis en lumière par Otto Scek (Die An fange des Constantin's des Grossen, dans Deutsche Zeiischrift fur Gesc/nchticisse7ischaft,t.\lU,\S9~), que le partage nouveau de l'Empire fut accompli dans le sens favo- rable à Galère, confirme le témoignage de Lactance. U LES CHRÉTIENS DEPUIS L'ABDICATION. que la santé de Dioclétien ne fut jamais meilleure qu'à cette heure critique), Aurelius Victor reconnaît aussi que la peur fut la cause déterminante de sa re- traite (1). Mais le malheureux empereur n'était pas au bout de ses humiliations. U restait à rétablir la hié- rarchie, démembrée par l'abdication des deux Au- gustes. Galère et Constance succédant sans difficultés à ce titre, deux nouveaux Césars devaient être choisis. Les convenances ou une règle déjà posée auraient voulu que l'élection fût faite par tout le collège impé- rial (2). « A quoi bon? dit Galère. U faudra bien que les autres approuvent ce que nous aurons fait. — Cela est vrai, répondit Dioclétien : d'ailleurs, il est néces- saire que nous^" nommions leurs fils (3). » Malgré un orgueil insupportable, Maxence, fils de Maximien Her- cule et gendre de Galère, était en effet, par sa nais- sance au moins, désigné pour la pourpre (i) ; et mieux encore le fils de Constance, le jeune Constantin, aimé des soldats pour ses qualités militaires, de tous pour l'honnêteté de ses mœurs et la douceur de son com- (1) c( (Diocletianus) imminenlium scrutalor, iibi fato inlestinas cladcs et quasi fragorem qiiemdaiu impcndere comperit status romani, cele- brato regni vicesimo anno valentior curain rcipublicœ oi^jecil. » Aure- lius Victor, De Cœsaribus. (2) a Supercrat ut coinmuni omnium consilio Cœsares legoreiitur. » Laclance, De mort, pers., 18. (3) « Quid opus est consilio, ciim sil necesse illis duobus placere quidquid nos fecerimus? — Ita plane. Nam illorum filios nuncupari necesse est. » IbUL (4) « Erat autem Maximiano filiusMaxcnlius, hujus ipsius Maximiani (Gdlcrii) gêner, bomo pernicioScC ac maire mentis, adeo snperbus et contumax ut neque patrem neque socerum solilus sit adorare. « Ibid. AimiCATION DE DIOCLÉTIEN ET DE MAXIMIEN. 15 merce, de Dioclëticn lui-même, qui le gardait près de lui, et l'avait élevé au grade de tribun du premier ordre (1). « Lesquels élirons-nous donc? — Sévère. — Quoi! Sévère, ce débauché, cet ivrogne, ce sauteur, qui fait de la nuit le jour et du jour la nuit! — Oui, Sévère. Il est digne de régner, car il a bien commandé mes soldats. D'ailleurs, je l'ai déjà envoyé à iMaxi- mien pour être revêtu de la pourpre (2). — Soit. Et pour le second, qui m'imposeras-tu? — Celui-ci, » dit Galère, montrant le jeune Daia, fds de sa sœur, un demi-barbare auquel il avait récemment, en signe d'adoption, donné son nom de Maximien ou Maxi- min (3). « Qui donc m'ofTres-tu? » s'écria Dioclélien surpris. « Mon parent. — Mais, continua en gémis- sant le vieil empereur, ces deux hommes ne sont pas (1) a Constanlio qiioqiio filins erat Conslanlius, sanctissimus adoles- ccns, et illo fasligio dignissiinus, qui insigni et decoro habilu corpo- ris, et indiistria militari, et probis moribus, et comilate singulari, a mililibus amaretur, a privatis et optaretiir. Eralque tune prœsens, janipridem a Dioclcliano farlus tribunus ordinis primi. » Ibid. (2) « Quos ergo faciemus? — Severum, inquit. — Ulumne saltato- rera, temulentura, ebriosum, cui nox pro die et dies pro nocte? — Dignus, inquit, quia mililibus fideliler prœfuit, et eum misi ad Maxi- mianum, ut ab eo induatur. » De mort, pers., 18. (3) « Esto. Alterum quem dabis? — Iliinc, inquit, ostendens Daiain adolescentem quemdam semibarbarum, qucm recens jusserat Maximi- num vocari de sno nominc. Jam et ipsi Dioclctianus nomcn ex parle mutaverat ominis causa, quia Maximianus fidem summa religione praestabat. » Ibid. On voit par cette dernière phrase que Dioclétien avait jadis obligé le César Galère à prendre le nom de Maximien qui paraissait de bon augure parce qu'il rappelait l'inviolable fidélité du second Auguste, Maximien Hercule. Les inscriptions l'appellent Gale- rius Valerius Maximianus, et donnent à Daia les noms de Galerius Valerius Maximiaus. 16 LES CHRETIENS DEPUIS L'ABDICATION. de ceux à qui peut être confié le soin de la Républi- que. — Je réponds d'eux. — C'est ton affaire, puisque aussi bien c'est toi qui prendras le gouvernement de l'Empire. J'ai assez travaillé, afin que, moi régnant, la chose publique n'éprouvât aucun dommage : si quel- que mal lui survient maintenant, ce ne sera pas de ma faute (1). » Le second acte de la comédie était joué. Il restait à faire accepter le dénoùment au peuple et aux sol- dats. Le 1""" mai, le cortège impérial se transporta sur une colline, à trois milles de Nicomédie. Ce lieu était déjà célèbre dans l'histoire du nouvel Empire : une colonne surmontée d'une statue de Jupiter y marquait la place où, vingt ans plus tôt, Maximien Hercule avait reçu la pourpre des mains de Dioclétien (2) . Les chefs militaires et des députations des légions étaient ras- semblés. Tous s'attendaient à l'élévation du jeune et brillant officier qui avait déjà rendu populaire le nom de Constantin (3). Le vieil Auguste prit la parole et (1) « Quis est hic quem milii ofFers? — Meus, inquit, afTinis. — At ille gemebundus : Non, inquit, eos homines milii das quibus lulela leipublicae committi possit. — Probavi eos, inquit. — Tu videris , <[ui regimen imperii suscepturus es. Ego salis laboravi et providi quemadinodum me imperante res publica slaret incolumis. Si quitl accesserit adversi, mea culpa non eril. » De mort, pers., 18. (2) « Cum hœc essent constiluta, procedilur kalendis Maiis... Erat locus al tus extra civilatem ad niillia fere tria, in ciijus sunimo Maxi- mianus ipse purpurain sumpserat; et ibi columiia tuorat erecla cum Jovis signo. Eo pergilur, Concio niilitum convocalur. » Ibid., 19. (3) « Conslantinuin omnes inluebantur. NuUa erat dubilalio. Milites qui aderant, et priores milituni electi et aceiti ex legionibus, in hune unuui intente gaudebanl, oplabaut, et vola laciebant. » lOid. ABDICATION DE DIOCLEÏIEN ET DE MAXIMIEN. 17 dit en pleurant que sa santé le contraignait au repos, qu'il fallait laisser l'Empire à de plus forts, et nom- mer de nouveaux Césars (1). Il prononce alors les noms de Sévère et de Maximin. Tous les yeux se tour- nent vers Constantin, debout sur l'estrade impériale. On se demande si son nom n'a pas été changé en ce- lui de Maximin par un caprice des Augustes. Mais sou- dain l'hésitation cesse. Galère s'avance brusquement, écarte de la main le fils de Constance, et pousse en avant Daia. Les soldats regardent cet inconnu, qui, bien qu'ayant passé en peu de temps par tous les grades de la garde impériale, restait ignoré de l'ar- mée (2). La surprise étouffe les protestations. Saisis- sant le moment favorable, Dioctétien jette son propre manteau de pourpre sur les épaules du neveu de Ga- lère : puis, « redevenu Dioclès, » l'empereur vétéran monte en voiture, traverse la ville, et se fait conduire au port, où un vaisseau l'emporte vers Salone (3). Le même jour, dans un temple de Milan, Maximien (1) « Inquil senex cumiacrymis, alloquilur milites se Invalidum esse, requiem post labores petere, imperium validioribus tradeie, alios Cee- sares subrogare. Suinma omnium expeclatio quid affcrret. » Ibid. (2) « Daia vero sublatus nuper a pecoribus et silvis, slalim scutarius, continuo protector, mox Iribunus, postridie Cœsar... » Ibid. Les scutarii et les proteclores étaient les gardes des empereurs; chaque cohorte de protectores était commandée par un tribun, irib. coh. priinœ prxt. protect. (Wilmanns, Exempla inscr., 1639), Daia était probablement tribun d'une des cohortes de protectores quand il fut promu César. (3) « Nemo tamen reclamare ausus est, cunclis insperataî novitate rei turbatis. Huic purpuram Diocletianus injecit suam, qua se exuit, et Diodes ilerum factus est. Tum descenditur, et rheda per civila- tem veteranus rex foras exportalur, in patriamque dlmittitur. » Lac- tance , /. c. 18 LES CHRETIENS DEPUIS L'ABDICATION. Hercule accomplissait une semblable cérémonie et donnait l'investiture à Sévère, devenu César au détri- ment de son fils Maxence (1). Pais le vieil Hercule se retirait, non, comme Dioctétien, pour cultiver philo- sophiquement de beaux jardins à Salon e, mais pour jouir de grossiers plaisirs dans ses villas de Lucanie. Les changements de personnes dans le collège im- périal amenaient, nécessairement, un remaniement dans les États. Pendant que Galère étendait sa suze- raineté sur toute la partie orientale de l'Empire, tant en Europe qu'en Asie, Constance prenait la supré- matie sur rOccident. Mais les Césars, tout en demeu- rant, selon le plan de Dioctétien, subordonnés aux Augustes, recevaient des provinces dans ces deux moitiés du monde romain. Constance, dont Eutrope loue la modération (2), parait avoir joint la seule Es- pagne aux États précédemment administrés par lui. Cette péninsule exceptée, Sévère eut les contrées sur lesquelles avait régné Maximien Hercule, l'Italie, la Rhétie et l'Afrique. On ne pouvait attendre de l'am- bitieux Galère la modération de Constance. Au lieu de partager l'Orient, comme naguère Dioclctien, il s'attribua sans hésiter la part du lion, ne laissant que la Cilicie, l'Isaurie, la Syrie et l'Egypte à Daia, en qui il voyait moins un César que son préfet ou son lieu- tenant. La révolution qui venait de s'accomplir montrait A vO Incerf . Pancg., V, 12, (2) Eulrope, Brev., X, 2. ABDICATION DK DIOCLETIEN ET DE MAXrMIEN. 10 la fois la faiblesse et la force du système de gouverne- ment inauguré par Dioclétien : la faiblesse, car il suf- fisait de l'ardente ambition et de la tenace volonté d'un seul des membres du collège impérial pour im- poser aux autres une abdication prématurée ou des choix inspirés par son intérêt personnel au détriment de l'intérêt public; la force en même temps, puisque des changements si considérables s'étaient faits sans troubles dans les cités, sans soulèvements militaires, dans une profonde paix. Mais une autre conséquence, déjà indiquée, du système allait apparaître sinon dans les rapports de l'Église et de l'État, car ces rapports violemment rompus ne se rétabliront qu'après plu- sieurs années, au moins dans la situation faite aux chrétiens des provinces placées sous l'autorité directe ou l'influence hiérarchique des deux nouveaux Au- gustes. La Gaule n'avait été que peu ou point touchée par la persécution sanglante : ni dans cette contrée, ni dans la Bretagne, où la paix religieuse avait aussi duré presque sans interruption, l'accroissement de pouvoir que Constance tira de son nouveau titre n'a- mena sans doute aucun changement. Mais l'Espagne, passant des mains d'Hercule dans celles d'un souve- rain tolérant, vit s^améliorer tout de suite la situation des chrétiens. Les rigueurs exercées parDatianus et d'autres magistrats cessèrent entièrement. On eût pu croire que Sévère, imposé à Hercule et à Constance par le choix de Galère qui espérait le dominer tou- jours, et en faire l'appui de sa politique à l'ouest 20 LES CHRÉTIENS DEPUIS L'ABDICATION. comme Daîa le serait à Test, hésiterait à mettre un terme à la persécution qui avait duré jusqu'au prin- temps de 305 en Italie et en Afrique. Mais, dans ce point au moins, les calculs de Galère furent en défaut. Sévère orienta sa conduite sur celle de son supérieur immédiat, et laissa respirer les chrétiens. Sans doute, les conséquences matérielles des édits ne disparurent pas encore dans ses États. Les églises et les cimetières ne furent pas rendus. Les commu- nautés chrétiennes dissoutes ne reprirent pas l'exis- tence légale qui leur avait appartenu pendant une partie du quatrième siècle (1). La confiance dans les bonnes dispositions du gouvernement fut même lente à se rétablir. Aussi, tant que dura le règne de Sévère, l'Église de Rome, éprouvée par tant d'assauts, ne fit point cesser l'état provisoire causé par la mort de Marcellin : les prêtres continuèrent à conduire le troupeau : le clergé et le peuple ne se croyaient pas encore assez sûrs du lendemain pour introniser un (1) C'est peut-être dans ce seus qu'on lit au catalogue philocalien des papes et, d'après lui, au Liber Pontijicalis , dans la notice du pape Marcellin : Quo tempore fuit persecuiio et cessavii episcopaius ann. Vil, m. VI, d. ^XF (Duchesne, le Liber Pontificalis ,i. I, p. 6 et 16). Entre Marcellin, mort en 304, et Marcel, élu sous Maxence, en 308, quatre ans s'écoulent; tandis que le chiffre de sept ans donné par le catalogue papal mène jusqu'en 311, époque où Maxence rendit au pape Miltiade les biens de l'Église romaine. Les sept ans paraissent donc se terminer à cette date, qui marque une nouvelle reconnais- sance de la communauté chrétienne par lautorité civile : l'épiscopat recommence alors aux yeux de celle-ci, pour qui le pape redevient le chef régulier du corpus christianorum. Aussi le chiffre de sept ans parait-il a\oirété emprunté parle rédacteur du catalogue aux archives de la prélecture urbaine; voir De Rois'i, Ro?na sot te rraiiea, t. II, p. 7. ABDICATION DE DIOCLÉTIEN ET DE MAXIMIEN. 21 nouvel évéque dans la chaire apostolique. Mais au moins les arrestations, les emprisonnements avaient cessé : le sang des martyrs ne coulait plus dans la ville éternelle. Il en fut de même en Afrique, où la tempête s'a- paisa, laissant le sol et les âmes couverts de ruines. Soit en 305, soit dans l'une des années suivantes, douze évêques numides purent tenir un synode à Cirta (1). Les scandaleux reproches échangés par ces (1) L'existence du concile de Cirta ne peut être raisonnablement con- testée, malgré les difficultés de forme que présente peut-être le procès- verbal tel qu'il nous est parvenu (voir Héfélé, Histoire des conciles, trad. Delarc, t. 1, p. 127; Duchesne, dans le Bulletin critique, 1886, p. 129). Mais si les faits révélés par ce concile (voir t. I , p. 194) doi- vent être retenus, sa date me paraît moins bien établie. Dès le temps de saint Augustin elle était rapportée de deux manières différentes. Dans son traité Contra Cresconium, III, 30, elle est donnée ainsi en tête des Actes conciliaires : Diocletiano octies et Maximiano septies, quarto nonas Martii, c'est-à-dire le 4 mars 303 ; dans son Breviculus collatio- niscum donatistis, lil, 32, elle est avancée de deux années -.postcon- sulaium Diocletiani novies et Maximiani octies, tertio nonas mar- tias , c'est-à-dire le 5 mars 305. La première de ces deux dates est manifestement fausse : le 4 mars 303, on était tout au commencement de la persécution codicnm tradendorum. Celle du 5 mars 305 laisse aussi des doutes. La persécution générale n'avait probablement pas cessé encore en Afrique, puisque l'abdication de Maximien Hercule n'est que du 1" mai : or, le concile de Cirta suppose la fin de cette persécution. La manière aussi dont la date est exprimée paraît insolite : la formule post consulatum suivie des noms des consuls de 1 année précédente ne devint ofïicielle à Rome qu'en 308 (voir De Rossi, Inscriptiones chris- tianx urbis Romx , t. I, p. 24). Bien qu'on puisse admettre qu'en province elle ait été quelquefois employée auparavant, et que saint Augustin ait parlé ici comme on faisait de son temps, sans s'astreindre à citer un texte exact, celte formule ne laisse pas que d'inspirer quel- que défiance. L'expression vague d'Optat, disant que le concile de Cirta eut lieu dans une maison particulière post persccutionem, die III iduum maiarum, sans spécifier l'année, permet de le placer à une date quel- 22 LES CHRETIENS DEPUIS L'ABDICATION. prélats, qui tous avaient plus ou moins faibli pendant la persécution, montrent que celle-ci ne durait plus. Mais le lieu choisi pour la réunion prouve que, en Afrique comme à Rome, il n'y eut d'abord qu'une tolérance de fait, sans restauration légale de l'ancien état de choses. Les évoques siégèrent, dit le procès- verbal, « dans la maison d'Urbanus Donatus (1); » saint Optât en donne la raison : « c'est que les basili- ques n'avaient pas encore été restituées (2). » Si précaire, cependant, que fut cette paix, elle contrastait singulièrement avec l'état violent qui se perpétuait dans les provinces soumises à Galère et à Maximin Daia. Eusèbe a fait nettement ressortir ce contraste, en une page de son livre sur les martyrs de la Palestine. « Les contrées situées au delà de l'Illyrie, c'est-à-dire l'Italie entière, la Sicile, la Gaule et tous les pays d'Occident, l'Espagne, la Mau- ritanie et l'Afrique, après avoir souffert la fureur de la guerre pendant les deux premières années de la persécution, obtinrent promptement de la grâce di- vine le bienfait de la paix. La Providence eut égard à la simplicité et à la foi des chrétiens qui y dcmeu- conque postérieure à la persécution et antérieure à la restitution des loca ecclesiastica, entre 305 et 311. Que si l'on veut absolument, mai- gré la singularité de la formule post considatum , garder la date de 305 indiquée au Breviculiis , j'estime qu'il faudrait au moins corriger celle du mois par îe texte de saint Optât et placer le concile die 111 iduiim maiarum^ le 18 mai, c'est-à-dire après que l'abdication de Maximien Hercule eut rendu la paix religieuse à l'Occident. (1) « In doino Urbani Donati. » Contra Cresconium , III, 30. (2j Quia basiliccc necdum fuerant restitutœ. » De schism. donat., I. ABDICATION DE DIOCLETIKN ET DE MAXIMIEN. 23 raient. Alors, cliosc jusqu'à ce jour inouïe, on vit le monde romain divisé en deux parties. Tous les frères vivaut dans Tune jouissaient du repos. Tous ceux qui habitaient l'autre étaient encore obligés à des com- bats sans nombre (1). « L'historien, interprétant les secrets conseils de la Providence, semble dire qu'une foi plus simple, une piété plus austère, avaient mérité aux chrétientés oc- cidentales la grâce d'une prompte délivrance, tandis que les dissensions intestines, la corruption d'esprit et de mœurs qui régnèrent à la fin du troisième siècle dans les Églises d'Orient, appelaient encore sur elles une longue et cruelle expiation. (1) Eusèbe, De mari. Pal, 13, 12-13. 24 LES CHRETIENS DEPUIS L'ABDICATION. II Nouveaux édits de persécution en Orient (306). Le curieux épisode que nous allons raconter vient confirmer les paroles d'Eusèbe, en montrant que des fidèles étaient encore immolés, à la fin de 305, dans les États de Galère, et que d'autres y demeuraient as- treints au travail pénal des mines. Après que les affaires de l'abdication eurent été ré- glées, Galère dut quitter Nicomédie pour les provin- ces danubiennes, inquiétées par les Sarmates (1). Il passa la fin de l'année dans ces rudes contrées, où s'était déjà écoulée la plus grande partie de sa vie d'empereur. L'administration des carrières de marbre que le fisc y possédait attira naturellement ses regards. On sait quelle était l'importance de cette nature de pro- priétés publiques, dans un Empire où les construc- tions somptueuses, temples, palais, thermes, porti- ques, théâtres, s'élevaient de toutes parts, décoraient les moindres villes perdues sur les sommets des mon- tagnes comme dans les sables des déserts, et où l'hum- ble forum de la plus petite bourgade renfermait par- fois plus de statues qu'une capitale moderne. Des immenses carrières ouvertes sur toute la surface du monde romain s'expédiaient sans cesse, parfois tout (1) Tillemont, Histoire des Empereurs , t. IV, \\ 89. NOUVEAUX ÉDITS DE PERSECUTION EN OUIENT. 25 taillés et prêts à être mis en place, colonnes, chapi- teaux, corniches, vasques de fontaines. Des ouvriers de diverses catégories étaient attachés à ces exploita- tions, sous la direction de surveillants ou de contre- maîtres auxquels la langue populaire donnait le nom àe, philosophes (1). La dernière classe de ces travail- leurs, vouée aux obscurs et pénibles labeurs qui s'ac- complissaieut dans l'intérieur de la mine, avait une condition analogue à celle de nos forçats ou, si Ton veut une comparaison plus topique, ressemblait aux condamnés de la Sibérie : c'étaient les damnati ad metalla, esclaves delà peine, selon l'usage juridique : parmi eux se trouvaient de nombreux chrétiens, punis des travaux forcés pour avoir confessé leur foi. L'autre catégorie d'ouvriers se composait de travail- leurs libres, ou du moins dégagés de tout lien pénal. Ceux-ci avaient leurs habitations et leurs ateliers au- tour de la mine : cette population laborieuse formait par son agglomération un gros bourg, presque une petite ville, où ne manquait aucun des agréments de la civilisation romaine (2). Les travailleurs libres d'une des carrières panno- niennes que visita l'empereur étaient au nombre de six cent vingt (3) : si l'on y joint les femmes, les en- fants, les soldats, les commerçants de toute sorte, on peut imaginer autour de la mine une population de (1) Cf. De Rossi, Bull, di arch. crist., 1879, p. 57-59. (2) Voir les Dernières Perséculions du troisième siècle, 2« éd., p. 63. (3) Passio SS. Quatuor Coronalorum. Bull, di arch. crist., 1879, p. 53. 26 LES CHRÉTIENS DEPUIS L'ABDICATION. plusieurs milliers de personnes. Les plus habiles de ces artisans (auxquels on eût donné de nos jours le nom d'artistes) étaient capables de sculpter des bas- reliefs et même des statues. On comptait parmi eux cinq chrétiens, Claude, Castorius, Symphorien, Nicos- trate et Simplicius; les quatre premiers avaient été convertis par les secrètes exhortations de l'évéque d'Antioche, Cyrille, qui travaillait enchaîné dans la mine depuis le commencement de 303 (1); le cin- quième s'était trouvé gagné à la foi par l'exemple de ses compagnons. Bien que fermes dans leurs croyan- ces, au point de n'attaquer le marbre qu'après avoir tracé sur leurs poitrines le signe de la croix, les cinq sculpteurs ne refusaient de faire aucun des travaux qui n'étaient pas absolument défendus par l'Église. Non seulement ils taillèrent des lions, des aigles, des cerfs pour des fontaines, mais encore ils n'éprou- vèrent aucun scrupule à sculpter pour des monuments semblables, sur l'ordre de l'empereur, des Amours et des Victoires [Victorias et Cupidines). C'étaient là de simples ornements, des figures décoratives, auxquels n'était attachée aucune idée de culte (2). Les cinq artistes pannoniens consentirent même à sculpter une image du Soleil monté sur son char et emporté par SCS courtiers [siinulacrum Solis cum quadrigd) (3) : (1) Voir t. 1, p. 174. (2) Terlullicn, .4t/«erAît5 3/a/c'/o»fw, 11, 2. Cf. De Rossi, Roma sol- lerranca, t. II, p. 352; t. III, p. 558. (3) En éliidiant les Actes de ces saints (qui fonnenl la p^enn^^e par- lie du récit communément appelé Passio SS. Quaiuor Coronalorum), NOUVEAUX ÉDITS DE PEUSÉCUTION EN ORIENT. 27 représentation appartenant au cycle cosmique, qui n'avait pas un sens absolument idolàfrique, et que les premiers chréliens toléraient même sur leurs sarcophages (1). Mais on leur demanda ensuite un Esculape destiné à être placé dans un temple; ils re- fusèrent de le faire parce que c'était une idole {Ascic- pii simulacnim non feccrunt). Traduits devant un juge, ils confessèrent leur foi, et ne purent être con- traints à sacrifier au « dieu de César, » c'est-à-dire à l'image du Soleil taillée de leurs propres mains. Le 8 novembre, par l'ordre de l'empereur, on les enferma vivants dans des cercueils de plomb, et on les jeta à la rivière. Peu de jours après, l'évêque Cyrille mourut de douleur en apprenant la mort des cinq généreux artistes qu'il avait naguère enfantés à la Tillemont n'y a vu qu'un tissu de contradictions et d'impossibilités. « Ils font faire à ces saints, dit-il, des statues du Soleil et des Ciipidons et leur font refuser de faire un Esculape jusqu'à aimer mieux mourir. » Le grand critique était trop janséniste pour comprendre la conduite de l'Église primitive dans ses rapports avec l'art antique. « Ce qui lui semble incohérence inacceptable et preuve manifeste de fausseté est au contraire, dit M. de Rossi, un indice éloquent de ce que les parties substantielles de ce récit ont d'antique et de sincère. La distinction si précise enire les œuvres d'art qui étaient considérées comme de sim- ples ornements et celles qui étaient proprement idolàlriques a été faite par le sévère Tertullien et par les canons attribués à saint Hippolytc; elle est confirmée par l'examen dos monuments iconographiques créés, aJoptés ou tolérés par les premiers fidèles. Celte distinction précise, ainsi mise en scène et en action, exemple pratique, pour ainsi dire, de cas de conscience résolu par cinq ouvriers chrétiens du temps de Dio- clétien , donne un grand prix à ces Actes, et est une des preuves intrin- sèques de la vérité de leur récit, au moins quant à la substance et aux circonstances principales. » Bull, di archeol. crist., 1879, p. 49. (1) Roma solterranea , t. III, p. 448. Cf. mon livre sur l'Art païen sous les empereurs chréliens, p. 250. 28 LES CHRETIENS DEPUIS L'ABDICATION. foi (1). Leur histoire fut écrite par un agent du fisc, nommé Porphyre (2), employé au recensement que Galère faisait opérer dans la Pannonie, et lui-même chrétien (3). (1) « Afïlixit se, et transivit ad Dominum. » — M. de Rossi voit une preuve d'antiquité dans la manière simple et laconique dont il est parlé de Cyrille et des autres condamnés ad metalla : l'auteur n'a pas be- soin d'insister sur le détail, et se contente d'une simple allusion comme pour un fait contemporain. Bull, di arch. crist., 1879, p. 54. (2) «■ Censualis a gleba acluarius nomine Porpliyreus gestam scrip- sit. «Manuscrit de la Bibliothèque nationale, 10861 ; cité dans Bull.di arch. crist., 1879, p. 69. M. de Rossi commente ainsi ce texte : (t Dio- clétien établit un nouveau cens, dont Lactance a décrit la rigoureuse et inique exécution : agri glebatim metiebantur {De mort, pers., 23). En Pannonie les fonds ruraux payaient le tribut en raison de leur fer- tilité supposée, ad modum uhertalis : l'évaluation avait pour base la mensuratio (Hygin, De limit. constit., ddius Lachmann, Agrimens., p. 205). Le nouveau recensement glebatim ordonné par Dioclétien fut exécuté par Galère dans cette province. Donc le censualis a gleba actuarius convient au temps où Galère gouvernait la Pannonie; et Vactuarius (notaire) Porphyre, spécialement attaché au recensement glchalis , ne peut avoir été inventé par un écrivain légendaire du moyen âge; à cette époque, au contraire, Vactuarius fut transformé, dans les copies de la Passion, en pJiilosophns. » (3) Les Actes dont on vient de lire le résumé ont été publiés d'abord par Mombritius, en 1480 {Vitx SS., 1. 1, p. 160 et suiv.); Baronius, les jugeant peu sûrs, y fît seulement allusion dans ses Annales, ad ann. 303, § 115; Tillemont les dédaigna comme un roman d'époque barbare [Mém., t. IV, note vi sur saint Sébastien). Ils ont été de nos jours re- mis en lumière et sérieusement étudiés par Wattenbach, Olto, Benn- dorf, Max Bùdinger (1870) et Edm. Meyer (1878), qui en ont discuté les difficultés chronologiques et ont fait ressortir la vraisemblance ar- chéologique du récit. M. de Rossi a résumé et complété ces études, en apportant la solution des principales difficultés dans son BuUettino de 1879; il a montré que les faits se sont passés au mois de novembre 305, puisque révêjue Cyrille, envoyé aux mines de Pannonie dès le com- mencement de 303, est dit y avoir vécu environ trois ans, et eut, avant la fin de celte même année 305, un successeur sur le siège d Antioche;de cette date bien établie ressort la nécessité de corriger Dioclétien , qui NOUVEAUX EDITS DE PERSECUTION EN ORIENT. 29 Cependant le caractère exceptionnel de ce mar- tyre peut se concilier avec un ralentissement de la persécution; l'émotion qu'il paraît avoir causée sem- ble montrer qu'en effet les rigueurs étaient devenues, même en Orient, moins fréquentes et moins géné- rales à la fm de 305. Comme on va le voir, les Églises de ces provinces, destinées à souffrir si longtemps encore, purent, dans les premiers mois qui suivirent l'établissement du nouveau régime, se tromper sur le sort qui les attendait. Les chrétiens étaient déjà si nombreux dans cette partie de l'Empire, particulièrement dans le diocèse d'Orient, devenu l'apanage de Maximin Daia, qu'un souverain improvisé, sans racines, sans prestige, comme était le neveu de Galère, se croyait d'abord obligé de compter avec eux. Même s'il était résolu à persécuter et obligé par ses engagements à se faire l'instrument des haines de son patron, le nouveau César devait attendre d'être plus affermi avant de dé- clarer la guerre à une partie considérable de ses su- jets. Aussi voulut-il, par son premier acte public, apaiser les ressentiments et endormir les défiances de ceux en qui son préjugé païen redoutait des enne- mis, en se faisant accompagner d'une sorte d'amnis- est nomrné dans les Actes, en Galère, seul maître de la Pannonie à cette époque postérieure à l'abdication de Dioctétien; de semblables confu- sions de personnes, qui font nommer un empereur au lieu d'un autre, sont fréquentes dans les récits hagiographiques. M. Wattenbach a ré- cemment fait paraître , d'a[irès un manuscrit de Paris, du huitième siècle, une nouvelle recension des Actes, plus courte; Sitzunysb. dcr AkacL zu Berlin , 1896, p. 1281 et suiv. 30 LES CHRÉTIENS DEPUIS L'ABDICATION. tie religieuse. Il est difficile, en effet, d'interpréter autrement un acte qu'il résumera lui-même, quelques années plus tard, en ces termes : « Quand, pour la première fois, je vins en Orient, sous d'heureux auspices (1), j'appris qu'un très grand nombre d'hommes (2) , qui auraient pu être utiles à la République, avaient été relégués en divers lieux par les juges. J'ordonnai à chacun de ceux-ci de ne plus sévir cruellement contre les provinciaux, mais de les exhorter plutôt par de bienveillantes paroles à revenir au culte des dieux. Tant que mes ordres fu- rent suivis par les magistrats, personne dans les con- trées d'Orient ne fut plus relégué ou maltraité; mais plutôt ces provinciaux, gagnés par la douceur, re- vinrent au culte des dieux. » Un très prochain avenir montrera la fauâseté de cette dernière phrase, comme aussi le peu de sincé- rité de l'acte dont se vante Maximin. Ses paroles lais- sent voir, cependant, un fond d'illusion que peut seule expliquer l'inexpérience d'un jeune César. Ardent païen, il semble avoir cru pendant quelque temps que sa religion avait encore en elle-même des forces de séduction qui lui permettaient de lutter contre la doctrine chrétienne sans le secours de la violence. Cette foi naïve dans le pouvoir des dieux est attes- tée par les contemporains. « Les sorciers et les ina- (1) "Ot£ eyà) £ÙTy-/i5ç to upwrov ei; Tyjv àvatoXyjv 7iap£Yevô[jLr,v. Eu- sèbo, ilisl. EccL, IX, 9, 13. {2} nXeîdTou; twv àvOpiÔTtwv. Ibid. NOUVEAUX EDITS DE PERSECUTION EN ORIENT. 31 giciens, dit Easèbe, recevaient de lui les plus grands honneurs : il était très superstitieux, entièrement li- vré à la vaine adoration des statues et des démons. Il n'osait rien commencer, rien toucher du bout du doigt, pour ainsi dire, sans avoir recours à la divination et aux oracles (1). » « Tous les jours, ajoute Lactance, un sacrifice était oflert dans son palais. La viande présen- tée sur sa table ne provenait pas d'animaux tués par ses cuisiniers, mais immolés par les prêtres : on n'y servait rien qui n'eût été d'abord offert devant les au- tels ou arrosé du vin des libations (2). » Les historiens rapportent à un autre moment de son règne le soin qu'il eut de réorganiser dans toutes les provinces et même dans toutes les villes les sacerdoces païens. Mais le dessein de ces réformes était peut-être dès lors ar- rêté dans son esprit : et probablement, dans son désir de relever la splendeur du culte, s'occupa-t-il tout de suite à restaurer les temples qu'un abandon chaque jour plus marqué laissait déjà partout tomber en rui- nes, et à en construire de nouveaux dans chaque cité (3). Les chrétiens avaient un tel besoin de reprendre haleine et de se réorganiser eux-mêmes, qu'ils mirent tout de suite à profit la trêve accordée par Maximin, sans se demander si elle serait de quelque durée. Dans la première moitié de 306, Pierre, évêque d'Alexan- (l),Eusrbe, Hist. EccL, VIII, 14, 8. (2) Lactance, De mort, pers., 37. (3)Eusèbe, Ilist. EccL, VIII, I4, 9. 32 LES CHRÉTIENS DEPUIS L'ABDICATION. drie, publia une série de canons disciplinaires, par lesquels il réglait la situation des fidèles de son Église qui avaient plus ou moins complètement failli dans les deux années précédentes (1). Ce document est un des plus curieux et, à certains égards, un des plus touchants qui soient restés de cette époque troublée. Il offre un singulier mélange de fermeté et de misé- ricorde, de sévérité et de tendresse, et remet une fois de plus sous nos yeux ces principes de modération vraiment maternelle qui guidèrent toujours l'Église dans ses rapports avec ses enfants tombés, si différents des excès de rigueur ou des abus d'indulgence aux- quels se portèrent les hérétiques. Les chrétiens qui n'ont pas commis la faute de se présenter eux-mêmes aux juges, mais, arrêtés, ont cédé à la violence des tourments, sont obligés à trois ans de pénitence et quarante jours déjeune (2). Ceux qui ont succombé, non à la torture, mais seulement aux souffrances ou aux ennuis de la prison, où ce- pendant ils étaient secourus par les aumônes des frè- res, devront faire pénitence pendant un an de plus (3). Quatre autres années seront infligées aux cœurs plus faibles encore qui ont apostasie sans avoir même passé par la prison, et que l'évêque compare au figuier stérile maudit par le Seigneur (4). D'autres, pour éviter le sacrifice, avaient feint d'être épilepti- (1) Kouth, Beliquiœ sacrx , t. IV, p. 23 et suiv. (2) Canon 1. (3) Canon 2. (4) Canon 3. NOUVEAUX EDITS DE PERSECUTION EN ORIENT. 33 ques, OU promis par écrit qu'ils obéiraient, ou envoyé des païens jeter en leur nom l'encens sur l'autel : ceux-là feront en plus six mois de pénitence, quand môme des confesseurs trop empressés, comme cin- quante ans plus tôt à Cartilage (1), leur auraient ac- cordé des lettres de communion (2). Des maîtres chré- tiens avaient envoyé des esclaves à leur place devant le juge, et ces esclaves avaient renoncé à la foi : ceux- ci devront se repentir pendant un an (3), et les maî- tres qui ont lâchement abusé de leur pouvoir et mé- prisé les recommandations apostoliques (4), pendant trois (5). Mais il est des fidèles qui, après une première apostasie, se sont relevés d'eux-mêmes, sont retournés au combat, ont souffert l'emprisonnement et les tor- tures : « ils seront reçus avec joie à la communion, tant des prières que de la réception du corps et du sang, et à la prédication (6). » D'autres chrétiens ont oublié que le Seigneur commanda de ne pas s'expo- ser à la tentation, ordonna à ses disciples de fuir leurs ennemis de ville en ville, plusieuis fois évita lui-même ceux qui le poursuivaient, et qu'à son exemple Etienne et Jacques attendirent d'être ar- rêtés, comme aussi Pierre, « qui fut crucifié à Rome, » et Paul, qui fut décapité dans la même ville : té- (1) Voir Histoire des persécutions pendant la première moitié du troisième siècle j 2^ éd., p. 361. (2) Canon 5. (3) Canon 6. (4) Cf. saint Paul, Ephes., VI, 9; Coloss., IV, I. (5) Canon 7. (6) Canon 8. 34 LES CHRETIENS DEPUIS L'ABDICATION. mérairement, contre la discipline et tant de grands exemples, ces fidèles ont été d'eux-mêmes s'offrir aux juges : mais ils l'ont fait par zèle, peut-être par igno- rance : aussi devront-ils êlre reçus à la commu- nion (1). Quant aux clercs qui se sont rendus coupa- bles de la même imprudence au lieu de s'appliquer au salut des âmes et à leur ministère, ils reçoivent aussi leur pardon; cependant, si leur témérité a été suivie de l'apostasie, ils ne pourront plus exer- cer les fonctions cléricales, encore qu'ils se soient relevés par un nouveau combat (2). Mais, en blâmant ainsi le zèle téméraire, l'évêque d'Alexandrie n'étend pas ce blâme à ceux qui, témoins des procès et des souffrances des saints martyrs, se sont déclarés chré- tiens dans un mouvement de généreuse émulation, ou, au contraire, ont fait cette déclaration pour protester contre l'apostasie de quelques-uns de leurs frères et endurer à leur place les ongles de fer, les fouets, les feux, ou l'eau (3). Quant aux infortunés qui ont suc- combé à la peur ou à la souffrance, l'évêque approuve que l'on prie pour eux (4). Il exclut de toute censure les chrétiens qui ont payé pour n'être pas poursuivis, et ainsi montré au moins leur mépris pour l'argent. Aucun reproche ne doit atteindre ceux qui se sont dé- robés à la persécution par la fuite, quand même d'au- tres auraient été arrêtés à leur place : Paul n'a-t-il (1) Canon 9. (21 Canon 10. (3) Canon 11. (4) Canon 12. NOUVEAUX EDITS DE PERSECUTION EN ORIENT. 35 pas été contraint de laisser Gains et Aristarque aux mains de la populace d'Ephèsc? l'évasion de Pierre n'a-t-elle pas été cause de la mort de ses gardes? les saints Innocents n'ont-ils pas péri au lieu de l'Enfant Jésus (1)? Enfin, des confesseui s emprisonnés en Libye ou ailleurs avaient soumis le cas de chrétiens à qui Ton avait fait avaler de force le vin du sacrifice, ou dont on avait tenu la main pour leur faire offrir de l'encens : ceux-ci n'ont point failli, méritent d'être honorés comme confesseurs, et peuvent môme être promus au ministère ecclésiastique (2). Au moment où, quelques semaines avant Pâques (3), Pierre d'Alexandrie publiait ces canons, qui suppo- sent une Église en train de refaire ses cadres détruits, de reconstituer son clergé, de soumettre à la disci- pline les diverses catégories de ses pénitents, le calme nécessaire à l'application de règles si sages allait su- bitement cesser. Maximin n'avait pas tardé à s'aperce- voir que le paganisme, même avec des temples neufs et des prêtres comblés des faveurs impériales, ne pou- vait lutter par ses seules forces contre une religion qui s'emparait de foute l'âme et survivait à la destruc- tion de ses sanctuaires, à la dispersion ou à l'immola- tion de son clergé, aux chutes mêmes de ses enfants, (1) Canon 13. (2) Canon 14. (3) « Puisffue nous apinochons de la quatrième Pàquc depuis le commencement de la perséculion, » dit le préambule des canons. Cf*ll»'-ci ayant coirmencé peu avant Pâques 303, la quatrième Pûque est celle de 306. 36 LES CHRETIENS DEPUIS L'ABDICATION. aux maux de toute sorte infligés à ses sectateurs. Aussi la trêve dictée par une politique où se mêlèrent peut- être à doses égales l'hypocrisie, la peur, quelque hu- manité et de naïves illusions, ne fut-elle pas de lon- gue durée. Galère, qui avait permis au jeune César de tenter cette expérience vouée à l'insuccès, et avait probablement laissé la persécution sommeiller aussi dans ses propres États afin d'aider le nouveau régime à s'établir sans secousse, n'aurait point souffert une durable interruption de la lutte engagée contre le christianisme. D'ailleurs, la colère avait déjà envahi l'âme de Maximin, qui, déconcerté par la vanité de ses efPorts, va devenir, dit Eusèbe, un persécuteur plus cruel et plus passionné qu'aucun de ses prédéces- seurs (1). Aussi, dès les premiers mois de 306, la guerre re- ligieuse reprit-elle en Orient avec une nouvelle ar- deur. Eusèbe, qui était alors à Césarée, raconte ce qu'il vit durant « cette troisième année de la persé- cution générale (2). » « Dans toutes les provinces de Maximin, dit-il, furent envoyés des édits de ce tyran, commandant aux gouverneurs de contraindre les habitants de leurs villes à sacrifier publiquement aux dieux. Des hérauts parcoururent les rues de Césarée et convoquèrent les chefs de famille dans les tem- ples par ordre du gouverneur. En outre, les tribuns des soldats firent, d'après des registres, l'appel no- (1) Eusèbe, Hist. EccL, VIIl, 14, 9. (2) TptTtp ToO xa6' T,{xàç e-ret 6t(0Y[j.cu. Eusèbe, De mort. Pal., 4, 8. NOUVEAUX EDITS DE PERSECUTION EN ORIENT. 37 mioal. Tout était bouleversé par un orage inexpri- mable (1). Cette deuxième déclaration de guerre eut Maximin pour auteur (2). » Eusèbc parle seulement ici des faits dont il fat témoin, car, à la même épo- que, le nouvel édit était publié aussi dans les États de Galère : on ne peut douler que les deux souve- rains ne se fussent mis d'accord pour recommencer de concert les hostilités, ou plutôt que Galère n'ait été le véritable auteur de la reprise de la persécution. Les Actes du centurion saint Acace, en garnison dans la Thrace, aux environs d'Héraclée ou de Pé- rinthe, et martyrisé le 8 mai, à Byzance, disent que le gendre de Dioclétien, c'est-à-dire Galère, « excita une troisième fois la persécution contre les serviteurs de Dieu (3). » Cette expression n'est pas contradic- toire de « la deuxième déclaration de guerre » dont vient de parler Eusèbe à propos de Maximin : l'his- torien n'a en vue que les deux phases successives de la persécution générale, son commencement en 30Ï et son renouvellement en 306; tandis que le ré- dacteur des Actes rappelle la part décisive que trois fois Galère prit aux maux des chrétiens, d'abord en décidant Dioclétien aux édits de 303, puis en lui imposant; la persécution de 304 , enfm en reprenant celle-ci après l'abdication des deux premiers Augus- tes. L'édit publié en Thrace « ordonnait, dit l'hagio- (1) IbUL (2 Asuiépa; Y*? '^'^' "''-«^ ' riiJ.'iï)v Yîvofxsvr,; èTravaTtàTsco; Or.ô iMa^ij;.'!vo'j Ibid. (3) Acta S. Acacii, 1, dam A c ta SS., mai, t. I , p. 762. 38 LES CHRETIENS DEPUIS L'ABDICATION. graphe, que dans toutes les villes ceux qui refuse- raient d'honorer les dieux fussent livrés au dernier supplice. Les chefs de Tarmée devaient aussi traduire devant leur tribunal et condamner à mort tout soldat qui ne rendrait pas son culte aux divinités de l'Em- pire (1). » D'autres Actes emploient comme Eusèbe l'expres- sion « seconde déclaration de guerre » pour indiquer la persécution renouvelée en Orient par Galère et Maximin. Bien que plusieurs détails paraissent sus- pects dans le récit du martyre de saint Hadrien et de ses compagnons (2"), le préambule semble inspiré des documents historiques et peint de couleurs vives et naturelles Teffet produit par les nouveaux édits dans la capitale de la Bithynie, devenue la résidence habi- tuelle de Galère après l'abdication de Dioclétien : « Le tyran Maximien (Galère) avait résolu pour la seconde fois de persécuter les disciples du Christ. Il entra bientôt à Nicomédie dans le dessein de faire périr tous les fidèles, et, s'étant rendu d'abord dans un temple des dieux, il leur offrit des sacrifices et ordonna que tous les citoyens de la ville fissent aussi leurs offrandes. Aussitôt le peuple s'empressa de toutes parts pour obéir à ce commandement impie. Cette ville était très adonnée au culte des idoles (3), (1) Acta S. Acacii, l. — Sur les défauls de ces Actes, voir Tille- monl, Mémoires, l. V, noie i sur saint Acace. (2) Voir Tillemont, Mémoires, t. V, art. lv et note l\i sur la per- sécution (le Dioclétien. (3) Détail exact; voir t. 1, p. 13. I NOUVEAUX EDlïS DE PERSECUTION EN ORIENT. 39 et tous les habitants sacrifiaient à Tenvi dans les rues, sur les places publiques, dans Fintérieur des maisons, au point que l'odeur et la fumée de ces nombreux sacrifices remplissaient tous les lieux en- vironnants. Des crieurs publics parcouraient aussi tous les quartiers de la ville (1), proclamant à haute voix que tous les citoyens devaient, par l'ordre des empereurs, offrir des sacrifices et des libations aux idoles, et que les chrétiens qui seraient découverts allaient être livrés aux flammes. Plusieurs person- nages de distinction furent ensuite désignés pour vi- siter toutes les maisons, avec ordre, s'ils découvraient quelques disciples du Christ, hommes ou femmes, de les amener devant le tribunal du juge, afin qu'on put les soumettre aux plus affreux supplices. D'autres envoyés de l'empereur répandaient l'argent à pleines mains pour engager les habitants de Nicomédie à dénoncer les chrétiens et à les livrer aux bourreaux. Alors on vit les voisins, les amis, les parents se dé- noncer mutuellement (2), entraînés les uns par l'ap- pât des récompenses, les autres par la crainte du sup- plice, des châtiments terribles ayant été annoncés contre ceux qui cacheraient les chrétiens (3). » De ces Actes se détache un épisode admirable. Hadrien était le chef des gardes de Galère : il était marié depuis treize mois. Un jour, à Nicomédie, il (1) Cf. Eusèbe, De mart. Pal., 4, 8; voir plus haut, p. 36. (2) Cf. saint Jean Chiysostoine, Homilia LI. (3) Acla S. Adriani, 1 , dans Surius, Vitx SS., t. IX, p. 88. 40 LES CHRÉTIENS DEPUIS L'ABDICATION. assistait, aux côtés de l'eiripereur, à l'interrogatoire de plusieurs chrétiens qui avaient été découverts ca- chés dans une caverne près de la ville. L'intrépidité de leurs réponses, le courage qu'ils montraient dans les tortures, l'éloquence enflammée avec laquelle ils parlaient du ciel, remuèrent le cœur du jeune offi- cier : il eut comme la révélation subite d'une vie mo- rale qui lui avait été inconnue jusque-là : il s'élança au milieu des martyrs, en criant aux greffiers : « Met- tez mon nom avec ceux de ces hommes respectables, car moi aussi je suis chrétien. » L'empereur, irrité, le fit conduire en prison avec les confesseurs de la foi. Un des esclaves d'Hadrien, qui avait assisté à cette scène, court en toute liAte avertir sa femme Natalie. Celle-ci, qui était née de parents chrétiens, et qui professait le christianisme en secret, se sent trans- portée de joie : son amour se transforme en quelque sorte, et la sève surnaturelle, qui l'alimentait à son insu, fait tout à coup de la jeune femme timide une créature nouvelle, plus tendre que jamais, mais d'une héroïque tendresse. Elle court à la prison, se jette aux pieds d'Hadrien, baise ses chaînes, l'exhorte. Hadrien la renvoie chez elle en lui disant : « Ma sœur, je te promets de te faire prévenir, afin que tu sois présente à ma dernière heure. »> Natalie, après avoir baisé respectueusement les chaînes des vingt-deux confes- seurs de la foi qui étaient enfermés avec son mari, et leur avoir recommandé l'àme de celui qu'elle aime, revient vers Hadrien, l'exhorte encore une fois, le salue, et retourne chez elle, « joyeuse, » disent les NOUVEAUX EDITS DE PERSECUTION EN OUIENT. 41 Actes. Au bout de quelques jours, Hadrien apprend que son jugement approclie : il obtient du geôlier la permission de se rendre secrètement dans sa maison, pour avertir sa femme. Le voyant venir, celle-ci croit que par une apostasie il a recouvré sa liberté : elle pleure, et refuse de le recevoir. Hadrien la rassure : (( Ouvre-moi, lui dit-il, ouvre-moi, ma Natalie ; je viens te chercher pour que tu assistes avec moi à mon com- bat : ouvre-moi bien vite, car mes instants sont comp- tés, je ne te verrai plus, et toi-même tu regretteras de ne m'avoir point vu avant que je meure. » Persuadée parées tendres plaintes, Natalie ouvre enfin; et quand Hadrien fut entré dans la maison, « le mari et la femme s'agenouillèrent l'un devant l'autre, par un sentiment de respect mutuel. » Ils se relèvent bientôt, et se rendent ensemble dans la prison. Natalie y passe sept jours, essuyant de ses propres mains les bles- sures des confesseurs enfermés avec son mari, et qui avaient déjà subi la torture. Hadrien est enfin appelé devant le tribunal de l'empereur : sa femme l'y suit. On commence à le torturer. Natalie court l'apprendre aux confesseurs, qui se prosternent et prient pour lui; et, pendant toute la durée de la torture, elle ne cesse d'aller du tribunal à la prison, des confesseurs à son mari, apportant aux saints, dans sa fierté, les réponses courageuses d'Hadrien, et courant ensuite le retrouver, pour ne rien perdre de sa présence et de ses tourments. La torture finie, elle rentre avec son mari dans la prison, qu'elle emplit de sa joie. Comme beaucoup de chrétiennes y venaient pour soigner les 42 LES CHRETIENS DEPUIS L'ABDICATION. martyrs, Tempereur ordonna d'en renvoyer toutes les femmes. Natalie, pour demeurer avec Hadrien, coupe ses cheveux et prend un habit d'homme. Seule, alors, elle panse les plaies de tous, et, ce service fini, revient s'asseoir aux pieds de son mari. « Je t'en prie, ô mon seigneur et mon époux, dit-elle, n'oublie pas ta femme, qui t'a assisté dans ton mar- tyre, qui a préparé ton âme pour le combat... Pour prix de ma vie chaste et pure, permets-moi de mou- rir avec toi... Tu connais la perversité des habi- tants de cette ville, l'impiété de l'empereur : après ta mort, je crains qu'on ne veuille me livrer à un païen, et que notœ couche nuptiale ne soit un jour souillée. » Jeune, belle, riche, de haute naissance, ce qu'elle avait prévu arriva; après le martyre d'Ha- drien, brûlé vif en même temps que ses compagnons de captivité, Natalie fut demandée en mariage, avec l'autorisation de l'empereur, par un habitant de Nicomédie, officier supérieur de l'armée. Il envoya vers elle, pour solliciter sa main, plusieurs des fem- mes les plus considérables de la ville. Natalie leur fait une réponse évasive, et demande trois mois de délai; puis, entrant dans sa chambre, se prosternant près de son lit, elle s'écrie : « Seigneur, abaissez vos regards sur votre servante, et ne permettez pas que la couche de votre martyr Hadrien soit profanée. » Elle parvient enfin à s'enfuir, avec un grand nombre de chrétiens; arrivée par mer à Argyropolis, près deByzancc, elle s'agenouille sur le rivage, brisée de fatigue, et meurt après avoir vu dans son som- NOUVEAUX EDITS DE PEUSLCUÏIUN EN OKIENT. i:) meil son époux martyr qui venait la chercher (1). Je ne prétends pas que tout soit historique dans ce récit, mais je ne puis croire que tout y soit inventé, car le compilateur anonyme à qui nous le devons se- rait un trop grand et trop délicat poète. Hadrien, selon ses Actes, était un soldat; cepen- dant ce n'est pas comme tel qu'il a été mis à mort. D'autres récits nous montrent que, conformément aux indications données dans la Passion de saint Acace (2), les militaires chrétiens furent poursuivis avec rigueur dans les États soumis directement à Ga- lère. On se demande comment, depuis la persécution spéciale exercée quelques années auparavant contre les chrétiens de l'armée, il en pouvait rester encore; mais il faut se rappeler que le mouvement des con- versions n'était pas arrêté; d'ailleurs, le recrute- ment faisait entrer dans les légions des soldats nou- veaux, dont plusieurs appartenaient à des familles chrétiennes. Saint Théodore « le conscrit (3) » était de ce nombre. Grégoire de Nysse a laissé de son mar- tyre un récit suffisamment précis dans sa forme ora- toire (4). Né en Orient, ce jeune homme venait d'être (1) Les exemples de riches veuves obligées de s'enfuir pour échap- per à un second mariage avec un fonctionnaire puissant ne sont pas rares au quatrième siècle; voir l'épisode raconté ])ar saint Gréi;oirc de Nazianze, Oralio XLIII, 5G. (2) Voir plus haut, p. 38. (3) S. Theodorus tiro. Ruinart, p. 531. (4) Saint Grégoire de Nysse, De magno martyre Theodoro. — Il existe aussi des Actes de saint Théodore (Surius, Vifas SS., t. XI, p. 2'28j, qui « sont d'un style fort simple et fort bon, » dit Tillemont {Mémoires, t. V, art. sur saint Théodore d'Amasée), mais offrent ce- 44 LES CHRETIENS DEPUIS L'ABDICATION. enrôlé, et se trouvait en garnison à Amasée, l'une des métropoles du Pont. Sa religion, u qit'il semblait porter gravée sur son front, » était connue de tous; aussi, dès la promulgation de l'édit « dans l'empire de Maximien (Galère) et de son collègue, » Théodore fut-il traduit devant le préfet et l'un des tribuns de sa légion. « D'où te vient, lui demandèrent-ils, cette audace de t'opposer à la loi de l'empereur et de ne pas te soumettre en tremblant aux ordres des maî- tres? pourquoi n'adores-lu pas comme veulent ceux qui nous gouvernent? — J'ignore vos dieux, répon- dit intrépidement Théodore, ou plutôt je crois qu'ils n'existent pas. Vous vous trompez en honorant de ce nom des démons faux et menteurs : mon Dieu à moi est le Christ, Fils unique de Dieu. Pour punir le culte que je lui rends, la confession que je fais de lui, frap- pez, déchirez, brûlez; si mes paroles vous offensent, coupez ma langue. Car le corps doit par chacun de ses membres montrer sa soumission au Créateur. » Les juges hésitaient à la vue d'une foi si sincère et si généreuse; un officier qui assistait à l'interroga- toire voulut faire preuve d'esprit : « Ton Dieu a-t-il donc un fils, Théodore? est-il sujet, comme un homme, aux affections charnelles? — Non, répondit le mar- tyr, Dieu n'engendre pas à la manière des hommes; son fils est véritable , mais a eu la naissance qui con- vient à un Dieu. Mais toi, malheureux, comment ton pendant quelques diffîcullés {ibid., note ii; et Le Blanl, les Actes des martyrs , p. 28). Je ne m'en suis pas servi, et j'ai suivi de toul point le récit de lévêque de Nysse. NOUVEAUX ÉDiTS DE PERSÉCUTION EN ORIENT. 45 bon sens ne se révolte- t-il pas et comment ne bais- ses-tu pas la tête en rougissant, quand tu proclames la divinité d'une femme et que tu adores la mère de douze enfants, déesse qui conçoit et qui accouche avec la facilité de la femelle du lièvre ou du porc? » Le préfet se hâta d'interrompre : « Qu'on accorde à cet insensé un peu de temps pour réfléchir. Peut-être, en examinant l'affaire à loisir, deviendra- t-il meil- leur. » Théodore, laissé en liberté, employa ce temps de répit tout autrement que n'espérait le magistrat : il s'approcha d'un temple de la Mère des dieux situé au milieu de la ville, au bord de la rivière Iris, et y mit le feu. Quand l'incendie fut aperçu, le jeune sol- dat, loin de se cacher, se vanta tout haut de son acte. Il ignorait probablement les règles de l'Éghse, défen- dant de tels attentats (1), et n'avait écouté que la haine d'un cœur chaste pour un des cultes les plus impurs du paganisme. Arrêté et conduit sur-le- champ devant le tribunal, il répondit avec son in- trépidité accoutumée; on l'entendit même railler le juge qui, essayant par tous les moyens de le séduire, avait été jusqu'à offrir au brûleur de temples un pon- tificat païen. Comme ses railleries atteignaient même (1) Rappelant à ce propos le canon 60 du concile d'illiberis, Tille- mont fait l'observation suivante : « Puisque Théodore, ayant déjà con- fessé Jésus-Christ, fust toujours mort sans cela, il no tombe pas sous la censure de l'Église, qui par ce canon paroisl avoir particulièrement désapprouvé ceux qui par des actions non nécessaires altiroient sur eux une mort qu'ils eussent pu éviter par une sage et humble modé- ration. » 46 LES CHRETIENS DEPUIS L'ABDICATION. les empereurs, dont il s'amusait à tourner en ridicule le titre et les fonctions de souverains pontifes, les magistrats perdirent patience : on l'attacha au cheva- let comme impie envers les dieux et irrespectueux envers les princes; les bourreaux se mirent à le dé- chirer avec des ongles de fer, pendant qu'il chantait ce verset du psaume : « Je bénirai le Seigneur en tous lieux, ses louanges seront loujours dans ma bouche. » Conduit ensuite en prison, où de célestes visions vinrent l'encourager au dernier combat, il en fut tiré bientôt pour entendre la sentence qui le con- damnait à être brûlé vif (1). Le martyre de Théodore eut lieu probablement le 18 février, jour où il est honoré par les Grecs; après lui, d'autres soldats de la même garnison souffrirent aussi pour la foi : Eutrope et Cléonique, crucifiés le 3 mars; Basilique, décapité quelques mois plus tard (2). Pendant que ces scènes se passaient dans les États de Galère, ceux de Maximin Daia voyaient d'horribles excès. On peut rapporter à ce temps l'histoire d'une noble femme, Julitta, qui, avec son enfant Agé de trois mois, passa de la Lycaonie, où la persécution commençait à sévir, dans l'Isaurie, où elle débutait avec non moins de rigueur, puis se réfugia à Tarse, en Cilicie, où un juge atroce, après avoir brisé sur (1) Dans la basilique des Euchaïtes, près d'Amasée, où son martyre était peint, on l'avait représenté brûlé dans une fournaise ardente. Saint Grégoire de Kysse, De mogno martyre Theodoro, 1. (2) Acfa 6\S.,mars, t. I, p. 335. NOUVEAUX EDITS DE PERSECUTION EN ORIENT. 47 les marches de son tribunal la tête clu petit enfant, fit décapiter la mère (1). Mais déjà, dans une autre province, avait retenti la protestation d'héroïques jeunes gens, incapables de voir avec patience outra- ger la foi et la vertu chrétiennes. Eusèhe est ici un précieux témoin. Près de lui, dans sa maison de Césarée, un jeune homme de vingt ans lisait les saintes Écritures, au moment où la voix du héraut appela tous les fidèles au sacrifice. C'était un ancien étudiant en droit, nommé Aphien. Né à Paga, en Lycie, de parents païens, il avait suivi les cours de jurisprudence dans la savante et délicieuse Beyrouth (2), gardant parmi des séductions de toute sorte une exemplaire pureté de mœurs. De retour dans sa ville natale, il s'effraya promptement des périls que ses croyances allaient courir dans la maison paternelle. Césarée, dont Fécole et la bibliothèque ecclésiastiques étaient célèbres de- puis Origène, lui parut le meilleur refuge pour sa foi studieuse (3). Mais ni les pratiques d'un rigoureux (1) Theodori episcopi Iconii epistola de marlijrio S. mariyris Cyrici et matris ejus Julittx ; ôdns Ruinait, p. 527. — Ce narrateur, contemporain de Justinien, attribue aux édits de Dioclétien la persé- cution qui commençait. Mais en 304 le gouverneur de Cilicie s'appe- lait Maxime, tandis que le juge de Cyr et de Julitta porte le nom d'Alexandre. — Sur les martyres d'enfants, voir les Dernières Persé- cutions du troisième siècle, 2® éd., p. 148. (2) « Lcrytus civitas valde deliciosa et auditoria legum habens, per quara omnia Romanorum judicia stare videntur. » Totiiis orbis des- criplio, dans Muller, Geogr. min., t. Il, p. 517. Voir aussi saint Gré- goire le Thaumaturge, Oratio paneg. ad Orig.; saint Grégoire de Na- zianze, Poemota qv,r spectoni ad. alios, V, 227. ,3;Lusèbe, De mari, l'alest., ^, 2-7. 48 LES CHRETIENS DEPUIS L ABDICATION. ascétisme, ni les études profondes auxquelles il se livrait, n'avaient éteint chez Aphien l'ardeur intré- pide de la jeunesse. Dès qu'il entendit retentir dans la rue l'appel sacrilège, il se leva, sortit secrète- ment de la maison, pénétra sans être vu des senti- nelles dans le palais du gouverneur Urbain, et arriva vers celui-ci au moment où, la patère à la main, Je magistrat se préparait à faire une libation. Aphien lui saisit brusquement le bras, et interrompit le sa- crifice , puis se mit à lui reprocher ses erreurs, l'ex- hortant à quitter le culte des démons pour celui du vrai Dieu. Les soldats accoururent, se jetèrent sur l'audacieux chrétien, l'accablèrent de coups et le conduisirent en prison. Il y demeura une nuit et un jour, les pieds aux ceps, puis fut mené devant le gouverneur, qui lui commanda de sacrifier, et, sur son refus, le fit mettre à la torture. Plusieurs fois on lui déchira les flancs, de manière à laisser à nu les os et les entrailles; sa bouche et son crâne reçu- rent tant de coups de balles de plomb, que les chairs gonflées et meurtries étaient devenues méconnais- sables. Comme aucune douleur ne pouvait le vain- cre, Urbain ordonna aux bourreaux de lui enve- lopper les pieds de linges imbibés d'huile, et d'y mettre le feu. La peau fut consumée, les os appa- rurent, la chair fondait comme de la cire et coulait en gouttes brûlantes. On put encore le ramener vivant dans la prison, puis, après trois jours, le porter de nouveau devant le gouverneur. Le martyr, inter- rogé une dernière fois, répondit avec la même fer- NOUVEAUX ÉDITS DE PERSÉCUTION EN ORIENT. 40 metc; son corps demi-mort fut jeté dans la mer (1). La suite du récit ne peut se résumer; il faut tra- duire. « Ce qui advint alors, continue Eusèbe, paraî- tra incroyable à ceux qui ne l'ont pas vu de leurs yeux. Et cependant je n'en puis dérober la connais- sance à la postérité, car presque tous les habitants de Gésarée ont été témoins du miracle. Certes, aucun siècle ne vit un pareil prodige. Après que les bour- reaux eurent jeté en pleine mer, dans l'abîme, comme ils croyaient, ce saint et bienheureux jeune homme, tout à coup un tel mouvement, un tel fracas ébranla non seulement la mer, mais encore le ciel, que la terre aussi et toute la ville de Césarée en sentirent l'agitation. Au moment même de ce soudain et mer- veilleux tremblement de terre, le corps du martyr, que les flots de la mer ne pouvaient garder, fut jeté par eux devant la porte de la cité. Telle fut la fin de cet admirable Aphien, le second jour du mois Xanti- cos, quatre des nones d'avril (2 avril) (*2). » Presque au même moment, à Tyr, un jeune chré- (1) Eusèbe, De mart. Pal., 4, 10-13. Les Aaaleda Bollandiana , t. XVI, 1897, p. 122-127, publient du martyre d'Aphien et de son frère Edesius un récit grec lire de la recension plus longue du De marlijribus (voir Introduction, p. xxxiv). 11 n'ajoute pas de traits essentiels à la rédaction abrégée. (2) Eusèbe, De mart. Palest., 4, 14. Eusèbe ajoute que la mort d'Aphien eut lieu un vendredi. Mais le 2 avril 306 tombe un mardi. Il peut y avoir ici quelque confusion dans les dates. Divers martyro- loges latins mettent saint Aphien le 5 avril, qui correspond en effet au vendredi. Les Grecs l'honorent le 2 avril. Les uns et les autres peuvent s'appuyer de l'autorité d'Eusèbe. Voir sur ces difficultés Pe- tau, de Doctrina temporum, I. II, c. 32; Tillemonl, Mémoires, t. V, note I sur saint Aphien. V. 4 50 LES CHRETIENS DEPUIS L'ABDICATION. tien, nommé Ulpien, après avoir été torturé et cruel- lement battu, était précipité dans la mer, cousu dans une peau de bœuf où Ton avait enfermé un chien et un aspic (1). Quelques jours plus tard, dans une autre partie des États de Maximin, le frère d'Aphien, Edesius, mourut aussi pour le Christ. Plus âgé cjue le martyr de Césa- rée, Edesius avait plusieurs fois déjà rendu témoi- gnage à la rehgion chrétienne. Depuis le commence- ment de la persécution, il avait comparu devant divers gouverneurs et longtemps vécu en prison. 11 avait même été envoyé par l'un d'eux aux mines de Pales- tine. La courte amnistie promulguée par Maximin lui permit d'en sortir. A la reprise de la persécution, il habitait Alexandrie, et, revêtu du manteau des phi- losophes, étudiait dans cette ville devenue le centre littéraire et philosophique du monde grec. Peut-être fût-il, malgré les nouveaux édits, resté inaperçu dans la foule des lettrés, si son âme, ardente comme celle de son frère et aussi incapable de maîtriser une géné- reuse indignation, ne Tavait forcé de se trahir. Le misérable Iliéroclès, qui du gouvernement de Pal- myre avait passé à celui de Bithynie , où il s'était si- gnalé par sa cruauté envers les chrétiens, était alors préfet d'Egypte. Il se montrait sans pitié pour les fidèles. Non seulement il les poursuivait avec achar- neoient, mais sa haine de sophiste et de libertin pre- nait plaisir à les outrager de toutes les manières. Les (1) Kusèlto, De mart. Palest., 5, 1. NOUVEAUX ÉDITS DE PERSÉCUTION EN ORllîM. 51 hommes les plus vénérables élaient exposés à ses in- sultes; d'honnêtes femmes, des mères de famille, des vierges consacrées à Dieu, étaient livrées par lui aux entrepreneurs de débauche. Edesius ne put supporter ces infamies. Allant droit au préfet, par ses paroles et même par ses gestes il lui manifesta son dégoût. La vengeance ne se fit pas attendre : Edesius fut mis à la torture, puis jeté dans la mer, comme son frère et tant d'autres victimes de cette persécution (1). Pendant que cet héroïque chrétien périssait à Alexandrie, l'évêque Pierre mettait en pratique les humbles et sages conseils donnés à ses ouailles dans les canons que nous avons résumés , et vivait dans une retraite inconnue des persécuteurs (2). Mais, alors comme dans toutes les persécutions, la modestie d'une telle conduite scandalisa des esprits emportés. L'am- bitieux Mélèce, évêque de Lycopohs, affecta de con- sidérer comme vacant un siège dont le titulaire se tenait caché. On assure que ce Mélèce avait naguère renié la foi : peut-être n'y a-t-il là qu'une rumeur po- pulaire, recueillie après coup; cependant l'exemple de prélats traditeurs qui, par un singulier renverse- ment de faits et d'idées, deviendront ailleurs les chefs du mouvement donatiste et les censeurs des doctrines modérées, ne permet point de repousser sans preuves (1) Eusèbe, De mart. Palest., 5, 2-3. (2) Socrate, Hist. Eccl., I, 26.— Pierre suivait en ceci l'exemple d'un (le ses plus illustres prédécesseurs, saint Denys; voir Histoire des persécutio)is pendant la première moitié du troisième siècle.^ 2° éd. , p. 38 i. 52 LES CHRETIENS DEPUIS L ABDICATION. une assertion reproduite par saint Athanase (1) et l'historien Socrate (2). Quoi qu'il en soit, Mélèce n'hé- sita pas à faire des ordinations (3) et à exercer le pouvoir épiscopal tant dans le diocèse d'Alexandrie que dans ceux de quatre évêques, Hesychius (4), Pa- chumius, Théodore et Philéas, alors détenus dans les prisons de la métropole égyptienne. Les quatre pré- lats captifs lui adressèrent une lettre de remontrance, dans laquelle ils lui donnent le nom de a très cher compagnon de ministère dans le Seigneur, » dilectiis comminister in Domino, « Ils avaient, disent-ils, en- tendu depuis quelque temps de vagues rumeurs à son sujet; on l'accusait de troubler Tordre divin et les règles ecclésiastiques. Tout récemment ces bruits avaient été même confirmés par un grand nombre de témoins; aussi se voyaient-ils dans la nécessité d'é- crire cette lettre. Comment dépeindre la tristesse et l'émotion causées par les ordinations que Mélèce avait faites dans des diocèses étrangers ? Il connaissait ce- pendant cette loi, si ancienne et si conforme avec le droit divin et le droit humain, qui défend à un évê- que de faire une ordination dans un diocèse qui n'est pas le sien. Mais lui, sans égard pour cette loi, sans respect pour le grand évêque et père , Pierre , et pour (1) Saint Alhaiiase, Apol. contra Aiianos, 59. (2) Socrate, Hisl. Eccl, I, 6. (3) Socrate, L c, I, 2G. (4) L'évoque Hesychius est peut-être le célèbre correcteur de la Bible des Septante et du texte des Évangiles, dont l'édition fut universel- lement acceptée en Egypte; voir saint Jérôme, Ep. 106; Apol. II adv. Ruf.; Pra'f. in Ev. ad Damasum. NOUVEAUX EDITS DE PERSÉCUTION EN ORIENT. 53 ceux qui étaient dans les chaînes, il avait tout bou- leversé. Peut-être dira-t-il, pour se disculper, que la nécessité Ta contraint d'agir ainsi parce que les vil- lages étaient sans pasteurs. Mais cette allégation était fausse, car on avait institué plusieurs visi- teurs (1), et, dans le cas où ceux-ci eussent été négli- gents, il aurait dû porter l'affaire devant les évèques incarcérés. Dans le cas où on lui aurait dit que ces évêques avaient déjà été exécutés , il aurait pu faci- lement vérifier le fait ; et môme , en supposant que la nouvelle de leur mort eût été avérée, son devoir était encore de demander au premier des Pères (c'est-à-dire à Pierre, évêque d'Alexandrie, qui avait juridiction sur les Églises de l'Egypte, de la ïhébaïde et de la Libye), la permission de faire les ordinations. » xMélèce ne fit aucune réponse à cette lettre si ferme et si calme à la fois; malgré la liberté dont il jouissait, car il avait pu parcourir sans obstacle les diocèses de ses collègues, « il n'alla voir ni les évêques incarcérés ni le bienheureux Pierre (2). » La lettre collective avait probablement été rédigée (1) Circumeuntes j en grec TTcpioôî'jTs;. Voir le P. de Smedt, Revue des Questions historiques , octobre 1891, p. 410. (2) Ce vécit des débuts du schisme mélécien est emprunté aux do- cuments originaux découverts par Mallei à Vérone, imprimés dans ses Osservazioni letterarie, t. III, 1738, p. 11-18, puis par Routh , Reli- quix sacrœ , t. 111, p. 38 et suiv., et enlin par Héfélé, Histoire des conciles, trad. Dtilarc, t. I, p. 333 et suiv. Voir dans ce dernier ou- vrage, p. 335-343, les raisons de préférer les documents du manuscrit de Vérone, confirmés et complétés par saint Athanase et Socrate, à la version très différente, et favorable à Mélèce, que donne saint Épi- phane, Hxres., LXVIII, 1-4. 54 LES CHRETIENS DEPUIS L'ABDICATION. par le plus célèbre des prélats captifs, Philéas, évo- que de Tlimuis dans la Basse Egypte. Il avait été em- prisonné en même temps qu'un haut fonctionnaire d'Alexandrie (le juridicus ou V 0Lç.yy.vAy.:!-r^z) , Philo- rome, qui était chrétien (1). Philéas lui-même, un des plus riches personnages de sa province , avait ja- dis été magistrat, et géré au moins de hautes charges municipales (*2); probablement il se convertit assez tard, amené peut-être à la foi par Fétude de la philosophie, qu'il avait poussée fort loin (3j. Nous voyons, en effet, que tous ses proches et ses amis, sa femme même et ses enfants, étaient encore païens (i). Ses vertus, son mérite, sa haute situation le firent choisir pour pasteur par les fidèles de sa ville. Phi- léas parait avoir passé en prison, avec Philorome et les trois évêques ses collègues, toute la fm de 306, car son procès ne sera instruit que par le successeur d'Hiéroclès, au mois de février de l'année suivante. Témoin, pendant de longs mois, des souffrances des chrétiens, il en a tracé le tableau dans une éloquente épitre à ceux de Thmuis, heureusement conservée par Eusèbe. « Les bienheureux martyrs qui ont vécu avec nous... ont souffert pour le Christ toutes les douleurs, tous les tourments que l'on put inventer; et quelques- (1) Eusèbe, Hist. EccL, VIII, y, 7. Voir t. I, p. 59. (2) Eusèbe, /. c. (3) Ibid. (4) Eusèbe. Hist.Eccl.,\\\\, 9, %\Acla SS. Philex et^Philoromi 1, 2, dans Ruinart, p. 549-550. NOUVEAUX EDITS DE PERSECUTION EN ORIENT. 55 uns non pas une fois, mais plusieurs. Quand les sol- dats s'eltbrçaient de leur inspirer de la crainte, moins encore par leurs paroles que par leurs actes, ils ne se sont point laissé fléchir, car la parfaite charité faisait évanouir la crainte. Quelles paroles exprimeraient leur courage au milieu des tourments? Tout le monde avait la permission de les insulter; on les frappait avec des verges, avec des fouets, avec des courroies, avec des cordes. Le spectacle de leurs souffrances changeait sans cesse, mais la malice de leurs ennemis restait invariable. Quelques-uns, les mains liées der- rière le dos, étaient étendus sur le chevalet, pendant qu'au moyen d'une machine on leur tirait tous les membres. Ensuite, par l'ordre du juge, les bourreaux leur déchiraient , avec des ongles de fer, non seule- ment les flancs, comme on fait aux homicides, mais le ventre, les jambes, et jusqu'au visage. Il y en avait de suspendus à un portique par une seule main , de sorte que la tension des articulations était le plus cruel des supplices. Plusieurs étaient attachés à des colonnes, les uns vis-à-vis des autres, sans que leurs pieds portassent à terre, afin que la pesanteur de leurs corps serrât de plus en plus leurs liens. Ils sup- portaient cette torture non seulement pendant que le juge leur parlait ou les interrogeait, mais presque pen- dant une journée entière. Quand il passait à d'autres, il laissait des gens de Vofficiwn pour observer les pre- miers , et voir si l'excès de la souffrance ébranlait leur résolution; il ordonnait de les serrer sans pitié dans leurs liens, et faisait traîner honteusement ceux qui 5G LES CHRÉTIENS DEPUIS L'ABDICATION. expiraient. Car il disait que nous ne méritions aucun égard , et que tous devaient nous considérer et nous traiter comme si nous n'étions plus des hommes. C'est là le second genre de torture que nos ennemis avaient inventé pour le faire succéder aux coups. Il y en avait, cependant, qui, après avoir subi la question, étaient mis dans les entraves, les pieds étendus jus- qu'au quatrième trou : ils étaient obligés de rester couchés sur le dos, car les plaies dont leur corps était tout couvert ne leur permettaient pas de se dresser. D'autres, jetés par terre, y demeuraient étendus, brisés par l'excès des tourments, et les traces de leurs blessures étaient encore plus horribles à voir que le supplice lui-même. Quelques-uns mouraient pendant la torture, et par leur constance faisaient honte à leurs ennemis. Plusieurs, rapportés demi-morts dans la prison, après peu de jours y rendaient le dernier soupir. D'autres, ranimés parles remèdes, ont vu leur courage croître par la durée même de la captivité. Aussi, quand on leur donnait ensuite le choix entre un honteux acquittement s'ils voulaient se souiller par un sacrifice, et une sentence capitale s'ils persistaient dans leur refus, tous, sans hésiter, allèrent volontiers à la mort. Car ils savaient ce qui nous est commandé dans les saintes Lettres : « Celui qui sacrifie aux dieux étrangers périra, » dit l'Écriture; et encore : « Vous n'aurez pas d'autres dieux que moi (1). » Parmi les martyrs d'Alexandrie, il en est dont la (1) Eusèbe, Jlist. tccL, VllI, 10. NOUVEAUX EDITS DE PERSECUTION EN ORIENT. 57 vue dut causer, parmi le peuple, un vif mouvement de curiosité et de surprise. Un solitaire de la Thé- baïde (1), Apollonius, n'avait cesse pendant la per- sécution de visiter les chrétiens de cette province pour les encourager au martyre. Mis lui-même en prison, plusieurs païens vinrent l'y voir et insulter à ses souf- frances : l'un d'eux était le joueur de flûte Philémon, qui l'accabla d'injures. « Que Dieu ait pitié de toi, mon fils, lui répondit doucement l'anachorète, et qu'il ne t'impute point tes paroles à péché. » Ce sim- ple et aiiectueux langage perça le cœur du musicien : converti, il courut au tribunal, et, s'adressant au gou- verneur de la Thébaïde en présence de tout le peu- ple : « Tu agis injustement, ô juge d'iniquité, en punissant ces hommes religieux et amis de Dieu. Les chrétiens ne font et n'enseignent aucun mal. » Le gouverneur était Arrien , dont nous avons déjà ra- conté les cruautés (â), et qui récemment encore, au commencement de 305, avait fait noyer le martyr Asclas (3). Sa première pensée fut que Philémon, qui, artiste favori du peuple, avait coutume de se croire tout permis, faisait une plaisanterie; mais. (1) Au nombre des confesseurs de celte province on peut compter l'ermite Anaph, dont Sozomène [Hist. EccL, III, 14) fait ce bel éloge : « Depuis le temps où il confessa le Christ pendant la persécution sus- citée contre notre foi, j'ai entendu dire qu'il n'a jamais proféré un mensonge, ni désiré une chose terrestre. » (2) Rufin, dont nous suivons la narration, ne nomme pas le gouver- neur; mais il est nommé par MélapUraste, et son nom s'est retrouvé dans beaucoup d'autres récits de martyres : voir t. I, p. 362. (3) Acta. ,S.S'., janvier, t. II, p. 457. 58 LES CHRÉTIENS DEPUIS L'ABDICATION. quand il l'entendit poursuivre sérieusement sur le même ton : « Tu viens d'être pris de folie , Philémon ! » s'écria-t-il. « Ce n'est pas moi qui suis fou, répondit le musicien, mais toi qui es insensé, juge injuste, coupable de la mort de tant d'innocents. Je suis chré- tien, c'est-à-dire ce qu'il y a de meilleur. » Vaine- ment Arrien essaya-t-il de le regagner par la douceur : Philémon restait inébranlable. On le mit à la torture. Arrien apprit que l'auteur de sa conversion était Apollonius. Celui-ci fut amené , et torturé plus cruel- lement encore. « Plût à Dieu, dit-il au gouverneur, que toi et tous ceux qui m'eaitendent, vous partageas- siez ce que vous appelez mon erreur ! » Arrien , fu- rieux, condamna Apollonius et Philémon au feu. (( Seigneur, ne livre pas aux bêtes les âmes de ceux qui ont confiance en toi, mais fais voir ta puissance et sauve-nous, » s'écria l'anachorète en montant sur le bûcher. Tout d'un coup, un nuage creva au-dessus, éteignant les flammes. Le juge et tout le peuple, sai- sis d'admiration , s'écrièrent : « Il est grand , il est unique, le Dieu des chrétiens; lui seul est immortel ! » La nouvelle d'un changement aussi extraordinaire fut portée au préfet d'Egypte. Il envoya prendre, pour le conduire à Alexandrie, son ancien collègue Arrien, de persécuteur devenu l'admirateur et l'ami des chrétiens, et avec lui Apollonius et Philémon. En route, Apollonius convertit les gardes. Hiéroclès, exaspéré, fit, dès leur arrivée, jeter à la mer (1), (i) Le 7 mars, d'après les martyrologes. NOUVEAUX EDITS DE PERSECUTION EN ORIENT. 59 avec Apollonius, tout le groupe des nouveaux fidèles. « Les flots, dit le narrateur, leur furent non une mort, mais un baptême (1). » (1) Rufin, De vitis Palrum, 19. Rufin ajoute que les corps des mar- tyrs furent rejetés par les flots, et parle des miracles qui se faisaient de son temps à leur tombeau. 60 LES CHRÉTIENS DEPUIS L^ABDICATION. III Avènement de Constantin et de Maxence (306). Les premiers mois de 306 avaient été en Orient remplis par la persécution ; d'autres soucis agitaient cependant son instigateur. La vengeance de Dieu se faisait déjà sentir, non sur la personne, mais sur l'œuvre politique des ennemis de l'Église (1). Dioclé- tien et Maximien Hercule obligés de se démettre, Ga- lère avait espéré régner sur tout le monde romain, et, dans ce dessein, avait rétabli la tétrarchie à sa guise; mais déjà cette nouvelle construction mena- çait ruine, et la pierre même qu'il avait tenté d'en exclure allait s'y faire violemment une place, au risque d'ébranler tout l'édifice dans ses fondements. Constantin, traité naguère en ami par Dioclétien (2), vivait maintenant près de Galère avec les honneurs dus à son grade, mais considéré comme un otage, ou même comme un rival dont on cherche à se débar- rasser (3). Sa vaillance naturelle le faisait tomber aisément dans les pièges qui lui étaient tendus : tou- jours placé dans les expéditions militaires au poste (1) « Jaiii propinquavit illi judicium Dei, seculumque tenipiisestquo res ejus dilabi et lluere cœperunt. » Lactance, De mort, pers., 24. (2) Eusèbe, De vita Constantini, I, 19. (3) « In insidiis sropc juvenem adpetiveral. » Laclance, De mort, peis., 24. « Hune Galerius objeeit ante pluribus perieulis. » Anonyme de Valois, 3. Cf. Eusèbe, De vita Constantini, I, 20. AVÈNEMENT DE CONSTANTIN ET DE MAXENCE (306). Gl le plus dangereux, on le voyait tantôt combattre corps à corps un Sarmate d'une taille gigantesque, tantôt entrer le premier dans un marais profond, en- traînant Tarmée après lui (1); dans les fêtes de la cour, il ne refusait pas l'invitation de Galère, quand celui-ci l'engageait à descendre sur l'arène pour lutter contre un lion (2). La main de Dieu le protégea dans ces rencontres et déjoua les ruses de ses ennemis (3). Lui-même, cependant, sentait que l'heure était venue d'échapper à une tutelle que sa fierté jugeait humi- liante et dont son courage même ne pouvait lui ca- cher les périls. Bien que vivant en simple particulier, tout entier à ses devoirs militaires, Constantin était loin d'avoir renoncé au rang où l'appelait sa nais- sance (4). La santé déclinante de Constance faisait prévoir l'ouverture d'une nouvelle succession impé- riale. Sur le point de prendre la mer pour une expé- dition en Bretagne dont il craignait de ne pas re- venir, celui-ci réclamait son fils (5). Galère, qui avait plus d'une fois déjà laissé sans réponse les messages de son collègue, ne put résister plus longtemps. Il (1) Anonyme de Valois, 3; Zonare, Ann., XII, 33; Proxagoras, dans Photius, Bibliot/i., 62. (2) « Sub obtentu exercitii ac ludi feris illum objecerat. » Lactance, De mort, fers., 24. Cf. Proxagoras, l. c, qui parle d'un combat contre un lion. (3) « Dei manus hominem protegebat, qui illum de manibus ejus li- beravit. » Lactance, /. c; cf. Eusèbe, De vita Constandni, I, 20. (4) « Cujus jam a puero ingens polensque animus imperitandi ardore agitabalur. » Aurelius Victor, De Cœsaribiis. (5) Lactance, De mort. pers., 24; Zosime, II, 8; Anonyme de Valois, 4 ; Aurelius Victor, Epitome, 62 LES CHRETIENS DEPUIS L ABDICATION. accorda enfin à Constantin Tautorisation de partir et lui remit le brevet qui lui permettait de disposer des relais publics. Cette autorisation était à peine accor- dée, que le soupçonneux Auguste s'en repentit; mais, quand il voulut empêcher le départ de Constantin, celui-ci avait fui Nicomédie depuis la veille, et rendu la poursuite impossible en emmenant ou en mutilant tous les chevaux de poste sur la route qu'il suivait (1). « Le fils de Constance venait de quitter la capitale de Galère au moment où tout retentissait des gémis- sements des chrétiens traînés au supplice. Tout le long de sa route, en Thrace, en Norique, sur le haut Danube, les croix étalent dressées, les bûchers en flammes, tout l'appareil des supplices déployé. Dans beaucoup d'endroits, les bourgs étaient dépeuplés, les chrétiens se cachaient dans les montagnes et dans les vallées (2). » L'extrême liâte avec laquelle voyageait Constantin (3) ne l'empêcha sans doute pas de remar- quer le contraste entre ces provinces désolées et celles de Sévère, où la population chrétienne, sans oser reconstruire encore les églises en ruines, avait quitté ses retraites et reparu au grand jour, et surtout les États de Constance, entièrement épargnés par la tem- (1) Lactance, De mort, pers.^ 24. — OUo Seek, Die Anfange des Constantin s des Grossen (dans Deutsche Zeilschrift fiir Geschicht- tvissenchaft, t. YIII, p. 80), conteste ce récit de la fuite et croit que les divers écrivains qui la racontent le font d'après une source com- mune. (2) A. deBroglie, l'Église etlJympire romain au quatrième siècle, t. 1, p. 193. (3) « Incredibili celeritate usas. « Lactaucc, De mort, pers., 24. AVÈNEMEINT DE CONSTANTIN ET DE MAXENCE (30G). G3 pète. Ce spectacle confirmait ses sentiments hérédi- taires de tolérance, en lui mettant sous les yeux, par des nuances successives, le résultat visible et matériel des deux politiques. C'était, comme on dit aujour- d'hui, une « leçon de choses, » dont un esprit pé- nétrant et réfléchi ne pouvait méconnaître la valeur. Constantin, traversant rapidement la Gaule, arriva à Gessoriacum (Boulogne-sur-Mer) au moment où son père allait s'embarquer. Il le suivit en Bretagne, prit part à quelques combats heureux contre les Pietés, et vit bientôt Constance tomber malade à Eboracum (York) (1). De sa seconde femme, belle-fiUe de Maxi- mien Hercule , l'empereur avait six enfants , mais tous en bas âge, et incapables de lui succéder. Aussi ses espérances politiques s'étaient-elles reportées sur ce premier-né, en qui semblaient revivre tous les souve- nirs de sa jeunesse. 11 eut le temps de le recomman- der aux soldats et de le désigner comme l'héritier de son titre et de son pouvoir (2) ; puis , ces dispositions suprêmes étant prises, il expira le 25 juillet 306 (3). L'armée se ralha avec enthousiasme autour du jeune et brillant officier dont elle avait apprécié déjà les qualités militaires, et le proclama Auguste (i). (1) Euinène, Paneg., 7; Anonyme de Valois, 5. (2) Lactance, De mort, pers., 24; Div. Inst., II, 4; Euscbe, De vita Constaniinl, l, 21; Eumènc, Paneg.; Julien, Oraiio I ad Const. ; Orose, V, 26. (3) Sur celle dale, voir Tillemonl, Histoire des Empereurs, t. IV, p. 618, noie ix sur Conslantin. (4) Eusèbe, De vita Constanlini, I, 22; Zosiine, 11, 9, dit seulement qu'il reçut la dignité de César. 64 LES CHRÉTIEiNS DEPUIS L'ABDICATION. Constantin se hâta d'adresser aux autres princes, selon l'usage, son portrait entouré de lauriers. Galère le reçut avec une véritable fureur. Il fat au moment de brûler l'image et le messager; mais ses amis lui représentèrent qu'un tel outrage amènerait la guerre, et que les armées , mécontentes de tant de choix im périaux faits sans leur agrément, se rallieraient toutes autour du prince élu par l'une d'elles (1). Galère dut se résigner à reconnaître Constantin. Mais c'était l'é- croulement de toutes ses espérances. Si l'on en croit ce qui se racontait dès lors à Nicomédie ou plus tard dans l'entourage de Constantin, Galère avait ainsi réglé l'avenir : son ami d'enfance et son plus intime conseiller, Licinius, devait succéder à Constance avec le titre d'Auguste ; Galère lui-même , à l'expiration de ses vicennales, se retirerait comme Dioctétien, fai- sant Sévère Auguste en sa place , et donnant son bâ- tard Candidien, que l'impératrice Yaleria avait adopté, pour collègue au César Maximin; il s'assurerait ainsi une tranquille vieillesse, que protégerait, « comme un mur inexpugnable, » l'accord de ces quatre per- sonnages qui lui auraient dû toute leur grandeur (2). (1) « Paucis post diebus laureala imago ejus adlata est ad malam bes- tiain. Deliberavit diu an susciperet. In eo pêne res fuit ut illam et ip- sum qui attulerat exuieiet, nisi eum amici ab illo furore flexissent. admonentes eum periculi, quod universi milites, quibus invilis ignoli Cœsares erant facli, suscepturi Constanlinum fuissent, atque ad eum coucursuri alacrltate summa, si venisset armatus. » Laclance, Z)e mo?-^. pers., 25. (2) « Ilabebat ipse Licinium veleris contubernii amicum et a prima militia familiarem, cujus consiliis ad omnia regenda ulobatur... Postea in Constantii locum nuncuparct Augu>tHm atque fralrem, tune vero AVENEMENT DE CONSTANTIN ET DE MAXENCE (.100). C5 L'élection de Constantin dissipait ce l)eau rêve. Ga- lère, prudemment conseille, consentit enfin î\ la ra- tifier, et envoya la pourpre A son nouveau collègue (1 ); mais il témoigna sa mauvaise humeur en lui refu- snnt le titre d'Auguste, qu'il donna î\ Sévère comme plus kgé^ et en obligeant le fils de Constance à ne prendre place dans le collège impérial qu'en qualité de César, au (piatrième rang, après Maximin (2). Cons- lantin, qui préférait aux apparences la réalité du pouvoir et se sentait maître de l'avenir, accepta sans protester ce semblant de déchéance (3). Un si grand échec exaspéra les instincts cruels de Galère. A partir de ce moment, il devint vraiment « la mauvaise bête, » comme l'appelle Lactancc. Le portrait qu'on a tracé de lui est horrible. Il se croyait i|)se i)rincipaluni Icneret, ac pro arbilrio suo debacchalus in orbem ten-c-e vicennalia celebraiet, ac substitulo Cœsare filio suo, qui luncerat novennis, et ipse deponcrct, ila cum irnpcrii suniniam tcnorenl Lici- nius ac Severus, et secundum Cœsaruin noinen Maxiininus et Candi- diaiius, inoxpugnabili uuiro circumseplussecurain et Iranquillam dege- ret senectulcin. » Lactancc, De mort, pers., 20. (1) « Susfepit itaque imaginem admodum invilus, atque ipsi purpu- rarn misit, ut ullro ascivissc illum in socielalrm viderelur. » Ihid., 25. (2) « Sed illud cxcogitavit, ut Severum, qui erat pctatc malurior, Augustum nuncuparet, Constanlinum vero non iniperatorem, sicuterat faclus, sed Ciésarem cum Maximino appellari juberet, ut eum de se- cundo loco rojicerct in quartuin. » Ibid. (3) Celte nouvelle organisation de la létrarchie, destinée à si peu durer, se trouve exprimée par quatre monnaies de bronze, frappées dans l'atelier de Rome, entre le 25 juillet 30G, date de l'avènement de Constantin, et le '28 octobre de la môme année, date de la prise de Rome par Maxence : IMP. Cx. MAXIMIANVS P. F. AVG. — MAXI- MINVS NOB. CAES. — CONSTANTINVS NOB. CAES. — IMP. C. SEVERVS P. F. AVG. Bull, de la société des Antiquaires de France, 1898, p. 405. V. 5 66 LES CHRÉTIENS DEPUIS L'ABDICATION. tout permis : « Le vainqueur des Perses, disait-il, doit être aussi absolu que les rois des Perses, qui ne con- naissent pas de bornes à leur pouvoir (1). » Il se mit à traiter tout le monde comme il avait traité les chré- tiens (2). Dégrader les hommes élevés en dignité (3) ; torturer malgré les lois non seulement les décurions , mais les premiers magistrats des cités et jusqu'aux egrcgii et aux pcrfectissimes [k)\ punir de la croix, du feu ou des betes les moindres offenses (5) ; faire dévorer sous ses yeux, pendant ses repas, les con- damnés par des ours dressés à les déchirer lentement, membre à membre (6); n'accorder qu'à de rares pri- vilégiés, et comme un bienfait, la simple mort par le glaive, « la bonne mort (7); » abuser des femmes libres ou nobles comme de viles esclaves (8); enfin, (1) Lactance, De mort, pers., 21. (2) « Qiiœ igilur in christianis cxcrucianclis didicerat, consiieliidiiie ipsa in omnes exercebal. » Ibid., 22. (3) « In primis honores ademit. » Ibid., 21. (4) « Torqiiebantur ab eo non modo decurioncs, sed primores eliam clvitaluin, egrcgii ac leifeclissimi viri. » De mort, pers., 21. {:^) « El qnidcm in cansis levibus alque civilibus, si morle digni vi- deivntiir, ciuces stabant. » Ibid. — « Nulla pœna pênes cum levis, non insulaî, non carccres, non mclalla, sed ignis, crux, fera), in illo erant quolidiana et facilia. » Ibid., 22. (G) « Ilabcbat iirsos feiociae ac niagniludinis siuic simillimos, quos lolo imperii sui Icmporc elegerat. Quoliens deleclari libuerat, boruni aliquein adferri nominalim jubebat. llishomincs non plane comedcndi, sel absorbendi objeclabantur : quorum arlus cum dissiparenlur, ride- Ijal suavissime; necunquam sine humano cruorc cœnabat. »/6td., 21. (7) « In causa capilis animadversio gladii adtnodum paucis quasi be- neficii (loco) deferebatur, qui ob vêlera merila inipolraveranl bonam morlem. » Ibid., 22. (8) «Maires familias ingcnua) ac nobilcs in gynocœum rapiebantur. » Ibid., 21. AVÈNEMENT DE CONSTANTIN ET DE MAXENCE (300). 07 après avoir épuisé les provinces par des tributs levés avec la derni(''rc l)rutalité (1), se débarrasser de ceux qui ne payaient pns, les mendiants, en les faisant conduire sur des barques en pleine mer et noyer (2) : n'était-ce pas étendre, dans son aveugle fureur, à ses sujets païens les traitements réservés jusque-là aux seuls chrétiens, et prendre plaisir à venger ceux-ci en faisant partager aux autres leurs souffrances? On pourrait multiplier ces rapprochements, où semble se marquer la justice de Dieu. Traçant le tableau de la persécution, saint Jean Ghrysostome monlre tout le monde contraint par les édits à dénoncer les chrétiens qui se cachaient, sans excepter ni maris, ni pères, ni enfants, ni frères, ni amis (3) ; au môme moment, les agents du fisc, raconte Lactance, poursuivaient par- tout les contribuables, suspendant les fils au chevalet pour leur faire dénoncer leurs pères, torturant les serviteurs les plus fidèles pour les contraindre à trahir leurs maîtres, les épouses pour les obliger à li- vrer leurs époux {ï). Cependant, même en frappant indistinctement sur tous, le tyran n'oubliait pas sa haine particulière pour les chrétiens. Il avait perfec- (1) Ibid., 23. (2) 0 Mcndici supererant soli, a quibiis niliil cxigi possct, qiios ab omni g(;nere injuriœ tiitos rniscria et infelicUas fecerat. Atqiiin homo impius rnisertus est illis nt non egerent. Congregari omnes jussit, et exportalos naviculis in mare mergi. » Ibid. (3) Saint Jean Ghrysostome, Ifomilia LI; cf. Acta S. Adriani, 1 ; voir plus liant, p. 39. (4) « Filiiadversus parentes suspendebanlur, fidelissimi quiqne servi contra dominos vexabantur, uxores adversus marilos. » Laclance, De mort, pers., 23. 63 LES CHRETIENS DEPUIS L'ABDICATION. lionne à leur usage le supplice du feu. Il voulait qu'ils ne fussent plus brûlés que lentement. Quand un fidèle avait été attaché au poteau, une flamme légère était d'abord allumée sous ses pieds jusqu'à ce que la peau du talon, carbonisée, se détachât des os. On prome- nait ensuite sur tout son corps des torches éteintes et réduites à l'état de tisons ardents. De temps en temps on lui faisait avaler de l'eau ou on lui en jetait sur le visage, de peur qu'il ne mourût trop vite. Quand il était demeuré pendant la plus grande partie du jour dans cet état, la peau toute rôtie, on laissait enfin le feu pénétrer jusqu'aux entrailles. Le cadavre desséché était mis ensuite sur un bûcher, et consumé entière- ment; puis les os échappés aux flammes étaient réduits en poudre et jetés dans le fleuve ou dans la mer (1). Pendant que Constantin, à peine entré en possession des États de son père, publiait en faveur de l'Église une ordonnance dont nous n'avons malheureusement ni le texte ni le résumé (^), la persécution redoublait (1) « IJ exilii primo adversus chrislianos permiserat, dalis legibus ul post torinenla daninatilenlis ignibus iirercnliir. Qui ciim deligali fuis- sent, siibdcbalur primo pedibus lonis flamma tamdiu doncc calliim so- lorum conlractum igni ab ossibus revcllerelur. Deindc inccnscTe faces et exlinctae admovebatitur singiilis mcmbris, lia ut locus nulliis in corporc relinquerctur intactus. Et inter hœc siiffiindebatur faciès aqna fiigida, et os humore abluebaliir, ne arescenlibus siccitalc faucibiis cilo spiritus redderetur. Quod posliemo accidebat, cum per muKiim diein dccocta omni cule, vis ignis ad ima viscera penetrasset. Ilinc rogo facto crcmabantur. Corpora jam cremata, lecta ossa et in pulverem coinininula jactabanlur in (lamine ac mare. » De morte, pers., 21. (2) « Suscepto iinperio Constantinus Auguslus nibil egit prius quam chrislianos cullui ac Deo siio reddere. IKnec fuit prima ejus sanclio re- liaionis rcstitulœ. » Ibid., 2'i. AVÈNEMENT DE CONSTANTIN ET DE MAXENCE (300). GO de fureur en Orieut. Il n'y a pas de distinction à éta- blir entre les provinces de l'Auguste et celles du Cé- sar : la poursuite des chrétiens était aussi acharnée dans les unes et dans les autres. La Cilicie faisait par- tie du domaine de Maximin. A Egée furent arrêtés trois jeunes chrétiens; Claude, Astère et Néon (1), li- vrés, dit-on, par leur belle -mère (2) : nous avons vu que les nouveaux édits mettaient la division dans les familles, en invitant leurs membres à se dénoncer mu- tuellement. Au cours d'une tournée administrative, le président Lysias (3) — le même qui condamna les célèbres médecins, Côme et Damien (4), et Zénobe, évêque d'Egée (5) , — s'arrêta dans cette dernière ville. (( Qu'on amène, dit-il, les chrétiens qui ont été (1) Acta SS. martyrum Claudii, Asterii et alioruiii, dans Ruinait, p. 279. — Les Actes nomment Egée, ville de Lycie-, mais il faut lire de Cilicie, la Lycie n'ayant pas eu de ville de ce nom. ('2) Une des versions des Actes contient un préambule, donné en note par Ruinart, où on lit : « Delati sunt ad judicem a noverca Claudius, Asterius et Néon, quod essent christiani, deos injuria afficientes. » (3) Ce qui suit provient apparemment «« des Acles proconsulaires, c'est-à-dire lirez; du greffe, où l'on rap[)orle les propres paroles du juge et des accusez telles qu'elles étoient prononcées. Ainsi il n'y a rien de plus authentique et de plus certain que ces sortes d'Actes. » Tille- mont, Mémoires, t. IV, art. sur les saints Claude, Astère et Néon. (4) Acta S6'., septembre, t. VII, p. 428. « La prétendue distinction entre deux ou trois groupes de martyrs de ce nom, l'un romain, les autres orientaux, n'a pas de fondement, » dit M. de Rossi [Bull, di arch . crist., 1888188'J, p. 143). C'est à l'époque byzantine que se repandit à Rome le culte des saints Côme et Damien. Ils y devinrent assez popu- laires |)our être inscrits au canon de la messe. Neuf églises leur furent dédiées dans la ville éternelle. L'une d'elles, fondée par le pape Félix IV (52G-53G), est formé(î de deux édifices antiques réunis, le petit temple de Romulus, (ils de Maxence, et le tcmplum sacrx Urbls. (5) Acta SS., octobre, l. XIII, p. 2ô3. 70 LES CHRETIENS DEPUIS L'ABDICATION. livrés aux curiales de cette cité. » Le greffier Eusta- thius répondit : u Selon tes ordres, seigneur, les cu- riales te présentent ceux qu'ils ont pu saisir : trois jeunes gens, et deux femmes avec un enfant. L'un d'eux est debout devant ta clarté. Qu'ordonne de lui ta noblesse? — Comment t'appelles-tu? » dit Lysias à l'accusé. — u Claude. — Ne va pas perdre follement ta jeunesse. Approche et sacrifie aux dieux, selon le pré- cepte de l'Auguste notre seigneur, afin d'échapper aux tourments qui te sont préparés. — Mon Dieu, répondit le chrétien, n'a pas besoin de tels sacrifices, mais il veut les aumônes et la pureté de la vie. Vos dieux sont d'immondes démons : c'est pourquoi ils se plaisent à ces sacrifices, et perdent les âmes de leurs adorateurs; mais tu ne me persuaderas pas de les honorer. — Nos seigneurs les empereurs ont ordonné que tous les chrétiens sacrifient aux dieux : ceux qui refuseront seront punis; ceux qui obéiront, récom- pensés par des honneurs et des présents. — Vos ré- compenses sont passagères; la confession du Christ est le salut éternel. » Lysias commanda alors de sus- pendre le martyr au chevalet, d'approcher du feu de ses pieds , et d'arracher la chair de ses talons : c'était la méthode inventée par Galère pour brûler les chré- tiens. « Ceux qui craignent Dieu, répondit Claude, ni le feu ni les tourments ne leur peuvent nuire; mais au contraire ils leur procureront le salut éternel, puisqu'ils auront été soufferts pour le Chribt. » Lysias le fit alors déchirer avec les ongles de fer. « Je veux , dit Claude, te montrer que tu es partisan des démons. i AVÈNEMENT DE t30NSTANTlLN ET DE MAXENCE (306). 71 Ciw tes tourments ne me pourront nuire, tandis que tu prépares pour ton âme un feu qui ne s'éteindra ja- mais. — Lacérez ses tlaocs avec des poteries très ai- guës et approchez de ses plaies destorclies ardentes, » commanda le gouverneur. Mais Claude reprit : « Le l'eu, les tortures que tu m'appliques sauveront mon àme; soutlrir pour Dieu m'est un grand prolit, mourir pour le Christ me vaudra d'immenses richesses. » Lysias, irrité, mais impuissant, le fit alois détacher du chevalet et conduire en prison. Le second accusé, Astère, fut présenté par le gref- fier Kustathius. « Tu as vu, lui dit le président, les tourments préparés à ceux qui désobéissent; crois donc, et sacrifie aux dieux. — Il n'y a qu'un Dieu, ré- pondit xVstère, et seul il doit venir; il habite au ciel, d'où il protège les plus humbles. Mes parents m'ont appris à l'honorer et à le chérir. Quant à ceux que tu adores en les appelant dieux, je ne les connais pas. ïa religion n'est pas la vérité, mais une vaine inven- tion, perle de tous les hommes qui l'acceptent. » Ly- sias le fit suspendre au chevalet; on lui lacéra les flancs, en l'invitant à sacrifier. Astère répondit : « Je suis le frère de celui que tu interrogeais tout à l'heure. Nous avons une même âme, une môme croyance. Fais ce que tu peux. Tu es maître de mon corps, mais non de mon âme. » On lui lia les pieds et on le déchira plus cruellement. « Insensé, dit le martyr, pourquoi me tourmentes-tu? ne songes-tu pas au compte que tu en rendras à Dieu? » Le juge lui fit alors poser des charbons ardents sur les pieds et f rap- 72 LES CURÉTiENS DEPUIS L ABDICATION. pcr de verges et cle nerfs de bœuf le dos et le ventre. Quand on eut fini : a Tu es aveugle, dit Astère. Je te demande une grâce , c'est de ne laisser sans blessure aucune partie de mon corps. — Qu'on le garde avec les autres, » répondit seulement Lysias. Le troisième frère, Néon, fut amené, u Approche, mon enfant, et sacrifie aux dieux pour éviter les tour- ments, » lui dit le gouverneur, a Si tes dieux ont quel- que force, répondit le jeune homme, qu'ils nous pu- nissent sans ton aide. Mais je suis meilleur que tes dieux et que toi, car je ne vous obéis pas, et ne re- connais qu'un Dieu , qui a fait le ciel et la terre. » Ly- sias ordonna aux bourreaux de le frapper au visage, en lui défendant de blasphémer. « Est-ce que je blas- phème quand je dis la vérité? » demanda Néon. Comme on avait fait à Astère, on lui mit des charbons sur les pieds et on le flagella. « Ce que tu fais, dit le chrétien, est utile et avantageux à mon âme. Je ne puis changer de résolution. « Lysias rendit alors la sentence : « Que les trois frères soient contluits hors de la ville, sous la surveillance du greffier Eusta- thius et du bourreau Archelaiis, et que là on les crucifie, afin que leurs corps deviennent la proie des oiseaux. » Après l'exécution, les femmes furent amenées au tribunal. « Selon l'ordre de ta clarté, Domnina est présente, » dit le greffier. « Tu vois, femme, lui dit Lysias, les tortures et le feu qui te sont préparés. Si tu veux y échapper, approche et sacrifie aux dieux. — Pour éviter le feu éternel et les tortures qui ne ces- AVÈNEMENT DE CONSTANTIN ET DE MAXENCE (300). 73 sent pas, répoiidit-cllc, j'adore Dieu et son Christ, qui a faille ciel, la terre et tout ce qu'ils contiennent. Vos dieux sont de pierre et de bois, œuvre de la main des hommes. — Otez-lui ses vêtements, commanda le gouverneur, étendcz-la nue, et frappez de verges tous ses membres. — Par ta sublimité, Domnina est déjà morte, » dit le bourreau. Ce cœur délicat s'était brisé à la seule menace de l'outrage. « Qu'on jette le cadavre dans le fleuve, » ordonna Lysias. (( Théonilla est présente, » reprit le greffier. (( Femme, dit le juge, tu vois le feu, les tourments préparés pour ceux qui osent désobéir. Approche donc, rends honneur aux dieux, sacrifie, afin d'éviter la souffrance. — Je crains le feu éternel, qui peut perdre l'âme et le corps de ceux-là surtout qui ont abandonné Dieu pour les idoles et les démons. — Donnez-lui des soufflets, s'écria Lysias exaspéré, jetez- la par terre, attachez-lui les pieds, et torturez-la fortement. — N'as-tu pas honte, dit Théonilla, de traiter ainsi une femme de naissance libre, une étran- gère (1)? Dieu voit ce que tu fais. — Suspendez-la par les cheveux et souffletez-la. — Ne te suffit-il pas de m'avoir exposée nue? Ce n'est pas moi seule, c'est ta mère, c'est ton épouse que tu as couverte de con- fusion en ma personne. Car nous avons reçu toutes la même nature, que tu déshonores (2). — As-tu un (1) Voir, sur ce passage, les observations d'Edmond Le Blant, les Actes des martyrs, p. 263. (2) Une martyre chinoise, Lucie Y, dépouillée de ses vêtements par l'ordre brutal du manJarin, s'écrie de môme : « Vous ne respectez même 74 LES CHRÉTIENS DEPUIS L'ABDICATION. mari, ou es-tu veuve? — H y a aujourd'hui vingt-trois ans que je suis veuve, et à cause de mon Dieu je suis demeurée telle, persévérant dans le jeûne et dans la prière, depuis que j'ai abandonné les idoles et connu Dieu. — Rasez sa tète, afin qu'elle apprenne enfin à rougir, dit Lysias; ensuite, entourez-la d'épines; attachez-lui les pieds et les mains à quatre poteaux, et frappez avec des courroies non seulement son dos, mais tout son corps. » Ce mode de flagellation avait encore été introduit par Galère (1). a Posez de plus, continua le gouverneur, des charbons sur son ventre, afin qu'elle meure ainsi. » Le geôlier et le bourreau dirent ensemble : « Seigneur, elle vient de rendre l'âme. » Lysias fit alors mettre dans un sac et jeter à l'eau le corps de la martyre (2). C'est encore par le lâche supplice de la noyade que pas le sexe qui vous a donné le jour! Est-ce ([ue vous n'avez pas de mère? » —Edmond Le Blant, les Martyrs de VEoclrênie-Orient et les Persécutions antiques, dans le Correspondant, 25 mars 1876, p. 103». (1) « Si quis essel verberandus, defi\i in stabulo pâli quatuor stabant, ad quos nuUus unquam servus distendi solebat. » Lactance, De mort. pers., 21. (2) Les Actes se terminent par l'alinéa suivant, qui ne fait pas corps avec leur partie ollicielle et a été ajouté ; « Habita est passio liœc in civitate Aegoa, sub Lysia pricside, X kalcndas Septembris, Augusto et Aristobulo consulibus; dequibus sanctorum passionibus est Deo honor et gloria. » Uioclétien et Aristobule furent consuls ensemble en 285, Comment cette date a-l-elle pu être indiquée? Je l'ignore, mais sa faus- seté me paraît évidente. Les chrétiens, au rapport d'Eusèbe, jouissaient alors en Orient d'une profonde paix : il suflit de lire les Actes des saints Claude, Aslère et Néron, pour voir que leur martyre se passe, au contraire, à une époque de persécution générale. Comme on a pu le remarquer, certains détails de ces Actes nous reportent vraisembla- blement au temps où Galère régnait en Orient. AVÈNEMENÏ DE CONSTANTIN ET DE MAXENCE (300). 75 périt, sur Tordre de Maxiniiii lui-mcnic, un martyr dont l'exéciitioii avait été longtemps diliéréc. Con- damné aux botes, à Gaza, dès 30 V, Agapius n'avait pas été exécuté (1). Depuis deux ans on le gardait en prison. Trois l'ois il en l'ut tiré pour être conduit au stade avec des mallaiteurs destinés au dernier châti- ment : puis, soit espoir de lasser sa patience, soit pitié soudaine, on le lit rentrer sans le livrer au supplice. Le 10 novembre, Maximin vint à Gésarée, où l'anni- versaire de sa naissance devait être célébré en grande pompe. Des jeux étaient ollerts par le Gésar lui-même au peuple de la métropole palestinienne. La fête fut magnifique; des betes de Flnde, de l'Ethiopie, des contrées les plus lointaines parurent dans l'amphi- théâtre; les plus habiles des jongleurs et les plus sou- ples des funambules furent exhibés; puis on voulut terminer les réjouissances publiques par un spectacle toujours agréable à la cruauté romaine, le supplice de condamnés. Deux prisonniers furent produits succes- sivement sur l'arène. L'un était un esclave, assassin de son maître; l'autre, le chrétien Agapius. Il parait que le meurtrier combattit vaillamment contre les bètes; car Maximin charmé lui accorda sa grâce avec la liberté, aux acclamations des spectateurs (2). Après (1) Voir t. I, p. 351. — 11 ne faut pas confondre cet Agapius a^cc un autre martyr du nièine nom, dont il est question dans ce chapitre, p. 9. (2) Ti[xyj; T£ y.at èÀeuôepiaç r)^i(0(jivou. La grùce, ici, entraînait de droit la liberté, car, par l'eflet de sa condamnation, le meurtrier de son maître avait cessé d'être l'esclave des héritiers de celui-ci pour devenir l'esclave de la peine, servus pœax; libéré maintenant de la condamna- 76 LES CHRÉTIENS DEPUIS L'ABDICATION. le pardon octroyé à rémule de Barabbas, il ne restait plus qu'à faire mourir le fidèle imitateur de Jésus. C'est ce qui eut lieu. L'empereur somma Agapius d'abjurer. « Je n'ai commis aucun crime, répondit le martyr; aussi tous les supplices que vous m'infligerez, je les supporterai pour l'amour du Dieu créateur, non seulement volontiers et d'une âme ferme, mais encore avec joie. » Ayant ainsi parlé, il courut au-devant d'une ourse lancée contre lui; quand elle l'eut dé- chiré, on le reporta en prison, saignant encore. Le lendemain, des pierres furent liées à ses jambes, et on le jeta dans la mer (1). Pendant que ces horreurs se commettaient en Pales- tine, on voyait, à Antioche, des chrétiens grillés à petit feu, ou d'autres, plutôt que de faire aux dieux les libations commandées, laisser les persécuteurs leur brûler les mains (2). De ceux-ci fut sans doute Barlaam, paysan illettré, mais martyr intrépide, qui laissa poser sur sa main, « comme sur un autel, » des charbons ardents, et la vit, sans faiblir, traversée par les flammes. Sur le tombeau de ce vaillant athlète, de- venu célèbre par les miracles qui s'y opéraient, l'élo- quence chrétienne prononcera un jour ses plus belles harangues (3). lion, il était en même temps libéré de la servitude qui en avait été la conséquence. (1) Eusèbe, De mari. PalesL, 6. (2) Eusèbe, Hist. EccL, VIII, 12, 2. (3) Saint Basile, Ilomil. XVII, in Barlaam marlyrem; saint Jean Cbrysoslome, Oratio LXXIII, de snncto Barlaam. La prélace mise par dom Garnier en tête de lédition bénédictine de saint Basile (Migne, AVÈNEMENT DE CONSTANTIN ET DE MAXENCE (30G). 77 Si quelque caractère particulier distingue la persé- cution dans les provinces de Maxiniin, c'est l'outrage prodigue aux femmes. Aucun des tyrans qui se parta- gèrent le monde romain au commencement du qua- trième siècle n'eut des mœurs aussi dépravées que le neveu de Galère et n'encouragea par d'aussi ignobles exemples la licence des gouverneurs ou des magis- trats. Les eunuques de sa cour pourvoyaient ouverte- ment au recrutement de son sérail. Les femmes qui avaient eu le malheur de lui plaire étaient arrachées à leurs maris, les filles à leurs pères (1). Le refus de se prêter à ses passions passait pour un crime de lèse- majesté, et la malheureuse qui avait résisté était punie de la noyade, supplice favori de ce triste temps (2). Ses compagnons, ses gardes, presque tous choisis parmi les Barbares, imitaient la conduite du prince et portaient dans les familles le déshonneur et le désespoir (3). Tout l'Orient, dit Lactance, leur ser- vait de jouet. On vit des maris se donner la mort pour ne point survivre à Toutrage dont leur femme avait été victime (4). On vit d'autres suicides plus émou- vants encore, ceux de chrétiennes, qui, placées entre Patr. grœc, t. XXXI, p. 11-22) me paraît avoir démontré que les deux discours ont été prononcés à Anlioche, et sont l'un et l'autre de saint Jean Chrysoslomc. Dans celui qui a été attribué à saint Basile, l'ora- teur conseille aux peintres de représenter Barlaam sous les traits d'un athlète montrant sa main victorieuse, entourée de flammes. (1) Laclance, De mort, pers., 38; Eusèbe, //^i-»/. Rccl., VIII, îi, 12. (2) Laclance, l. c. (3) Lactance, Eus^be, ibid. (4) Laclance, l. c. 78 LES CHRETIENS DEPUIS L'ABDICATION. la mort et la honte, choisirent la mort (1). L'Église, en les honorant comme martyres, a couvert de son au- torité et de son admiration ce qu'un tel acte avait d'irrégulier (2), et attribué à la grâce de Dieu le mouvement de foi sublime par lequel ces colom- bes en proie au vautour ont rompu elles-mêmes les liens qui les attachaient à la vie, pour voler libres et pures vers le ciel : Laqueus contrilus est, et nos li- hcrati siimits. C'est surtout à Antioche, capitale de Maximin et sa résidence fréquente, que de tels faits se produisirent. Saint Jean Chrysostome et saint Ambroise ont célébré le courage, la décision rapide, montrés par sainte Pélagie. Cette jeune chrétienne fut surprise dans sa maison par les soldats au moment où elle était seule, « n'ayant près d'elle ni père, ni mère, ni sœurs, ni nourrice, ni servante, ni amie. » Elle avait quinze ans, et savait, par l'exemple de beaucoup d'autres infortunées, le sort qui l'attendait si elle se laissait conduire au tiibunal. D'un ton calme, d'un visage presque gai, elle demande aux soldats la permission de se retirer dans sa chambre pour changer de vête- ments. Elle monte alors sur le toit, ce toit en terrasse des maisons d'Orient, et de là se précipite dans le vide. (( Son corps en tombant, dit éloquemment saint Jean Chrysostome, frappa les yeux du démon plus (1) Al ôè eut çOopàv éV/.ojjLEvai Oôcttov t/jv 4'^xyiv Gavâxw •?) to GWfjia x% çOopa TiapaôsSwy.aCTi. Eusôbe, llisl. Kccl, Vlll, 11, 14. (2) Saint Augustin, De civilate Dei, 1, 2G. AVÈNEMENr DE CONSTANTIN ET DE MAXENCE (300). 79 vivement qu'un éclair, et l'abattit comme par un coup de foudre (1). » Eusèbc cite dans la même ville, parmi les femmes chrétiennes poursuivies par les persécuteurs, « deux jeunes fdles, deux sœurs, que tout mettait en relief, la splendeur de la naissance, la richesse, la jeunesse, hi beauté, mais que distinguaient plus encore la mo- destie, la piété, l'application à l'étude et au travail. » Celles-ci ne furent pas obligées de recourir à un expé- dient héroïque pour sauver leur pureté : « les adora- teurs des démons les firent jeter à la mer (2). » D'au- tres furent plus menacées. « Il y avait à Antioche une sainte femme, âme vraiment forte; elle était riche, noble , renommée entre toutes par sa vertu ; ses deux filles, élevées par elle dans la religion chrétienne, étaient belles et dans la fleur de l'âge (3). » La mère s'appelait Domnina, les filles Bernice et Prosdosces. Quand les nouveaux édits eurent été publiés, toutes trois, craignant les dénonciations domestiques, se hâ- tèrent de quitter Antioche. Elles se réfugièrent dans une contrée où depuis longtemps la foi était floris- sante, en Osrhoène, et demandèrent un refuge à la ville d'Édesse (V). Mais le mari de Domnina, cédant à la crainte , consentit à guider les soldats vers les fugi- tives. Il vint avec eux à Édesse, et, trahies, les trois (1) Saint Jean Chrysostome, Homilia XL; saint Ambroise, De virgi- nibus, III, 7; Ep. 37; Eiisèbe, Hist. EccL, VJII, 12, 2. (2) Kusèbc, Hist. EccL, VIII, 12, 5. (3) Ibid., 12, 3. (4) Saint Jean Chrysostome, Homilia LI. 80 LES CHRÉTIENS DEPUIS L'ABDICATION. chrétiennes durent suivre leurs gardes sur le chemin de la Syrie (1). La voie reliant Édesse à Antioche des- cendait d'abord à Garrha, puis se dirigeait par Batna vers l'Euphrate, le traversait, et atteignait Hiéropolis. Au delà de cette ville, la petite troupe arriva près d'une rivière. On dit que le mari de Domnina, repen- tant de son infamie, consentit, sur la prière de la chrétienne, à détourner l'attention des soldais : peut- être les engagea-t-il à manger et à boire (2). De- meurée seule avec ses filles au bord de l'eau, cette mère intrépide leur parla des périls qui les atten- daient. « De tous les maux, leur dit-elle, le plus affreux, c'est le déshonneur, dont nous ne pouvons même entendre parler sans rougir. Toute mort est préférable, avec le secours du Christ. » Les filles étaient dignes de la mère : elles consentirent au sa- crifice, et les trois chrétiennes, ayant attaché modes- tement leurs vêtements, se jetèrent ensemble dans la rivière (3). Dans tous les lieux où passait Maximin , il laissait après lui la désolation et la honte. En Egypte, à Alexandrie, ses débauches furent horribles : les fem- mes les plus nobles furent deshonorées par lui {k). Une des plus illustres et des plus savantes dames de la métropole égyptienne lui résista cependant. C'était une chrétienne. Souvent amenée au tyran, sollicitée (1) Saint Jean Chrysostomr, llomllia LI. (2) ma. (3) Ensèbe. Hii^L Eccl, VIII, 12, 3, 4. (4) IbUL, VIII, 14, 15. AVÈNEMENT DE CONSTANTIN ET DE MAXENCE (306). 81 par son infâme passion, menacée d'être décapitée si elle ne cédait, elle lui répondait toujours par les mêmes refus, et se déclarait prête à mourir. Mais, comme elle possédait d'immenses richesses, la colère du tyran céda devant la cupidité, et il se contenta d'exiler la chrétienne en confisquant tous ses biens (1). De quels attentats durent se rendre coupables les gouverneurs, les magistrats, les agents du pouvoir à tous les degrés , dans un État régi par un tel monstre ! Surs de l'impunité, ils imitaient les vices du prince et, à son exemple, se faisaient dans leurs provinces un jouet de la vertu des femmes et de la sainteté des foyers domestiques (2). On a déjà vu les excès d'Hiéro- clès, qui arrachèrent au martyr Edesius une protesta- tion indignée (3). « D'innombrables chrétiennes, dit Eusèbe, menacées du déshonneur par les gouverneurs des provinces, ne purent entendre même leurs infâ- mes propositions : elles aimèrent mieux souffrir toutes (1) Eusèbe, Hist. EccL, VIII, 12, 3, 4. — Eusèbe ne nomme pas ceUe chrétienne. Rufin, Hist. EccL, VIII, 17, l'appelle Dorothée. Baronius a essayé de l'identifier avec sainte Catherine d'Alexandrie {Ann., ad. ann. 309, § 31), identification repoussée avec raison par BoUandus {ActaSS., février, t. I,p. 777) et Tillemont {Mémoires, t. V, art v sur saint Pierre d'Alexandrie). — Sur les Actes de sainte Catherine tels que les a rédigés Métaphraste {Patrol. grxc, t. CXVI, p. 275-30'^), voir les belles réflexions de Baronius [l. c), qui peuvent se résumer eu cette phrase énergique du grand et honnête annaliste : Melius silentium quam mendacinm veris admixtutn. Les récents travaux do M. l'abbé Viteau (Paris, 1897, et Ann de Saint-Louis des Français, 1898) sont utiles pour l'établissement du texte des Actes, mais ne modifient pas sensiblement le jugement de Baronius sur leur valeur historique. (2) Lactance, De mort, pers., 38. (3) Voir plus haut, p. 50. 82 LES CHRÉTIENS DEPUIS L'ABDICATION. les douleurs, toutes les tortures, toutes les espèces de supplices (1). » Cependant il est probable que toutes ne furent pas sauvées soit par la mort, soit par les pro\identielles ou miraculeuses interventions que nous avons plu- sieurs fois racontées. Parmi tant de chrétiennes con- damnées à la plus ignominieuse des servitudes ou enlevées par la brutale passion de magistrats sans honneur et sans frein, plus d'une, dit un écrivain du quatrième siècle , souffrit par violence des outrages contre lesquels sa volonté se révoltait en vain, « et subit la prostitution plutôt que de manquer de foi à l'éternel Époux (2). » A celles-ci, les plus infortunées des martyres, notre compassion et notre respect appli- queront une belle page écrite par saint Augustin pour consoler d'autres victimes non plus des persécutions, mais des invasions barbares. « Non, s'écrie-t-il, que la vie ne vous soit point à charge, ô fidèles servantes du Christ outragées par ses ennemis dans votre pu- reté! Vous avez une grande et vraie consolation, si votre conscience vous rend témoignage de n'avoir point consenti au péché de ceux qui ont péché envers vous... Peut-être était-il, en certaines de vous, (pielque faiblesse cachée qui eût pu dégénérer en vaine gloire si, dans cette désolation publique, elles eussent échappé à l'humiliation qu'elles ont soufferte. De (1) Eusèbe, Hist. EccL, VIII, 14, ir>. (2) De vcra virginilatis inlegritale, 5> (livre aUribuc faussenicnl à saint Basile, mais écrit certainement au (lualriùmc siècle; cf. Migne, Pair, grœc, t. XXX, p. 070). AVÈNEMENT DE CONSTANTIN ET DE MAXENCE (306). 83 même donc que quelques-unes ont été enlevées de ce monde par la mort , de peur que la contagion du mal qui y règne ne les atteignit, ainsi quelque chose a été ravi à d'au 1res chrétiennes par la violence, de peur que la prospérité ne corrompit leur modestie. Par là celles qui étaient fières de leur pureté extérieure , et celles qui le pouvaient devenir si cette disgrâce ne leur fût pas arrivée, n'ont pas cessé d'être chastes, mais elles ont appris à être humbles (1). » Si les persécuteurs eussent été capables de rece- voir, eux aussi, une leçon d'humilité, les événements qui se passaient alors en Italie la leur eussent utile- ment donnée. Après l'élection de Constantin, une autre élection, plus inattendue encore, ouvrait une nouvelle brèche dans l'édifice politique élevé par l'égoïsme de Galère. Lors de la formation de la se- conde tétrarchie, Maxence, fils de Maximien Hercule, avait été laissé de côté comme le fils de Constance. Il vivait depuis ce temps en simple particulier, dans une voluptueuse retraite, aux portes de Rome (2). Quand dans les rues, sur les places, sur les monuments de la ville éternelle il aperçut l'image laurée de Cons- tantin, une soudaine émulation s'empara de lui. Le moment était favorable. Dans leur mépris de la vieille (1) Saint AugusUii, De civitate Dei, I, 28. Cf. Ep. ad Viclorianum et ad Honoratum. — Voir dans le Irès-rare ouvrage du P. de Buck, De phialis rubricatis quibus martyrum romanorum sepulcra di- gnosci dicuntur (Bruxelles, 1855), le chap. XI, p. 83-98. (2) « In villa sex niillibus ab urbe discreta, via Labieana. » Aurelius Victor, Epitome. — «. Quid haud procul urbe in villa publica nioraba- tur. » Eutrope, Brev., X, 2. 84 LES CHRETIENS DEPUIS L'ABDICATION.: Rome , Galère et Sévère se préparaient à faire tomber les derniers fleurons de sa couronne. L'immunité dont avait joui jusqu'à ce jour le peuple-roi allait être supprimée; des agents étaient déjà nommés pour le recenser et le soumettre à la capitation (1). En même temps, ce qui restait de cohortes prétoriennes dans l'ancienne capitale du monde, milice bien dé- chue , depuis Dioctétien en nombre et en impor- tance (2), mais qui semblait encore garder, en vue de l'avenir, le Palatin désert, reçut l'ordre de quitter son camp (3). La révolution était mûre : le fils de Maxi- mien Hercule n'eut qu'à la cueiUir. Le 28 octobre 306, le peuple uni aux prétoriens massacrait le préfet de la ville et proclamait Maxence empereur (4). C'était porter le dernier coup à l'œuvre de Galère. Celle de Dioctétien avait duré vingt ans; une année suffisait à faire voir la fragilité des espérances con- çues par son ambitieux successeui*. Une autre humi- liation était réservée à celui-ci. Un revenant, qu'il croyait bien mort à la politique, surgissait tout à coup de la tombe somptueuse où Galère s'était ilatté (1) « Ad hanc usque prosiluit (Galerius) iusaniam, ut... ne populum quidem romanum fieri vellet immunem. Ordinabantur jam censitores. qui Romam niissi describerent plebem. » Laclance, De mort, pers., 2G. — Voir C. JuUian, les Transformations politiques de l'Italie sous les empereurs romains, p. 193. (2) Aurelius Victor, De Cxsaribus, 39, (3) « Eodem fere tempore castra quoque prietoria suslulerat. » Lac- tance, /. c. (4) Lactance, De mort, pers., 26 et 44 ; Zosime, H ; Constantin, Ora- tio ad sanctorum cœtum, 22. — Sur la date exacte de l'avènement de Maxence, voir Tilleinonl, Histoire des Empereurs, t. IV, p. 95 etG33. AVÈNEMENT DE CONSTANTIN ET DE MAXENCE (306). 85 de l'ensevelir. A la nouvelle de la révolution, le vieil Hercule avait quitté la Lucanie, appelé par son fils à partager le pouvoir. Il reprit avec joie la pourpre dé- posée à regret, et, redevenu Auguste, se tint prêt à repousser par les armes l'attaque de Sévère et de Galère. La tétrarchie n'existait plus : il y avait maintenant six empereurs, sans compter Dioclctien qui, de Sa- lone, assistait tristement aux préparatifs de la guerre civile. CHAPITRE HUITIÈME LKS CHRKTIKNS DEPUIS l'uSURPATION T)E MAXENCE jusqu'à la MOUT DE MAXIMIEN HERCULE (306-310), SOMMAIRE. — I. La pehsécltion en 307. — Confusion i)oliliquc. — Mort de Sévère. — Échec de Galère en Italie. — Rupture entre Hercule et Maxcnce. — Hercule se réfugie en Gaule. — Congres de souverains en Pannonie. — Licinius proclame Auguste. — Maxence, à Rome, favorable aux chré- tiens. — La persécution continue en Orient. — Martyre du jardinier Se- rcnus, à Sirmium. — Martyre d'Euphémie, à Clialcédoine. — Martyre de Tliéodosie, à Césarée. — Mutilation des confesseurs envoyés aux mines. — Trois chrétiens condamnés à être gladiateurs. — Le docteur Pamphile. — Ses travaux cxégctiques — Il les continue en prison. — Disgrâce et mort d'Urbain, gouverneur de Palestine. — Philcas et Philorome com- paraissent à Alexandrie devant Culcien. — Intervention des avocats en faveur de Philcas. — Son interrogatoire. — Condamnation de Philéas et de Philorome. —Philéas refuse de faire appel. — Leur supplice. — IL L\ PFRSÉccTiON EN 308. — Nouvcllcs intrigucs politiques. — Maxim in oblige Galère à le faire Auguste. — Souffrances des chrétiens condamnés aux mines. — Des frères les secourent au péril de leurs vies. — Martyre de deux clnctiennes à Gaza. — Martyre de Paul et de ses compagnons. — Nouvel édit de Maximin forçant les chréciens à sacrifier. — Martyre, à Cé- sarée, d'Antonin, Zebinas et Germain. — Martyre de la vierge Eunathas.— Cadavres de chrétiens laissés sans sépulture. — Lacrymœ rerum. — Tran- quillité de l'Église romaine. — Élection du pape Marcel. — Réorganisation paroissiale. —Dissensions au sujet des tombés. — Marcel meurt en exil.— IIL La peusécltion en 309 et 310. — Élection du pape Eusèbe. — Héraclius suscite de nouveaux troubles au sujet des tombés. — Maxence exile Hé- raclius et Eusèbe. — Eusèbe meurt en Sicile. — Suite de la persécution en Orient. — Martyre de Pierre Abselamus. — Cinq pèlerins d'Egypte arrêtés à Césarée. — Leurs réponses au gouverneur Firniilien. — Ils sont mis à mort. — Martyre du docteur Pamphile, de Valcns et de Paul. — Protes- tation du jeune Porphyre. — Son martyre. — Martyre du vétéran Selcu- cus. — Martyre de l'esclave Thcodule. — Martyre du voyageur Julien. — Les animaux refusent de toucher aux cadavres des saints. — Martyre d'Hadrien et d'Eubulus. — Le gouverneur Firniilien meurt disgracié. — Désordres subsistant, malgré la persécution, dans les Églises orientales. — Martyre d'IIermyle et de Stralonique en Mésic. — Martyre de Quirinus, é\ê(iue de Sisoia, en Pannonie. — Adoucissement du sort des chrétiens condamnés aux mines. — Leurs réunions pieuses. — Nouvelles sévérités à leur égard. — Martyre de Nil, Pelée et Patermulhius. — Martyre de trente-neuf forçais chrétiens. — Mort de Maximien Hercule. 2— Doulcin' de Diodélien. LES CHRETIENS DEPUIS L'USURPATION DE MAXENCE. La persécution en 307. L'année 306 s'était achevée dans le plus grand dé- sarroi. La confusion politique s'accrut encore Tan- née suivante. Pour la première fois les consuls, dont les noms servent de points de repère à la chrono- logie, deviennent incertains : Sévère et Maximin ont été désignés par Galère ; Hercule s'est substitué à Sé- vère dans les États enlevés à celui-ci; bientôt la dis- corde se mettra entre Hercule et Maxence, et, par l'ordre de ce dernier, le nom de son père disparaîtra des formules officielles : alors commence à Rome l'usage de désigner l'année, non par les consuls qui lui sont propres, mais par ceux de l'année précédente, post considatum (1). Ce fait, insignifiant en apparence , est le signe du trouble profond qui règne dans le monde romain, et de l'incertitude qui couvre ses destinées. Pendant toute l'année 307, les révolutions se précipitent, comme si non seulement l'œuvre particulière de Dio- (1) Constantin et Galère avaient été l'un et l'autre consuls pour la sixième fois en 306, aussi désigna-t-on l'année 307 par la formule abrégée posl sextum consulatum\ voir De Rossi, Inscript, christ, nrbis Eomœ, t. I, p. 25, et p. 30, n» 29; Roma sotterranea, t. 111, p. 225. — Une inscription grecque de Rome, appartenant à la fin de la même année, contient une formule plus insolite encore, et se bornoà dire in\ Ma^evTiœ. Inscr. christ., t. I, p. 31, n" 30. LA PERSECUTION EN 307. 89 clétien et de Galère, mais l'Empire lui-même était à la veille de se dissoudre. Sévère tente d'expulser Maxence et de reprendre Rome : ses soldats Tabandon- nent sous les murs mêmes de la ville éternelle ; il finit par tomber entre les mains d'Hercule , qui lui accorde la grâce de « la bonne mort, » c'est-à-dire lui permet d'échapper au supplice en s'ouvrant les veines (1). Victorieux, mais redoutant le retour offensif de Ga- lère, Hercule laisse Maxence à Rome et passe en Gaule ; il donne à Constantin sa fille Fausta en ma- riage (2) et lui confère le titre d'Auguste; puis, satis- fait d'avoir obtenu la neutralité, sinon l'alliance effective, du fils de Constance (3), il revient en toute hâte dans l'Italie envahie par Galère. Mais une fois encore le charme victorieux de Rome avait dompté l'assiégeant : Galère, avant même l'arrivée d'Hercule, battait en retraite, abandonné d'une partie de ses soldats, et ne retenant l'autre que parce qu'il lui don- (1) « Nihil aliud impetravit, nisi bonam mortem. Nam venisei incisis, leniter mori roactus est. » Lactance, De mort, pers., 26. Sur la bona mors, voir Lactance, ibid., 22; cf. plus haut, p. 65. (2) Constantin avait eu d'abord pour femme ou pour concubine Mi- nervina (Zosime, II, 20; Zonare, Xlil, 2) qui lui donna un fils, Crispus, mais probablement était morte quand il épousa Fausta. (3) Une série de monnaies fait foi des ellorts de Maxence pour se rapprocher de Constantin. Il en fait frapper, à Rome et à Carthage, à l'cUigie de Constantin comme à la sienne, avec CONSERVATOR AFRI- CAE SUAE ou KART. SUAE à Carthage, CONSERVATORES URB. SUAE à Rome. Constantin répond à ces avances en faisant frapper à Tarragone des CONSERVATORES URB. SUAE à l'effigie de Maxence Auguste, et en 30G-307, à Londres, une monnaie ROMAE AETERNAE, alors, que Rome était probablement déjà occupée par Maxence. BxiU. de la société des Antiquaires de France, 1898, p. 383. 90 LES CHRÉTIENS DEPUIS L'USURPATION DE MAXENCE. nait sur la route l'Italie à piller (1). A Rome, cepen- dant, la concorde du père et du fils ne dure pas. Hercule se fatiguait de partager le pouvoir : il essaya de soulever le peuple et les légions contre Maxence; plus heureux ou plus habile, Maxence parvint à dé- tourner leur fureur contre le vieil Auguste, qui dut fuir à son tour (2). Il chercha d'abord un asile en Gaule, près de son gendre Constantin; mais celui-ci, qui voyait d'un œil tranquille ces ambitieux de bas étage se détruire les uns les autres, refusa de pren- dre parti contre Maxence, comme tout à l'heure il avait refusé de se déclarer contre Galère (3). Hercule, ressaisi par le démon du pouvoir et voulant à tout prix garder la pourpre, quitta alors brusquement la Gaule pour se rendre en Pannonie, où était Galère (k). Il arriva, sans être attendu ni invité, au milieu d'un congrès. A Carnuntum se trouvaient non seule- ment Galère, mais encore le fondateur de la tétrar- chie, l'ermite de Salone, Dioctétien lui-même , appelé près de son gendre par un de ces impérieux mes- sages auxquels il n'est pas prudent de résister. Un autre personnage considérable, sinon déjà empereur, au moins candidat à la pourpre , accompagnait les deux princes : c'était Licinius, l'ami le plus intime de Galère, dont le choix depuis longtemps décidé (1) Lactance, De mort, pers., 27. (2) Lactance, De mort, pers., 28; Aurelius Victor, Ve Cœsaribus, iO Zosinie, II, 10. i3) Lactance, l. c, 29. (4) Ibid. LA PERSÉCUTION EN 307. 91 avait été naguère prévenu par l'élection militaire de Constantin. La mort de Sévère, en laissant une place vide dans le collège impérial, permettait enfin à Ga- lère d'accomplir son dessein ; mais, résolu à élever sur-le-champ Licinius au degré suprême sans le faire passer par le rang intermédiaire de César, il avait cru nécessaire de tirer Dioctétien de sa retraite pour couvrir de l'autorité du vétéran impérial une déro- gation aussi formelle aux règles de la tétrarchie (1). Tout fait supposer qu'Hercule fut accueilli avec joie par Galère, malgré les événements d'Italie : l'adhé- sion du vieil ambitieux qui, sans trésors et sans ar- mée, promenait de province en province sa pourpre errante, donnait une sanction nouvelle à l'élévation de Licinius (2). Mais Hercule n'était pas homme à se contenter d'une reconnaissance platonique de son titre d'Auguste. Il essaya de renouer ses intrigues, et s'efTorça de persuader à Dioctétien de reprendre avec lui non seulement le titre, mais la réalité du pouvoir. C'est probablement alors que Dioctétien dit le mot célèbre, rapporté par Aurelius Victor : « Vous ne me parleriez pas ainsi, si vous aviez vu les légumes que je fais pousser à Salone (3\ » (1) « Aderat ibi Diodes a genero nuper accitus, ut quod anle non fe- ceral, prœsente illo iniperium Licinio daret, subslilulo in Severi loco. » Lactamc, De mort, pers., 19. (2) Eusèbe [Hist. Eccl., VIII, 3, 4) dit que Licinius ûuo xoivy}; ({;r,- on mari pjolcc t or , f\[ en quelque façon amende honorable du méfait LA PKRSECUTION EN 307. 97 vierge chrétienne mourait par le feu, dans une autre partie des États de Galère (1). On n'a malheureuse- ment sur sainte Euphémie qu'un document de quel- que autorité : c'est la description de la peinture qui ornait son tombeau, dans l'église élevée en son hon- neur à Chalcédoine. Voici comment la décrit Asterius, évêque d'Amasée vers la lin du quatrième siècle : (( Le juge (2) est assis sur un trône, et d'un visage menaçant regarde la vierge. L'art, quand il le veut, fait frémir de colère la nature insensible. Tout autour paraissent des magistrats, des satellites, de nombreux soldats : les greffiers tiennent des tablettes et des styles : l'un, sa main un peu élevée au-dessus de la cire, regarde la vierge debout devant le tribunal, et penche la tète vers elle, comme pour lui dire de parler plus haut, de peur qu'il ne note imparfaite- ment ses réponses. La vierge, cependant, porte une robe sombre, et, par-dessus, le manteau des philo- sophes; son visage gracieux semble refléter les vertus dont son âme est ornée. Deux soldats l'amènent au président, l'un la lire, l'autre la pousse. Dans l'atti- tude d'Euphémie est un mélange de modestie et de fermeté. Elle baisse les yeux, comme si les regards des hommes la faisaient rougir; mais elle ne donne aucun signe d'inquiétude ou de terreur... de celle qui, par vengeance, l'accusa près de son mari, aussi protec- tor, et fut cause du martyre. » (1) Les Actes de sainte Euphémie, cités d'après les manuscrits par Tillemont, Mémoires, t. V, disent qu'elle mourut dans la cinquième année de la persécution, ce qui, en comptant depuis 303, conduit à 3u7. (2) Ennodius, Caimen XVII, donne à ce juge le nom de Priscus. V. 7 98 LES CHRÉTIENS DEPUIS L'USURPATION DE MAXENCE. « Le tableau suivant montre les bourreaux, cou- verts de légères tuniques et déjà à l'œuvre : un d'eux lui saisit la tète et Tincline en arrière; à Tautre elle présente son visage pour le supplice; un troisième lui brise les dents. On aperçoit les instruments de torture, le marteau et les tenailles. Les larmes coulent de mes yeux et Fémotion suspend mon discours. Le pinceau a si bien marqué les gouttes de sang, qu'on les voit découler des lèvres de la martyre et qu'on s'éloigne avec des gémissements. « Dans un troisième tableau, nous voyons de nouveau la vierge : elle est dans la prison, seule, en robe noire, les mains étendues, et appelle Dieu à son secours. Pen- dant sa prière apparaît au-dessus de sa tète le signe que les chrétiens ont coutume d'adorer et de repré- senter, et qui semble lui annoncer sa future passion, « Un peu plus loin, lepeinlre montre le feu allumé, dont les flammes rutilantes s'élèvent de toutes paris; au milieu d'elles se tient la vierge, les mains levées au ciel; son visage n'exprime aucune tristesse, mais plutôt la joie d'une âme qui monte vers la vie incor- porelle et bienheureuse (1). » La barbarie avec laquelle une femme était ainsi torturée à Chalcédoine fait deviner les cruautés exer- cées contre les chrétiens, en 307, dans les États de Galère. Mais les documents sur cette année sont pres- que tous perdus pour les provinces gouvernées par ce (I^ Saint Aslerius, Enavralio in marlyrium prxcinrissimx mar- tyris Euphemix, dans Ruinait, p. 543. LA PERSECUTION EN 307. 99 tyran , comme pour celles qu'il avait données ù son ami Licinius. Nous sommes mieux renseignés, gTt^ce à Eusèbe, sur les faits qui se passèrent à la même époque dans l'empire de Maximin. En Syrie, en Palestine, en Egypte, les chrétiens continuèrent d'être poursuivis et condamnés. Le jour de PcVques, qui tombait en 307 le 2 avril, Gésarée, déjà ensanglantée par tant de marfyrs, vit une jeune fille mourir pour le Christ. Théodosie était de Tyr; elle avait dix-huit ans, et depuis l'enfance s'était montrée pleine de cette foi sérieuse qui se reflète sur le visage comme dans toutes les habitudes de la vie. Se trouvant dans la métropole palestinienne, elle assista au proc^'s de plusieurs chrétiens, et les enten- dit proclamer librement devant les juges le règne du Seigneur. Un soudain mouvement, qu'elle ne sut pas réprimer, la porta vers les courageux confesseurs ; s'avançant jusqu'à eux, elle les salua, et les pria de se souvenir d'elle quand ils seraient près de Dieu. Les soldats la saisirent comme si elle avait commis un crime, et la menèrent au gouverneur Urbain. Celui-ci la fit cruellement torturer : on déchira ses flancs et son sein avec les ongles de fer, qui pénétraient jus- qu'aux os. Comme elle respirait encore, calme et même riante au milieu des tortures, l'atroce magis- trat la fit jeter dans la mer (1). Puis, comme si sa fureur eût été apaisée par le supplice de cette jeune (1) Eusèbf, De mart. Palest., 7, 1, 2; texte plus développé dans Analecta Bollandiana, t. XVI, 1897, p. 127-128. 100 LES CHRETIENS DEPUIS L'USURPATION DE MAXENCE. fille, Urbain se contenta d'envoyer aux mines de cuivre de Phaenos les confesseurs dont elle avait in- terrompu le procès (1). Nous avons plusieurs fois décrit les souffrances des fidèles astreints aux travaux forcés des mines. En 307, leur situation s'aggrave encore. Il n'est pas de cruautés ou d'outrages qui leur soient épargnés. Les uns, comme Silvain, prêtre de Gaza, et ses compa- gnons, condamnés à Césarée le 5 novembre, ne par- tent pour les mines qu'après avoir eu les nerfs d'un des jarrets brûlés avec un fer rouge (2) ; d'autres subissent une mutilation plus pénible et plus humi- liante (3). Il n'est pas permis à ces malheureux d'éle- ver la voix pour se plaindre. Le jour où la sentence fut prononcée contre Silvain, un autre chrétien, Dom- ninus, qui avait plusieurs fois confessé la foi, et dont la libre parole irritait les païens, fut jeté dans les flammes (4-). Eusèbe cite encore un vieillard, Auxen- tius, exposé aux bêtes à Césarée (5). Urbain, qui ne cessait d'inventer les moyens de molester les chrétiens et de les blesser dans leurs sentiments intimes (6), imagina un nouveau supplice, qu'Eusèbe qualifie d'inouï (7). Une fois déjà, cepen- (1) Eusèk', De mart. Palest. 7, 3. (2) Ihid. (3) Ibid., 1, 4. (4) Ibid. (5) Ibid. (6) Ihid. (7) Ta; (xrjS ' àxouaôei'aa; utivioire xatà twv Oeoaeôcâv èîisvôsi Ti|j.copia;. T>G mart. Palest., 7, 4. LA PERSECUTION EN 307. 101 dant, nous avons vu, dans une des persécutions pré- cédentes, des fidèles en être menacés. On sait que les condamnés à la peine capitale étaient quelquefois agrégés aux troupes de gladiateurs (1). Sous Dèce, un entrepreneur de jeux, voyant le prisonnier chré- tien xVsclépiade, s'écria : « Quand celui-ci aura été condamné, je le réclamerai pour les combats de gla- diateurs (2). » La suite des Actes de saint Pionius, d'où cette parole est tirée, ne dit pas quel fut le sort final d'Asclépiade. Peut-être s'en tint-on à la menace. Sous Maximin, le gouverneur de Palestine voulut pas- ser outre. Informé des censures dont l'Église frappait rimmoraleet criminelle profession des gladiateurs, il enrôla de force trois jeunes gens chrétiens parmi les pugilistes (3). On les remit aux mains d'un entrepre- neur de jeux publics, chargé de leur donner l'éduca- tion spéciale et l'entrainement que demandait leur nouvelle profession ; mais ils refusèrent toujours de re- cevoir la ration assignée aux gladiateurs sur le trésor impérial et de prendre part aux exercices d'école par lesquels on les préparait à paraître dans l'arène (4). (1) Voir les textes cités dans l'Histoire dea persécutions pendant la première moitié du troisième siècle, p. 407, note 2. (2) Passio S. Pinnii; ibid., p. 407. (3) Tpetç (iiv el; to !JLOvo(j.ax£ïv in\ ttuyH-^ xa-raSixàîîei. Eiisèbe, De mart. Pal., 7, 4. — Les puj^ilistcs [pugiles. Truyi^àxoi) étaient comptés parmi les gladiateurs : « Munera gladiatoria edidit, quilnis inseruit ca- lervas Afrorum Campanorumque pugilum. » Suétone, Ca//f;?6 viris illnstribus, 75. LA PERSÉCUTION EN 307. 103 sions reproduites par le grand Alexandrin dans ses Hexaples que Painphile collationnait ses copies. Eusèbe l'assisla fréquemment dans ce travail (1). Au pied de plusieurs manuscrits se lisaient des annota- tions comme celles-ci : « Moi, Eusèbe, j'ai corrigé, Pamphile comparant le texte; — Pamphile et Eusèbe ont corrigé avec soin; — de leur propre main Pam- phile et Eusèbe ont corrigé (2). » Au milieu de ces occupations Pamphile fut arrêté par l'ordre du gou- verneur de Palestine. Après avoir confessé courageu- sement sa foi et subi d'affreuses tortures (3), il fut mis en prison. Le saint docteur y demeura près de deux années, interrompant le moins possible ses tra- vaux habituels. Grâce à la complicité de geôliers gagnés à prix d'or, Pamphile put garder dans la prison les Bibles proscrites par Dioclétien, recevoir les visites de ceux de ses amis qui n'étaient pas incar- cérés, et se faire aider par eux dans ses études. C'est ainsi qu'avec le secours d'Eusèbe il composa une Apo- logie d'Origène, dédiée aux confesseurs détenus dans les mines, et malheureusement perdue [k). Il est probable que quelques-unes des copies de livres bi- bliques au bas desquelles se lisent les noms réunis de Pamphile et d'Eusèbe furent exécutées aussi dans la prison. Un autre auxiliaire l'assista dans les travaux (1) Sainl Jérôme, /. c. (2) Bulleliino di arclieologia cristiana, 1863, p. 67. (3) Eusèbe, De mart. Palest., 7, 5. (4) Pholius, Biblioih., 118; RouUi, lieliquix sacrx, l. IV, p. 339, 392. 104 LES CHRÉTIENS DEPUIS L'USURPATION DE MAXENCE. de sa captivité ; à la fin d'un recueil commençant aux livres des Rois et se terminant à celui d'Esther, on lisait la note suivante : « Le manuscrit a été confronté et corrigé avec les Hexaples revus par Origène lui-même. Antonin, confesseur, relisait le texte ; moi, Pamphile, j'ai corrigé le livre dans la prison, par la grâce et la bonté de Dieu; et, s'il est permis de le dire, il ne sera pas facile de trouver un exemplaire qui puisse être comparé à celui-ci (1). « Pendant que le pieux docteur continuait paisible- ment ses études en prison, la vengeance divine commençait à s'appesantir, non plus seulement sur les auteurs principaux de la persécution, mais encore sur les agents secondaires qui avaient mis une lâche cruauté au service de la volonté criminelle des princes. Le gouverneur ou plutôt le tyran de la Pa- lestine, Urbain, jouissait au plus haut degré de la faveur de Maximin; il fréquentait le palais pendant les séjours de celui-ci à Gésarée, mangeait à sa table, portait le titre envié d'ami de l'empereur. Soudain, un caprice de despote ou une intrigue de cour ren- versa le puissant favori. Un seul jour ou plutôt, dit Eusèbe, une seule nuit causa sa perte. Lui qui, la veille, rendait la justice du haut de son tribunal en- touré de soldats, perd tout à coup ses honneurs, ses dignités, ses biens, est traîné devant l'empereur, et, (1) Cette apostille a été reproduite par le copiste du trôs ancien Co- dex Sinniticua, d'après le manuscrit original de Pamphile. Voir Tis- chendovï, Codex Frederico-AuguUa nus, Leipzig, 18i6, f" 19. CL Bul- lettino di archeologia crlstiana, 1863, p. 65. LA PERSECUTION EN 307. 105 malgré d'abjectes supplications, ne parvient point à émouvoir ce juge inexorable. Une sentence capitale atteint celui qui avait envoyé à la mort tant d'inno- cents. Gésarée, qui avait vu leur supplice, voit périr Urbain, à la suite d'une disgrâce rapide et imprévue comme un coup de foudre (1). F]st-ce aussi une disgrâce, est-ce une dignité plus haute, ou la mort, qui enleva lliéroclès de la préfec- ture d'Egypte? On l'ignore; mais toute trace de cet ennemi des chrétiens disparaît en 307; sa place est occupée à Alexandrie par un autre fonctionnaire, Culcianus, destiné à connaître, comme beaucoup des phis acharnés persécuteurs, toutes les extrémités des choses humaines (2). Culcianus avait été gouverneur de la Thébaïde (3) , où probablement il avait succédé au converti Arrien (4) ; il fut de ce poste promu à la préfecture de l'Egypte après lliéroclès. En Thébaïde, il avait abondamment versé le sang des fidèles (5); à Alexandrie, il poursuivit l'œuvre de son prédécesseur, et continua les procès commencés contre plusieurs chrétiens illustres. Devant lui comparurent Philéas, évoque de Thmuis, et le financier Philorome, dont nous avons raconté déjà la captivité (6). Culcianus interrogea d'abord Philéas (7) : « Peux- (1) Eusébe, De mari. Palest., 7, 7-8. (2) Eiisèbe, Hisl. EccL, IX, 11, 4. (3) Saint Épiphane, Hxres., LXVIll, I. (4) Voir plus haut, p. 58. (5) Eusèbe, Hist. tccl , IX, 11,4. (6) Voir plus haut, p. 54. (7) Acta SS. Philex et Philoromi, dans Ruinart, p. 548. L'histoire 106 LES CHRÉTIENS DEPUIS L'USURPATION DE MAXENCE. tu être sobre? — Je le suis et l'ai toujours été. — Sa- crifie aux dieux. — Je ne sacrifie pas. — Pourquoi? — Parce que les saintes et divines Écritures disent : « 11 périra, celui qui sacrifie à plusieurs dieux, et non « à Dieu seul. » — Sacrifie donc au dieu Soleil (1). — Je ne sacrifie pas. Dieu ne veut pas de tels hommages. Car on lit dans les saintes et divines Écritures (2) : a Que me fait la multitude de vos sacrifices? dit le (( Seigneur. J'en suis rassasié, je ne veux ni de l'ho- « locauste des béliers, ni de la graisse des agneaux, ni (( du sang des boucs. Ne m'ofTrez pas de farine (3). » Un avocat présent à l'audience interrompit alors Phi- léas : « Il est bien question de farine! c'est ta vie qui est en jeu. » du martyre de Philéas et de son compagnon fut écrite, selon Rufin, par un chrétien nommé Grégoire; Rufin {Hist. EccL, VIII, tO) eut cette relation dans les mains, et en donne l'analyse. Que des Actes de Phi- léas et de Philorome, tels qu'ils nous sont parvenus, soient ou non l'œuvre de ce Grégoire, ils n'en forment pas moins une pièce excellente. Ils ont très probablement été connus de saint Jérôme [De viris illus- fribus, 78). Voici le jugement qu'en porte Tillemont : « Je ne vois pas lieu de douter qu'ils ne soient très authentiques. La brièveté des ré- ponses, la simplicité de la narration, et la conformité avec ce ([u'Eu- sèbe dit des deux saints, paraissent des choses trop considérables pour nous permettre d'en douter. » Mémoires, t. V. « Cette pièce, d'une forme irréprochable, a été évidemment tirée des registres du grefle païen, » dit M. Edmond Le Blant, Nuovo Bull, di archcologia cris- tiana, 1896, p. 27. (1) Les Actes contiennent un jeu de mots intraduisible ; « Phileas respondit : Quia sacrae et divinaî Scripturœ dicunt : Qui immolât diis eradicabitur, nisi soll Deo. Culcianus dicit : Immola ergo deo solo. » ^2) Isaïe, I, 11. (3) « Nec si similam oflferatis. » Cette dernière phr.ise ne se trouve pas dans la version de saint Jérôme; mais elle est dans les Septante ot, sous une forn.e équivalente (si itffoialis ^inilc^^in^m, Acrum cbl}, dans la Velns ilalica. Ceci monlie l'antiquité des Actes. LA TEUSÉCUTION EN 307. 107 Cette intervention mérite cVctre remarquée. Jamais les Actes des martyrs ne les montrent défendus par un avocat : il parait même résulter d'un passage de TertuUien que le ministère des avocats était refusé aux accusés de christianisme (1); et l'on voit sous Marc-Aurèle un jeune Lyonnais « mis au nombre des martyrs » pour avoir essayé de présenter leur dé- fense (-2). Cependant la suite du procès va nous mon- trer les membres du barreau d'Alexandrie prenant un vif intérêt à la cause de Philéas, et, sans plaider pour lui, essayant de modérer ses réponses, deman- dant un délai en son nom, rii^alisant d'efforts avec ses amis et ses proches pour le sauver. La haute si- tuation de l'accusé, ses grands biens, son rang dans la province, ses alliances de famille, expliqueraient suffisamment ce secours inusité d'une corporation ordinairement hostile ou au moins indifférente aux chrétiens; mais il en est une autre raison : un des frères de Philéas appartenait au barreau de la mé- tropole égyptienne, et nous le verrons tenter en sa faveur un suprême effort. Culcianus continua l'interrogatoire, discutant cha- que parole de Philéas, opposant arguments à argu- ments, philosophie à théologie : on voit qu'à ses yeux (1) Terlullien, ApoL, 2. Cependant un grand nonil)re de chrétiens, niéine à l'époque des persécutions, avaient étudié la jurisprudence; voir Sludl c Documenti di Storici e Dirilto, 1880, p. 14-16; Bull, di arch. crisL, 1881-1885, p. 36-37. (2) Eusèbe, Hist. EccL, V, 1, 10; cf. Histoire des persécutions pendant les deux premiers siècles^ l" éd., p. 406. 108 LES CHRÉTIENS DEPUIS L'USURPATION DE MAXENCE. aussi un tel adversaire est de ceux qu'il est plus glo- rieux de vaincre que de tuer. « Quel sacrifice peut satisfaire ton Dieu? — Celui d'un cœur pur, d'une pensée sincère, d'une parole vraie. — Immole donc. — Je n'immole pas, je n'ai jamais appris. — Est-ce que Paul n'a jamais immolé? — Non. — Et Moïse, n'a-t-il pas ofïert des sacrifices? — Aux seuls Juifs il avait été commandé de sacrifier à Dieu dans Jérusa- lem. Mais maintenant les Juifs qui célèbrent ces fêtes en d'autres lieux commettent un péché. — Cesse ces vains discours; il est encore temps pour toi de sacri- fier. — Je ne souillerai pas mon âme. — C'est donc de l'âme que nous avons soin? — De l'âme et du corps. — De ce corps même? — De ce corps. — Est-ce que cette chair ressuscitera? — Oui. » Passant brus- quement d'un sujet à un autre, et montrant par ses questions la vague et imparfaite connaissance que les magistrats de ce temps avaient des Écritures, Cul- cianus poursuivit en ces termes : « Paul n'était-il pas persécuteur? — Non, certes. — Paul n'était-il pas un ignorant? n'était- il pas Syrien? ne discutait -il pas en syriaque? — Non, il était juif, discutait en grec, et surpassait tous les hommes en sagesse. — Diras-tu, peut-être, qu'il surpassait même Platon? — Non seu- lement Platon , mais tous les philosophes. Les sages ont été persuadés par lui : si tu le veux, je te redirai ses paroles. — Sacrifie. — Je ne sacrifie pas. — Est-ce par principe de conscience? — Oui. — Comment ne te montres-tu pas aussi fidèle aux obligations con- tractées envers ta femme et tes enfants? — Parce que LA PERSECUTION EN 307. 109 le devoir envers Dieu est le premier de tous. La sainte et divine Ecriture dit : « Tu aimeras le Seigneur ton (( Dieu, qui t'a créé. » — Quel Dieu? » Philéasleva les mains au ciel, en s'écriant : « Le Dieu qui a fait le ciel et la terre, la mer et tout ce qui est en eux; le créateur et l'artisan de toutes les choses visibles et invisibles; celui que la parole ne peut décrire, qui est seul et subsiste aux siècles des siècles. Amen. » Les avocats essayèrent d'imposer silence à l'accusé. « Pourquoi résistes-tu au président? » lui dirent-ils. « Je réponds à ses questions, » repartit Philéas. «Tais- toi, dit Gulcianus, et sacrifie. — Je ne sacrifie pas. Je ne veux pas perdre mon âme. Ce ne sont pas les seuls chrétiens, mais les païens eux-mêmes, qui ont souci de l'àme. Souviens-toi de Socrate. Quand on le menait à la mort, il ne se retourna pas, malgré la présence de sa femme et de ses enfants, mais marcha volon- tiers au supplice. » Gulcianus essayait toujours de dé- concerter son adversaire par des questions brusques : (( Le Christ était-il Dieu? » demanda-t-il. « Oui, » ré- pondit Philéas. « Et comment as-tu la preuve qu'il était Dieu? — Il a fait les aveugles voir, les sourds en- tendre; il a purifié les lépreux, ressuscité les morts; il a rendu la parole aux muets, guéri de nombreuses infirmités; la femme affligée d'un flux de sang n'a eu qu'à toucher le bord de son vêtement pour recouvrer la santé (1); d'innombrables miracles ont été opérés (1) Ce miracle a été représenté dans une peinture du second sitcie de la catacombe de Prétextât et sur un sarcophage du quatrième siècle : voir Northcole et lirounlow, Chrutian Ail, p. 140, 221. Au temps 110 LES CHRETIENS DEPUIS L'USURPATION DE MÂXENCE. par lui. — Comment un Dieu a-t-il pu être crucifié? — Pour notre salut. Il savait qu'il devait être crucifié et souffrir toute sorte d'outrages, et il a tout accepté pour nous. Car cela avait été prédit de lui par les saintes Écritures, que les Juifs se figurent comprendre, mais qu'ils ignorent. Que celui qui a bonne volonté vienne, et voie s'il n'en est pas ainsi. — Souviens-toi des égards que je t'ai montrés. J'aurais pu t'humilier dans ta ville même. Par respect pour toi, je ne l'ai pas voulu. — Je t'en rends grâces, et te prie de re- cevoir mes remerciements. — Que veux-tu donc? — Use de ton pouvoir (1), fais ce qui t'est commandé. — Tu veux donc mourir sans motif? — Non pas sans motif, mais pour Dieu et pour la vérité. » Fidèle à sa tactique, Culcianus demanda tout à coup : « Paul était-il dieu? — Non. — Qui était-il donc? — Un homme semblable à nous, mais inspiré du Saint-Esprit, et en cet esprit opérant des prodi- ges. — J'accorde ta grâce à ton frère. — Accorde- moi une grâce complète en usant de ton pouvoir et en faisant ce qui t'est commandé. » Culcianus pro- nonça une singulière parole, où éclate tout le mé- pris de la philosophie païenne pour les petits et les indigents : « Si je savais que tu fusses pauvre et d'Eusèbe {Hist. Eccl, VII, 18) deux statues d'airain, à Césarée, dont l'une représentait une femme à genoux, l'autre un homme lui tendant la main, passaient pour avoir été élevées par l'hémorroïsse elle-même en souvenir de sa guérison, (I) « Temerilale tua utere. » — Sur le sens de cette expression, voir Tillemont, Mémoires, t. V, noie ni sur saint PLiléas. LA PERSECUTION EN 307. 111 poussé par la misère à cette folie, je ne t'épargnerais point. Mais, parce que tu as de grands biens, parce que tu pourrais nourrir non seulement toi, mais toute une province, je veux t'épargner, et je te con- seille d'offrir un sacrifice. — Je ne sacrifie pas, dit Philéas, et c'est ainsi que je m'épargne moi-même. » Les avocats essayèrent d'un subterfuge, et prétendi- rent qu'à une époque antérieure Philéas avait satis- fait à l'édit : « Il a déjà sacrifié en particulier, » dirent-ils (1). « Je n'ai jamais sacrifié, » s'écria Phi- léas. « Ta malheureuse épouse te regarde, » dit alors le magistrat. « Le Seigneur Jésus-Christ, que je sers dans les chaînes, est le sauveur de toutes nos aines. Lui, qui m'a appelé à l'héritage de son royaume, est assez puissant pour l'appeler, elle aussi. » Les avocats feignirent de mal entendre ces paroles : « Philéas, s'écrièrent -ils, sollicite un délai. — Je t'accorde un délai pour réfléchir, » dit le juge. « J'ai souvent réfléchi, répondit Philéas, et j'ai choisi de souffrir avec le Christ. » On vit alors un émouvant spectacle : les avocats, les employés du gouverneur, le curateur de la cité d'où le martyr était originaire, enfin tous ses parents, se pressaient autour de lui, baisaient ses pieds, le conjuraient d'avoir égard à son épouse, pitié pour ses enfants : insensible aux prières, aux paroles et aux caresses, Philéas demeurait immobile (1) « Jam immolavit in phronstilerio, » — <^pov(TTlTrlplov, lieu où l'on s'enferme pour méditer, par extension cabinet d'étude, quelquefois école. 112 LES CHRÉTIENS DEPUIS L'USURPATION DE MAXENCE. « comme un rocher vainement battu des flots, » et semblait avoir déjà quitté la terre pour le ciel. Philorome était présent : probablement n'avait -il pas encore été interrogé; mais un incident inattendu permit d'abréger, à son égard, les formalités de la procédure (1). On l'entendit soudain intervenir par pitié pour Philéas, dont il avait suivi la résistance éloquente aux arguties du juge, et dont il admirait maintenant la lutte silencieuse contre les larmes de tant d'êtres chéris. « Pourquoi, s'écria l'ancien ma- gistrat, tentez-vous inutilement le courage de cet homme? Pourquoi voulez-vous le rendre infidèle à Dieu? Pourquoi essayez-vous de lui faire renier Dieu pour obéir aux hommes? Ne voyez- vous pas que ses yeux n'aperçoivent pas vos pleurs, que ses oreilles n'entendent pas vos paroles, et qu'il est tout absorbé par la contemplation de la gloire divine? » La colère des assistants se tourne alors vers Philorome : on presse le juge de rendre la sentence contre lui en même temps que contre Philéas. Culcianus, dont la patience était à bout, ne se fit pas prier, et condamna immédiatement les deux chrétiens à être décapités. On se mit en route pour l'exécution. Tout à coup un avocat, le frère de Philéas, s'écria : u Philéas de- mande la réformation de la sentence. » Le juge fît ramener le condamné : « Pourquoi as-tu interjeté (1) CeUe hypothèse me parait se concilier avec le texte des Actes mieux que celle de Tillemont, qui suppose perdu le procès-verbal de l'intcrroi'atoire de Philorome. LA PERSÉCUTION EN 307. 113 appel (1 ? — Je n'ai fait aucun appel, loin de là! N'écoute pas ce malheureux. Pour moi, je rends grâ- ces aux empereurs et au président, par qui j'ai été fait le cohéritier de Jésus-Christ. » Philéas sortit, et alla rejoindre son compagnon. Quand on fut au lieu du supplice, le saint évêque étendit ses mains vers l'Orient, adressa aux chrétiens une touchante exhor- tation , fit une dernière prière ; puis les deux martyrs tendirent le cou, et leurs têtes roulèrent sous le glaive du bourreau. (1) « Phileas abolitionem petit. — Quid appellasti.? » Bien que loôo- litio el Vappellatio fussent deux procédures différentes, elles menaient au même résultat, et probablement avaient fini par se confondre dans le langage et dans la pratique, puisque l'une et l'autre avaient pour objet d'anéantir le premier procès. 114 LES CHRÉTIENS DEPUIS L'USURPATION DE MAXENCE. II La persécution en 308. La confusion politique s'accrut encore en 308. Le nombre des empereurs imposés au monde romain ne cesse de grandir. Il semble qu'on va revoir Fère des trente tyrans. A Rome, Maxence fait César son jeune fils Romulus. En Afrique, Alexandre, vicaire du pré- fet du prétoire, refuse de reconnaître Maxence et prend la pourpre. Hercule, n'ayant pu obtenir que Galère lui refit une place dans le collège impérial et lui rendit des États , retourne vivre en Gaule près de son gendre Constantin, puis, pendant que celui-ci luttait contre les Francs, reprend à Arles les insignes de la souveraineté. Constantin n'eut point de peine à dompter cette rébellion , et fit grâce à l'incorrigible ambitieux. Mais une autre ambition, plus redoutable puisqu'elle était jointe à la force, s'agitait à l'extré- mité orientale de l'Empire. L'élévation de Licinius au rang d'Auguste, en novembre 307, avait blessé Maxi- min Daia. N'occuper que la troisième place parmi les empereurs et ne porter que le titre de César lui parut une cruelle injure. Le neveu de Galère ne possédait ni l'élévation d'âme ni la hauteur de génie de Constan- tin, à qui le rang et le titre demeuraient indifférents pourvu qu'il gouvernât ses sujets et combattit les Bar- bares en véritable empereur. Envieux comme tous les LA PERSÉCUTION KN 308. 115 esprits étroits, Daia n'eut pas de repos jusqu'à ce qu'il eût contraint son oncle à satisfaire ses désirs. Voici comment Lactance raconte la nouvelle humiliation in- fligée à la politique égoïste de Galère. On éprouve un sentiment de justice satisfaite en voyant tous ces per- sécuteurs se tourmenter les uns les autres. « Galère envoya plus d'une fois des messagers à Maximin, le priant de lui obéir, de respecter l'ordre qu'il avait établi , d'avoir égard à l'âge , et de rendre honneur aux cheveux blancs de Licinius. Mais le Cé- sar dresse les cornes, allègue son ancienneté, déclare que celui-là doit être le premier qui le premier a reçu la pourpre, et méprise les ordres comme les prières de son oncle. La mauvaise bête exhale alors sa douleur et ses mugissements ; un si ignoble César n'avait été choisi qu'à condition d'obéir, et mainte- nant , oublieux des bienfaits dont il a été comblé , il repousse, en impie, les désirs et la volonté de son bienfaiteur! Vaincu cependant par l'obstination de Maximin, Galère supprime le titre de Césars, et, gar- dant avec Licinius celui d'Augustes, donne l'appella- tion de fils des Augustes à iMaximin et à Constantin. xMaximin répond par l'annonce officielle qu'au dernier champ de Mars il vient d'être proclamé Auguste par son armée. Galère dut céder tristement, et ordonna que les quatre empereurs auraient le titre d'Augus- tes (1). » Les quatre empereurs étaient, avec Galère, Licinius, Maximin et Constantin; mais, autour de ces (1) Laclance, De mort, pers., 33. 116 LES CHRÉTIENS DEPUIS L'USURPATION DE MAXENCE. astres fixes du ciel impérial, gravitaient sans ordre et sans accord Maximien Hercule en Gaule , Maxence et son jeune fils à Rome, Alexandre en Afrique, tandis que de Thorizon dalmate l'étoile pâlie de Dio- clétien éclairait d'un rayon désolé cette image du chaos. Maximin avait eu facilement raison de Galère, qui, arrogant avec les faibles et les timides , cédait quand il rencontrait un plus violent que lui. Mais, si le succès qui flattait son orgueil lui donna Tillusion de triom- pher de la conscience des chrétiens comme il avait triomphé de l'obstination de son oncle, le nouvel Auguste ne tarda pas à être détrompé. L'éclat nou- veau dont brillait sa pourpre ne fit aucune impres- sion sur leurs regards : en 308 aussi bien qu'en 309, ils opposèrent à ses menaces une douce et calme ré- sistance. L'arbitraire et le caprice avaient de tout temps pré- sidé aux mesures prises par les magistrats contre les fidèles. Pourquoi celui-ci était-il condamné à mort, celui-là retenu en prison, cet autre envoyé aux mi- nes? Presque toujours la raison de ces traitements di- vers nous échappe. On ne se rend pas compte davan- tage des motifs pour lesquels des forçats chrétiens étaient parfois transférés d'une mine à une autre. En 308, un ordre de ce genre fut plusieurs fois donné. Quatre-vingt-dix-sept hommes avec leurs femmes et leurs enfants (car des familles entières étaient plon- gées d'un seul coup dans les ténèbres des mines) fu- rent un jour conduits des carrières de porphyre de la LA PERSÉCLTION EN 308. 117 Thébaïde jusqu'en Palestine {\\ Celte translation n'a- vait pu être commandée par le gouverneur de l'une ou de l'autre province, dont l'autorité ne s'étendait point hors de leurs limites, mais l'ordre émanait soit du vicaire du diocèse d'Orient, soit de Maximin lui- même. On se figure la pitoyable caravane se mouvant avec peine sous le poids des fers, et marquant sa route sur les bords de la mer Rouge ou dans les sables du désert par les ossements de femmes et d'en- fants qui n'avaient pu suivre. Arrivés à Césarée, les forçats comparurent devant Firmilien , successeur de l'odieux Urbain dont nous avons raconté la disgrâce. Ils confessèrent unanimement le Christ. Le gouver- neur les envoya aux mines de cuivre de la Palestine, où le travail, dit un Père du quatrième siècle, était si dur, qu'on y mourait en peu de jours (2). Mais, avant départir pour cette nouvelle destination, les confes- seurs furent soumis à un traitement horrible. Non seulement FirmiUen voulut qu'on leur brûlât les join- tures du pied gauche, comme Urbain l'avait fait à d'autres condamnés; mais obéissant, dit- il, à un or- dre spécial de l'empereur, il ordonna de leur crever à tous l'œil droit avec un poignard , et de cautériser au fer rouge les orbites sanglants (3). Le même traitement fut ensuite infligé , devant Maximin en personne, aux trois chrétiens qui, depuis l'année (1) Eusèbe, De mart. Palest., 8, 1 (2) Saint Allianase, Epist. ad solit. (3) Eusèbe, De mart. Palest., 8, 1. 118 LES CHRETIENS DEPUIS L'USURPATION DE MAXENCE. précédente, refusaient d'apprendre le métier de gladiateurs (1); d'autres fidèles de Césarée subirent une semblable mutilation avant d'être dirigés aussi vers les mines de la province (2). Eu Egypte , aux mi- nes mêmes, des condamnés furent torturés de la même manière; pour comble d'horreur, cent trente chrétiens, tirés en cet état des carrières égyptiennes , durent se mettre en marche , traîuant la jambe et à demi aveugles, les uns vers celles de la Palestine, les autres vers celles de la Cilicie (3). La charité chrétienne, pour laquelle, même à cette époque, les distances n'existaient pas, venait souvent chercher sous terre les victimes de la barbarie païenne. De fréquents m.essages, de touchantes visites leur ap- prenaient que les amis, les frères, ne les avaient pas abandonnés. Des contrées occidentales, où régnait déjà la paix religieuse, des envoyés portaient aux fidèles qui souffraient en Orient, particulièrement aux détenus des mines, les secours matériels ou les conso- lations spirituelles. Telle avait été dans tous les temps a coutume de l'Église de Rome (4), animée, en vertu de sa primauté même, de u sollicitude pour toutes les Églises. » Eusèbe atteste que, pendant la dernière persécution, jouissant du repos longtemps avant ses sœurs d'Asie, elle n'oublia pas de leur faire parvenir (1) Eusèbe, De mart. Palest., 8, 2. (2) Ibid., 8, 3. (3) IbicL, 8, 13. (4) Eusèbe, Hist. EccL, IV, 23, 10; VII, 5, 2; saint Basile, Ep. 220. Cf. les Dernières Persécutions du troisième siècle. 2^ éd., p. 40. 165. LA PERSECUTION EN 308. 110 de généreux dons (1). Ce fut peut-être (abstraction faite de tout détail légendaire) la mission de Boniface, député de Rome en Gilicie, et gagnant en route la couronne du martyre (2). Des pays mêmes où durait la persécution, des fidèles se mettaient en marche pour aller rejoindre les condamnés aux: mines et s'en- rôler près d'eux comme ouvriers afin de les servir. Le dévouement admirable de ces chrétiens ne par- vint pas toujours à déjouer la surveillance de leurs ennemis. Après le départ de la double chaîne de forçats égyptiens pour la Palestine et la Cilicie, une petite troupe d'amis sortit volontairement d'Egypte et suivit leurs traces. Longeant la mer, elle arriva, le H décembre, à Ascalon. Mais son approche avait probablement été signalée; à leur entrée dans la ville, les voyageurs furent saisis par les sentinelles qui gar- daient la porte : suivant la barbare coutume désor- (1) Tô [xÉ/pi ToO xaO' TTjfxà; ôicoy[j.où çuXayOèv Pcoixaitov è6û;. Eusèbe, Hist. EccL, IV, 23, 9. (2) Passio S. Bonif'acii martyris, dans Ruinart (éd. Ralisbonne, p. 325). Sur les critiques auxquelles donne lieu cette Passion, voir Til- lemont, Mémoires, t. V, art. lvii et note lxxxii sur la persécution de Dioclétien; Duchesne, le Liber Pontificalis, t. 11, p. 31), note 42. La version latine contient un préambule (non reproduit dans la version grecque) qui donne la date évidemment inexacte de 290; Tillemont propose 306; on peut admettre aussi bien l'une des années suivantes. Sans me porter garant de la partie romanesque du récit, j'en ai fait remarquer ailleurs la délicatesse et le pathétique; voir les Esclaves chrétiens, p. 258-2G2. Bossuet, que sa correspondance montre souvent occupé des documents relatifs à l'histoire des premiers siècles, trouve aux Actes de saint Boniface « beaucoup de marques d'une grande an- tiquité; w il indique cependant des réserves : voir lettre 59, à M. Di- rois (éd. Bar-le-Duc, t. XI, p. 36). 120 LES CHRETIENS DEPUIS L'USURPATION DE MAXENCE. mais adoptée, on les priva d'un œil et d'un pied, et, ainsi mutilés, on les envoya retrouver aux travaux forcés de Cilicie les voyageurs qu'ils avaient voulu secourir. Trois de ces fidèles, cependant, répondirent si fièrement aux persécuteurs, que ceux-ci les con- damnèrent sur-le-champ à mort : Ares périt dans le feu, Elias et Promus par le glaive (1). Bien que Maximin paraisse, dans les premiers mois de 308, avoir surtout condamné les chrétiens aux mi- nes, soit fantaisie de despote, soit besoin réel d'ou- vriers, cependant de nombreux martyrs versèrent aussi en ce temps leur sang pour le Christ. A Gaza, des chrétiens avaient été arrêtés pendant qu'ils écou- taient la lecture des Livres saints. Les uns furent mu- tilés et envoyés aux mines , les autres livrés au sup- plice (2). Parmi les captifs était une femme intrépide, qui, s'entendant condamner à la prostitution, inter- rompit le gouverneur et déplora le crime du tyran, coupable d'avoir confié l'administration de ses pro- vinces à d'aussi cruels magistrats. Le juge la fit fouet- ter, puis suspendre au chevalet et déchirer avec les ongles de fer. Les bourreaux épuisaient sur elle leurs efforts; tout à coup une autre femme, une vierge consacrée à Dieu, chétive et contrefaite, mais douée d'une grande âme, sortit de la foule, et, allant droit au gouverneur : « Jusques à quand tourmenteras-tu si cruellement ma sœur? » s'écria-t-elle. On l'arrêta (1) Eusèbe, De mart. Palest., 10, 1. {2)Ibid., 8, 4. LA l'EllSÉCl TION EN 308. 121 sur-le-champ. Interrogée, elle confessa le Christ. Le magistrat, avec une feinte douceur, la pressa de sa- crifier. Elle refusa. On la conduisit de force devant l'autel; d'un coup de pied elle renversa Tautel et dis- persa le bois. Le gouverneur eut, dit Eusèbe, un vé- ritable accès de rage : ce n'était plus un homme, mais une béte féroce. Il fit tellement déchirer avec les ongles de fer le corps débile de la chrétienne, que jamais personne n'avait été vivant écorché de la sorte : on eût dit qu'il voulait manger de sa chair. Quand sa cruauté fut enfin rassasiée, il fit jeter dans le feu les deux martyres. La première était de Gaza, mais Eusèbe ignore son nom (1); la seconde, Valen- tine, appartenait à une bonne famille de Césarée (2). Un des chrétiens arrêtés à Gaza se nommait Paul. Condamné à la décapitation, il demanda au bourreau quelques instants pour se recueillir et prier. On l'en- tendit alors élever la voix et adresser à Dieu une suite d'oraisons, qui font penser aux invocations solennelles que l'Église récite encore le Vendredi Saint (3). Il pria d'abord pour tout le peuple chrétien, afin que Dieu en ait pitié et lui accorde le plus tôt possible la paix et la sécurité; puis pour les Juifs, afin qu'ils croient au Christ; ensuite pour les Samaritains. Avec non (1) Les Grecs, dans les Menées, rappellent Tliéa. (2) De mart. Palest., 8, 5-8. (3) Sur ces antiques oraisons, en usage aujourd'hui dans un seul jour de l'année liturgique, mais auxquelles correspondent, le dimanche, les prières du prône, voir Duchesne, Origines du culte chrétien, p. 59, 01, 1G4. 122 LES CHRETIENS DEPUIS L'USURPATION DE MAXENCE. moins de ferveur il implora pour les païens la grâce de quitter leurs erreurs et de reconnaître la vraie re- ligion. Il n'oublia pas de faire mémoire de la foule qui se pressait, émue et curieuse, autour de lui. Enfin le doux et miséricordieux martyr se souvint du juge qui l'avait condamné à mort, des empereurs au nom de qui se faisait la persécution, du bourreau qui allait lui trancher la tète, et pria Dieu de ne point les punir de leur péché. Tous les assistants versaient des lar- mes. Lui, cependant, sa prière finie, vint se placer docilement devant le bourreau, tendit la tète. Le martyre de cet héroïque chrétien et de ses compa- gnons eut lieu le 25 juillet (1). Il semble que tant de courage, mêlé à une si tou- chante charité, ait pour quelque temps désarmé les persécuteurs : Eusèbe marque, à la fin de juillet, une courte trêve laissée aux chrétiens. Les condamnés aux mines de la Thébaïde furent traités avec quelque douceur. Tous les fidèles respirèrent plus librement, comme si une brise pure chassait déjà les vapeurs sanglantes dont le sol était couvert (2). Puis, on ne sait pourquoi, le ciel s'obscurcit de nouveau, et la persécution se déchaîna en un plus terrible orage. Un nouvel édit fut envoyé par 3Iaximin dans toutes les provinces : c'était, si l'on compte bien, le sixième depuis 303. Des lettres du préfet du prétoire, trans- mises par des gouverneurs aux curateurs des cités, (1) Eusèbe, De mart. Palesf., 8, 9-12. (2) IbiiL, 9. 1. LA PEUSKCUTION EN 308. 123 aux magistrats municipaux, et aussi aux greffiers qui gardaient dans leurs archives les listes dressées na- guère en vue de l'appel nominal (1), iirent connaître les ordonnances suivantes : obligation pour toutes les villes de réparer avec le plus grand soin les tem- ples d'idoles que l'abandon ou la vétusté avaient laissés tomber en ruines ; de contraindre tous les ha- bitants, hommes, femmes, enfants, serviteurs, à of- frir des sacrifices et des libations et à manger des viandes immolées; de faire asperger d'eau lustrale toutes les denrées mises en vente sur les marchés publics; de placer des agents à la porte de tous les thermes, afin d'obliger les baigneurs à rendre d'a- bord hommage aux dieux. La publication de ces or- donnances fit l'effet d'un coup de foudre. Tous fu- rent consternés, païens aussi bien que chrétiens. Les uns se montraient lassés d'une politique qui agitait inutilement les provinces, décimait les familles, dé- peuplait les cités, entravait toute vie sociale, donnait aux provinces romaines de l'Orient l'aspect d'un pays ravagé par la guerre ; les autres , qui avaient cru tou- cher enfin au repos désiré, tremblaient en se voyant rejetés loin du port par la plus soudaine et la moins prévue des tempêtes (2). Dieu soutint leur courage, et, bien que surpris, les sujets chrétiens de Maximin supportèrent sans défail- lance celte cruelle épreuve. Quelques-uns ne purent (1) Voir plus haut, p. 36. (2) Eusèbe, De viart. Palest., 9, 2-3. 124 LES CHRETIENS DEPCIS L'USURPATION DE M.WENCE. maîtriser leur indignation. Pendant que, le 13 no- vembre, à Césarée, le préfet Firmilien inaugurait par un sacrifice public la nouvelle persécution, trois fidèles s'élancèrent vers lui, en criant : « Abandonne tes erreurs I » On les saisit, on les interroge : <( Nous sommes chrétiens! » disent-ils. Firmilien fut si ému de leur action que, sans prendre le temps de les met- tre à la torture, il ordonna de leur trancher la tète. L'un des martyrs était le prêtre Antonin, dans lequel on reconnaîtra avec vraisemblance le chrétien déjà confesseur qui avait travaillé dans la prison avec Pamphile (1); les deux autres se nommaient Zébinas et Germain (2). Si le nouvel édit avait péniblement ému les gens sensés parmi les païens, quelques grossiers fanati- ques, assurés de la tolérance des magistrats, en pro- fitaient pour assouvir leur brutalité et leurs haines. On cite, à Césarée, un méchant homme, méprisé de tous et redouté pour sa violence comme pour sa force corporelle; il s'appelait Maxys et occupait un grade élevé dans Tarmée. Il arrêta, sans la permission des autorités, la vierge Eunathas, qui demeurait dans son voisinage, et, dépouillée jusqu'à la ceinture, la promena dans la ville, lui donnant des coups de fouet. Conduite par ce misérable devant le tribunal du gou- verneur, Eunathas se déclara chrétienne et fut ))riilée vive (3). (1) Voir pins haut, p. 103. (2) Eiisèbe, De mort. Palest., 9, 4. (3) Ibid., 9, 6-8. LA PERSECUTION E.\ 308. 125 Urbain avait eu dans Firmilien un digne succes- seur, et Maximin un digne ministre. Les cruautés de ce gouverneur surpassèrent ce qu'on avait encore vu. Césarée, où il résidait, offrit bientôt l'aspect d'une véritable boucherie. A tous les chrétiens qu'il faisait mourir, Firmilien refusait la sépulture. Leurs corps restaient exposés autour de la ville, attendant les bêtes qui les dévoreraient; et, afin que personne, ému de pitié, n'essayât de les ensevelir, des gardes, en grand nombre, veillaient partout près de ces mon- ceaux de cadavres. Les chiens, les bêtes fauves, ac- coururent de toutes parts; l'air fut rempli d'oiseaux carnivores, s'abattant lourdement sur leur proie. Dis- persés par les animaux, les débris humains se ren- contraient partout, sur les routes, aux portes de la ville, et jusque dans Fenceinte de la cité (1). Le massacre avait eu lieu depuis plusieurs jours, quand un étrange phénomène se produisit. « Un jour, Fair était pur, le ciel d'une sérénité merveilleuse; tout à coup, le long des colonnes qui soutenaient, dans la cité, les portiques ouverts au peuple, on vit couler comme des larmes, le forum et les places pu- bliques se remplirent d'eau, bien que l'atmosphère ne fût point humide : tous les habitants dirent que la terre , d'une manière miraculeuse et inexplicable , avait pleuré, ne pouvant soutenir les impiétés qui se commettaient, et que, pour attendrir la barbarie des hommes, des pierres insensibles avaient montré leur (Ij Eusébe, De mart. Palat., 9, M2. 126 LES CHRETIENS DEPUIS L USURPATION DE MAXENCE. douleur. » Eusèbe, racontant le fait, en appelle au témoignage de tous ses concitoyens, qui ont vu comme lui ces lacrymse rerum (1 ). Pendant que la persécution atteignait cette violence en Orient, TOccident jouissait de la paix religieuse. Dans ritalie, où régnait Maxence, cette paix semblait désormais assez aiiermie pour que le clergé et le peuple de Rome songeassent à faire cesser le veuvage de rÉglise apostolique. Vers le mois de mai 308, le prêtre Marcel fut élu pour remplir le siège laissé vide depuis quatre ans par la mort de Marcellin (2). On lui attribue d'utiles mesures en vue de rétablir l'adminis- tration ecclésiastique de Rome. Il ouvrit près de la catacombe de Priscille un nouveau cimetière, celui de Novella (3), pour suppléer à ceux qui étaient en- core sous la main du fisc [k) ; puis réorganisa les ti- (1) Eusèbe, De mart. Pal , 9, 12-13. (2) Liber Poniificalis, ^IdiVC^Wns; Duchesne, t. I, p. 164. — Le cala- logue libérien désigne la date de l'ordinalion du pape par la note con- sulaire a cous. X et Maximiano, abrégée pour Maximiano [Herculio] X et Maximiano [Galerio] Vil; voir De Rossi, Inscrip. christ., 1. 1, p. 30; Duchesne, l. c, p. 165, note 3. Cest l'indication des consuls légitimes; mais ils ne furent pas reconnus par Maxence, qui, le 20 avril 308, prit, pour les États de son obédience, le consulat avec son fils Romulus. (3) « Hic fecit cymiterium Novellœ, via Salaria. » Liber Pontifica- lis. Le cimetière de >'ovelia, mentionné dans les Gesta Liberii [Du- chesne, l. c, p. cxxii), a été retrouvé par liosio; Aringhi en a publié le plan {Roma subterranea, t. II, p. 422); M. de Rossi en a vérifié l'emplacement, près du cimetière de Priscille, à droite de la voie Sa- laria et à gauche de la voie Nomenlane {Roma solterranea, 1. 1, p. 189). « Ce cimetière ne contient aucune sépulture que l'on puisse attribuer à un temps plus ancien que le pape Marcel; « IJuIledino di arclieo- logia cristiana, 1877, p. 68. (4) Bullcltino di arch. crist., ibid. LA TERSECUTION EN 308. 127 tuli ou paroisses, dont la situation avait probable- ment été profondément troublée par la persécution , et où le grand nom])re des païens qui, à la faveur de la paix, se préparaient au baptême, rendait néces- saire de replacer des prêtres investis de pouvoirs ré- guliers (1) : l'administration des prêtres titulaires fut étendue de nouveau aux cimetières, à ceux du moins dont l'accès était possible aux fidèles (2). L'Église de Rome n'était pas encore rentrée en possession de ses biens; mais elle avait retrouvé sa biérarchie avec sa liberté. Malheureusement cette liberté ne dura pas long- temps : sans que la persécution recommençât, l'É- glise vit, sous Marcel, le pouvoir civil intervenir dans ses affaires intérieures, et sentit pour la première fois, en pleine paix, la lourdeur du bras séculier. La mul- titude des pénitents avait été, nous apprend le Livre Pontifical, une des raisons qui pressaient Marcel de réorganiser les tituli. Mais, comme il arrivait souvent après les persécutions, les conditions du retour des tombés à la communion ecclésiastique devinrent la cause de divisions profondes et même de luttes ar- dentes. Au lendemain de la cruelle guerre déclarée par Dèce à l'Église, un schisme avait éclaté dans le (1) « Et XXV tilulos in iiibe Roina conslituit, quasi dioecesis, prop- ter baptismuin et pœnilenliam miiltoium qui convertebanlur ex pa- ganis. » Liber Pontificalis. (2) «... Et pioi)ler sepulluras maityrum. » Ibid. Voir De Rossi, Roma sotterranea, t. 111. p. 520 et suiv.; cf. les Dernières Perse' entions du troisième siècle, 1^ éd., 2. p. 172. 128 LES CHRETIENS DEPUIS L'USURPATION DE MAXENCE. clergé romain, et les partisans d'un rigorisme outré avaient contesté la discipline ferme et miséricordieuse tout ensemble que maintenait le pape Corneille (1). En 308, les dissidents se réunirent sur un tout autre terrain : un parti se forma dans Rome qui refusait à saint Marcel le droit de rétablir des règles peut-être tombées en désuétude pendant la longue vacance du siège pontifical , et prétendait le contraindre à rece- voir sans repentir et sans larmes tous ceux qui avaient failli dans la persécution. Ce parti eut pour chef un chrétien moins excusable encore que ceux qui se mi- rent à sa suite , car ce n'est pas durant les mauvais jours, c'est en pleine paix qu'il avait renié le Christ. Bientôt les passions s'émurent : profitant de la licence qui régnait à Rome sous le gouvernement à la fois tyrannique et faible de Maxence, les dissidents es- sayèrent d'imposer leur volonté par la violence; il y eut lutte ouverte entre eux et les orthodoxes, et, à la suite d'une émeute, le sang coula. L'autorité pu- blique intervint pour rétablir la paix; mais les re- belles parvinrent à faire peser sur le défenseur de la discipline et des droits de l'Église la responsabilité des désordres, et Marcel fut condamné par Maxence à l'exil (2). (1) Voir les Dernières Persécutions du troisième siècle, p. (2) VERIDICVS RECTOPx LAPSOS QVIA CRIMINV FLERE PB\EDIXIT MISERIS FVIT OMNIBVS HOSTIS AMARVS HIXC FVROR FIINC ODIVM SEQVITVR DISf.ORDIA LUES SEDITIO CAEDES SOLVVNTVR FOEDERA PACIS CRIMEN Olî ALTEHIVS CJIRISTVM QVI IN PAGE NEGAVIT FIN'IRVS EXPVLSVS PATUIAE EST FERITATE TVRANM LA PERSECUTION EN 308. 129 IIAEC DREVITLK DVMASVS VOLVIT COMPlillTA REFEKRE MARCELLI VT POPVLVS MERITVM COGXOSCEUE POSSET De Rossi, Inscript christ, urbis liomx, t. II, p. 6'2, 103, 138; voir le commentaire de cette inscription dainasienne dans Roma sotterra- nea, t. H, p. 204-205; cf. Rome souterraine , p. 258. — 11 est inutile de faire remarquer ce que ce récit a d'inconciliable avec la légende rapportée par la Passio S. Marcelli et mé ne avec la version plus acceptable qu'en donne le Liber Pontificalis ; voir Diichesne, t. I, p. xcix-c, et p. 105. 130 LES CHRÉTIENS DEPUIS L'USURPATION DE MAXENCE. III La persécution en 309 et 310. L'exil de Marcel n'apaisa pas les esprits. Quand Eu- sèbe eut été élu (1) pour succéder au pontife mort loin de son siège et rapporté à Rome dans le cimetière de Priscille , le nouveau pape trouva le parti dissident enflé de sa victoire. Peut-être s'était-il même donné un antipape en la personne de son chef, Héraclius. L'Église de Rome était plus divisée que jamais. D'un côté, le pape légitime enseignait la nécessité de la pé- nitence; de l'autre, le chef des rebelles soutenait le droit des tombés à rentrer dans FÉglise sans condi- tions. Le peuple prenait chaque jour plus de part à la querelle. On en venait sans cesse aux mains. Comme au temps de Marcel, il y eut du sang répandu. Maxence intervint de nouveau. Mais cette fois les schismatiques avaient un chef ouvertement reconnu : aussi, au lieu de choisir le pape seul comme victime expiatoire, le tyran crut-il faire acte de bonne poli- tique en frappant les têtes des deux partis. Eusèbe et Héraclius furent exilés par la même sentence. Le pape s'éloigna du siège où il venait à peine de monter, (1) Le 18 avril 309 ou 310; voir Duciicsne, le liber Pontijicalis , t. I, p. CCXLIX. LA PERSECUTION EN 309 ET 310. 131 joyeux, nous dit-oii, de souffrir pour son Église; il mourut en Sicile (1), après un épiscopat de quatre mois seulement (2). Pendant que cette épreuve troublait la paix dont rÉglise jouissait en Occident, la persécution sanglante ne cessait pas de sévir en Orient. Le 11 janvier 309, un jeune ascète, Pierre Abselamus (3), né aux envi- rons d'Eleutheropolis, comparut à Césarée devant le (1) Le 17 août. (2) DAMASVS EMSCOPVS FECIT IIERACLIVS VETVIT LARSOS PECCAT.V DOLKRE EVSEBIVS MISEUOS DOCVIT SV\ CRIMINA FLERE SCINDITVR IN PARTES POPVLVS GLISCENTE I VRORE SEDITIO CAEDES RELLVM DISCORDIA LITES EXTEMPLO PARITER PVLSI FERITATE TYRANNI INTEGRA CVM RECTOR SERVARET FOEDERA PACIS PERTVLIT EXILIVM DOMINO SUR IVDICE LAETVS LITTORE TRINACRIO MVNDVM VITAMQ. RELIQVIT EVSERIO EPISCOPO ET MARTVRI. A droite et à gauche de l'inscription est écrit, en lettres superpo- sées, le nom du calligraphequi grava sur le marbre le poème composé par le pape Damase à la gloire de saint Eusèbe : DAMAS! PAPAE CVLTOR ATQVE AMATOR FVRIVS DIONYSIVS FILOCALVS SCRIBSIT De Rossi. Roma sotterranea, t. II, pi. III, IV; Bull, di archeologia crisiiana, 1873, i)l. XII; Insc7\ christ, urbis Romœ, t. II, p. 66, 102. Il ne reste dans la crypte du pape Eusèbe, au cimetière de Calliste, qu'un petit nombre de fragments du marbre original découvert par M. de Rossi; mais on peut les confronter avec une copie exécutée probablement au sixième siècle, après la dévastation du cimetière par les Goths, et trouvée par lui dans la môme crypte. Voir Rome sou- terraine^ p. 247-253. Avant la découverte de M. de Rossi, l'inscrip- tion damasienne était connue seulement par les manuscrits. Voir son commentaire historique, Roma sotterranea , t. II, p. 205-208. (3) ïléxpo; àcy.r,Ty;; 6 xaî 'A^^e^a^xoç. — Sur le double cognomen , voir Histoire des persécutions pendant les deux premiers siècles , 1^ éd., p. 191, note 1. 132 LES CHRÉTIENS DEPUIS L'USURPATION DE MAXENCE. gouverneur Firmilien. Sou âge inspirait la pitié; le cruel magistrat lui-même paraissait ému. Tous les assistants le supplièrent d'apostasier, afin de conserver la vie. Mais le jeune homme opposa la même foi aux prières comme aux menaces , et mourut sur le bûcher pour son Dieu. Près de lui fut brûlé un évêque de la secte des marcionites, Asclepius (1). Un mois plus tard, le 16 février, le docteur Paai- phile consommait son martyre. On l'aurait peut-être oublié encore en prison, sans un incident qui ré- veilla la colère du gouverneur. Une nouvelle troupe d'Égyptiens fut arrêtée par les sentinelles aux portes de Césarée, alors qu'elle se préparait à traverser la ville pour aller aux mines de Cilicie visiter les con- fesseurs. Ces charitables fidèles étaient au nombre de cinq, durs à la fatigue et à la douleur comme tous leurs compatriotes, et accoutumés à parler librement. Traduits sur-le-champ devant Firmilien, ils lui firent de fières réponses et furent envoyés en prison. Le len- demain, on les ea tira pour les ramener au gou- verneur; mais avec eux les autres prisonniers chré- tiens (y compris Pamphile) lui furent présentés. Firmilien mit d'abord les Égyptiens à la torture. Les plus cruelles inventions des bourreaux n'eurent (1) Eusèbe, De mart. Palesf., 10, 2-3. — Je pense comme "Bollan- diis {Acta SS., janvier, l. I, p. 128) et conlraiiemeiit à Tillemont {Mé- moires, t. V) que saint Pierre Abselamus, dont parle Eusèbe, et saint Pierre Balsamus, dont Ruinart publie les Actes (p, 557). sont une même I)ersonne. Les différences assez notables entre le récit d'Eusèbe et ce- lui des Actes peuvent seulement faire croire que cette dernière pièce n'est pas entièrement authentique. L\ PERSECUTION EN 309 ET 310. 133 aucun eiïet sur ces hommes de bronze. Le gouver- neur commença alors Tinterrogatoire. Il demanda leurs noms selon l'usage : tous donnèrent des noms bibliques, car, par un scrupule rare à cette rpoque, ils avaient échangé contre des vocables empruntés à l'Ecriture sainte leurs noms d'origine, dérivés du panthéon égyptien (1). Ils s'appelaient donc Élie, Jé- rémie, Isaïe, Samuel et Daniel. Entrant tout à fait dans leurs personnages bibliques, ils se plurent à dé- concerter par le symbolisme de leurs réponses l'igno- rance et l'esprit positif de leur juge. Quand celui-ci demanda au chef de la petite caravane quelle était sa patrie : « Jérusalem, » répondit-il. Depuis longtemps (1) Eusèbe, Le mart. Pal., 11, 8. — Ordinairement, les premiers fidèles n'éprouvaient point de répugnance à conserver leurs noms d'o- rigine païenne, même quand ces noms étaient dérivés de celui d'une divinité; un grand nombre de noms rapportés par l'histoire ecclésias- tique ou gravés sur les marbres chrétiens sont formés d'une appella- tion mythologique; voir Martigny, Dictionnaire des antiquités chré- tiennes, art. Noms, p. 508; Smith, Diciionary of Christian antiquities, art. Names, p. 1369; Kraus, Real-Encykl. der christlichen Alterthii- ??îer, art. Kamen, t. Il, p. 475. — Parmi les noms de saints des pre- miers siècles dérivés des noms de divinités égyptiennes, on peut citer Ammon, Ammonius, Ammonaria, Anub, Anub-Bissoï, Isidore, Isidora, Serapion; m écrivain chrétien de la fin du second siècle, auteur d'un Hexaemeron, s'appelle Apion (Eusèbe, Hist. Eccl.^Y, 27; saint Jérôme, De virisill., 49). — L'abandon de l'ancien nom excitait quel- quefois la colère des païens; M, Revillout a publié un papyrus copte contenant les anathèmes d'une mère païenne contre son fils, qui, sétant fait baptiser, avait changé le nom de Petosor (don d'Osiris) en Petrus (Cours de langue démotique et de droit égyptien, 1883, p. 32-34; cité dans Bull, di archeologia cristiana, 1881-1885, p. 82). — Les noms d'origine biblique ne se répandirent pas en Occident; Edmond Le Blant, l'Épigraphie chrétienne en Gaule et dans VA- frique romaine, 1890, p. 91. 13 i LES CHRETIENS DEPUIS L'USURPATION DE MâX1!:NCE. il n'y avait plus de Jérusalem pour les Romains : la ville de ce nom n'était, depuis Hadrien, que la colonie d'Aelia Capitolina. Aussi Fir milieu essaya-t-il de faire avouer à FÉgyptien la situation précise de cette cité inconnue. On le mit à la torture; mais on eut beau, par des machines d'invention nouvelle, lui tirer les bras derrière le dos et lui meurtrir les pieds, l'Égyp- tien ne voulut pas faire de réponse, sinon qu'il avait dit la vérité. Cependant, quand Firmilien, à plusieurs reprises, lui eut posé la question : « Quelle est cette ville, et en quel lieu de la terre est-elle située? » le chrétien repartit : « Elle est la patrie des vrais ado- rateurs de Dieu; eux seuls ont droit sur cette cité; elle est placée à l'Orient, vers le point où le soleil se lève. » Il parlait de la Jérusalem mystique, de la patrie céleste où tendent tous les chrétiens et que saint Jean a décrite dans Y Apocalypse; aussi insensible aux tourments que s'il n'avait point eu de corps, il continua d'une voix calme le développement de son allégorie. Le juge, cependant, était de plus en phis perplexe : ses soupçons croissaient; il s'imaginait avoir découvert l'existence d'une ville que les chré- tiens construisaient secrètement, sur quelque point ignoré de l'Empire, pour en faire un jour la rivale de Rome. Cette peur ridicule montre quelle idée les hommes d'État romains se faisaient du nombre et de la force des fidèles. Aussi le magistrat poursuivit-il longtemps avec l'Égyptien le dialogue, entrecoupé de tortures; mais l'intrépide pèlerin, qui ne voulait pas livrer le nom de la ville d'où il venait, persista dans LA PICRSECUTION EN 309 ET 310. t35 ses réponses allégoriques. La comique inquiétude du juge se tourna enfui en fureur, et il ordonna de lui trancher la tête. Puis les quatre autres Égyptiens turent successivement interrogés et torturés; ils firent les mêmes réponses, dont probablement ils étaient convenus d'avance, et furent condamnés au môme supplice. Après les Égyptiens comparurent Pamphile et deux de ses compagnons, Valens et Paul. Valens était un diacre d'Aelia Gapitolina, vieillard vénérable, et très versé dans la science des Écritures; par un prodige de mémoire, qui se retrouve chez plusieurs chrétiens de ce temps, il pouvait en réciter n'importe quelle page aussi facilement que d'autres en faisaient la lec- ture. Paul, né à Jamnia, ville épiscopale suffragante de Césarée, était plutôt un homme d'action, connu par son énergie : déjcà confesseur, il portait sur ses membres les marques du fer rouge que les bourreaux y avaient appliqué. Sachant l'intrépidité de ces trois hommes, qui tous, pendant une longue captivité, avaient plusieurs fois souffert la torture, Firmilien se contenta de leur demander s'ils étaient enfin décidés à obéir aux édits impériaux, et, sur leur réponse né- gative, les condamna à la décapitation. La sentence venait à peine d'être prononcée, quand une voix jeune et vibrante s'éleva du milieu des audi- teurs : «■ Que la sépulture soit au moins accordée à ces condamnés! » Le juge frémit à cette parole har- die; et bientôt les soldats tirèrent de la foule un adolescent, vêtu du pallium exomide qui portaient 13G LES CHRÉTIENS DEPUIS L'USURPATION DE MAXENCE. les philosophes (1). C'était Porphyre, jeune esclave de Pamphile, que son maitre avait élevé en homme libre, plutôt comme un disciple que comme un servi- teur. Firmilien l'interrogea : le jeune homme se dé- clara chrétien. On le battit alors sans pitié, comme si, au lieu d'être de chair, il eût été de pierre ou de bois. Les coups le laissant insensible, les bourreaux se jetèrent sur lui avec les ongles de fer, et le déchi- rèrent avec un tel acharnement, que ses flancs ouverts laissaient voir les os et les entrailles. Porphyre de- meurait immobile, sans se plaindre, sans parler. Firmilien le condamna au feu. Le jeune esclave fut conduit au stade, dans son habit de philosophe. Il y alla d'un pas tranquille, causant avec ses amis, et leur faisant ses dernières recommandations. On l'at- tacha au poteau : son visage exprimait une joie sereine. Le poteau, selon l'usage souvent suivi, était (1) 4>i)6(TOçw cr-/ri[jLaTi {jLovto Tw 7:£pl aÙTov àvago)a(w àHwiJitôo; Tpôzov yi?ie(7(jL£vov. Eusèbe, De mart. Pal., II, 19. — L'£Ëto[X'ç était un vêle- ment à une seule manche, qui laissait découverts le bras droit et l'é- paule droite. Cette forme était donnée soit à la tunique (-/tTtbv), soit au manteau (Ii^aTtov, rspt'ê/.r.jjia, paUm)n).Le plus souvent le palliuni était porté sur la tunique-, mais les pauvres ou les philosophes le por- taient quelquefois seul (Xénophon. J\Jcm., I, 6, 2; ^Elien, Var., VU, 13; Diodore de Sicile, XI, 26j. Tertullien reproche aux philosophes païens leur affectation à se montrer dans ce costume, ejcerti ac seminudi pcctoris inverccitncl a jadaniia. CQ\wnô-àni les premiers chrétiens, surtout ceux qui étaient voués à l'étude, se contentaient quelquefois de ce simple vêtement: hiunervm exertus , d\[ Tertullien dans son traité De Pallio, 3. Dans une fresque du troisième siècle, au cime- tière de Calliste, le prêtre offrant le sacrifice eucharistique est repré- senté de même en pallnim exomide: De Rossi, Roma sotienanea, t. II , pi. XVI , 1 ; Norlhcote et Bro^vnlo^v, Roma sotierranea (an- glaise), 2^ éd., t. I, pi. XVI, 3; Rome souterraine, pi. VIII, 3. LA PERSECUTION EN 309 ET 310. 137 au milieu d'un cercle formé de piles de bois; mais comme celles-ci étaient fort écartées et le cercle très grand, le martyr, dans son impatience, ouvrait la bouche et tâchait d'aspirer la flamme. Quand lo feu Feut enfin touché, il ne fit entendre aucun gémis- sement; il dit seulement avec joie : » Jésus fils de Dieu, venez à mon secours! » puis garda le silence jusqu'à la mort (1). Un ancien soldat, qui avait assisté à cette mort ad- mirable, courut au lieu où Pamphile attendait le sup- plice, et lui raconta ce qu'il avait vu ; il venait de donner à l'un des condamnés le baiser de paix, quand les gardes le saisirent et le traînèrent devant le gouverneur. Ce vétéran se nommait Seleucus; il était de Cappadocc, et avait été jadis compris dans une levée faite dans sa province; il avait bien servi et obtenu un grade élevé. C'était un de ces hommes d'élite dont les généraux romains se montraient fiers. (1) Eiisèbe, De mart. Palest., il, 19. Cf. Prudence, Péri Steph., 111, 159-160 : Virgo cituiii cupiens obilum Appétit et bibit ore roguni. « Un admirable prodige s'est montré, dit saint Jean Chrysostome, au milieu de lant d'autres, quand les trois jeunes Israélites ont été jetés dans la fournaise; car personne n'ignore que l'on peut pendant quelque temps résister aux flammes si l'on ferme les lèvres, mais que l'àme s'envoie dès qu'on les ouvre. » Ad Theodorum lapsum, I, 35. — Lucien avait déjà dit : « C'est sur le bûcher que l'on trouve la mort la plus prompte: on y expire à l'instant si l'on ouvre la bouche. » De morte Peregrini, 21. — Voir aussi un curieux passage du Talmudde Babylone, cité par Edmond Le Blanl, Notes sur quelques Actes des martyrs, dans les Mélanges de recelé française de Rome, 1885 (ti- rage à part, p. 8). 138 LES CHRETIENS DEPUIS L'USURPATION DE MAXENCE. Jeune encore, il avait dépassé tous ses camarades par la hauteur de sa taille comme par la force de son bras : la parfaite beauté de ses membres robustes resta célèbre dans Tarmée. Ce superbe soldat profes- sait depuis longtemps le christianisme. Au commen- cement de la persécution, lors des édits rendus contre les militaires, il avait subi la flagellation, puis quitté la milice. Demeuré en Palestine, où probablement avait été sa garnison, Seleucus se donna pendant plu- sieurs années aux œuvres de charité; il se fit le visi- teur et le conseil des pauvres, des infirmes, des orphelins, des veuves, de tous ceux qui avaient besoin de secours. Firmilien commanda de le décapiter avec Pamphile et les autres (1). Une nouvelle inattendue fut portée au cruel gou- verneur : un homme de sa maison, Théodule, avait imité Seleucus, et donné aussi le baiser de paix aux martyrs. C'était le plus aimé et le plus respecté de ses gens, aussi vénérable par la fidélité que par l'âge. Ce patriarche de la servitude avait vu grandir près de lui trois générations d'enfants. xMais l'exaspération de Firmilien était au comble : sans pitié il fit mettre en croix son vieux serviteur (2). Un seul manquait encore, remarque assez subtile- ment Eusèbe, pour que les martyrs du 16 février at- teignement le nombre mystique des douze apôtres ou des douze petits prophètes. Un voyageur, qui se reii- (1) Eusèbe, De mart. Palest., 11, 20-23. (2) Ibid., 11, 24. LA IMCUSECLTION EN 309 ET 310. 139 dait pour ses affaires à Césarée, vint prendre à Tim- proviste le poste vacant. C'était un fidèle de Cappa- doce, appelé Julien. Ayant appris que onze chrétiens venaient d'être immolés pour la foi, il courut au lieu du supplice et baisa respectueusement les cadavres. Les bourreaux le saisirent : on le conduisit au gou- verneur, qui, sans délai, le condamna au feu. Julien marcha joyeusement vers le bûcher, sautant presque de joie, et remerciant Dieu à haute voix de lui avoir accordé l'honneur du martyre (1). F'irmilien voulut infliger aux restes de ses victimes l'outrage qui. Tannée précédente, avait fait pleurer les pierres. Pendant quatre jours et quatre nuits les corps des condamnés demeurèrent étendus sur le sol, gardés par des sentinelles qui avaient ordre d'écarter les chrétiens et de laisser approcher les bètes fauves ou les oiseaux de proie. Mais pas un chacal, pas un chien, pas un corbeau n'osa toucher les martyrs : bientôt la surveillance cessa, et les fidèles purent venir chercher les reliques de leurs frères, auxquels ils don- nèrent une honoraljle sépulture (2j. Les habitants de Césarée s'entretenaient encore de ces scènes sanglantes, quand éclata une nouvelle tra- gédie. L'infatigable Egypte ne cessait pas d'envoyer ses pèlerins visiter et secourir les fidèles détenus aux (ijDe mart. PalesL, 11, 25-27. {2) IbicL, 11, 28. —Voir sur le martyre des douze, c'est-à-dire de Pamphile, Valens, Paul, Seleucus, Porphyre, Théodule Julien, et les < inq Égypliens, le fragment de la receniion pli s développée, dans Ana-^ Iccta BoUandiana, 1807, p. 129-139. 140 LES CHRÉTIENS DEPUIS L'USURPATION DE MAXENCE. mines de la Palestine et de la Cilicie. Deux de ces voyageurs, partis de la Manganée, arrivèrent à Cé- sarée; mais la couleur de leur peau et la forme bien connue de leur visage trahirent sans doute leur ori- gine : les gardes, depuis longtemps en éveil, leur de- mandèrent l'objet de leur voyage : ils répondirent sans détour et furent aussitôt menés à Firmilien. Le gouverneur les mit tout de suite à la torture; puis, quand il jugea leur corps suffisamment déchiré par les ongles de fer, il les condamna aux bêtes. L'un d'eux, Hadrien, parut deux jours après, le 5 mars, dans l'amphithéâtre où des jeux se célébraient en l'honneur du Génie de la cité : après qu'il eut été exposé à un lion, on l'acheva d'un coup d'épée. Les jeux duraient plusieurs jours : le 7 mars, le second condamné, Eubulus, fut produit à son tour. Firmi- lien lui offrit la liberté s'il voulait faire un sacrifice : il refusa et fut, comme son compagnon, tué par le glaive après avoir été exposé aux bètes. Eubulus eut la gloire de clore la longue liste des martyrs de Cé- sarée (1). Quelque temps après (malheureusement on ne nous dit ni la date, ni l'occasion) Firmilien subit le châti- ment providentiel qui avait atteint son prédécesseur. L'insulteur et le bourreau des chrétiens eut la tète tranchée, avec quelques autres païens, par ordre de l'empereur dont il avait servi la furieuse politique (2). (1) De mort. Pal est., U, 29-30. (2) Ibid., 11, 31. LA PEUSECUTION EN 309 ET 310. 14, Eusèbe, qui est notre principale source pour rOrient, a raconté avec l'abondance et l'émotion cVun témoin les glorieux combats livrés par les martyrs dans la Palestine (1) ; malheureusement il se montre , pour d'autres sujets, d'une discrétion excessive, et entr'ouvre à peine un coin du voile qui cache l'his- toire des Églises orientales à ce moment de la persé- cution. Dans un paragraphe vague et obscur à dessein, il nous apprend seulement que les dissensions, les conflits d'intérêt ou d'ambition, qui avaient agité les communautés chrétiennes au commencement du règne de Dioctétien, n'avaient pas complètement dis- paru; que plusieurs évêques continuaient à mal gou- verner leur troupeau; qu'il y avait eu des ordinations téméraires ou irrégulières; qu'entre les confesseurs eux-mêmes des disputes avaient éclaté; que des jeunes gens sans expérience avaient prétendu innover dans la discipline et molesté ceux qui demeuraient fidèles aux anciennes traditions (2); qu'on avait vu, en Asie, des troubles pareils à ceux que Mélèce suscita en (1) On cite aussi des martyrs en Mésopotamie : Habib, en 309, à Édesse. Ses Actes, en syriaque, sont rédigés par un nommé Théophile, lui-même confesseur, qui a écrit aussi (texte syriaque perdu, mais version arménienne conservée, plus version grecque de Métaphraste, et version latine d'après Métaphraste) les Actes de Gouria et de Scha- mouna. Mais la date indiquée pour le martyre de ces derniers (l'an 600 des Séleucides, 289 après Jésus-Christ) ne concorde pas avec l'his- toire : il n'y eut pas de persécution en Orient à cette époque. L'er- reur chronologique est diflicile à corriger : on sait seulement, par Théophile, que leur martyre est antérieur à celui de Habib. Voir Uu- ben Duval, Anciennes littératures chrétiennes : la littérature syriaque, 1899, p. 126-128. (2) Eusèbe, De mari. Palest., 13. 112 LES CHRETIENS DEPUIS L'USURPATION DE MAXENCE. Egypte, ou que Donat allait soulever en Afrique. Ce- pendant, sur ce tableau peut-être trop sombre , quel- ques rayons consolants apparaissent. Les évêques mêmes dont Eusèbe blâme l'administration ne furent pas tous sans fermeté vis-à-vis des persécuteurs : il y en eut, nous dit-il, qui souffrirent de la part des pro- curateurs du fisc ou des gouverneurs des provinces toute sorte d'injures, d'outrages et de tourments à l'occasion des vases sacrés et des trésors des églises; parmi les prélats dont la conduite lui parait avoir eu le plus besoin d'expiation, quelques-uns furent con- damnés à la servitude pénale , et astreints à conduire les chameaux employés aux transports publics ou à soigner les chevaux des écuries impériales (1) . 11 est à croire que la persécution purifia ce que leur vie passée avait pu montrer de faible et d'équivoque : n'a-t-on pas vu, il y a un siècle, parmi les confes- seurs que l'Église de France donna aux prisons et aux échafauds de la Terreur, plus d'un prêtre , plus d'un prélat, dont les mœurs s'étaient amollies aux dou- ceurs de l'ancien régime, se relever tout à coup de- vant la souffrance, et rendre au Christ un témoignage digne des premiers martyrs? Si violente dans les États de Maximin, la persécu- tion dut se poursuivre avec une égale vivacité dans ceux de Galère; mais, pour l'année 309, aucun docu- (1) De mart. Palest., 13. — Voir la note de Valois. C'est pcut-Otre en souvenir de ce passage qu'une légende dit que le pajie saint Marcel fut à la même époque condamné ad scrvitium animalium catahidi piihlici. Passio S. Marcelli, dans Acla .S5., janvier, t. II, p. 0. LA PKRSÉCUTION EN 309 Eï 310. 143 ment n'en a conserve le souvenir. Au contraire, dans la Mésie et dans la Pannonie, qui faisaient partie des États du nouvel Auguste Licinius, un ou deux épisodes de martyre peuvent être rapportés à cette année. La mort des saints llermyle et Stratonique, noyés dans le Danube, à Singidon, ville de la Haute-Mésie, par Tordre de Licinius (1), est certainement anté- rieure au milieu de 311, époque où cet empereur souscrivit Tédit de tolérance de Galère; cet épisode flotte donc entre l'élection de Licinius, en 307, et la date extrême de 311 (2). Mais le martyre de Quirinus, évéque de Siscia en Pannonie , est formellement attri- bué par la Chronique de saint Jérôme à la première année de la CCLXIP olympiade, c'est-à-dire à 309. Arrêté dans cette ville par un magistrat municipal, probablement le curateur, nommé Maxime , Quirinus fut, après information préalable, envoyé au prési- dent de la Première Pannonie, Amantius. Celui-ci, qui revenait de Scarbantia, commanda de conduire le prisonnier à Sabarie, — peut-être la ville même où, un ou deux ans plus tard, allait naître le futur apôtre des Gaules, saint Martin (3). Là, le gouverneur interrogea publiquement Quirinus au théâtre, et, ne pouvant obtenir l'abjuration du saint évéque, le con- (1) Acla SS., janvier, t. I, p. 769. (2) Tillemont, Mémoires, t. V, art. wxvii sur la persécution de Dioclétien. (3) Je dis « peut-être, » car deuxSabaries, l'une et l'autre en Pannonie, se disputent l'honneur d'avoir donné naissance au grand thauma- turge-, voir Lecoy de la iMarche, Saint Martin, p. 55-60; et Duchesne, Bulletin critique, 1880, p. 315. 144 LES CHRÉTIENS DEPUIS L'USURPATION DE MAXENCE. damna à être jeté dans la rivière (1) avec une meule suspendue au cou (2). Le corps du martyr put être recueilli par les chrétiens; il reposa, après la paix de l'Église, dans une basilique de SaJîarie, près de la porte de Scarbantia (3), jusqu'au jour où, chassés par une invasion de Barbares, des habitants transportè- rent son corps à Rome; dans le luminaire de la crypte qui a contenu le tombeau de sainte Cécile, au cime- tière de Calliste , une peinture que le caractère ro- main des têtes, la forme antique des vêtements, la beauté et la simplicité des draperies, ne permettent pas de faire descendre plus bas que le cinquième (1) Peut-être la rivière Pannosa, si l'on identifie la Sabarie où souf- frit Quirinus avec Sicca Sabaria. Des monnaies romaines portant les lettres SAB ont été trouvées en j^rand nombre sur la rive droite de la Pannosa, qu'une Chronique mentionne sous le nom de fons Saharix ; Lecoy de la Marche, ihid. (2) Passio S. Quirini, dans Ruinart, p. 551; Prudence, Péri Sle- phanôn, VII; saint Jérôme, Cfiroa. (3) Il y a ici contrariété entre la Passion et Prudence; ce dernier dit que Siscia, au moment où il écrit, possède le corps de son évèque martyr : Irbis niœnia Sisciae Concessuiii sibi martyreni Complexu patrie lovent. Il est peu vraisemblable que le corps de Quirinus ait été transporté de Sabarie à Siscia; Prudence a probablement été trompé par le titre épiscopal de Quirinus et a cru que ce saint avait été martyrisé dans la ville même où était son siège. Mais l'assertion de l'auteur des Actes est trop précise pour être rejetée; il désigne comme contenant le tom- beau une basilique de Sabarie, près de la porte de Scarbantia, c'est-à- dire près de la porte ouvrant sur la voie qui de Scarbantia rejoint Sabarie. Le détail topograpliique ne peut être inventé. Autant le té- moignage de Prudence mérite foi quand il parle de ce qu'il a vu, au- tant ses assertions sont généralement vagues quand il raconte des faits qui se sont passés dans des pays qui! n'a point visités. LA PERSÉCUTION EN 309 ET 310. 145 siècle, montre, à coté de deux autres saints étrangers aussi à la ville éternelle, un personnage près duquel est écrit le nom CVRINVS et qui est vraisemblable- ment l'évêque martyr de Siscia (1). Les derniers mois de 309 et le commencement de 310 furent témoins de quelque adoucissement dans la condition des chrétiens. On se lassait de les poursui- vre et de les condamner. Là môme où ils avaient été déportés en grand nombre, les gardiens se rebU chaient de la surveillance et leur laissaient une demi- liberté. Les confesseurs qui travaillaient dans la Palestine aux mines de cuivre de Phaenos (2) ne virent probablement pas interrompre leur labeur pé- nal; mais on leur permit de reprendre, dans les moments de loisir, toutes les pratiques de leur vie religieuse, d'avoir des réunions périodiques, de cons- truire môme des oratoires (3). Ce devait être un étrange spectacle que ces églises improvisées, où ne (1) De Rossi, Roma sotterranea, t. II, pi. V et VII. Quirinus fut enterré, non pas dans le cimetière de Callisle, mais un peu plus loin, dans celui de Saint-Sébastien {ibicL, p. 180-181). Une inscription relatant son martyre a été récemment trouvée dans la platonia , contiguë à ce cimetière; les caractères de l'inscription conviennent au cinquième siècle. C'est dans un des arcosoUa de la célèbre platonia de Saint-Sébastien que reposa saint Quirinus. Voir Bulleliino di ar- cheologia cristiana, 189i, p. 53, 147-150; et De Waal, Die Apostel- grufl ad Catacumbas an der Via Appia, 1894. (2) Le site de Phaenos est assez agréable, pourvu d'une eau abon- dante, qu'un aqueduc à peine rompu aujourd'hui amène dans un grand réservoir. Cependant, au témoignage de saint Athanase, les con- damnés n'y pouvaient vivre que peu de jours. Voir le P. Lagrange, dans Reçue Biblique, 1898, p. 114. (3) Eusèbe, De mari. Palesi., 13, 1 V. 10 1 4G LES CHRETIENS DEPUIS L'USURPATION DE MAXENCE. se rencontraient que des borgnes et des boiteux, et où des voix brisées par la fatigue, enrouées parla longue humidité des souterrains, chantaient avec une ferveur surhumaine les louanges de Dieul Pour con- duire ce troupeau de saints les évêques ne manquaient pas : l'un était Silvain, prêtre de Gaza, envoyé aux mines dès 307 (1), et qui avait probablement reçu dans l'exil la consécration épiscopale (*2) ; on cite en- core deux prélats égyptiens, Pelée et Nilus (3). Les prêtres étaient nombreux. Probablement aucun des clercs qui prenaient part avec eux aux assemblées religieuses dans les oratoires construits sur le bord de la mine n'excitait l'attention autant qu'un lecteur égyptien, appelé Jean. Aveugle avant sa condamna- tion, on avait, par une inutile cruauté, enfoncé le fer rouge dans ses yeux sans lumière. Mais ce que les persécuteurs n'avaient pu abolir, c'était la mé- moire prodigieuse que développe quelquefois la privation du sens de la vue. Plus encore qu'un des compagnons de Pamphile, dont nous avons déjà parlé , Jean savait par cœur les saintes Écritures. Les écrits de Moïse ou des prophètes, les autres parties historiques de la Bible, tout le Nouveau Testament, étaient pour lui comme un livre constamment feuil- leté, dans lequel il lisait les yeux fermés. Quand il remplissait dans l'église l'office de sa charge, il avait l'attitude, le son de voix de l'iiomme qui lit réelle- {\j Voir plus haut, p. 100. (2) Eusèbe, De mart. Palest., 13, 4. (3) IbUL, 13, 3. LA PERSECUTION EN 309 ET 310. 147 ment : son infirmité n'était reconnaissablc que si, en s'approchant, on comparait son regard éteint à ceux des auditeurs. Eusèbe, qui le vit, en demeura stupé- fait (1). Il semble que les réunions de ces pauvres gens, qui mettaient leurs infirmités en commun au pied des autels pour bonorer Dieu et méditer sa loi, n'a- vaient rien qui pût inquiéter l'autorité publique. Elles furent cependant dénoncées au nouveau gouverneur de la province. Ce magistrat, que la terrible leçon infligée à ses prédécesseurs Urbain et Firmilien n'a- vait point détourné de marcber sur leurs traces, en fît sur-le-cbamp rapport à Maximin, à qui il envoya une relation des faits altérée et calomnieuse. Un haut fonctionnaire du service des mines fut tout de suite envoyé à Phœnos, porteur d'un ordre impérial : il dispersa la petite Église de l'exil, et, divisant les con- fesseurs par troupes, envoya les uns en Chypre, où le fisc possédait d'importantes mines de cuivre (2), d'au- tres au Liban, le reste en divers lieux de la Palestine pour être employés à des corvées (3). Quatre des con- damnés furent mis à part, à cause de l'influence qu'ils exerçaient sur leurs compagnons : c^étaient les deux évêques égyptiens Nil et Pelée, un prêtre dont on ne dit pas le nom (V), un laïque appelé Patermuthius, (1) Eusèbe, De mart. PalesL, 11, 20-23. (2) Josèphe, Ant. Jud., XVI, 4, 5; cf. Marquardt, Rumische Staais- verwaltung, t. IF, p. 253. (3) Eusèbe, De mart. Palest., 13, 1, 2. (4) Valois le nomme Hélie, d'après les Ménologes grecs. 148 LES CHRETIENS DEPUIS L'USURPATION DE MAXENCE. très populaire à cause de sa douceur et de sa charité. L'inspecteur des mines les renvoya au général qui commandait les légions campées en Palestine : celui- ci, avec une brutalité toute soldatesque, les somma d'abjurer leur foi, et, sur leur refus, les condamna au supplice du feu (1), les jetant peut-être dans les foyers où l'on purifiait le minerai brûlant (2). Cependant tous les forçats chrétiens n'avaient pu être envoyés loin de Phaenos. Il y en avait de trop vieux, de trop infirmes ou de trop mutilés pour qu'il fût possible de les transporter. Ceux-ci furent gardes dans un quartier à part, sans communication avec leurs anciens compagnons. Parmi eux étaient le lec- teur aveugle Jean, plusieurs Égyptiens, l'évêque Sil- vain, qu'un séjour de plusieurs années dans la mine et la torture plusieurs fois subie avaient rendu inca- pable de tout travail (3). Heureux de rester ensemble, ces confesseurs redoublèrent de prières, de jeûnes, de pieux exercices. iMais leur félicité ne devait pas être de longue durée, ou plutôt elle allait être prompte- ment échangée contre la félicité du ciel. Maximin ne put souffrir que trente-neuf invalides goûtassent les douces joies de la prière en commun, et les fit tous décapiter le même jour (4). Presque au moment où tombaient, en Palestine, les derniers martyrs de 310, un des plus cruels persécu- (1) Eusèbe, De mart. Palest., 13, 1, 3. (2) Cf. Lagrange, dans Revue biblique, 1898, p. 114. (3) Ibid, 13, 4. (4) Ibid., 13. 9, 10. LA PERSECUTION EN 309 ET 310. 149 teurs sentait, à l'autre extrémité de TEmpire, la main de Dieu s'abattre sur lui. Maximien Hercule allait ter- miner sa vie errante dans cette même Gaule où, vingt- quatre ans plus tôt, avant tout édit de persécution, il inaugura son règne en versant des flots de sang chré- tien. iMaintenant il y vivait exilé, fugitif, mais sans interrompre ses intrigues. Gracié une première fois par Constantin, dont il avait tenté d'embaucher les légions, l'ingrat vieillard ne craignait pas d'abuser de la clémente hospitalité de son gendre pour attenter à sa vie; mais, cette fois, Constantin fut inexorable : autorisé, dit-on, à choisir son genre de mort, Maxi- mien Hercule se pendit (1). Cette fin tragique d'une si longue carrière impé- riale, cette mort ignominieuse d'un si vieil ami qui, ayant trahi tout le monde, à lui seul n'avait jamais manqué de fidélité, causa une émotion profonde au solitaire Dioclétien. La condamnation portée par Constantin contre la mémoire de Maximien Hercule acheva de le désoler. En brisant les statues, les ima- ges, les inscriptions de Maximien, en arrachant des murailles les tableaux qui le représentaient, on n'é- pargnait pas les nombreux monuments où figuraient ensemble les deux anciens Augustes (2). Cette des- (1) Laclance, De mort, pers., 30; Eusèbe, Hisl. Eccl., VIII, 13, 18; Zosime, II, 10; Aiireliiis Victor, De Cœsaribus, 40; Epitome, 40; Eu- trope, Brev., X, 1, (2) Lactance, De mort, pers., 42. C'est probablement alors que, en Gaule, sur des milliaires de Constantin, lindication de la filiation (adoptive) de celui-ci avec Maxiinien... Maximiani Augiisti nepoii, fut martelée {Bulletin critique, 1886, p. 69-73). 150 LES CHRETIENS DEPUIS L'USURPATION DE MAXENCE. truction, qui remplissait de débris les forums, les théâtres, les basiliques de toutes les cités, frappa vive- ment rimaginatiori des peuples et même des histo- riens. « Maximien, répète en deux passages Eusèbe, est le premier souverain dont les monuments aient été ainsi renversés sur toute la surface de l'Empire (1). » Lactance ajoute : « Dioclétien est le premier empe- reur qui ait assisté vivant à la chute de ses sta- tues (2). » L'infortuné fondateur de la tétrarchie ressentit vivement cet outrage. On le vit, dans sa somptueuse retraite de Salone, errer en versant des larmes, en poussant des soupirs ou des gémissements : il se roulait par terre, refusait la nourriture (3). L'a- gonie du vieil Auguste était commencée ; elle durera trois années encore. iMais bientôt elle va changer de nature. Les coups qui ébranlaient ses statues ont atteint l'empereur dans son orgueil : des coups plus sensibles se préparent, qui frapperont au cœur l'époux, le père, et le feront mourir de douleur. (1) Eusèbe, Hist. EccL, VIII, 13; De vita Consfantini, I, 47. — En disant que Maximien fut « le premier empereur » dont les images aient été détruites, Eusèbe veut dire que cet outrage n'avait encore été fait à aucun autre membre de la tétrarchie; car, dans les siècles précédents, on détruisit plus d'une fois les statues dempereurs dont la mémoire avait été condamnée; voir Moinmsen, Romische Slaats- recht, t. II, 2" éd., p. 1079. (2) Lactance, De mort, pers., 42. — Tacite, dans un des plus élo- quents passages des Histoires (III, 85), avait montré les derniers re- gards de Vitellius mourant attachés sur ses statues que l'on renversait de toutes parts : « Viteilium, infestis mucronibus coactura... cadentes statuas suas... contueri. » (3) Lactance, De mort, pers., 42. CHAPITRE NEUVIÈME LES CHRÉTIENS DEPUIS l'kDIT DK TOLKKANCK DE GALÈRE jusqu'à la guerre de maxlmin contre l'arméme (311-312). SOMMAIRE. — I. L'kdit de tolérance et la MOUT DE G.vLÈnE. — Galère to m he malade. — La maladie des persécuteurs. — Parole d'un de ses méde- cins. — Tardif repentir de Galère. — Singulier èdit de tolérance. — Ca- ractères de cet édif. — On le publie dans les États de Galère, de Licinius et de Constantin. — Maximin ne le promulgue pas, mais ordonne ver- balement de cesser la persécution. — Circulaire du préfet du prétoire Sabinus. — Vraie portée de cette circulaire. — .loie des chrétiens. — Re- tour des confesseurs. — Reprise de la vie religieuse. — Mort de Galère. — II. ÀTTAQIES INSIDIEUSES DE MAXIMIN CONTRE LE CHRISTIANISME. — Partage des États de Galère entre Maximin et Licinius. — Écroulement de l'œuvre politique de Dioclètien. — Sa fille Valérie, veuve de Galère, persécutée par Maximin. — Maximin prohibe de nouveau les assemblées chrétiennes. — Voyage de Maximin dans les provinces. — Théotecne, curateur d'An- tiochc, organise un pétitionnement des villes contre les chrétiens. — Complicité de Maximin dans ce mouvement. — Sa réponse aux habitants de Nicomédie. — Son message aux habitants de Tyr. —Véritable sermon païen. — Texte du message. — Théotecne institue le culte et l'oracle de Jupiter l'Ami. — L'oracle demande l'expulsion des chrétiens. — Elle est ordonnée par de nombreux arrêtés municipaux. — Persécution hypocrite et non sanglante. — Maximin précurseur de -Julien. — Il cherche à créer un clergé païen. — Organisation de ce clergé. — On lui donne des pou- voirs de police contre les chrétiens. — III. Dernières calomnies et PERSÉCUTION ouverte. — 3Iaximin essaie de noircir les chrétiens. — Pu- blication de faux Actes de Pilate. — Ils sont partout affichés ou lus pu- bliquement. — On les rend obligatoires dans les écoles. — Des femmes de mauvaise vie sont contraintes par la menace à calomnier les mœurs chrétiennes. — Maximin recommence ouvertement la persécution. — Il attaque surtout les évêques et les docteurs. — Martyre de Pierre d'Alexan- drie, de Faustus et d'Animonius; — des évoques égyptiens Hes}Chius, Pacumius et Théodore; — de Méthode, évéque de Tyr ou de Patare; — de Lucien, prêtre d'Antioche; — de Basilisque, évêque de Comane; — de Silvain, évêque d'Éphèse; — de Cyr, Jean et plusieurs femmes. — Saint Antoine encourage les fidèles d'Alexandrie. — L'empire de Maximin est ravagé par la famine, — et dévasté par la peste. — Charité des chré- tiens. — Changement de l'opinion en leur faveur. — Guerre de Maxi- min contre l'Arménie chrétienne. —Défaite du persécuteur. 152 LES CHRÉTIENS DEPUIS LEDIT DE TOLÉRANCE. L'édit de tolérance et la mort de Galère. Pendant que le palais de Salone était témoin du désespoir de Dioclétien, celui de Sardique, en iMésie, abritait d'autres douleurs impériales. Ce n'était point une peine morale qui torturait Galère, mais la souf- france physique de la maladie et l'abjecte peur de la mort. A chacun des persécuteurs Dieu envoie le genre de châtiment qu'il parait plus capable de sentir : Dioclétien est humilié dans son orgueil ou affligé dans ses affections; le violent et grossier Galère se voit terrassé par un mal implacable, qui le rend pour tous un objet d'horreur. En le faisant descendre au- dessous de l'humanité, la souveraine justice contraint le brutal instigateur de la persécution à demander grâce , tandis que l'âme plus délicate et meilleure de Dioclétien, coupable surtout de faiblesse, est punie par ce qu'elle a d'humain. Galère fut atteint, en 310, d'une maladie dont les contemporains ont laissé de longues et dégoûtantes descriptions. Un abcès, dans la partie inférieure du corps, s'envenima peu à peu. L'abcès creva : il y eut successivement plusieurs hémorragies. La gangrène parut enfin. Vainement les médecins tentaient de l'ar- rêter en coupant les chairs corrompues : elle gagnait toujours. Le mal n'était pas à la surface seulement, LEDIT DE TOLÉRANCE ET LA MORT DE GALÈRE. 153 il avait atteint les entrailles. Le malheureux Auguste pourrissait vivant. Les vers sortaient de son corps : on ne pouvait donner au malade quelque soulagement qu'en lui appliquant des morceaux de viande où ils se jetaient. L'odeur de ce cadavre animé était telle, que plusieurs médecins n'osèrent en approcher, et furent mis à mort pour cet involontaire outrage à la majesté impériale. D'autres payèrent de leur tête l'insuccès de leurs remèdes (1). Étrange maladie î on pourrait l'appeler le mal des persécuteurs. Au temps des Machabées, Antiochus Épiphane voit les vers sortir de sa chair vivante, et répand une si affreuse odeur que tout le camp est in- commodé (2). L'auteur du massacre des saints Inno- cents, Hérode le Grand, meurt dans le môme état (3). Le persécuteur de l'Église naissante de Jérusalem, Hé- rode Agrippa, expire dévoré par les vers (4). Sous Septime Sévère, le légat de Cappadoce, Claudius Her- minianus, qui a cruellement tourmenté les chrétiens, reste abandonné de tous dans son palais , où les vers le consument (5). (1) Laclance, Dz mort, pers., 33; Eusèbe, Hist. EccL, VIII, 16, 4, 5; De vita Const., I, 57; Anonyme de Valois; Aurelius Victor, De Cxsaribus, 40, 9; Epitome, 40, 4, 5; Zosime, Hist., II, 11. (2) ((... Ita ut de corpore impii vermes scaturirent, ac viventis in doloribus carnes ejus efïluerent, odore eliam illius et fœlore exercilus gravarelur. » // Mach., IX, 9. (3) Josèphe, De Bello Judaico, I, 21. (4) « Et consumptus a vermibus, expiravit. » Act. Apost., XII, 23. (5) « Claudius Ilerminianus in Cappadocia, cum christianos crude- liler Iraclasset. solusque in pia?lorio suo vastatus peste, vivus vermi- bus ebullisset... » Tertuliien, Ad Scapulam^ 3. — Sozomène raconte 154 LES CHRETIENS DEPUIS L'EDIT DE TOLÉRANCE. La science des médecins paraissait impuissante : Galère se tourna vers les dieux. Il envoya consulter Apollon et Esculape. Apollon avait été interrogé déjà, neuf ans plus tôt, et la réponse de ses prêtres avait poussé à la persécution. Cette fois, l'oracle indiqua un remède, qui fit beaucoup de mal au persécuteur (1). Les souffrances de Galère devinrent intolérables. Alors, vaincu par la douleur, il reconnut la main qui le frappait. Si l'on en croit une addition de Rufm à V Histoire d'Eusèbe, ce fut un mot d'un de ses méde- cins qui lui ouvrit les yeux. Le médecin venait d'être condamné à mort, comme l'avaient été plusieurs de ses collègues, pour n'avoir pas su guérir un mal in- guérissable. Avant de quitter la chambre impériale et d'aller au supplice, il dit à Galère : « Tu te trompes, empereur, en croyant que les hommes puissent te sauver d'un mal envoyé par Dieu. Ceci n'est point une maladie humaine et du ressort des médecins. Rap- pelle-toi tes cruautés envers les se rviteui^ de Dieu, ton impiété envers sa religion : tu sauras où doit être cherché le remède. Tu peux me faire mourir avec les autres : mais, sache-le, pour toi les médecins ne peu- vent rien (2). » Que ces paroles aient été réellement de même la mort du comte Julien, oncle de l'empereur de ce nom, et persécuteur plus acharné encore que son neveu; le remède que les médecins employèrent (en vain) pour le soulager ressemble à celui qui fut essayé sur Galère : on posait sur les parties malades la graisse de volailles, afin d'attirer les vers au dehors. So/.omène, Hist. Fccl., V, 8. (1) « Apollo et Asclepius orantur, reinedium llagilatur. Dat Apollo curam. Malum multo pejus augetur. » Lactance, De mort, pers., 33. (2) Rufin, Hist. EccL, VIII, 18; Orose, VIIL 28. LEDIT DE TOLERANCE ET LA MORT DE GALERE. 155 prononcées, ou que Galère se les soit dites à lui-même dans le silence de ses nuits d'insomnie, elles expri- ment les réflexions qui durent se présenter à son es- prit quand il vit les hommes et les dieux également impuissants à le soulager. « N'apprenez pas mon état aux chrétiens, de peur qu'ils ne se réjouissent, » s'écriait de son lit d'agonie le légat de Cappadoce , en proie à la même maladie que Galère (1). Une telle parole est d'un particulier, non d'un roi. Tout, chez un souverain, doit être pu- blic, le repentir comme le crime. Cette publicité même est une partie du châtiment. Il faut que l'hu- miliation soit complète, et que la môme main qui a écrit l'édit de persécution l'efface à la vue du monde entier. La peur y va contraindre Galère. Son histoire avait été d'avance racontée dans le livre des Macha- bées. Quand Antiochus sentit l'odeur insupportable qui s'exhalait de ses plaies, il s'écria : « 11 est juste de se soumettre à Dieu et de ne pas se croire son égal ! » Il pria donc le Seigneur et tenta de composer avec la justice divine, promettant de rendre libre la cité sainte, dont il avait juré la ruine, d'accorder les droits dont jouissaient les Athéniens à ce peuple juif auquel naguère il refusait la sépulture, de se faire juif lui- même. Puis, voyant que la main de Dieu ne se retirait pas de lui, il écrivit à ceux qu'il avait persécutés une lettre étrange, dans laquelle il leur parlait de ses (1) Terlullien, Ad Scapulam, 3. Voir Histoire des persécutions pendant la première moitié du troisième siècle, 2^ éd., p. 148. 156 LES CHRETIENS DEPUIS L'EDIT DE TOLERANCE. bienfaits et recommandait son fils à leur fidélité (1). Galère aux abois montra le même repentir, intéressé et sans grandeur. Quand la moitié de son corps fut devenue d'une maigreur de squelette et l'autre d'une enflure démesurée (2), il se décida, comme Antiochus, à traiter avec Dieu. On l'entendit, lui aussi, s'écrier dans les intervalles que lui laissait la souffrance : « Je rétablirai le temple de Dieu! je satisferai pour mes crimes (3)! » Mais, dans la ruine de son corps, Tin- domptable orgueil restait debout : Galère essaya de le sauver en couvrant d'un langage hypocrite l'aveu public de sa défaite. C'est ainsi qu'il rédigea « ce sin- gulier édit, moitié insolent, moitié suppliant, qui commence par insulter les chrétiens et finit par leur demander de prier leur maître pour lui (i). » « Entre toutes les mesures que nous n'avons cessé de prendre pour le bien et l'utilité de la République, nous avions voulu naguère ramener toutes choses aux anciennes lois et à la discipline traditionnelle des Romains, et pourvoir en particulier à ce que les chré- tiens, qui avaient abandonné la religion de leurs pères, revinssent à de meilleurs usages. Mais telle fut leur mauvaise volonté et leur folie, qu'ils ne suivaient même plus les anciennes coutumes que leurs premiers fondateurs avaient instituées, mais qu'ils se faisaient (1) // Mach., IX, 12-23. (2) Laclance, De mort, pers., 33. (3) Ilnd. (4) A. de Broglie, l'Église et l'Empire romain au quatrième siècle^ t. I, p. 182. I LEDIT DE TOLERANCE ET LA MORT DE GALERE. 157 des lois selon leurs caprices, et tenaient en divers lieux des assemblées différentes. Enfin, après que nous eûmes commandé que chacun retournât aux coutumes des anciens, beaucoup obéirent par crainte, beaucoup aussi furent châtiés ; mais comme le plus grand nombre persévérait dans son obstination, et que nous voyions que d'une part ils ne rendaient pas aux dieux le culte et l'honneur qui leur sont dus, que d'autre part ils n'adoraient même pas le Dieu des chrétiens, n'écoutant que notre extrême clémence et notre perpétuelle disposition à traiter doucement tous les hommes, nous avons cru devoir étendre à eux aussi notre indulgence, et permettre que les chrétiens existent désormais et rétablissent leurs assemblées, pourvu qu'ils ne fassent rien contre la discipline. Par une autre lettre nous informerons les magistrats des règles qu'ils doivent suivre. En retour de notre indul- gence, ils devront prier leur Dieu pour notre salut, pour celui de l'État et pour le leur propre, afin que partout la République soit prospère et qu'eux-mêmes puissent vivre tranquilles dans leurs demeures (1). » Peu d'écrits trahissent autant que celui-ci la dissi- mulation et la peur. Pas une parole n'est franche et ne va droit au but. Au lieu d'avouer honnêtement son erreur, Galère essaie de ruser avec l'opinion publique, avec sa conscience et avec Dieu. Il tente de fausser l'histoire par un ridicule mensonge qui ne pouvait (1) Laclance, De mort, pers., 34; Eusèbe, Hist. Eccl., VIII, 17. — Le texte de Laclance reproduit l'original latin; Eusèbe le traduit, avec quelques variantes. 158 LES CHRÉTIENS DEPUIS LEDIT DE TOLÉRANCE. tromper aucun des contemporains, témoins et lecteurs des édits de persécution : qui sait si, dans sa supers- tition grossière, il ne se flatte pas de duper le Christ lui-même et de se justifier devant lui par la plus mi- sérable des excuses? Galère, à Ten croire, ne voulut pas être le persécuteur du christianisme, mais son ré- formateur. La cruelle politique imposée par lui à Dioctétien et suivie depuis 303 eut moins pour objet de ramener violemment tous les hommes au culte des dieux et de détruire la religion chrétienne, que de rétablir celle-ci dans sa pureté primitive. On n'attaqua pas l'Église, mais les sectes qui la déchiraient (1). C'est dans l'intérêt de l'orthodoxie , menacée par les divi- sions intestines des fidèles, que les mines ont été remplies de confesseurs estropiés, que les sanctuaires chrétiens ont été abattus, les Écritures brûlées, que les amphithéâtres ont bu le sang des martyrs, et que les bûchers fument encore! Voilà ce qu'insinue Ga- lère (2) clans un langage ambigu, embarrassé, où la (1) Cette tactique est an-cienne; voir Celse, dans Origène, Contra Celsum, III, 10. (2) Ce sens de l'édit, qui parait méconnu par M. de Cliampagny {les Césars du troisième siècle, t. III, p. 423), a été ainsi compris par les meilleurs commentateurs anciens de Lactancc : Baluze, Guper, Colomb, Bauldri. — Gorres l'explique comme nous le faisons, dans son article Toleranzcdicic (Kraus, Real-EncyJd. der chrisil. Al- terth., t. II, p. 897). Mason le commente de même [The persécution of Diocletian, p. 299). — Il n'est pas possible d'admettre l'opinion de Keim [Dierom. Toleranzedicte, dans les Theol. JahrbUcherj 1842), reproduite i)ar Stiipffer [Encyclopédie des sciences religieuses, t. III, p. 389), qui prend au sérieux le désir manifesté par Galère de faire cesser les divisions des fidèles, voit dans le vieux persécuteur un pré- curseur de Constantin, et résume ainsi ses intentions : « Ce que LEDIT DE TOLERANCE ET LA MORT DE GALERE. 159 phrase, en ses longs replis, a des allures fuyantes et tortueuses, où les mots cux-mômes offrent souvent deux sens. Le style impérial ne se retrouve que dans le dispositif, dont la netteté fait un frappant contraste avec cet étrange exposé des motifs, et en éclaire d'une lueur impitoyable la fausseté. Les chrétiens reçoivent la permission « d'être » et de rebâtir leurs églises (1). Puis l'hypocrite se montre de nouveau dans l'invita- tion finale, où Galère les engage à prier non seulement pour son salut, mais pour l'État et pour eux-mêmes. Le persécuteur malade sollicite l'intercession de ses victimes à la manière d'un pauvre honteux, qui n'ose demander franchement l'aumône, et enveloppe sa re- quête dans une formule équivoque, où il faut la devi- ner. Qui donc a vu dans l'édit de Galère « une impé- riale et fière rétractation (2) ? » Ce n'est même pas l'acte d'un pécheur repentant (3), car le repentir parle un autre langage ; c'est une réparation tardive arra- chée par la crainte à la souffrance, et où ne se re- trouve nulle part l'accent d'une de ces confessions sincères qui honorent le coupable et désarment la justice de Dieu. Ce singulier document, en tête duquel furent mis, Galeiius veut voir s'élablir, c'est l'unilé ecclésiastique dans l'Église chrétienne. " (1) « Ut denuo sint chrisliani, et conventicula sua componant. y — Sur l'expression sint christiani, voir Histoire des persécutions pen- dant les deux premiers siècles, 2^ éd., p. 165-167. (2) « Einkaiserlicher, einstolzer Widerruf. » Kcirn, Constantin, p. 14. (3) « Die That des reuigen Sundcrs. » Corres, Toleranzedictc^ dans Kraus, Real-Ency/d. der chrisLl. Alterth., t. II, p. 897. 1 60 LES CHRETIENS DEPUIS LEDIT DE TOLERANCE. avec les noms de Galère, ceux de Constantin et de Licinius, avait été probablement rédigé dès 310 (1); mais il fut seulement promulgué Tannée suivante. Le 30 avril, Lactance le lut sur les murs de Nicomédie. On se hâta de le publier dans la Bithynie, le Pont, la Galatie, l'Asie, la Cappadoce, dans toutes les provinces asiatiques de la juridiction de Galère, dans celles qu'il possédait en Occident, dans les États de Licinius, même dans ceux de Constantin, où cependant la persécution n'avait pas besoin d'être arrêtée. Maxence, dont l'au- torité n'était pas reconnue par Galère et dont le nom, par conséquent, ne figurait pas en tête de l'édit, ne lui donna pas force de loi dans l'Italie, ni dans l'Afri- que rentrée en 311 sous son obéissance; mais la paix (une paix précaire et souvent troublée) existait pour l'Église dans tous les pays où il dominait. Restaient ceux de Maximin Daia, c'est-à-dire la Cilicie, la Syrie et l'Egypte. Le nom de cet empereur n'est pas cité dans la suscription de l'édit, telle que la rapporte Eu- sèbe. Peut-être n'osa-t-on demander l'adhésion de ce féroce persécuteur, le plus cruel qu'aient eu encore les chrétiens (2), ou même la refusa-t-il pour conserver (1) Hingenfelds, dans Zeitschr. f. iciss. TlieoL, 1885. p. 509; cité par Gorres, /. c. (2) Tw xa6' yi[;,(]5v aaoSpOTspov r, ot Tipoffôsv xal Tr-JxvoTcpov èixîxiôcTO ôiwYfxw. Eusèbe, Hist. EccI ., VIII, 14, 9. — Tr;; tU tôv tûv ôXcov Osôv sOo-eêsiaç 7io),£(JLiwTaTo; Ysyovwç. Ibid., IX, 1. — Ma^ifJLÏvo; ô [xex' èxsivou; (AioxXcTiavov xai Ma^uxtavov) xal "jTràp èxïivo'j; ôttôxxri;. Saint Grégoire de Nazianze, Oi^af. IV, 9G. — « Legamus historias ecclesiasticas, quid Valerianus, quid Decius, qHid Diocletianus, quid Maximianus, quid sxvissinnis omnium Maximimis... passi sunt. » Saint Jérôme, In cap. 14 Zacharix. "N ' ET. r.'îCHAEl.'S \ -^ L'EDIT DE TOLÉRANCE ET LA MORT DE GALERE. IGl sa liberté cVactiou. Cependant, il lui était difficile de paraître ignorer complètement un acte qui, d'après la fiction constitutionnelle introduite lors de l'établis- sement de la tétrarchie, émanait du collège impérial tout entier et faisait loi pour l'universalité de l'Empire. Il parait s'être arrêté à un moyen terme. Sans promul- guer textuellement Tédit des trois empereurs dans les provinces de sa juridiction, il intima verbalement à ses ministres (c'est-à-dire au préfet du prétoire et au vicaire du diocèse d'Orient) l'ordre de cesser la persécution, et les chargea de communiquer cet ordre aux gouverneurs des diverses provinces (1). Par ce moyen, Maximin se donnait vis-à-vis de ses collègues et même de ses sujets le mérite d'acquiescer à l'édit; mais en même temps il se gardait d'engager publique- ment sa parole, et se contentait de transmettre par la voie hiérarchique des instructions destinées aux seuls fonctionnaires, dépourvues de solennité et toujours révocables. Voici la circulaire que Sabinus, préfet du prétoire, adressa à tous les gouverneurs; Eusèbe l'a traduite en grec, d'après l'original latin : (( Depuis longtemps la Majesté de nos seigneurs les très sacrés empereurs avait résolu, dans sa conti- nuelle sollicitude, de ramener tous les hommes à une vie pieuse et régulière, de telle sorte que ceux qui (1) 'Euel yàp aÙTw jjly) è|rjV a)liù^ Tri tc5v xpevxxovwv àvTiXs'ysiv xpîaei, TGV TiposxTeOévTa v6[j.ov £v TTorpao-joTto 0ei;, xal ôttw; èv toT; Otî' aÙTov [XEoeffi \Li] el; TipounTov à'/Oeir, çpovTÎaa;, àypa^w Tzç>o,),riXoi; ôià Ypaf/iç u7roar,(JLaîvo"Jc-',v. Eusèbe, Eist. Eccl.j IX, 1. V. 11 162 LES CHRETIENS DEPUIS LEDIT DE TOLERANCE. paraissaient embrasser des rites étrangers et contraires aux institutions romaines rendissent désormais aux dieux immortels le culte qui leur est dû. Mais l'entê- tement et l'obstination de quelques-uns se sont mon- trés si grands, que ni la justice du commandement impérial, ni la crainte de supplices imminents, ne les ont pu détourner de leur résolution. Et comme il ar- rivait que, pour ce motif, un grand nombre se jetaient dans d'extrêmes périls, la Majesté de nos seigneurs les invincibles princes, remplie de pitié et de clé- mence, a commandé à notre dévotion d'envoyer cette lettre à votre sagesse : afin que si quelqu'un des chré- tiens était surpris observant la religion de sa secte, vous le délivriez de toute inquiétude et de toute vexa- tion et ne lui infligiez aucune peine, car une très longue expérience nous a prouvé qu'il n'existe aucun moyen de les détourner de leur entêtement. Votre zèle doit donc écrire aux curateurs, aux stratèges et aux préposés des bourgs, dans chaque cité, afin qu'ils sachent que, à l'avenir, il n'est plus permis de s'oc- cuper de cette affaire (1). » Entre Tédit de 311 et la lettre émanée du prétoire de Maximin, les différences sont considérables. M la forme ni le fond ne se ressemblent. Maximin n'éprouve pas le besoin de défendre sa conduite antérieure, et ne cherche pas à la déguiser sous des couleurs men- songères. Ce n'est pas lui qui se poserait en ami mé- connu des chrétiens. Il dit sans ambages que le but de (1) Eusèbe, Ilist. Eccl., IX, 1, 3-6. L ÉDIT DE TOLÉUANCt: KT LA MOUT DE GALÈRE. IG3 la politique impériale a été, jusqu'à ce jour, de ra- mener de force au pied des autels des dieux les dissi- dents qui s'en étaient écartés. Il parle des supplices dont la terreur n'a pu contraindre ceux-ci à Tobéis- sance. Avec une franchise dont il convient de lui sa- voir quelque gré, Maxiinin avoue que l'obstination des chrétiens a été plus forte que la volonté des empe- reurs. Rien de doucereux et d'attendri dans son lan- gage ; rien qui marque le regret ou le remords. Il n'a nulle envie de solliciter de ses victimes des prières pour son salut et pour la prospérité de son Empire. On comprend, en lisant le document rédigé par son ordre , que s'il se résigne à mettre un terme dans ses États à la persécution, c'est parce qu'il ne peut, seul, résister à la majorité de ses collègues; mais, si le lion est muselé, le tranchant de sa griffe se sent au style court, sec, impérieux et maussade. Rarement grâce fut accordée avec une mauvaise humeur moins dé- guisée. Le fond même, si l'on y regardait bien, n'é- tait pas plus rassurant que la forme. Les mots essen- tiels de l'édit des trois empereurs manquent dans la lettre du prétoire de Maximin. (ialère avait rendu aux chrétiens le droit « d'être », c'est-à-dire reconnu leur existence légale; Maximin prescrit seulement de ne pas les inquiéter, substituant ainsi au droit une simple et précaire tolérance. Il n'est pas question, sous sa plume, de l'autorisation donnée par Galère de rebâtir les églises. Dans l'édit, l'exposé des motifs paraissait vague, confus, contradictoire, le dispositif seul était net et clair. Dans la lettre, au contraire, l'exposé 16i LES CHRÉTIENS DEPUIS LEDIT DE TOLÉRANCE. n'offre aucune ambiguïté, mais le dispositif est plein de réticences, qui cachent des pièges. Le désir de la paix était si universel, que personne ne voulut les apercevoir. Dans les États de Maximin comme dans ceux de Galère la joie fut sans mélange. Les prisons s'ouvrirent, les mines se vidèrent. Les ma- gistrats avaient autant de hâte d'en tirer les confes- seurs que ceux-ci d'en sortir (1). Quelques-uns, comme Donat, à Nicomédie, étaient depuis six ans dans les fers (2). Bientôt les routes furent pleines d'exi- lés qui se hâtaient vers la patrie. On oubliait les plaies encore vives, les mutilations, les infirmités; le bon- heur rendait des forces et semblait donner des ailes. Les confesseurs marchaient en troupes, trompant par des chants d'allégresse la fatigue du chemin : quand ils arrivaient dans les villes, ils se formaient en lon- gues processions et parcouraient les rues, les places, avec des hymnes d'actions de grâces (3). Quelquefois s'approchaient timidement des chrétiens moins fer- mes, qui avaient eu le malheur de failHr pendant la persécution ; ils saisissaient la main de ces frères re- trouvés, de ces héros de la foi, et les priaient de de- mander grâce à Dieu pour eux (4). Puis les groupes (1) OO; tlyov £v û£a[xa)TTjptoi; v.aTîipyfxévou; oià Tr;v zl; to 6etov ôtxo),o- yîav, tic çavspôv TtpoàyovTs; yjXîuOspouv, àvisvTe: totjtcov ùt, aÙTwv toù; èv [jLeTà>.Xot; int xijjifopia ôs8o|X£vo'j;. Eusèbe, Hist. Eccl., IX, 1, 7. (2) " Tune apertis carceribus, Donate charissime, ciim céleris confes- soribus e custodia liberatus es, cuni tibi carcer sex annis pro domici- lio fuerit. » Laclance, De mort, pers., 35. Voir t. I, p. 232. (3) Eusèbe, Hist. Eccl, IX, 1, 10. (4) Ibid., IX, 1, 9. L'ÉDIT DE TOLÉRANCE ET LA MORT DE GALÈRE. 105 se rompaient, et l'on voyait les confesseurs se hâter, rayonnant de joie, vers leurs maisons qu'ils avaient cru ne jamais revoir (1). Peu à peu, ou plutôt, dit Eu- sèbe, avec une promptitude incroyable, les commu- nautés chrétiennes se reformèrent, les Églises se rele- vèrent des ruines matérielles et morales sous lesquelles elles avaient paru ensevelies, les offices recommen- cèrent (2). Témoins de tant de scènes grandioses ou touchantes, d'une si rapide et si merveilleuse résur- rection, les païens ne pouvaient cacher leur sur- prise; on les entendait parfois s'écrier: «Il est seul grand, il est seul vrai, le Dieu que les chrétiens ado- rent (3) ! » Galère ne vécut pas assez pour voir ce spectacle. Le Dieu qu'il implorait en injuriant ses fidèles ne se laissa pas toucher par un repentir tardif et des men- songes intéressés. L'instigateur de la persécution, l'au- teur de tous les maux de ce temps, le mauvais génie de Dioclétien, mourut dès le mois de mai, après des souffrances horribles; près de son lit était accouru Licinius, moins peut-être pour adoucir les derniers moments de l'Auguste auquel il devait la pourpre, que pour mettre plus vite la main sur son héritage . Au moment d'expirer. Galère recommanda sa femme Valérie et son fils Gandidien à la protection de cet ami sur (i), qui deux ans plus tard les fera tuer. (1) Eusèbe, IHst. Eccl., IX, 1. II (2) Lactance, De mort, pers., 35. (3) Ibid. (4) Ibid. ir.6 LES CHRETIENS DEPUIS LEDIT DE TOLERANCE. II Attaques insidieuses de Maximin contre le christianisme. La mort de Galère faillit être l'occasion d'une nou- velle guerre civile. Deux prétendants se présentaient pour recueillir sa succession. Pendant quelque temps, les armées de Licinius et de Maximin furent en pré- sence et semblèrent se regarder, menaçantes, des deux côtes opposées de la Propontide. Enfin, dans ce détroit de Chalcédoine qui formait, selon les cas, la borne ou le trait d'union de l'Orient et de l'Occident romains, les deux empereurs eurent une entrevue. Elle se termina par un accord, qui laissait à Licinius toute la dépouille européenne, à Maximin toute la dé- pouille asialique de Galère, et portait les États du premier jusqu'aux rives de la Thrace, ceux du se- cond jusqu'aux plages de laBithynie (1). On se figure l'impression que toutes ces nouvelles produisirent sur le triste reclus de Salone. Il avait pro- bablement vu sans déplaisir la paix rendue aux Églises. C'était sans doute un complet démenti donné à sa politique religieuse ; mais cette politique avait été par lui subie pkitôt que choisie de plein gré; elle était surtout l'œuvre personnelle de Galère : Dioctétien s'en détachait aisément, si même, dans le secret de ses pen- (1) Lactance, De mort, pers., 36. ATTAQUES INSIDIEUSES DE MAXIMIN. 107 sées, il ne l'avait plus d'une fois déplorée et maudite. Bien plus chère lui demeurait son œuvre politique. La tétrarchie avait déjà subi tant d'assauts, qu'il n'en res- tait, à vrai dire, que des ruines; cependant les ap- parences subsistaient encore, et, tant que Galère avait été vivant, quatre empereurs (sans compter Maxence, traité par eux de rebelle) avaient gouverné le monde romain d'un commun accord. Aujourd'hui, Galère ve- nait de disparaître : les survivants du collège impé- rial ne s'étaient point occupés de lui choisir un suc- cesseur. Loin de là, deux d'entre eux s'étaient rués sur ses États, se les étaient partagés comme une proie, après avoir été sur le point d'en venir aux mains; le troisième Auguste n'avait même pas été consulté. Que restait-il de ce que voulut et rêva Dioclétien? Pas même un souvenir, une ombre, une fiction. Il avait vu tomber ses statues; il voyait maintenant s'en aller en poussière les derniers débris de son édifice politique. Une peine plus intime lui fut peu après annoncée. Sa fille Valérie avait refusé de vivre dans les États de Licinius, à qui Galère mourant l'avait confiée. Elle croyait que sa retraite serait plus sûre et plus honorée près du neveu de son époux, et alla demander asile à Maximin. Ce qui rassurait la jeune veuve, accoutumée aux soudaines et brutales passions de ces cours disso- lues de l'Orient, c'était la présence d'une impératrice dans celle de xMaximin : Licinius, au contraire , n'était pas marié, et lui faisait peur. Valérie ignorait sans doute la licence effrénée de son hôte. A peine eut-elle 168 LES CHRÉTIENS DEPUIS LEDIT DE TOLÉRANCE. passé le détroit et se fut-elle installée dans les États de Maximin, qu'une injurieuse ambassade lui fut en- voyée. L'empereur d'Orient faisait demander la main de cette femme encore enveloppée dans ses voiles de veuve. Il promettait de répudier l'impératrice, si Va- lérie l'acceptait pour époux. La fille de Dioctétien répondit aux envoyés avec la fierté d'une princesse, on dirait volontiers avec la pudeur blessée d'une chrétienne, si l'on était siir qu'elle eût racheté par la pénitence l'apostasie que son père lui avait naguère imposée (1). « Je ne saurais, dit-elle, entendre parler de mariage quand je porte ces tristes habits, quand les cendres de mon mari, l'oncle et le père adoptif de votre maitre, sont encore tièdes. D'ailleurs, Maxi- min ne pourrait sans impiété répudier une épouse fi- dèle, en attendant qu'un nouveau caprice me fit répu- dier moi-même. Enfin, il serait sans exemple qu'une femme de mon nom, de mon rang, se mariât deux fois. » Cette réponse, rappoi'tée à Maximin, le mit hors de lui. L'amour méprisé se tourna en haine furieuse. Dès lors, la malheureuse femme se vit l'objet d'une persécution sans trêve. Ses biens furent confisqués, ses eunuques massacrés , ses amies poursuivies d'infâmes accusations. Lactance cite trois dames de haute nais- sance et de haute vertu , immolées à Nicée , en haine de Valérie, sous la fausse inculpation d'adultère : on n'avait pu produire contre elles d'autre témoin qu'un juif perdu de crimes, qui, sur la promesse de l'impu- (1) Voir t. I, p. 1G8. ATTAQUES INSIDIEUSES DE MAXIMIN. 1G9 nité, consentît à se déclarer leur complice, et il fal- lut mettre sur pied toute une armée pour empêcher le peuple indigné d'arracher ces innocentes aux mains des bourreaux. Pendant ce temps Valérie, accompa- gnée de sa mère Prisca, qui vivait avec elle, errait d'exil en exil. L'ingénieuse cruauté de Maximin ne ces- sait de les tourmenter. Quand les deux princesses étaient arrivées à la résidence qui venait de leur être assignée, soudain on les faisait partir précipitamment pour une autre , comme si l'on eût voulu ne leur lais- ser aucun repos. Enfin, du fond des déserts de Syrie, Valérie parvint à informer Dioclétien de son triste sort. Mais celui-ci envoya vainement au persécuteur de nombreuses ambassades, lui rappelant ses bien- faits, le suppliant de lui rendre sa fille : iMaximin, qui n'avait rien à craindre d'un vieillard désarmé, oppo- sait à toutes les prières le plus brutal refus (1). La résistance de Valérie, dont il n'ignorait pas l'ancienne religion , contribua peut-être à réveiller la haine de iMaximin contre les chrétiens. Six mois ne s'étaient pas écoulés depuis la mort de Galère , que déjà il commençait à reprendre en détail les con- cessions accordées à l'Église (2). La cauteleuse rédac- tion des lettres envoyées en son nom lui en laissait les moyens. Il y avait dans chaque ville un lieu où les chré- tiens s'étaient portés en masse dès qu'ils crurent pou- (1) Lactance, De mort, pers., 39-il. (2) O'jS' ô).ou; èttI [xrjva; ïl toùtov eTr'.Tî/eÎTÔai xèv xpoTiov yynrsyiio. Eusèbe, Hin. EccL, IX, 2. 170 LES CHRETIENS DEPUIS LEDIT DE TOLERANCE. voir se rassembler de nouveau sans péril. C'était l'emplacement consacré par la sépulture des héros de la persécution. Là, sur les tombeaux des martyrs, sur ces ossements sacrés qui gardaient la trace du feu , du glaive, de la dent des bêtes, des prêtres échappés eux-mêmes aux prisons ou aux mines offraient le saint sacrifice en présence de la foule enthousiaste des pèle- rins. Maximin prit d'abord ombrage de ces réunions. De tels honneurs rendus à ses victimes lui parurent une protestation contre lui-même. Peut-être l'accent de triomphe avec lequel les orateurs ecclésiastiques exaltaient la courageuse résistance des martyrs sonna- t-il à ses oreilles comme un défi ou comme un ou- trage. Maximin avait dû se résigner pour un temps à paraître vaincu , mais il ne voulait pas que sa défaite fût trop bruyamment célébrée. Il imagina, dit Eu- sèbe, (( un prétexte quelconque (1) » pour intervenir : ce défenseur zélé des bonnes mœurs craignait-il qu'elles ne reçussent quelque atteinte des pieuses veillées qui, le soir, à la lueur indécise des torches ou sous la clarté douteuse de la lune, se prolon- geaient dans les cimetières? Dès le mois d'octo- bre 311 (2) une ordonnance impériale interdit aux chrétiens d'y tenir désormais des assemblées (3). C'est (1) Aià. Tipoçàaew;. Eusèbe, Hist. Eccl.,lX, 2, (2) Celle (laie résulte claiiemenl du lexle d'Eusèbe, disant que la to- lérance de Maximin ne dura pas plus de six mois, et que la première vexation concerna les cimetières. Six mois, à partir de l'édit de Galère, conduisent au mois d'octobre 311. (3) ripwTov [xàv Eipysiv Yifxà; t^ç èv toï; y.oiu.jriTr,pto'.c g'jvoôou 5ià upoçà- crew; netpôcToc. Eusèbe, Ilist. EccL, IX, 2. ATTAQUES INSIDIEUSES DE MAXIMIN. 171 peiit-otrc alors qu'ils s'aperçurent pour la première fois des réticences de la lettre de iMaximin, muette à dessein sur ce droit de réunion que l'édit de Galère avait formelleQient restitué aux Églises. Vers la fm de l'année, l'empereur parait avoir parcouru ses États, aussi bien ses anciennes provinces que celles qui lui provenaient de la succession de Galère. Les principales villes de l'Orient reçurent sa visite. Des adresses lui furent partout présentées; les malheureux provinciaux espéraient peut-être , à force de flatteries, désarmer le tyran, et protéger leurs femmes contre sa licence , leurs biens contre sa cupi- dité. Sur un point, ces adresses se ressemblèrent toutes, comme par l'efTet d'un mot d'ordre. On savait qu'après l'avarice et la débauche Maximin n'avait pas de plus violente passion que la haine des chré- tiens. Les députations qui le haranguaient au nom des cités , sûres de lui plaire , rivalisèrent de décla- mations et de plaintes contre les amnistiés de la veille. Le curateur d'Antioche, Théotecne, parait avoir donné l'impulsion à ce mouvement. C'était, comme son homonyme de Galatie (1), un ambitieux sans scru- pules, à la fois violent et rusé, capable de tous les crimes et de toutes les fautes (2). Secrètement d'ac- (1) Voir t. I, p. 76, 179, 237, 331-345. (2) 'Qv TiàvTwv àc/jjo; ètï' a-jT?;; 'Aviioye'-a; cKiç-jSTai Oeotsxvoç, Set- vô; xai yor,;; y.a; 7:ovr,pôç àvy;p, xat xv^; Trpoccovujxta; àWoxpio;' Èod/ei 6è ),oyi(7T£Tjetv îà yatà -rriv 7:6),iv. Eusèbe, Hist. Eccl., IX, 2, — Les fonc- tions de /oyi'îTi^ç ou de curator civitaiiSj purement municipales au 172 LES CHRETIENS DEPUIS LEDIT DE TOLÉRANCE. cord avec Maximin , il persuada sans peine à ses ad- ministrés que le meilleur moyen de faire leur cour à l'impérial visiteur serait de lui adresser une pétition contre les chrétiens. Jusqu'à l'arrivée de celui-ci, les sectateurs des deux religions avaient vécu en paix : les uns se réjouissaient peut-être un peu trop vite du repos recouvré après tant d'épreuves; les autres éprouvaient peut-être quelque humiliation de cette joie ; mais l'harmonie n'était pas troublée, et une im- pression générale de bien-être remplaçait probable- ment, chez les païens eux-mêmes, l'agitation fébrile des temps de persécution. La venue annoncée de Maximin révéla tout à coup à ces derniers une incom- patibilité jusqu'alors inaperçue. Avec la souplesse et la servilité des Orientaux, ils se hâtèrent d'entrer dans les vues du curateur, dont ils devinaient la con- formité aux désirs du souverain. Celui-ci, dès son arrivée dans la métropole de l'Orient, reçut des récla- mations contre les chrétiens. On exprima probable- ment, av^ec une apparente hardiesse que l'on savait devoir être bien reçue , le regret des concessions qui leur avaient été faites; sans en demander la révoca- tion formelle, les meneurs et les dupes qui préten- daient représenter les habitants d'Antiochc sollicité- quatrième siècle, que remplissait Théotecne, emj^èchent de le confon- dre avec son homonyme qui occupait le poste plus élevé de gouver- neur de province au commencement de la persécution. Le Xo^'kjtt^; d'Antioche sera précisément pourvu par Maximin, un peu plus tard, d'un gouvernement de province en récompense de ses entreprises contre les chrétiens (Eusèbe, Iliit. EccL, IX, 11, 5). I ATTAQUES INSIDIEUSES DE MAXIMIN. 173 rent de l'empereur, comme le plus grand bienfait que la ville pût recevoir, rinterdiction pour tout chrétien d'habiter dans ses murs (1). L'exemple d'Antioche fut suivi. L'entente était si bien établie entre l'empereur et les pétitionnaires, que les contemporains ont pu lui imputer, sans blesser la vraisemblance, d'avoir organisé les députations qui venaient l'entretenir des affaires de l'Église. '< C'est lui qui se les adressait , » dit Eusèbe (-2) ; Lactance ajoute : « Il avait suborné des légations des cités, chargées de lui demander de ne pas permettre aux chrétiens de construire des lieux d'assemblées dans leur enceinte , afin de paraître prendre sous la pression de l'opinion publique les mesures auxquelles il était résolu (3). » Le texte de l'une de ces pétitions , celle des habi- tants de la province de Lycie et de Pamphylie, a été retrouvé dans les ruines d'Aricanda, petite ville ly- cienne. Elle est en grec , et s'exprime ainsi : « Aux sauveurs de tout le genre humain , aux au- gustes Césars Galerius Valerius Maximinus , Flavius Va- lerius Constantinus, Valerius Licinianus Licinius, sup- plique adressée par le peuple des Lyciens et des Pamphyliens. (1) Toùç 'AvTioxéujv TTO/.tTaç 7iaç/op[xr,(Ta; èTii to [jLr,oa[j.c5; T-.va XpicTia- vtôv Tr)v aOTwv olxsîv ETrtTpÉTisaOat TiaTpiôa wç èv [xsYÎaxr; twpea Tiap' aÙToù Tu/ôïv à^iaxrai. Eusèbe, Hist. EccL, IX, 2. (2) AÙTo; éauTù) xa9' y)(jLa)V Trpeffêî'jetai. Ibid. (3) « Subornatis legationibus civitalem quœ pelèrent ne inlra civila- tes suas christianis conventicula exlriiere licerel, ut quasi coactus et inipulsus facere videretur quod erat sponle facturas. « Lactance, De mort, pers., 3G. 174 LES CHRETIENS DEPUIS LEDIT DE TOLÉRANX'E. « Les dieux vos congénères, ô divins empereurs, ayant toujours comblé de faveurs manifestes ceux qui ont leur religion à cœur et les prient pour le perpé- tuel salut de nos maîtres invincibles , nous avons cru bon de recourir à votre immortelle Majesté, et de lui demander que les chrétiens, depuis longtemps impies et ne cessant de Têtre, soient enfin réprimés et ne transgressent plus par leur culte mauvais et nouveau le respect que Ton doit aux dieux. Ce résultat serait atteint si, par votre divin et éternel décret, étaient interdites et réprimées leurs observances impies, et qu'on les forçât de pratiquer le culte des dieux vos congénères, de les invoquer pour votre éternelle et incorruptible Majesté, ce qui profiterait évidemment au bien de tous vos sujets (1). » L'une de ses réponses a été conservée par lui-même. (( Lorsque, Tannée dernière, je fis mon heureuse en- trée à Nicomédie, — écrit-il, en 312, à son préfet Sabinus, — les habitants de la cité vinrent au-devant de moi avec les images des dieux; ils me supplièrent d'interdire à ces gens (les chrétiens) d'habiter dans leur ville. Sachant qu'il y avait dans le pays beau- coup de sectateurs de cette religion, je répondis que j'accorderais volontiers ce qui m'était demandé , mais (1) Mommsen, dans Archdologisch-epigraphischen Mdtheilungen ans Osterreich, t. XVI, 1893, p. 92-102, 108; supplément au tome III du Corpus inscriplionum latinanun, n° 12, 132, p. 2056-2057; Duchesne, dans Bulletin critique, 1893, p. 157; De Rossi, dans Bull, di archeologla crisiiana, 1894, p. 5i. — Voir le Christianisme et l'Empire romain, 3"^^ éd., p. 307-308. ATTAQUES INSIDIEUSES DE MAXIMIN. 175 que je ne voyais pas que la pétition émanât de tous les citoyens. Si donc il y en avait qui persistassent dans la superstition des chrétiens, chacun devait être libre de suivre ses sentiments et ses opinions; si au contraire ces chrétiens voulaient revenir au culte des dieux, cela leur était permis. Cependant je jugeai né- cessaire d'accueillir favorablement la pétition des ha- bitants de Nicomédie, et celles qui me furent présen- tées avec de grandes instances par d'autres villes, qui demandaient aussi à être interdites aux chrétiens; car on me fit observer que telle avait été la décision des empereurs qui m'avaient précédé; qu'une telle mesure serait approuvée des dieux immortels, par lesquels sont conservés FÉtat et le genre humain tout entier; que je devais, par conséquent, faire droit à la demande qui m'était adressée dans Fintérêt du culte des dieux (1). » Quand Maximin eut ainsi créé par des moyens fac- tices un courant d'opinion, auquel après une feinte résistance il s'empressa de céder, sa joie éclata sans contrainte. Du rescrit envoyé aux Lyciens et aux Pam- phyliens, et rédigé en latin, qui même en Orient était la langue officielle, il ne reste qu'un fragment; mais ses lignes mutilées suffisent pour montrer à quels sentiments d'intérêt les meneurs du mouvement fai- saient appel. « Quelques témoignages de munificence que vous vouliez maintenant nous demander, — dit l'empereur aux pétitionnaires, — vous pouvez croire (1) Eusèbe, Eist. EccL, IX, 9, 4-G. 176 LES CHRETIEINS DEPUIS LEDIT DE TOLERANCE. que dès à présent nous vous les donnons et que vous les avez reçus, car vous les obtiendrez sans retard et à jamais; ils prouveront notre piété envers les dieux immortels et démontreront en même temps que vous avez acquis de notre clémence de justes récom- penses pour vos fils et votre postérité (1). » Cette ré- ponse, et au-dessous d'elle la supplique, furent à Aricanda gravées sur une stèle de marbre, que Ton exposa au forum. A Tyr, la manifestation fut plus éclatante encore. L'arrêté municipal interdisant, avec l'autorisation de l'empereur, le séjour de la ville aux chrétiens fut inscrit sur une tablette de bronze, que l'on attacha à une colonne érigée en mémoire de cet heureux événement; au-dessous du décret se lisait un message de félicitations adressé par Maximin aux magistrats et au peuple (2). Eusèbe en a pu prendre copie. C'est un véritable sermon païen. Ce genre d'é- loquence avait été peu cultivé , tant que le paganisme demeura la religion dominante et maintint son em- (1) Le Christianisme et VEmpire romain, Z^"" éd., p. 307. (2) L'usage d'exposer ainsi une reproduction des actes impériaux qui intéressaient une cité ou une province remonte loin dans Ihistoire. Le discours de Claude sur l'admissibilité des habitants de la Gaule che- velue à la dignité sénatoriale avait été gravé sur des tables de bronze, qu'on exposa à Lyon près de l'autel de Rome et d'Auguste (voir le texte des Tabulœ Claudianx, d'après l'estampage, dans Desjardins, Géographie historique de la Gaule romaine, {. III, pi. XIV). Le discours que prononça Néron aux jeux islhiniques quand il exempta les Grecs de tribut, a été récemment découvert par M. Holleaux en Béotie; à la suite du discours est gravé, sur la même stèle de marbre, le décret par lequel la ville d'Acraephiœ décide, en reconnaissance, d'élever un autel à Néron (Acad. des Inscriptions et Belles-Lettres, séances des 5 octobre et 16 novembre 1888). ATTAQUES INSIDIEUSES DE MAXIMIN. 177 pire sur la foule par le seul attrait des cérémonies et des fêtes; mais, après que le christianisme, en parlant aux âmes, en oflrant à tous un enseignement dogmatique et moral, en mettant à la portée des plus humbles la plus sublime et la plus populaire des philosophies, eut agrandi l'horizon religieux des païens eux-mêmes, ceux-ci montrèrent des exigences nouvelles. Le peuple voulut entendre parler de ses dieux. La prédication dut sortir de l'antre des mys- tères ou de l'étroite enceinte de l'école pour retentir dans le temple et sur la place publique. Il fallut créer une sorte d'apologétique païenne , chargée d'expli- quer ou de défendre une religion que la libre critique des missionnaires chrétiens battait tous les jours en brèche. Ce fut l'œuvre des néoplatoniciens, si mêlés depuis le troisième siècle aux affaires religieuses et politiques, si puissants à la cour des empereurs et en particulier à celle de Maximin. Il est difficile de ne pas reconnaître le style ou au moins l'inspiration de quelqu'un de ces conseillers favoris dans la lettre pas- torale adressée par Maximin au peuple de Tyr. C'est le Te Deiim du paganisme, chanté à la veille de sa dernière défaite. « Les faibles esprits ont recouvré des forces, — écrit l'impérial théologien , — les ténèbres de Ter- reur, qui enveloppaient d'un mortel brouillard des hommes plus malheureux que coupables , se sont dissipées, la providence des dieux immortels a été enfin reconnue de tous. Je ne pourrais exprimer par des paroles la joie que j'ai ressentie quand je vous ai V. 12 178 LES CHRETIENS DEPUIS L'EDIT DE TOLÉRANCE. VUS donner un si illustre exemple de piété envers les dieux. Personne n'ignorait votre dévotion. Elle vous avait été inspirée, non par des discours frivoles, mais par de continuels et d'admirables prodiges. Aussi votre cité avait-elle mérité d'être appelée la patrie et le domicile des immortels. Leur présence s'y était souvent manifestée. Maintenant, négligeant ses inté- rêts particuliers, ajournant les demandes qu'elle nous avait souvent présentées au sujet de ses propres af- faires, votre ville n'a pas plutôt vu les hommes de nouveau séduits par des vanités détestables, et le feu assoupi prêt à redevenir un grand incendie, qu'elle s'est réfugiée vers nous comme vers le siège de toute religion et nous a demandé protection et secours. Je ne doute pas que les dieux mêmes vous aient sug- géré ce conseil salutaire, en récompense de votre piété. Jupiter très haut et très puissant, qui préside à votre illustre cité , qui préserve vos épouses , vos en- fants, vos maisons, vos pénates de tout fléau, a dis- posé ainsi vos esprits , vous montrant ce qu'il y a d'excellent à rendre à lui et aux autres dieux le culte qui leur est dû. Qui serait assez fou, assez dénué de sens commun, pour ne pas comprendre que la seule bienveillance des dieux fait que la glèbe ne repousse pas la semence que Tagriculteur lui a confiée; que le sol ne s'arme pas contre nous; que les corps ne pé- rissent pas par la sécheresse ; que la mer ne s'enfle pas sous le souffle furieux des vents; que des tempêtes imprévues ne répandent pas partout la désolation et la ruine; que la terre, mère et nourrice de toutes ATTAQUES INSIDIEUSES DE MAXIMIN. 179 choses, ne tremble pas, secouée dans ses fondements; que les montagnes ne disparaissent pas, englouties dans des gouffres soudainement ouverts? Personne n'ignore que de semblables calamités, et d'autres plus horribles encore, causées par la vaine et pestilentielle erreur de ces hommes scélérats, se sont produites naguère, au temps où cette erreur s'est répandue dans les esprits, et a presque couvert de son opprobre le monde entier. » Quelques lignes plus loin, Maximin ajoute : « Regardez dans les plaines les moissons fleuries, les épis ondulants , les prés émaillés de fleurs, grâce à des pluies propices; regardez le ciel, devenu calme et tempéré. Réjouissez- vous de ce que par votre dévotion, par vos sacrifices, le puissant Mars a été apaisé; vivez heureux, au sein d'une douce paix. Que ceux-là surtout se réjouissent, qui, délivrés de leur aveuglement, sont revenus à la saine raison; ils ressemblent à des gens échappés de la tempête , ou guéris d'une grande maladie, à qui la vie offre de nouveau ses bienfaits. S'il en est encore qui persistent dans leur détestable erreur, ils seront, comme vous l'avez demandé, relégués loin de votre ville et de votre territoire; afin que cette cité, complètement purifiée selon votre louable désir, puisse se donner tout entière au culte des dieux. Mais pour que vous sachiez com- bien votre demande nous a été agréable et combien, môme sans pétition de votre part , nous sommes dis- posé à vous combler de faveurs, nous vous accordons d'avance celle que vous désirerez, si grande qu'elle puisse être, en échange de votre piété. Mettez-vous 180 LES CHRÉTIENS DEPUIS L'ÉDIT DE TOLÉRANCE. donc en mesure de demander et d'obtenir. Et faites cela sans retard. Le bienfait qu'aura reçu votre cité sera un témoignage perpétuel de votre dévotion en- vers les dieux; il apprendra à vos enfants et à vos petits-enfants la récompense que de telles mœurs auront méritée de notre bonté (1). Cette singulière épître fut communiquée à toutes les provinces , à la façon d'une encyclique (2). Mais l'éloquence pastorale de Maximin , même accompagnée de présents aux villes sous la forme de remises d'im- pôts (3), n'aurait peut-être pas suffi à soulever contre les chrétiens les esprits fatigués d'une longue persé- cution , si l'empereur et ses complices n'avaient fait appel à la crédulité du peuple. Les néoplatoniciens excellaient dans les arts magiques. La tliéurgie n'a- vait pas de secrets pour eux. A côté de quelques il- luminés de bonne foi , qui demandaient aux sciences occultes de compléter la philosophie, et à la magie de les conduire à l'extase, un grand nombre d'imposteurs avaient fait de la fraude religieuse un moyen de for- tune. La cour de Maximin était leur rendez-vous na- turel. Tout habile prestidigitateur, pourvu qu'il fût revêtu du manteau des philosophes, était sûr d'y de- venir un personnage, bientôt un magistrat ou un gou- verneur de province (4). Telle fut l'ambition du cura- (t) Eusèbe, Hist EccL, IX, 7, 2-15. (2^ lbi(L, 15. (3) Cf. Laclancc, De mort, pers., 36. (4) Eusèbe, Hist. EccL, VIII, 14, 8, 9. ATTAQUES INSIDIEUSES DE MAXIMIN. 18t teiir Théotecnc. 11 avait étudié la magie (1), savait se servir habilement de « ce ramas inouï de bateleurs , de charlatans , de mimes , de magiciens , de thauma- turges , de sorciers , de prêtres imposteurs (2) , » qui formaient une partie considérable de la population d'Antioche, et n'ignorait aucun des moyens de re- muer « une ville de courses, de jeux, de danses, de processions, de fêtes, de bacchanales, » où se rencon- traient (( toutes les folies de l'Orient , les superstitions les plus malsaines, le fanatisme de l'orgie (3). » Dans cette (( capitale du mensonge, » comme l'appelle un historien moderne (4) , l'éclosion d'un nouveau dieu n'était pas un prodige au-dessus des forces humaines. Ce qu'Alexandre d'Abonotique fit jadis en Cappa- doce (5), Théotecnc était bien capable de le faire en Syrie. Il érigea en grande pompe la statue de Zens Philios, « Jupiter l'Ami, Jupiter favorable; » puis il institua les rites d'un culte nouveau, initiations, mys- tères, expiations (6) , dans lesquels étaient probable- ment parodiées les cérémonies du baptême et de la pénitence. Un oracle fut installé. Des prêtres et des devins (7) eurent la charge de le desservir. Théotecnc, (1) roYiç. Eusèbe, Hist. EccL, IX, 2. (2) Renan, les Apôtres, p. 219. (3) Ibid., p. 219. (4) Ibid. (5) Voir Histoire des persécutions pendant les deuor premiers siè- cles, 2« éd., p. 342. (6) TîXsTàç T£ àvàyvo'jç... xai (jlut^tei; à)ta).).iep-i^TOu; à^ayicTTou; te xa- eapfjioûç. Eusèbe, Hist. EccL, IX, 3. (7) npoyr.Taçxaî Ispetç. Ibid., IX, 11, 6. 182 LES CHRÉTIENS DEPUIS L'ÉDIT DE TOLÉRANCE. non moiDS adroit mécanicien que hardi philosophe , les exerça au maniement des trucs ingénieux, par lesquels parlait son dieu (1). Le premier mot que Ju- piter l'Ami laissa tomber de sa bouche divine, en pré- sence même de iMaximin, fut pour ordonner l'expul- sion des chrétiens (2). Les échos le répétèrent à tout l'Orient. Les peuples avisés comprirent tout de suite qu'il était agréable à l'empereur, puisque l'inventeur de Jupiter l'Ami reçut un avancement considérable , et de la curatelle d'An- tioche, simple charge municipale, fut promu au gou- vernement d'une province (3). Aussi toutes les villes qui ne s'étaient pas encore prononcées se hâtèrent-elles de le faire. Des arrêtés municipaux proscrivirent en tout lieu les chrétiens, et chacun de ces arrêtés fut aussitôt revêtu de l'approbation impériale (i). Par cette voie détournée Maximin se flattait d'arri- ver sûrement à son but, la destruction du christia- nisme, sans rompre ouvertement avec ses collègues. L'édit de Galère, n'ayant pas été promulgué dans ses États, n'y pouvait être violé. iMaximin avait seulement déclaré que les chrétiens ne seraient plus, comme (1) To Tiàv [xucTTvipiov à7ràTr]v -zMyyâvz!.^ '^^'x^l '^^ Oîotî'xvou [jL£[JLy]-/avr,- (xévriv. Eusèbe, Hist. EccL, IX, 11, 6. (2) Mexpt y-oà paaiXéw; xrjv TspaTêîav ôt' tbv eSoxet y^ç>Y,(y\iûiv èxTsXeïv stte- ôeixvuTO" xaî ôr) xal outo; xo),axsia t^ xa6' f.ôov^^v toO xpatoùvio; ÈTie- Yeîpei xaià Xpt<7Tiavd;v tov ôaifxova, xat tôv 6eôv Sr; xs^eOcat çr,aiv, yTxspo- pîouç Ti^; 7î6),sa)ç xal Ttôv à[Xvi tyjv tïoXiv aYpûv côaàv ÈxOpoù; aÙTÛ XptffTiavoùç ànzlàdOii. Ibid., IX, 3. (3) 'Eul jxèv yàp tw xat' 'AvTt6-/£tav ISpuGÉvxi 7:poç aÙToO ^odvto ôôHaç £Ùr,ii,speïv, fjSïi xal iiyz\).o'vl(x(;y\^'.(aio 7;apà MaÇijJLÎvou. Ibi(L, IX, 11, 5. {\)md., IX, 4, 1-2. ATTAQUES INSIDIEUSES DE MAXIMIN. 183 tels, l'objet de poursuites, et il tenait sa promesse. Il ne s'était pas engagé à fermer l'oreille au cri de l'o- pinion publique et aux plaintes des municipalités. Il n'avait pas promis de refuser son approbation aux mesures de police que celles-ci se croiraient obligées de prendre. Les conséquences ne le regardent pas. Les églises, promptement restaurées, où depuis quel- ques mois retentissaient les hymnes d'actions de grâces, se fermeront de nouveau, pour tomber bientôt en ruines. Les confesseurs , hier rentrés en triomphe dans leurs maisons, reprendront le chemin de l'exil, laissant derrière eux ces foyers chéris qu'ils avaient à peine eu le temps de revoir. Les chrétiens erreront dans les campagnes, en répétant ces paroles du divin Maître : « Les oiseaux du ciel ont leurs nids, et les re- nards leurs tanières; mais le Fils de l'homme n'a pas une pierre où reposer sa tète. » L'Orient leur devien- dra inhabitable, et ils seront contraints d'émigrer. Mais on ne leur aura infligé aucun châtiment corpo- rel. Pas une goutte de sang n'aura coulé. Pas un fi- dèle n'aura recommencé à tailler les blocs de por- phyre en Thébaïde ou â extraire le minerai de cuivre en Chypre. Les disciples de l'Évangile sont seulement devenus des vagabonds, des outlaws. Selon le mot de saint Paul, on en a nettoyé les cités, on les a traités en « ordures » , et l'on a jeté dehors ces a balayures du monde (1). » (1) 'fiç Trspiy.aôapfiaTa toO xoo{xûO èY£VY,Cy,iJ.£v, TtàvTtov 7ï£ft4'r,p.a é'w; àpti. Saint Paul, / Cor., iv, 13. 184 LES CHRÉTIENS DEPUIS LEDIT DE TOLÉRANCE. Ce genre de persécution, d'autant plus efficace peut- être qu'il était moins sanglant, n'avait pas encore été essayé. Il fait honneur à l'intelligence de Maximin et de ses conseillers. Fermer aux chrétiens toutes les portes; les traiter, non comme des adversaires dignes du fer et du feu , mais comme une espèce d'hommes inférieure et dangereuse qui n'a point de place dans une société bien réglée; leur accorder le droit de vivre et leur refuser tous les autres droits, c'était inau- gurer contre eux une nouvelle tactique, destinée à trouver des imitateurs. Maximin aura frayé la voie à Julien, et montré à ce dédaigneux adversaire du chris- tianisme le secret des coups froidement calculés qui ne laissent pas de blessure apparente. Grâce à son entou- rage néoplatonicien, l'empereur demi-barbare, domp- tant son tempérament sanguinaire et devenant expert en l'art d'outrager savamment ses victimes , sera le digne précurseur du champion futur de l'hellénisme. Sur un autre point, ces deux hommes, séparés par quarante années et par la plus radicale des révolutions, se retrouvent animés d'im même esprit. L'un et l'autre croient à la vitalité du culte païen et se flattent de lui rendre, par mesure législative, toutes les forces qu'il a perdues. Mais pour y parvenir il ne suf- fisait pas de réveiller chez les peuples le goût des pompes idolâtriques ; même l'apparition d'un nouveau genre d'éloquence, destiné à célébrer le pouvoir mo- ralisateur de la mythologie et l'amour des dieux pour le genre humain, produisait peu d'effet sur la foule. Ce n'était point la prédication elle-même qu'il s'agis- ATTAQUES INSIDIFUSES DE MAXIMIN. 185 sait (Vinstitiier, mais les prédicateurs. Le sermon de Maximin aux habitants de Tyr pouvait sembler fort beau; où cependant trouver des orateurs sacrés pour en répandre les doctrines? Les prêtres des dieux of- ficiels se recrutaient parmi les personnages politiques ou les magistrats municipaux, pour qui un sacerdoce n'était qu'une occasion d'honneurs et de profits et constituait une charge plus civile que religieuse. Il n'y avait point, en réalité, de clergé païen, si ce n'est dans ces cultes étrangers , plus ou moins entachés de charlatanisme et d'immoralité, dont le gouvernement impérial pouvait se servir dans sa lutte contre les chrétiens, mais sur lesquels il n'aurait osé s'appuyer officiellement. Pour rendre la vie à l'ancienne religion, xMaximin, comme plus tard Julien , songera à la trans- former. De tous ces prêtres indépendants les uns des autres il voudra faire un clergé. De tous ces cultes qui se sont peu à peu juxtaposés sans jamais se fondre, il tentera de faire un seul culte. Du paganisme sans hiérarchie, sans doctrines, et bientôt sans fidèles, il prétendra faire une Église. Au particularisme qui en est l'essence il essaiera de substituer l'unité. Il s'etfor- cera de glisser l'hellénisme dans le moule juif ou chrétien, et de persuadera ses adhérents qu'ils sont les enfants d'une même foi, les membres d'une même société, les observateurs d'un même rite, et qu'une même communion spirituelle les range sous la hou- lette des mêmes pasteurs. Qu'un demi-siècle plus tard Julien ne craigne pas de proposer à ses prêtres la charité catholique comme 186 LES CHRÉTIENS DEPUIS L'ÉDIT DE TOLÉRANCE. type et comme modèle (1), cela s'explique parTédu- cation chrétienne de l'apostat; en 311, Maximin ne fait pas les mêmes aveux : cependant, c'est les yeux fixés sur l'épiscopat qu'il trace le plan de sa réforme. Le grand prêtre de chaque province, asiarque, bithy- niarque, galatarque, cilicarque ou pontarque, qui n'avait guère eu jusqu'à ce jour d'autre emploi que de donner des jeux, devient une sorte de métropo- litain (2). Sous lui, en qualité de suffragant, existe dans chaque ville un grand prêtre (3) chargé de la direction du clergé inférieur et obligé de veiller à ce que, tous les jours, les rites soient accomplis (4). Le palais de Maximin, où les cérémonies liturgiques étaient quotidiennes (5) , sera le modèle sur lequel se régleront tous les temples, depuis les splendides sanc- tuaires d'Antioche ou de Tyr jusqu'aux humbles cha- pelles des campagnes. Mais le métropolitain de chaque province ou le flamine de chaque cité n'a pas que des attributions spirituelles. Un redoutable pouvoir est mis dans leurs mains. Pour lutter contre le clergé chrétien, armé seulement de la prière et de la parole, (1) Julien, Ep. 49; saint Grégoire de Nazianze, Orat. IV, lll; Sozo- inène, Hist. Ecch, V, 16. (2) « Pariimque hoc fuit, nisi etiam provinciis ex alliore dignilalis grailu singulos quasi Ponlifices supcrponeret. » Laclancc, De mort, pers., 36. (3) 'lepe'aç le et8(o>fjov xaxà Tràvra xduov xat tîoXiv, xal in\ toùtcov éxd- (TTriÇ ÈTrapyiaç àpx^zçtêcc. Eusèbe, Hist. Eccl, VIII, 14, 2. (1) « Novo more sacerdotes maxinios per singulas civilales ex pri- moribus fecit, qui et sacrificia per onincs deos suos colidie facerent. » Laclance, De mort, pers., 36. (5) Ibid., 37. ATTAQUES INSIDIEUSES DE MAXIMIN. 187 il faut au nouveau clergé païen des armes matérielles. Ses chefs reçoivent de Maximin un double emblème et comme une double investiture : on les reconnaîtra à leur manteau blanc (1) , insigne du sacerdoce, et à leur garde de soldats (2), attribut et instrument de rinquisition religieuse dont ils sont chargés. A eux de veiller sur les chrétiens avec l'aide des prêtres infé- rieurs transformés en agents de police, de faire exécu- ter contre ces proscrits les décrets des cités, de les empocher de construire des éghses , d'arrêter même et de traduire devant les magistrats ceux qui tien- draient dans leurs maisons des assemblées reli- gieuses (3). L'influence de ces dignitaires devait être d'autant plus grande, que Maximin les avait choisis parmi les premiers des cités, parmi les anciens magis- trats qui avaient parcouru dans toute son étendue la carrière des honneurs municipaux (4). Sur un point, au moins , il n'était pas au pouvoir de la réforme païenne d'imiter l'Église : celle-là demandait au rang d'ennoblir les fonctions religieuses, celle-ci les don- nait au savoir et à la vertu. (1) « Eos utrosque candidis chlamidibus ornatos jussit incedere. » De morte pers., 36. (2) Msxà aTpaTicoTty.où (ttîçou; xal Sopuçopcaç. Eusèbe, Hist. EccL, VIII, 14, 9. (3) « Veteriim saccrdotuin ministerio subnixi darent opcram ut Christian! neqiic fabritaient, ncqiie publiée aut privatim colerent, scd comprelicnsos suo jure ad sacrificia cogèrent vel judicibus oflerrent... » Lactance, De mort, pers., 30. (4) " Ex primoribus. » Ibid. — Twv èv 7io).tT5Îai; eva yé tiva xov [t.6.- liaïa. ètJ.çavâ3; Sià Tîiar,; i\LT:çé^(x.\ia. îeiTcupyiaç. Eusèbe, Jlist. Eccl., VIII, 14, 9. — 01 (jLâXtcrta rat; 7:o)iT£''aiç 5ta7rp£*{/avTe; y.ai oià Tiadûv êvûo^oi y£v6ii.£voi. Ibid., IX, 4, 2. 188 LES CHRÉTIENS DEPUIS L'EDIT DE TOLÉRANCE. III Dernières calomnies et persécution ouverte. Cependant Maximin n'était pas homme à se con- tenter longtemps d'une persécution non sanglante. Tant qu'il avait été libre de ses mouvements et as- suré de la connivence de ses collègues, il avait donné cours à ses violences; après l'édit de Galère, il dut ruser, ménager la transition, demander à l'adresse ce que, momentanément, ne pouvait plus la force, et inaugurer une seconde manière de persécuter. Mais toutes ses préférences demeuraient à la première. Il y revint peu à peu, et remonta par degrés la pente que des circonstances imprévues l'avaient contraint de descendre. Pour justifier ce retour aux anciens errements, il lui fallait perdre de nouveau les chrétiens dans l'o- pinion publique. Le mouvement des pétitions avait été tellement factice, que l'impression produite était demeurée superficielle. L'essai de réforme du culte païen ne pourrait produire que lentement ses eflcts, s'il n'aboutissait pas plutôt à faire ressortir, par la comparaison, la distance infinie qui séparera toujours le sacerdoce évangélique de ses contrefaçons humai- nes. On peut d'ailleurs supposer que beaucoup de sé- nats municipaux, après avoir délibéré, pour faire leur cour à l'empereur, un arrêté d'expulsion contre les chrétiens, l'avaient laissé dormir dans leurs archives, DERNIERES CALOMNIES ET PERSECUTION OUVERTE. 189 et que, dans plus d'une province, les cadres de Fépis- copat païen avaient été remplis pour la forme, sans que les titulaires des nouveaux sacerdoces prissent leurs fonctions au sérieux. Efficaces dans tel canton, où le fanatisme s'était plus facilement réveillé, les nouvelles mesures étaient probablement demeurées lettre morte dans d'autres, où il semblait décidément assoupi. Des coups plus hardis parurent nécessaires pour ranimer partout les passions, et forcer les peu- ples à voir comme autrefois dans les chrétiens des ennemis publics. Maximin, qui venait de récompenser l'imposture de Théotecne, n'était pas homme à re- culer devant la fraude pour noircir ceux qu'il vou- lait perdre. Avec l'aide de ses conseillers habituels, parmi lesquels était probablement ce même Théo- tecne, il recourut à la méthode que, quatorze siècles plus tard, un autre ennemi du nom chrétien définira en ces termes : « Mentez, mentez hardiment, il en restera toujours quelque chose, » et demanda à la calomnie les moyens d' « écraser l'infâme. » Depuis longtemps des livres avaient été composés contre le christianisme. Les uns émanaient des juifs; d'autres avaient pour auteurs des lettrés ou des phi- losophes. Les néoplatoniciens s'étaient distingués par- ticulièrement dans cette œuvre de haine, qui n'avait point nui à la renommée de Porphyre et avait aidé la fortune politique d'Hiéroclès (1). Leurs écrits ali- mentèrent longtemps la polémique des deux religions, (1) Voir t. I, p. 76, 221. 190 LES CHRÉTIENS DEPUIS LEDIT DE TOLÉRANCE. mais, influents sur les esprits cultivés, ces ouvrages de controverse ne pouvaient aisément descendre dans la foule. Ils s'adressaient à une catégorie restreinte de lecteurs, et ne parlaient point au peuple. Un écrivain plus hardi fournit les moyens de l'attein- dre. Aux discussions de ses devanciers sur l'Ancien et le Nouveau Testament, sur les miracles du Christ ou le caractère des apôtres, il substitua un récit du pro- cès de Jésus, qu'il donna comme contemporain et officiel. L'idée n'était pas originale : dès le second siècle saint Justin et Tertullien croyaient que Pilate, touché de ce qu'il avait vu, envoya un rapport à Ti- bère sur les miracles et la Passion du Sauveur (1). Le pamphlétaire païen n'eut qu'à retourner les ter- mes, et à remplacer la relation favorable par une parodie blasphématoire. Il le fit avec une infernale habileté. Dans cette pièce, mise aussi sous le nom de Pilate, le Sauveur fut présenté avec les traits d'un malfaiteur vulgaire, ses actions et ses paroles déna- turées, son divin caractère odieusement noirci (2). L'écrivain eut l'habileté d'encadrer ses calomnies de (1) Saint Justin, Apolog., I, 35,48; Tertullien, Apolog., 5, 21; Eu- sèbe, Hist. Eccl, II, 2. — Les Gesta Pllati, qui forment la première partie de l'Évangile apocryphe de Nicodènie, ne sont probabli-menl pas la piùce vue par saint Justin et Tertullien , mais paraissent appartenir plutôt c\ la seconde moitié du quatrième siècle; on y pourrait recon- naître une réponse aux Acta Pilati païens. (2) llXaoràjxsvoi ôrjxa ITiXaTOU xal toù IcoTfjpo; T?i[xt6v u7iotJ.vr,[xaTa, 7:à- oYiç l[X7TÀsa xarâ toù XpicjTou p),a<7Cf:r,[xîa;. Eusèbe, Hist. Eccl.. IX, 5, 1. — « Non ut ista, quœ nunc folso conscribuntur, continent Acta Pilati, scd innocens, immaculatus et purus. » Saint Lucien, /I/jo/oj/., dans Roulh, Reliquix sacrœ, t. IV, p. 6. DERNIÈRES CALOMNIES ET PERSÉCUTION OUVERTE. 191 détails suffisamment historiques pour donner aux esprits superficiels l'illusion de la vraisemblance : on en a la preuve dans le soin avec lequel Eusèbe re- lève ses erreurs de chronologie (1). Ce pamphlet fut probablement composé plusieurs années avant 311, dès le commencement de la persécution : il parait, en effet, cité en 30i par le juge de saint Andronicus (2), peut-être même par celui de saint Théodote (3). Mais il n'était pas encore sorti d'un petit cercle de magis- trats lettrés; il faisait partie de la bibliothèque anti- chrétienne où ceux-ci puisaient les arguments par lesquels ils essayaient de soutenir, dans les audiences publiques, la controverse avec les fidèles. Ce petit livre parut à Maximin et à ses conseillers digne de recevoir une publicité plus étendue. Ils se persuadè- rent que, une fois répandu dans le peuple, il donne- rait du Christ une idée telle, que la propagande chré- tienne serait désormais frappée de discrédit. On en fit donc faire d'innombrables copies, qui furent expé- diées par ballots dans toutes les provinces (4-). Des let- tres émanées de la chancellerie impériale ordonnèrent aux gouverneurs de le faire partout connaître. Des lectures publiques devaient en être données dans les villes et dans les villages ; des placards devaient être (1) Eusèbe, Hist. Eccl, I, 9, 2-3. (2) Acta SS. Tarachi, Probi et Andronici, 9; dans Ruinart, p. 485. Voir t. I, p. 319. (3) Passio S. Theodoti Ancyrani, 23; dans Ruinart, 365. (4) FvtojxY] ToO {JieiÇovo; sut Tiàiav 5tan£(iL7rovTat Tyjv Otï' aOxov àp-/Y;v. Eusèbe, Hist. Eccl, IX, 5, 1. 192 LES CHRÉTIENS DEPUIS LEDIT DE TOLÉRANCE. apposés, sur lesquels son texte serait reproduit (1). Mais soulever actuellement les passions contre les ado- rateurs du Christ ne suffisait pas : Maximin avait des haines plus profondes. Il voulait travailler aussi pour l'avenir. Ce n'était pas assez d'aigrir les âmes des pères, si le fiel ne se répandait en même temps dans celles des fils et n'empoisonnait d'avance les géné- rations futures. Les Actes de Pilale devinrent le ma- nuel obligatoire dans les écoles. Les instituteurs eu- rent Tordre de le faire apprendre par cœur, d'y puiser le sujet des devoirs écrits ouïe texte des déclamations orales (2). Au lieu des invectives de Junon contre Enée ou d'autres thèmes semblables (3), c'étaient les invectives de Pilate contre le malfaiteur Jésus qui exerceraient la verve des futurs orateurs. Son sup- plice formerait la matière de ces narratiiinculœ que Quintilien impose aux commençants « moins encore pour leur apprendre à écrire que pour fixer dans leur mémoire les récits célèbres (4). » Une fois celui-ci « fixé dans la mémoire » des enfants, il n'en sortirait plus. Les jeunes cœurs deviendraient incapables de s'attendrir devant la pâle figure du divin Crucifié, le pathétique de la croix et de la couronne d'épines se- rait pour eux à jamais détruit. Des légions de blas- (1) Atà YpajjLjjLcxTwv TrapaxeXeuojievoi , xatà Trdvra toitov, àypouç te xal TioXeiç, èv èxcpavei Tauxa toÏç Tïôcffiv èxôsïvai. Eusôbe, Uist. EccL, IX, 5, 1. (2) Tôt; te uaiffi toù; YP^tJ''SJ''*'^oSi8a(7xà).ou; àvtl ixaOTîjxâxwv xaûxa (i£>£Tôcv xal Sià [LvrwLfiç xaxexeiv TrapaSiSôvai. IMd. (3) Saint Augustin, Confess., I, 17. (4) Quintilien, Inst. oral., I, 9, 6. Cf. Emile Jullien, les Profes- seurs de littérature dans l'ancienne Rome, p. 289. DKRNIKRES CALOMNIES ET PERSECUTION OUVERTE. 103 phrmateurs sortiraient tous les jours des écoles, en- durcis, haineux, fermés à l'anioui' et à la pitié, prêts c\ poursuivre de leurs outrages tous les chrétiens qu'ils rencontreraient sur leur route. L'enfance serait ainsi volée au Christ, le recrutement du peuple chrétien tari dans sa source. Les conseillers de Maximin ne s'en tinrent pas là. Après avoir outragé le Christ, ils tentèrent de renou- veler les calomnies répandues, dans les deux premiers siècles, contre ses adorateurs, et depuis longtem[)s oubliées. Il y avait cent ans au moins qu'on n'imputait plus aux chrétiens de souiller leurs réunions religieu- ses par de monstrueuses débauches. Depuis Celse (1) , aucun pamphlétaire n'avait calomnié leur moralité. Le dernier tableau que l'imagination païenne, échauf- fée peut-être par ses propres souvenirs, ait tracé des scènes scandaleuses qui auraient suivi les agapes, paraît dû à la plume de Fronton, le précepteur de Marc Aurèle (2). iMaintenant les chrétiens étaient trop nombreux, trop mêlés à la vie de tous, trop connus pour que, surtout dans cet Orient où ils formaient en certains lieux la majorité de la population, un écri- vain de quelque renom osât répéter de telles fables. iMais ce qu'on n'aurait osé dire soi-même, on pouvait encore le faire déclarer par de prétendus témoins. Dès qu'on ne reculait plus devant aucune fraude, tout devenait possible. Plus d'une fois, dans les siè- (1) Orig.'ne, Contra Celsum, V, 25, 41; VIII, GO. (2.) Minuciiis Félix, Octavius, 10; cf. 31. V. 13 194 LES CHRÉTIENS DEPUIS LEDIT DE TOLÉRANCE. des passés, la torture avait arraché à des esclaves des dénonciations mensongères (1). Ce moyen n'avait point perdu son efficacité. Le commandant de la gar- nison de Damas y recourut. Il fit arrêter pendant la nuit, sur la place publique, plusieurs femmes de mau- vaise vie, et, sous la menace de tourments, les con- traignit, non à renier le christianisme, mais au con- traire i\ déclarer qu'elles étaient chrétiennes, qu'elles avaient assisté aux cérémonies du culte et pris part, dans l'église, à d'horribles impuretés (2) ; le procès- verbal de la déposition dictée à ces malheureuses fut envoyé à l'empereur, qui le fit afticher dans toutes les villes et jusque dans les moindres bourgs (3). La jus- tice divine ne tarda pas à punir l'acte odieux du com- mandant de Damas : peu de temps après ce criminel abus de pouvoir, il fut pris de folie et se tua (4.). Préparée avec cette habileté, la persécution éclata enfin. iMaximin épargna d'abord la vie des chrétiens, et se contenta, comme en 310, de crever les yeux, de couper les mains, les pieds, le nez ou les oreilles à (1) Saint Justin, Apohg., II, 12; Eusèbe, Hist. EccL, V, 1, 14. (2) "Exepo; (yTpaTOTreSâpxiQç, ov ôouxa TtofiaTot TcpoçayopeuGUTiv. àvi Tyjv Aa[xaiy.ôv tv,: «I^otvixrjC ÈTrippr^Tà Tiva y'jvaixàpta ÈH àyopà; àvâp7ïa(7Ta TTOnQTût; , pacrà'OVi; ajTaï; èTïiOf.crst; rjjtîDsi, Xî'yciv èyYpà^o); ÈTravay- xà![a)v, (b; or) eiriTav ttots Xpic^Tiaval, cjvetoîTsv tî aOtoT; oOe[xiTO"jpYiar, £•/ a-JToïç T$ ToTç x^piaxoTç TipâixEiv aOtoù; xà àxôXa-jTa, xaî oca â>)a ).£Y£iv aOxà; ètiI 8iago).^ xoù oôyfjiaxoç r/jsXev. Eusèbe, Ilist. EccL, I.\, 5, 2. (,3) ^Qi xal ouxo; £v uTrofjLvriULaTi xà; çwvà; âvxsÔslGs; pafft)6r xoivoGxai. Kai ôr] Trpo-jxâ^avxo: eî; 7;dcvxa xonov xaî ttoXiv xai xaOxo ôifju.o\jyoù uàXiv àvexivoOvTo xai oiMy\j.o\ ya),eKOt. Ibid. (i) 'û; xal Tiva; àXôvraç xœv Trspi tov Ûeiov Xdyov ÈTXiçavtôv àviapaÎTr,- Tov Tr,v inl Oavàxfo 4'vi» ; je crois plus exact de prendre ce mot dans le sens général de chef, de maitre, et de l'appliquer à l'empereur. Eusèbe ajoute qu'il fut mis à mort dans la prison, ôsaixoTYipio) uapa^oOsU xxîvvuTai. Rufin traduit ce dernier mot par « il fut décapité. » — Le martyre de Lucien a été célébré i)ar saint Jean Chrysostome, Homil. XLVI ; mais sa narration, tout ora- toire, me paraît dans certains détails inconciliable avec le témoignage contemporain d'Eusèbe : d'après saint Jean Chrysostome, à toutes les questions du gouverneur Lucien aurait répondu par cette seule phrase : « Je suis chrétien, » ce qui s'accorde dinicilement avec le fait de l'a- pologie prononcée soit devant l'empereur, soit devant le magistrat. Saint Jean Chrysostome ajoute ([ue Lucien refusa de manger des mets onsaorésaux idoles, mais non (ju'il mourut de faim dans sa pii- son, comme on l'a interprété à tort. — Le martyrologe hiéronymien DEUNIERES CALOMNIES ET l'ERSÉCUlIUN OUVEIVrE. l'.)'J Vlâ (1). A NicoiiK'dic encore est nuiityrisc, le même jour, Basilisqiie, évèqiie de Comane (2). Le 29 janvier, Silvain, évcqiic d'Kmèse, en Phénicie, est livré au\ botes avec trois compaî^nous (:3). Le 31 janvier, un médecin d'Alexandrie, nommé Cyr, et un soldat d'L- desse, appelé Jean, sont tués ensemble à Canope ; on dit que plusieui'S femmes furent martyrisées avec eux (^1-). Mais, à en jnger par les noms que recueillit Ku- sèbe, il semble que, dans cette rapide persécution, on n'ait pas eu le temps de juger beaucoup de vic- times obscures : on se contentait de les mutiler, ou de les faire disparaître sans procès, comme raconte Lactance (5); au contraire, on interrogeait avec le plus grand soin, quelquefois en présence de >laximin lui-même, ceux en qui les philosophes de son entou- rage avaient reconnu des rivaux. Ainsi s'explique comment l'ermite Antoine, accouru de son château raconte, d'après une version d'origine inconnue, que saint Lucien lut écarlelé : « VllI idus ianuarii : in Nicomcdia Luciani presbyleri qui in quatuor partes divisus est. » — Sur la Passion arienne de saint Lu- cien, écrite aprOs 330, et le parti que les ariens les plus avancés tirè- rent de sa mémoire, voit BatilTol, la Passion de saint Lucien d'An- tiocfie,(\i\nA Compte rendu du 2*"° Congrès scientifique international des catholiques, 1891, sciences historiques, p. 181. (1) Acta SS., janvier, t. I, p. 361; cf. saint Jean Chrysostome, l. c. (2) Palladius, Dialog. de vita S. Joannis Chrysostomi; cf. Tille- mont, Mémoires, t. V, art. et note iv sur saint Basilisque. (3) Tpci; èv 'K[jn'(7y] tyî tiôXîi Trjç ftotvixyjç, Xpid-ciavoù; o-faç ôixoXoyi^- oavxe;, Oripcwv (îopà TtapaôiôovTai' ÈTiiaxonoç y;v ev toOtoi; ItXêavôç, Trjv r,).ixcav 'juipy/]ç>(x)i, èv ô),ot; STeat TScaapàxovTa Trjv ),£tToupYÎav ûiY]vuy.(ô:. Eusèbe, Hist. EccL, IX, 6, 1; cf. VUI, 13, 3, 4. (i) Acta. SS., janvier, t. 11, p. 1081. (5) Lactance, De mort, pers., 36, 37. 200 LES CHRÉTIENS DEPUIS LEDIT DE TOLÉRANCE. ruiné des bords du Nil pour secourir les fidèles d'A- lexandrie , avec la secrète espérance de gagner pour lui-môme la couronne du martyre, fut dédaigné des persécuteurs, incapables de discerner dans cet homme vêtu de la bure grossière des mendiants le fondateur de la vie cénobitique, le père spirituel d'une lignée qui ne finira pas tant qu'il y aura sur la terre des âmes éprises de la perfection (1). Les grands événements qui sont à la veille de s'ac- complir en Italie feront bientôt sentir leur contre-coup en Orient, et amèneront la fin de la persécution. Avant môme que celle-ci fût entièrement terminée, d'autres causes, plus rapprochées, en avaient amorti déjà les effets. On a lu les triomphantes paroles par lesquelles Maximin, écrivant aux habitants de Tyr, rend grâces aux dieux du bel été de 311 et attribue à un renou- veau de ferveur idolâtrique la cessation des intempé- ries, les pluies abondantes, l'apparence favorable des récoltes. 11 semble que le ciel ait voulu se hâter de détromper les peuples. L'automne ne tint pas les pro- messes de l'été. La sécheresse survint, puis la fa- mine (2). Il s'ensuivit une incroyable cherté de toutes les denrées, encore augmentée parles accaparements et les exactions fiscales de Maximin (3). Le blé attei- \1) Saint Alhanasc, Vita S. Antonii, 15. (2) Eusèbe, Ilist. Eccl, IX, 8, 1. (3) « Ilorrca privaloriiin claiidebaiitur, apolhec.T. desij^nabanliir, dé- bita in fnlnros annos exigobanlur. Hinc famés agris non ferenlibns, hinc caritas inaudila. » Lactancc, De mort, pers., 37. DEUNIÈRES CALOMNIES Eï PERSÉCUTION OUVERTE. 201 gnit un prix exorbitant (1). Beaucoup d'habitants furent réduits à manger de l'herbe (2). Ceux qui pos- sédaient quelque bien vendaient leurs champs pour acheter de quoi suljsister (lî). Des pères et des mères cédaient leurs enfants en échange d'un peu de pain (ï). Des pauvres, qui n'avaient plus la force de se soute- nir, se couchaient sur les places publiques et implo- raient d'une voix défaillante la pitié des passants (5) : on voyait errer sur les forums des femmes décemment vêtues, qui tendaient timidement la main, et men- diaient avec des façons de grandes dames (6). Tous les rangs étaient confondus dans une égale misère. Bientôt les privations, les souffrances, la nourriture malsaine, amenèrent la peste. Une maladie nouvelle, le charbon (7), qui s'attaquait au visage, et particu- lièrement aux yeux, fit d'innombrables aveugles (8). La mortalité devint terrible. Dans les campagnes, les rôles du cens, établis avec tant de soin par Galère (9), devinrent inutiles en plus d'un village, dont tous les paysans avaient péri (10). Dans les villes, des familles (1) Eusèbe, HisL EccL, IX, 8, 4, dit qu'une mesure de froment se vendit 2.500 drachmes alfuiues, ce qui parait impossible, la drachme allique valant 0 fr. 93. 11 est vrai que l'historien ne spécifie pas l'unité de mesure dont il parle, et emploie le terme générique (xé-rpov. (2) Ibid., IX , 8, 6. (3) Ibid. (4) Ibid. (5) Ibid., IX, 8, 7. (6) Ibid.,\\, 8, 7. (7) 'Avôpat Ibid., IX, 8, , 1. (8) Ibid. (9) Lactance, De mort. pers. , 23. (10) Eusèbe, Hist. Eccl. , IX, 8, 5. 202 LES CHRETIENS DEPUIS LEDIT DE TOLERANCE. entières disparaissaient à la fois. Ceux à qui leur for- tune avait permis de ne pas sentir la faim, et qui pour la plupart avaient promptement fermé leui* cœur aux souffrances des pauvres, succombaient maintenant à la contagion. Il semblait que la mort, entrant dans une maison riche, la voulût vider : ce n'était pas un cadavre, mais deux ou trois que l'on en retirait le même jour (1). Les rues, les places, étaient remplies de corps sans sépulture (2) : on fut obligé, dans certaines villes, de tuer tous les chiens, de peur que l'habitude de se nourrir de chair humaine ne les rendit féroces (3). Si les chrétiens avaient voulu triompher du mal- heur commun, quelle revanche ils auraient prise! N'était-ce pas la main divine qui aveuglait tant de païens, hier sans pitié pour les confesseurs à qui Maxi- min faisait crever les yeux? Et ces chiens auxquels on avait jeté naguère des cadavres de martyrs, n'avaient- ils pas pris alors ce goût pour la chair humaine qui maintenant faisait peur? Mais les chrétiens ne par- laient pas ainsi. Ils se vengèrent comme ils s'étaient vengés pendant la peste qui dévasta l'Empire au len- demain de la persécution de Dèce (V). On les vit ac- complir simultanément les deux principales œuvres de miséricorde. Pendant que les uns s'occupaient de donner la sépulture aux morts abandonnés, les autres (i) Eusèbe, Hist. EccL, L\, S, 9, 11. (2) Ibid., IX, 8, 9. (3) lOid., L\, 8, 10. (4) Voir les Dernières Persécutions du Iroisicme siècle, p. 7. DERNIUIUES CALOMNIES 1:T PEUSKCUTION OUVEUTE. '203 rassemblaient clans chaque ville les indigents et leur distribuaient du pain (1). Les païens se sentirent tou- chés de tant de charité. Hier, quand les confesseurs rentraient en triomphe dans leurs foyers, un cri s'é- tait échappé de plus d une bouche : « H est seul grand, le Dieu des chrétiens! » Mais ce sentiment d'admira- tion avait été mêlé d'envie, de dépit, d'une secrète rancune, et il avait suffi à Maximin de remuer ensuite ce mauvais levain pour ranimer le fanatisme. Au- jourd'hui, rien de semblable ne corrompt la recon- naissance des malheureux qui, délaissés de tous, écrasés par les plus terribles fléaux, ont senti sur leurs plaies une main secourable et vu briller parmi leurs maux le divin sourire de la pitié. On se redisait avec émotion la bonté des chrétiens; la renommée publiait leurs actes de charité; toutes les voix exal- taient leur Dieu, et proclamaient que les seuls hommes vraiment religieux sont ceux qui savent ainsi prouver leur religion par les actes (2). Pendant que le christianisme remportait cette paci- fique victoire, l'armée de Maximin éprouvait une dé- faite d'autant plus humiliante pour son chef, que la guerre entreprise l'avait été en haine du nom chré- tien. L'Empire était borné, à l'est, par la Grande Ar- ménie, dont tous les habitants, éclairés par la prédi- cation de saint Grégoire Tllluminateur, avaient, avec leur roi et la famille royale, embrassé depuis quelques (1) Eusèbe, Hist. EccL, IX, 8, 13, 14. (2) E'jTï^îi; TE xai (i-ôvou; Oeoaeêctç toutou; à),ir]6(o;, upô; aÙTwv eXsy- XOé/Ta; to^v TtpayfxâTwv, ôp-oXoYeïv. Eusèbe, Ilist. EccL, IX, 8, 14. 204 LES CHRÉTIENS DEPUIS L EDIT DE TOLERANCE. années la religion de TÉvanglle (1). C'était le second exemple d'un royaume entier officiellement converti : le premier avait été donné par rOsrhoène dès la fin du second siècle (2). L'existence d'un État chrétien sur ses frontières inquiéta Maximin. Entre le royaume d'Arménie et la province romaine de ce nom il n'exis- tait d'autre séparation qu'une simple lig-ne géogra- phique; mais tout était commun, la race, les mœurs, la foi. La persécution qui sévissait sur ces frères donna-t-elle aux Arméniens indépendants la volonté de venir à leur secours? le roi Tiridate fit-il des re- présentations à l'empereur? ou Maximin, craignant une intervention de ce puissant voisin, préféra-t-il prendre les devants? ou enfin la folie de ses conseil- lers, de ses magiciens, de ses oracles, lui persuada- t-elle d'aller imposer par la force le paganisme romain aux convertis de l'Illuminateur, et lui promit-elle que les autels renversés d'Anahid se relèveraient en l'hon- neur des dieux du néoplatonisme? On ne sait de qui vint la première attaque; mais Eusèbe nous apprend qu'au moment où la famine et la peste désolaient l'Orient romain, l'empereur était engagé avec ses lé- gions dans les montagnes de l'Arménie. Le fanatisme religieux de Maximin , oublieux des traditions politi- ques de Rome, avait réussi à transformer en adver- saires d'anciens alliés de l'Empire qui lui avaient plus d'une fois prêté un utile secours contre ses vrais cn- (1) Voir t. I, p. 228. (2) Voir Histoire des persécutions pendant la première moitié du troisième siècle, p. 153, 172. DERNIERES CALOMNIES ET PERSÉCUTION OUVERTE. 205 nemis, les Perses. L'expédition fut malheureuse : Maximiii dut rentrer dans ses États après une série de défaites (1). La cause de la croix triomphait sur les pentes vertes de TArarat, à la même heure peut-être où son éten- dard ouvertement déployé flottait pour la première fois sur les cimes glacées des Alpes et dans les grasses plaines de la Lombardie. (1) Eusèbe est le seul qui parle de celle guerre; mais cet historien, qui vivait à ce moment môme en Orient, ne peut l'avoir inventée. L'absence de tout autre témoignage rend nécessaire la reproduction de son texte : Touxoi; irpoG-ETraviTTarai xw xupàvvw ô Tipô; 'Ap[X£viou; 7ïô),£(i.o;, àvopaç è^ àp"/aiovj çO^ou; ts xal G-u[j.jxâ/_ou; 'Pwfxai'wv, ouç xal aÙTOùç XptcfTiavoù; ôvxaç tïiv el; to Oetov eOcréêttav Ôià cttouotî; uoioufxé- vou; ô Osofxiffri; elôwXoiç 6Ù£iv xai Sa;[A0(7iv èTcavaYxàcrat 7i£7r£tpa[xévo; ^XOpO'j; àvTi çtXfov xai 7vo),£[jLtou(; àvTt (jU[jL(Jiàywv xaT£(jTyioaTo... Aùxôç (xèv OUV USpl TÔV upÔ; 'ApiXEVÎoU; UO>.= !JL0V OL\t.OL TOÏÇ aÙTOU (JTpaXOTlÉûOtÇ xaXETÎO- v£Tto. Eusèbo, ^/.s7. Eccl., IX, 8, 2, 4. CHAPITRE DIXIEME I A BATAILLK DU PONT MILVIUS ET l'kDIT T)F MILAN (312-313). SOMMAIRE. — I. La hataim-e du pont Milvius. — Rapports de Maxcnce avec les cliréticns d'Arriquc. — Les propriétés do l'Kglisc romaine sont resti- tuées au |>apc Miltiadc. — Le corps du pai>o Eusébe est ra|)p()r(é d<; l'exil. — Sa crypte au cimetière de Calliste. — Autre martyr transporté dans ce cimetière. — Cependant des clirétituis souftrent des grossières passions de Maxence. — Mort liéroïijue de Sophronie. — Maxence jaloux de son l)cau-frère Constantin. — 11 lui déclare la guerre, sous prétexte de venger Hercule. — Constantin sallie à Licinius. — Su|)crslitieuses terreurs de ses soldats au moment de marcher contre Rome. — Idées religieuses de Constantin. — Réflexions plus profondes. — Prière au vrai Dieu. — Sincérité du récit d'Eusélie. — Vision de Constantin. — Ver- sion païenne de cet événement, qui en confirme la réalité. — Le laba- rum. — Cet étendard peut être accepté de tous. — Campagne dc'.Cons- tantin en Italie. — iMauvaise manœuvre de Maxence. — Bataille du pont Milvius. — Défaite et mort de Maxence. — Entrée triomphale de Constan- tin dans Rome. — Modération de sa conduite. — Faveur montrée aux chrétiens. — Réjouissances officielles. — L'arc de triomphe et son ins- crii)lion. — Enthousiasme des particuliers et des provinces. — Joie des Africains. — Constantin se fait représenter tenant la croix. —Hommages discrets des chrétiens de Rome. — Le monogramme constantinien dans les catacombes. — II. L'kdit de Milan. — Constantin oblige Maximin à cesser la persécution. — Maussade rescrit de Maximin. — Il ne trompe ni les chrétiens ni Constantin. — Rencontre de Constantin et de Licinius à Milan. — Mariage de la sœur de Constantin avec Licinius. — Diocté- tien refuse d'y assister. — Lettre menaçante de Constantin. —Mort de Dioclétien. — Constantin et Licinius s'occupent d'établir la paix reli- gieuse. — Raisons de substituer un nouvel cdit à celui de Galère. — La première partie de Tèdit de Milan. — Liberté de conscience accordée à tous, mais profitable surtout aux chrétiens. — La seconde partie de l'é- dit de Milan. — Restitution des biens ecclésiastitjues, mémo aliénés. — L'Église reconnue par l'État comme société indépendante. — III. La fin DE Maximin.- Maximin menace les États de Licinius. — Il se fait le cham- pion du polythéisme. — Prière monothéiste dictée par Licinius à ses soldats. — Défaite de Maximin près d'HéracIée. — Licinius alliche à Ni- comédiel'édit de Milan. — Maximin, réfugié en Cilicie, se décide à faire un édit en faveur des chrétiens. — Texte de l'édit. — Marche de Lici- nius vers Tarse.— Maximin s'empoisonne. — Cruelles représailles de Licinius. — Exécution de la femme, des enfants, des i)rincipaux offi- ciers de Maximin. — Supplice immérité de Valérie et de Prisca. 208 LA BATAILLE DU PONT MILVIUS ET L EDIT DE MILAN. La bataille du pont Milvius (312). Entre Constantin et Licinius, qui observaient scru- puleusement l'édit de Galère, et Maxirain, qui Tavait sournoisement, puis ouvertement enfreint, Maxence, maître de Tltalie et de l'Afrique, tenait une situation intermédiaire. Il avait rendu la paix à l'Église, mais exilé deux papes. Ayant reconquis l'Afrique sur le tyran Alexandre, il semble avoir confondu les chré- tiens de ce pays avec les rebelles. On le voit réclamer à Mensurius, cvêque de Garthage (le même dont nous avons dit la sage conduite au commencement de la persécution) , un diacre accusé d'avoir écrit un libelle diffamatoire, puis, sur le courageux refus du prélat, mander celui-ci à sa cour. Mensurius, qui connaissait l'humeur sanguinaire de Maxence, et avait assisté aux horribles représailles exercées par lui contre les Afri- cains, pensa ne revoir jamais son siège : il fit, avant de le quitter, ses dernières dispositions, et confia à des mains sûres ce qui restait des biens de l'Kglise; puis il partit pour l'Italie. Gontre son attente, il par- vint à se justifier, et reçut la permission de rentrer à Garthage; mais il mourut en chemin. G'est seulement après sa mort, dit saint Optât, que la tempête cessa tout à fait, et que Maxence laissa en repos les chré- tiens d'Afrique (1). (1) Saint Oplal, Deschism. donaf., l. LA BATAILLE DU PONT MILVIUS (312). 209 A Rome, la tolérance de fait dont l'Église jouissait depuis quelques années reçut enfin, en 311, une sorte de consécration, par un acte de Maxence dont les mo- tifs nous échappent, et qui ne parait pas avoir été étendu hors des limites de la ville éternelle. Le pape nouvellement élu, Miltiade, fut autorisé à reprendre possession des propriétés ecclésiastiques, demeurées depuis 303 sous la main du fisc. Celle-ci s'était peut- être déjà relâchée, car on a rencontré dans le cime- tière de Calliste, au pied de l'escalier de l'arénaire d'Hippolyte, une épitaphe portant la date de 307 (1) ; mais si l'autorité romaine fermait plus ou moins com- plètement les yeux sur la fréquentation des catacom- bes par les fidèles, la possession ne leur en avait cependant pas été régulièrement rendue. Maxence accorda au pape un rescrit, l'autorisant à réclamer au préfet urbain la remise des loca ccclesiastica. Une lettre adressée au même magistrat par le préfet du prétoire accréditait près de lui le chef de l'Église. Munis de ces pièces, les diacres envoyés par Miltiade reçurent du préfet urbain « tous les lieux qui avaient été confisqués aux chrétiens pendant la persécu- tion (2). » Cet acte de Maxence équivalait à une re- (1) C'est-à-dire la formule (expliquée plus haut) post sextum consu- latum : voir De Rossi, Iloma sotterranea, t. III, p. 225 et pi. XXX, n° 209. (2) Ce fait rés.ulte d'un document produit un siècle plus tard par les donatistes dans la conférence de 411, et résumé ainsi par saint Augus- tin : « Gesta alla recitarunt, in quibus legebatur Melchiades misisse dia- conos cum litteris Maxentii imperatoris et lilleris praefecti praelorio ad praefectum urbis, ut ea reciperent qute lempore persccntionis ablata V. 14 210 LA BATAILLE DU PONT MILVIUS ET LEDIT DE MILAN. connaissance régulière de Miltiade comme chef de la communauté chrétienne de Rome, et à une reprise des relations qui avaient existé pendant une partie du troisième siècle entre l'autorité ecclésiastique et l'autorité civile : aussi le nom de Miltiade semble-t-il avoir été inscrit à ce moment sur les registres de la préfecture urbaine, où depuis 304 n'avaient point figuré ses prédécesseurs (1). Rentré en possession du cimetière officiel de l'Église romaine, le premier soin de Miltiade fut d'y déposer les restes du pape Eusèbe, mort en Sicile. L'autre pontife exilé, Marcel, avait pu recevoir facilement les honneurs de la sépulture, car, à l'exemple de Mar- cellin, il avait choisi son tombeau sur la voie Salaria, où les cimetières, demeurés de droit privé, ne furent point confisqués (2). Mais Eusèbe n'ayant point fait un tel choix, et la restitution des biens ecclésiasti- ques ayant suivi d'assez près sa mort, il était conve- nable de lui préparer une sépulture dans la nécropole de la voie Appienne où reposaient les papes du troi- sième siècle. L'enterrer dans leur caveau même pa- memoralus imperator chrislianis jusserat reddi. » Saint Augustin. 5r. 164). Cf. De Rossi, Roma sotlerranea, t. I, p. 170, et RuU. di arch. crist., 1880, p. 25, 46. LA BATAILLE DU PONT MILVIUS (31 2 j. 211 raissait encore dangereux; la paix était trop récente, trop dépendante des caprices d'un tyran, pour qu'on osât enlever des galeries environnantes l'amas de sable qui avait pendant sept ans mis les tombes pa- pales hors de l'atteinte des persécuteurs (1). Mais il était facile de trouver un lieu digne de recevoir les restes d'Eusèbe dans une autre partie de la catacombe de Calliste, où des galeries et des chambres avaient été creusées pendant les années tranquilles qui précé- dèrent la dernière persécution (2). Le corps du pon- tife, ramené — peut-être de Sicile aussi solennelle- ment que l'avait été, au milieu du troisième siècle, celui de Pontien (3), — fut déposé dans une crypte du second étage du cimetière, distincte et assez éloi- gnée du caveau papal (4). Sous la direction de Mil- tiade, la chambre qu'on lui consacra reçut une riche et gracieuse parure. Marbres, mosaïques, image du Bon Pasteur, voûte à caissons ornée de canthares, d'oiseaux, de génies, cette décoration des premières heures de la paix garde quelque chose de la simplicité classique, et n'annonce pas encore le midi splendide (1) Voir t. I, p. 188. (2) Area III du cimetière de Calliste, marquée VI sur les plans de la Roina sotterranea et sur ceux de la Rome souterraine. (3) « Quem beatus Fabianus adduxit cuin clero per navim. » Liber Pontificalis, Fabianus-, voir Histoire des persécutions pendant la première moitié du troisième siècle, p. 238. (4) Un des ms. du Liber Pontificalis dit qu'Eusèbe fut enterré in citniterio Callisti in crypta; formule employée pour les papes qui, comme Corneille et plus tard Miltiade, reposèrent dans une partie du cimetière distincte du caveau papal (Duchesne, le Liber Pontificalis, t. I, p. 107, note 5). 212 LA BATAILLE DU PONT MILVIUS ET LEDIT DE MILAN. et lourd qui, dans l'art, va succéder à cette fraîche aurore (1). Y a-t-il, dans une autre région de la catacombe, dont la construction remonte aussi au commencement du règne de Dioclétien, trace de la translation d'un mar- tyr, opérée comme celle d'Eusèbe après la restitution des loca ecclesiastica? Dans l'aire qui joint le cime- tière proprement dit de Calliste à celui de Sotère, et où se trouve la crypte célèbre de Severus , diacre du pape Marcellin (2) , un fragment d'inscription s'est rencontré, qui contient le mot PASSVS. Ce mot ne peut guère faire allusion à autre chose qu'aux souf- frances d'un martyr (3) : sans émettre une hypothèse trop hasardeuse , on peut supposer que le petit mor- ceau de marbre où il a été lu appartenait à l'épitaphe d'un des chrétiens qui versèrent à Rome leur sang pour la foi pendant la dernière persécution, héros inconnu déposé avec honneur dans le cimetière quand l'Église en eut repris possession (4). Cependant, au moment même où se reconstituait (1) Voir De Rossi, Roma soUerranea, t. II, p. 209 et pi. VIH. Cf. Rome souterraine^ p. 248. (2) Celte area est marquée VII sur les plans. Voir t. I, p. G7. (3) « Ce mot, dans une épilaphe de catacombe, n'appartient point au comput d'une distance mesurée i)ar pas, mais est la formule ordinaire pour indiquer le martyre. » De Rossi, Roma sottcrranea, t. III, p. 68. — Cf. QVI VIM igni S PASSI SVNT (Edmond Le Blant, Inscriptions chrétiennes de la Gaule, t. II, p. 305, n° 548 A; De Rossi, Inscr. christ, urbis Rojnx, t. II, p. x-xi}-, QVI PASSI SVNT IN FLVMEN TIBERE [Roma sotterranea, t. III, p. G47). (4) Malheureusement le précieux fragment fut volé avant que M. de Rossi ait pu l'étudier et tenter de le rapprocher d'autres morceaux. LA BATAILLE DU PONT MILVIUS (312). 213 à Rome le domaine ecclésiastique, des chrétiens souf- fraient du despotisme et des grossières passions de l'empereur. 11 ne régnait qu'avec l'appui des pré- toriens, et leur livrait tout en proie. Ceux-ci, pour venger un des leurs tué dans une émeute, avaient massacré des milliers de citoyens (1). Pendant que les soldats donnaient ainsi licence à leurs caprices, Maxence ne souffrait aux siens aucun frein. Tous les jours, sur de fausses accusations, des sénateurs, des consulaires, étaient jetés en prison ou mis à mort, afin d'avoir un prétexte de confisquer leurs biens (2). Beaucoup d'hommes libres étaient réduits en servi- tude (3). Mais surtout les femmes, dès qu'elles étaient belles et de haut rang, devaient tout craindre du brutal souverain. Maxence n'était pas moins débau- ché que Maximin (4). Souvent, pour arracher une épousé à son mari , il la contraignait au divorce, puis la renvoyait déshonorée dans sa maison (5). Mais, (1) Eusèbc, hist. Eccl.,\lU, 14, 3; Devita Consiantini, I, 35; Au- relius Victor, De Cœsaribus ; Zosime, IL (2) Eusèbe, hist. EccL, VIll, 14, 4; De mta Const., I, 35; Panecj. vet.,6, 7; Eulrope, Brev.; Prudence, Contra Symm., I, 470-471. (3) Code Tliéodosieyi, V, vi, 1. — Cette tyrannie s'étendait de Rome aux provinces de l'Italie; une inscription en l'honneur d'un correcteur de la Canipanie, en 312, le loue « quod in correctura ejus quae sœvissimam lyrannidem incurrerat, nullarn injuriam sustinuerit ordo populusque Alinas. » Orelli, Insci\, 2285; Wilmanns, Exempta inscr., 1221; Corpus inscr. lat., t. X, 50G1; Bull, délia comm. arch. com., 1891, p. 110. (4) Tûpavvoç MàÇevTio; xà Ôjjioia MaCipiivo) ôpûv. Eusèbe, Hist. EccL, VIII, U, 16. (5) Ibid., VIII, 14, 2; De vita Const., 1, 33; Prudence, Contra Symm., I, 471-480. 214 LA BATAILLE DU POiNT MILVIUS ET LEDIT DE MILAN, s'attaquant à des chrétiennes, il rencontra de coura- geuses résistances. On en vit préférer la mort à ses caresses (1). Une anecdote rapportée par Eusèbe montre l'intrépidité d'une de ces généreuses filles de l'Évangile, en même temps que la peur et la servilité auxquelles cédaient, en ce temps, les plus hauts ma- gistrats. La chrétienne Sophronie (2) était l'épouse du préfet de Rome, de celui-là même, peut-être, qui en 311 remit les biens de l'Église aux diacres de 3Iiitiade. Un jour, les pourvoyeurs des honteux plaisirs du prince entrèrent dans la maison du préfet. Tout de suite le mari et la femme comprirent ce que signifiait cette visite. Le préfet, tremblant, n'osa protester, et permit d'emmener sa femme. Mais elle, imitant la ruse qui, à Antioche, avait sauvé la vertu de Pélagie (3), de- manda un délai pour passer dans sa chambre et se parer. Laissée seule, elle saisit une épée, et, Lucrèce chrétienne, se l'enfonça dans la poitrine. Quand on vint la chercher, on ne trouva qu'un cadavre (i). Malgré ses cruautés, ses vices, une nonchalance extrême (5), Maxence était ambitieux. Il ne pouvait souffrir la supériorité de son beau-frère Constantin, dont le gouvernement sage et modéré lui était un perpétuel reproche. Faire la guerre au souverain (1) ^e vita Const., I, 33. (2) Eusèbe ne cite pas son nom, qui est donné par Ruiin. (3) Saint Jean Chrysostomc, Homilia XL. Voir plus haut, p. 78. (4) Eusèbe, Ilist. Eccl., VIII, 14, 17; De vita Constantini, I, 34. (5) Aurelius Victor. DeCxsaribus ; Paneg. vol., G, 7; Lactance, De viort. pers., 18 LA BATAILLE DU PONT MILVIUS (312). 215 des Gaules, l'abattre, et s'emparer de tout rOccident, devint son idée iixe. Les sorciers qu'il consultait sans cesse lui annonçaient la victoire; les démons évoqués devant lui répondaient favoraI)lement à ses vœux; il lisait dans les entrailles de lions égorgés ses triom- phes futurs; des sacrifices plus cruels encore, le sang de femmes et d'enfants, lui promettaient un avenir heureux (1). Il n'avait point négligé, pour se l'assu- rer, les combinaisons de la politique. Un rapproche- ment fut négocié entre lui et Maximin. Ces deux vi- lains hommes, si bien faits pour s'entendre, s'unirent par un traité secret (2). Une très nombreuse armée fut rassemblée en Italie : aux légions qui y cam- paient à demeure, Maxence joignit de nouvelles troupes, recrutées de gré ou de force dans la pénin- sule, ou levées en Mauritanie (3). Ceci fait, il trouva aisément un prétexte à déclarer la guerre : ce mau- vais fils, qui n'avait pu régner à Rome avec Hercule, envoya demander raison à Constantin de la mort vio- lente du vieil Auguste, et, pour bien marquer la rupture, abattit dans tous ses États les statues de son beau-frère (V). Constantin n'avait pas attendu cet outrage pour se préparer à une rencontre inévitable. Une alliance avait été contractée entre lui et Licinius, et comme, dans ces familles impériales renouvelées par les di- (1) Eusèbe, Hist. Eccles., VIII, 14, 5; De viia Const., I, 36. (2) Laclance, De mort, pers., 43. (3) Lactance, De mort, pers., 4i; Zosime, II, 15. (4) Lactance, De mort, pers., 43. 216 LA BATAILLE DU POM MILVIUS ET L'ÉDIT DE MILAN. vorces et les seconds mariages, il y avait toujours de jeunes princesses prêtes à devenir le prix ou l'enjeu des combinaisons politiques, la sœur consanguine du maître de l'Occident, Constantia, fut fiancé au souve- rain de TEurope orientale (1). L'équilibre des forces se trouvait de la sorte assuré. Licinius, placé entre Maxence et iMaximin, pouvait contenir ce dernier, s'il essayait de se mêler à la lutte, ou, s'il demeurait inac- tif, se porter lui-même en Italie. Constantin, dans tous les cas, n'aurait affaire qu au seul iMaxence. Ainsi pa- raissait réparée, en une certaine mesure, la faiblesse de son armée ; car, obligé de laisser garnis les postes du Rhin, il ne pouvait opposer aux légions de son adversaire que des troupes numériquement très infé- rieures (2). Cette infériorité, bien que compensée par l'habile politique de Constantin, et surtout par sa supériorité personnelle, ne laissait pas que de rendre hasardeuse rissue de la lutte. Le souverain des Gaules n'était pas homme à se tenir sur la défensive. Il avait l'habitude de marcher en avant et de frapper de grands coups. Dirigée par lui, la guerre ne serait pas une série d'es- carmouches entre les postes établis de chaque côté des Alpes, mais les Alpes franchies, l'Italie choisie comme champ de bataille, et un choc décisif sous les (1) Laclance, De mort, pers., 43. (2) Paneg. vet., 6; Zosiine, II, 15. — Zosime évalue l'année de Maxence à cent soixante-dix mille fantassins et dix-huit mille cavaliers-, celle de Constantin natleignait pas cent mille hommes, dont vingt- cinq à trente mille seulement de troupes réguliires. Voir Tillemont, Histoire des Empereurs^ t. IV, p. 124. LA BATAILLE DU PONT MILVIUS (312). 217 mur de Rome. Rome, cependant, formait la princi- pale force de Maxence. La possession de la ville éter- nelle doublait, en quelque sorte, les troupes de ce tyran, tant paraissait grand encore le prestige des sept collines, si découronnées qu'elles fussent depuis l'établissement de la tétrarcbie. 11 semblait que le génie de l'Empire veillât toujours sur le Capitole, pour foudroyer les audacieux qui tenteraient d'en appr£)- cher. Deux fois Texpérience venait d'être faite : la mort de Sévère, la fuite précipitée de Galère, prenaient aux yeux des soldats et des chefs je ne sais quoi de sur- naturel. Nul, autour de Constantin, ne songeait à se défendre de cette impression. L'allégresse que ressen- tirent tant de fois les armées du Nord au moment de descendre vers les pays du soleil était remplacée dans celle-ci par une crainte vague, qui glaçait tous les cou- rages. Les généraux eux-mêmes, accoutumés à lutter contre des Bretons ou des Francs, murmuraient à la pen- sée de combattre les prétoriens de Maxence (1). Cons- tantin n'eût pas été de son temps, s^il était demeuré insensible aux communes préoccupations. Trop brave pour y subordonner ses desseins militaires ou politi- ques, il avait donné sans hésitation Tordre de passer les Alpes; mais il partageait dans une certaine mesure les inquiétudes de ses soldats, pensait que la guerre dans laquelle on s'engageait n'était pas une guerre ordi- naire, que l'habileté du commandement ou la valeur des bataillons n'y déciderait pas seule de la victoire. (1) Vaneg. vet.^ 6. 218 LA BATAILLE DU PONT MILVIUS ET LEDIT DE MILAN. Pour comprendre les réflexions qui se présentèrent à son esprit, le tour que prirent ses méditations, la crise morale par laquelle il passa, la solution qui finit par s'imposer avec la clarté de l'évidence, il faut se rendre compte des idées religieuses professées par Constantin à cette époque de sa vie. Elles étaient moins le résultat d'une étude personnelle que des sympathies et des antipathies entre lesquelles s'était partagée sa jeunesse. A son père Constance Chlore, dont l'influence semble avoir été d'autant plus grande sur la direction de son esprit qu'il avait plus souflert dans sa tendresse et dans son orgueil d'en être séparé, Constantin devait la croyance en un Dieu suprême, réglant par sa providence les destinées des empires (1) ; mais, pas plus qu'à Constance, les travaux de la sou- veraineté ou les soucis de l'ambition ne lui avaient laissé le loisir de réfléchir sur la nature de ce Dieu, le culte qu'il exige et les vertus qu'il commande. Le monothéisme de Constantin était surtout fait d'aver- sion pour les ridicules ou dégradantes cérémonies du polythéisme, auxquelles il avait dû prendre part pen- dant la demi-captivité dû Dioctétien, puis Galère l'a- vaient retenu, et qui se confondaient avec les sou- venirs les plus amers de sa vie. Jamais, cependant, il n'avait songé à répudier les formes extérieures de la religion officielle, que le syncrétisme commode de ce temps permettait de concilier, par une sorte de réserve mentale, avec des croyances plus simples et plus (1) Eusèbe, De vita Consiantini,l, 13, 17. LA BATAILLE DU PONT MILVIUS (312). 219 épurées : on l'avait vu, comme tous les empereurs, dédier des temples etolFrir dessacrilices (1). Entre lui et les chrétiens aucune intimité n'existait encore. La tolérance qu'il leur marqua dès la premièi e heure de son règne était héritée de son père, et fortifiée par l'indignation que les excès jadis commis sous ses yeux avaient fait naître dans un esprit naturellement hu- main, que la suite des événements montrera capable de soudaines colères, mais incapable de cruautés ré- fléchies et prolongées. Si les disciples de l'Évangile lui inspiraient déjà quelque sympathie, celle-ci pro- venait moins d'un penchant pour leurs doctrines que d'une affinité naturelle avec leurs mœurs, de cette chasteté louée par les contemporains (5) et formant un si frappant contraste avec les débauches furieuses des Augustes qui régnaient en ce moment même à Nicomédie et à Rome. Mais rien, dans le passé de Constantin ou dans ses dispositions présentes, ne fai- sait prévoir qu'il dût suivre, en religion, une voie plus nettement tracée que celle de Constance, et sor- tir d'un vague déisme pour devenir le champion d'une Église aux dogmes arrêtés, aux commande- ments impérieux, aux cadres invariables. Il était re- ligieux, vertueux et tolérant à la façon de son père ; aucun signe d'une recherche plus ardente ou d'une inquiétude plus profonde n'avait trahi dans son âme le travail intérieur de la conversion. (1) Paneg. vet., 9. (2) Paneg. vet., 5, 6, 7; Eusèbe, De vita Const.^ I, 19. 220 LA BATAILLE DU PONT MILVIUS ET LEDIT DE MILAN. La conversion par laquelle les destinées du monde vont être changées ne ressemble, en efiPet, à aucune de celles qui l'ont précédée ou qui la suivront. Ni Paul, frappé par l'aiguillon divin et tombant terrassé sur le chemin de Damas ; ni Justin , ayant traversé toutes les philosophies pour rencontrer enfin la doc- trine qu'il cherchait sans la connaître; ni Augustin, ballotté par tous les orages de la pensée, du cœur et des sens avant de se reposer à jamais en Dieu; ni aucun des innombrables convertis que des voies di- verses ont conduits ou ramenés vers la foi chrétienne, n'a suivi des motifs semblables à ceux qui persua- dèrent Constantin. C'est à cheval , à la tête de ses troupes, sur quelque route gauloise ou quelque col escarpé des Alpes, qu'il fit les réflexions dont Eusèbe a reçu la confidence. Le petit nombre de ses soldats frappait ses regards; il était témoin du décourage- ment des chefs; en même temps il se rappelait, avec une terreur superstitieuse, les opérations magiques auxquelles recourait Maxence. La nécessité de s'ap- puyer sur un secours plus haut lui apparut avec une force irrésistible : il comprit qu'il ne pourrait rien, s'il n'avait Dieu pour lui. La plupart de ceux qui gou- vernèrent l'Empire romain s'étaient fiés à la multitude des dieux, avaient cru aux mensonges des oracles, et à la fin avaient péri misérablement , sans que nulle des divinités adorées par eux ne leur prêtât d'assis- tance. Leurs enfants avaient aussi disparu, et de leur race ou de leur mémoire nul souvenir ne demeurait. Ceux mêmes qui récemment tentèrent l'entreprise qu'il LA BATAILLE DU PONT MILVIUS (312). 221 poursuivait aujourd'hui et s'attaquèrent à Maxence avaient tragiquement ou honteusement échoué. Un seul, dans ces derniers temps, suivit sans obstacle une glorieuse carrière et mourut avec la consolation de se survivre à lui-même : c'était celui qui avait refusé sa foi à ridoMtrie et n'avait reconnu qu'un Être su- prême, conservateur de son empire et auteur de tout bien ; c'était le monothéiste Constance. Ces réflexions achevèrent de convaincre Constantin de la folie qu'il y avait à honorer des dieux qui n'existent pas et de la nécessité de rendre un culte au seul Dieu que re- connaissait son père (1). Cependant cet examen ne lui apportait rien de nouveau. Il venait de faire, en quel- que sorte, le tour de ses idées, l'inventaire de ses es- pérances, et se confirmait dans ses propres sentiments. Le pas décisif n'était pas accompli. Il le fit presque à son insu, par le mouvement logique de sa pensée. Le Dieu de son père, le Dieu unique, qui était-ce? comment le reconnaître? comment s'assurer sa pro- tection? Pour la première fois des questions aussi précises se posaient devant l'esprit de Constantin, rendu plus attentif par le péril extrême où il se voyait. « L'empereur se mit alors, dit Eusèbe, à implorer le secours de ce Dieu, le priant, le suppliant de se faire connaître à lui, et, dans la crise présente, de lui tendre une main favorable (2) . » Ce souci de savoir qui est le vrai Dieu, ce désir de connaître la vérité, cet appel (1) Eusèbe, De vita Constantini, I, 27. {2yjbid., 28. 222 LA BATAILLE DU PONT MILYIUS ET LEDIT DE MILAN. à la grâce, voilà ce qui distingue dès lors Constantin des simples déistes, de Constance lui-même, adora- teurs silencieux d'une divinité presque impersonnelle, avec laquelle l'homme n'entre point en relation. Si intéressée, au contraire, que soit la prière de Cons- tantin, c'est une vraie prière, c'est-à-dire un humble aveu de misère et de faiblesse. Si mêlé d'ambition que soit son désir de la vérité, ce désir existe. Si égoïste qu'en paraisse le mobile, sa conversion est sincère. C'est vers le Dieu vivant et personnel qu'il se tourne, c'est à ce Dieu qu'il demande de sortir du nuage, de se montrer, de combattre pour lui. Ce récit d'Eusèbe sera difficilement taxé d'inexac- titude , car il ne flatte pas l'empereur, lui prête des motifs assez terre à terre , et le montre conduit sur- tout par l'intérêt et la crainte au culte qu'il pratiquera désormais. Constantin a fait le calcul des chances, la balance des forces, et s'est tourné vers la religion qui peut donner la victoire. Cette religion même n'est pas encore désignée clairement : si le Christ paraît sous-entendu, il n'est pas nommé : le royal néophyte semble attendre qu'il se manifeste, et mettre son adhésion au prix du secours imploré. On sent que le travail intérieur si naïvement décrit ne se passe point dans les plus hautes régions de l'âme, qu'une con- version due à de tels motifs ne renouvellera pas tout l'homme, qu'après comme avant Constantin demeu- rera avec ses passions et ses faiblesses; mais la gros- sièreté même des pensées que lui prête le narrateur, leur accord avec ce que l'histoire nous apprendra du LA BATAILLE DU PONT MILVIUS (312). 223 premier empereur chrétien, garantit la vérité du ré- cit : il contiendrait plus d'idéal, s'il était inventé. L'incontestable bonne foi d'Eusèbe dans cette par- tie de sa narration devrait, ce semble, en faire ac- cepter la suite. Constantin n'était pas de ces âmes A qui suffit la touche délicate et à demi voilée de la grâce, qui « croient sans voir, » et qui entendent sans parole la réponse de Dieu. Pour faire d'un converti tel que lui l'instrument providentiel d'une grande révolution, il fallait qu'un signe matériel vînt lui apporter la certitude. « Pendant que l'empereur, continue Eusèbe, priait avec supplication, un signe merveilleux lui fut envoyé de Dieu. Si quelque autre le rapportait, ses auditeurs le croiraient difficilement. Mais comme longtemps après le victorieux Auguste me le raconta à moi-même, quand je fus parvenu à son intimité, et me le confirma par serment, qui pourrait le mettre en doute? Il déclare avoir vu de ses yeux, après midi, quand déjà le soleil s'inclinait à l'horizon, une croix (1) lumineuse paraître dans les cieux au-dessus du soleil, avec cette inscription : Sois vainqueur par ceci (2). Cette apparition le frappa de stupeur, ainsi que les soldats qui le suivaient et qui en furent témoins. 11 se demanda, m'a-t-il dit, ce (1) StaupoO rpÔTratov. (2) ToTjTw. vixa, Eusèbe rapporte naturellement cette phrase en grec; mais en quelle langue Constantin la vit-il écrite? En latin, disent Plii" lostorge, Nicéphore et Zonare. Les mots peuvent avoir été Hoc vince ou vinccs, formule qui se développa et devint, sur les monnaies de Vetranion, Magnence et Constance Jeune : Hoc signo victor eris. Constantin et ses soldats parlaient latin. 224 LA BATAILLE DU PONT MfLVIUS ET LEDIT DE MILAN. que signifiait ce phénomène. Il y pensa longtemps; puis la nuit vint, et pendant son sommeil le Christ lui apparut, avec le signe qui avait été vu dans le ciel, et lui commanda de faire une enseigne militaire sur le modèle de l'apparition, pour s'en servir comme d'une salutaire protection dans les combats (1). » Ce songe était connu du seul Constantin (2) : mais l'apparition lumineuse, le « signe céleste (3) » avait eu de nombreux témoins. La première « stupeur » fit bientôt place à des sentiments divers. Pendant que les chrétiens s'entretenaient avec admiration de ce qu'ils avaient vu, les païens le commentaient avec effroi. Les aruspices qui accompagnaient l'armée, et pour qui la croix était un objet de funeste augure , parlèrent de présage mauvais iadversum omen) (i) et dissuadèrent de continuer l'expédition. Mais la ferme réponse de l'empereur leur imposa silence (5). Peu à peu, chez les tenants mêmes de l'ancien culte, l'im- pression favorable prit le dessus. Un récit eut cours, dans lequel on reconnaîtra soit une version altérée des faits , soit au moins un indice de la croyance de (1) Eusôbe, De vita Constantini , I, 28. (2) Il y est peut-être fait allusion dès 313 dans ce passage d'un pané- gyrique : « Habes profeclo aliquod cum illa mente divine, Constan- line, secretum, quœ, delegata nostri diis minoribus cura, uni se tibi dignetur ostendere. » Paneg. vet., G. (3) « Cœleste signum. » Expression de Lactance, De mort, pars., 44 ; dePorfirius Oplatianus, Pancgyricus (année 321). (4) Paneg. vet., G. (5) « Contra aruspicum monita. » Ibid. — Cf. Baronius, Ann., ad ann. 312, § 11; Tillemont, Hùt. des Empereurs, t. IV, p. G32; New- man, Essay on ecclcsiasdcal miracles. LA BATAILLE DU PONT MILVIUS (312). 225 tous dans une intervention surnaturelle en faveur de Constantin. Toute la Gaule, dira quelques années plus tard un rhéteur païen, s'entretint d'une troupe céleste qui avait été vue planant au-dessus des légions en marche : malgré la grossièreté des regards humains, on avait pu, pendant un rapide instant, apercevoir ses armes lumineuses, ses Loucliers qui jetaient de terril)les éclairs; des voix avaient été entendues dans les airs, criant : « Nous cherchons Constantin, nous allons au secours de Constantin (j). » Cette promesse de victoire n'est-elle pas une allusion détournée aux paroles lues par l'empereur autour du signe du Christ? et ce signe lui-même, la croix superposée au soleil, dont les païens auraient rougi de confesser l'apparition triomphale, n'a-t-il pas été déguisé par eux sous l'allégorie classique des guerriers célestes, à l'épée rayonnante et au bouclier de feu (2)? (1) « In ore denique est omnium Galliarum exercitus visos qui se di- vinitus missos prœ se ferebant. Et quamvis cœlestia sub oculis ho- minum venire non soleant, quod crassam et caligatam aciem simplex ot inconcrela subslanlia naturœ lenuis éludât, illi tameii auxilialores lui aspici audirique patientes, ubi mcrilum tuum testificati sunt mor- lalis visus contagium refugerunt. Queenam illa fuisse dicitur spccies!... Flagrabant veiendum nescio quid umbone corusci et cœlesliuni armo- rum lux terribilis ardebat... Ha3C ipsorum sermocinatio, hoc inter au- dientes ferebant : Constanlinum petinuis, Constantino iiiuis auxilio. lUicœlo lapsi, illi divinitus missi gloriabantur quod libi militabanl. » Nazaire, dans Paneg. vet., 7. (2) Outre les auteurs contemporains que j'ai cités dans le texte ou en note, la vision de Constantin est rapportée par des écrivains |)oslé- rieurs : saint Grégoire de Nazianze, Oratio IV contra Juliauum; Sozomène, flist. Eccl., I, 3; Philostorge, I, 6; Socrate, I, 2; Nicé- phore, VllI, 3; Cedrenus; Zonare, XIII, 1; Suidas, v» Maxence; la V. 15 226 LA BATAILLE DU PONT MILVIUS ET LEDIT DE MILAN. L'empereur, du reste , coupa court à tout commen- taire en faisant fabriquer l'étendard dont l'image lui avait été montrée (1). Eusèbe le décrit en ces termes : « C'était une haste allongée revêtue d'or et munie d'une antenne transversale en forme de croix. Le sommet portait une couronne d'or et de pierreries. Au centre de la couronne paraissait le signe du nom salutaire (de Jésus-Christ), c'est-à-dire un mono- gramme désignant ce nom sacré par ses deux premiè- res lettres (grecques) groupées, le P au milieu du X. A l'antenne oblique traversée par la haste pendait un voile de pourpre, enrichi de pierres précieuses ar- tistement combinées entre elles, qui éblouissaient les yeux par leur éclat, et de broderies d'or d'une beauté indescriptible. Ce voile fixé à l'antenne était aussi large que long, et avait à sa partie supérieure les bustes de l'empereur chéri de Dieu et de ses enfants , brodés en or (2). Constantin se servit toujours dans la suite de cet étendard salutaire , et en fit faire un sem- blable pour chacune de ses armées (3). » Telle est Clironiquc d'Alexandrie; les Acta S. Artemii, dans Surius, Vitx SS.. t. X, p. 310. (1) Comme le dit M. le duc de Bioglie, si Ton trouve quelques difli- cultés dans le récil du prodige, « on en trouve bien plus encore à ex- pliquer l'apparition du fameux labarum sur la plupart des monnaies, des inscriptions et des insignes impériaux à partir de celte époque. » Deux Portraits de Constantin, dans le Correspondant, 25 octobre 1888, p. 59i, et dans Histoire et Diptomatie, 1889, p. 217. (2) Les bustes ne furent brotlés que plus lard, car en 311 Constan- tin n'avait encore d'autre fils que Crispus, né de son premier mariage. (3) Eusèbe, De vita Constantini, I, 31. Cf. Prudence, Contra Sym- machum, I, 464-466, 487-489. LA BATAILLLE DU PONT MILVIUS (312). 227 l'enseigne connue sous le nom de labarum (1) et dont la copie se retrouve, avec quelques variantes, sur de nombreux monuments (2). Le nouvel étendard put être porté en tète de l'ar- mée sans exciter les protestations des soldats païens. Par sa forme il différait peu de l'enseigne ordinaire de la cavalerie, pique coupée d'une barre transver- sale, à laquelle pendait un voile de couleur éclatante. La seule différence était que les bustes impériaux remplaçaient, surl'étofîe, le numéro de l'escadron ou de la cohorte, et qu'au sommet de la pique rayonnait, dans un cercle d'or, le monogramme formé du chi et du rliô entrelacés. La croix proprement dite était en- (1) L'origine de ce mot est inconnue. M. Duruy le fait venir du chal- déen lahai\ qui dans la langue assyrienne avait le sens de durée, d'éternité (Histoire des Romains, t. VII, p. 42). Saint Grégoire de Nazianze lui donne une origine latine, laborum salvcndorum, l'éten- dard qui rend faciles les travaux [Oralio IV, 66). Voir d'autres étymologies, tirées du latin, du grec, du celte, dans Dictionary of Christian antiquities, s, v., p. 9û9. D'après Sozomène {Hist. EccL, ï, 4), l'étendard porté devant l'empereur s'appelait déjà labarum ou laboron, et fut seulement modifié par Constantin, qui y ajouta le mo- nogramme du Christ. (2) L'étendard constantinien est représenté (mais sans le voile) sur un sarcophage du quatrième siècle, au musée de Latran ; deux soldats sont assis près de lui et semblent le garder [Rome souterraine, p. 443, fig. 45). On le rencontre soit dans la main de l'empereur, soit gardé par deux soldats, sur un grand nombre de médailles de Cons- tantin et de ses successeurs; mais souvent la forme est simplifiée, et le monogramme, au lieu d'occuper le sommet de la haste, est dessiné sur le voile qui y est suspendu. — Un cercle de bronze enfermant le monogramme, conservé au musée chrétien de la bibliothèque Vaticane, paraît avoir formé la cime d'un labarum. De Rossi, Roma sotterranea, t. III, p. 341, n" 2; Bullellino di archeologia cristiana, 1877, p. 56, 68. 228 LA BATAILLE DU PONT MILVIUS ET LEDIT DE MILAN. core dissimulée, ou plutôt elle résultait seulement du croisement de la haste avec l'antenne, qui, dès le temps de Tertullien , en avait offert aux soldats chré- tiens la secrète image (1). Mais, surmontée désormais des lettres sacrées, cette image prenait à leurs yeux toute sa signification : elle devenait le signe de la victoire promise, ou plutôt le symbole de la victoire déjà gagnée, le gage de la conversion de l'empereur et de l'Empire. Les Alpes franchies, Constantin se rendit maître, en quelques mois, du nord de l'Italie. Suse, Turin, Mi- lan, Brescia, Vérone, Aquilée, Modène, tombèrent successivement dans ses mains (2). Un échec éprouvé en approchant de Rome ne ralentit pas son ardeur (3). Résolu à vaincre ou à périr, Constantin rallia ses troupes, et, traversant rapidement l'Étrurie, se porta vers la ville éternelle à marches forcées. Maxence, ce- pendant, ne remuait pas. Pendant que ses généraux combattaient, il continuait sa vie de plaisirs, et pré- parait tranquillement les fêtes qui allaient, dans quel- ques jours, célébrer l'accomplissement de sa sixième année de règne. Sa foi dans les oracles et les devins lui avait inspiré une telle sécurité, qu'au lieu de se couvrir du Tibre pour en disputer le passage à son (1) « In Iropœis cruces intestina sunt trop.Tonini... Omnes illi irna- ginum suggestus insignes, nionilia crucinn sunt : sipliara illa vexillo- runi et cantabrorum stola) crucum snnf. » Terlnllien, Apol., \(\; cf. Minucius Félix, Octavius, 2\). (2) Paneg. vet., 6, 7. (3) Lactance, De mort, pers., 44. LA BATAILLE DU PONT MILVIUS (312). 229 adversaire , il envoya ses soldats au-devant de Cons- tantin pai* la voie Flaminienne, avec ordre de passer le ileiive et d'appuyer leur arrière-garde à la rive droite , sans autre ligne de retraite que le pont Mil- vius, flanqué à la hâte d'un pont de bateaux (1). Eu- sèbe attribue cette absurde manœuvre à une sorte d'aveuglement providentiel : Dieu, dit-il, voulait perdre Maxence hors de Rome, afin d'épargner aux habitants les souffrances d'un siège (2). Rencontrant l'avant-garde ennemie à deux heures de marche en- viron en deçà du Tibre, vers les Roches Rouges, près de l'ancienne villa de Livie (3) , Constantin se réjouit d'une faute qui mettait toute l'armée de Maxence à la merci d'une première attaque (4). Cependant il n'oublia pas d'élever encore une fois son âme vers le Dieu qui lui avait promis la victoire. Si l'on en croit Lactance, un songe lui montra de nouveau le Christ, donnant l'ordre de graver sur les boucliers des soldats de monogramme qui brillait déjà sur leurs drapeaux (5). (1) Paneg. vet., 6, 7 ; Zosîme, II, 15; Lactance, De mort, pers., 44. (2) Eusèbe, Hisl. EccL, IX, 9, 4; ^e vita Const., I, 38. (3) BuUetiino di arch. crist., 1863, p. 40. (4) Ainelius Victor, De Cxsaribus, 40. (5) « Coininonitus est in quiète Constantinus ut cœleste signum Dei notaret in sentis, atquc ita prœliuin cominitteret. Fecit ut jussus est, el, transversa X litlera sunimo capite circumflexo, Christum in sentis notât. » Lactance, De mort, pers., 44. S'il n'y a pas confusion dans ce récit, le son^e que raconte Lactance est diflerent de relui qui sui- vit l'apparition de la croix dans le ciel. L'ordre donné par le Christ n'est pas le même, puisqu'il n'a plus trait à l'étendard, mais à l'ins- cription du monogramme sur les boucliers. Y est-il fait allusion dans une médaille d'Eudoxie, qui représente la Victoire, assise, gravant 230 LA BATAILLE DU PONT MILVIUS ET L'ÉDIT DE iMILAN. Le lendemain, 28 octobre, jour anniversaire de l'avènement de Maxence , Constantin marcha vers le fleuve. Pendant que « sur les sommets des sept col- lines chargées de temples, de palais, de souvenirs et d'années, tous les dieux du monde antique semblaient se dresser pour découvrir dans le lointain des airs l'é- tendard de la croix (1), » Maxence, sûr du succès, et comme indifférent au péril que couraient ses soldats, contemplait de la loge impériale les jeux célébrés dans le cirque en son honneur. Les huées du peuple indigné , qui acclamait d'avance la victoire de Cons- tantin, finirent par l'en chasser (2). Passant bientôt de la sécurité à la terreur, il envoya en toute hâte consulter les livres sibyllins; mais leur réponse le ras- sura : les quindécemvirs avaient lu que l'ennemi de Rome périrait sûrement (3), et l'ennemi de Rome ne pouvait être que celui de Maxence! Il se décida enfin à joindre l'armée, et, par le pont de bateaux, qui, peu sur un bouclier le monogramme constantinien? Une allusion plus an- cienne et plus précise est dans les vers de Prudence, qui montre, lors de l'entrée de Constantin à Rome, le chiffre du Christ brillant au sommet et sur le voile du labarum, et en même temps inscrit sur le bouclier des soldats : Christus purpureum gemmanti textus in auro Signabal labarum, clypeorum insignia Chrislus Scripserat, ardebat summis crux addita cristis. Contra Symmaclium, I, 486-488. (1) A. de Broglie, VÉglise et V Empire romain, t. I, p. 229. (2) Lactance, De mort, pers., 4i. (3) « Illo die hostem Romanorum esse periturum. » Ibul. — Sur les consultations des livres sibyllins, voir les Dernières Persécutions du troisième siècle, p. 215-217. LX BATAILLi: DL PONT MILVIUS (312). 231 solide, se rompit après sou passage (1), il arriva dans la plaine au plus fort de l'action. A sa vue, la mêlée devint furieuse (2); mais les prétoriens eux-mêmes, poussés par l'élan irrésistible des soldats de Constan- tin, se trouvèrent acculés au fleuve : la retraite, ou plutôt la fuite , commença dans le plus grand désor- dre; des milliers d'hommes s'écrasèrent sur l'étroite chaussée du pont iMilvius, ou disparurent par les fentes du pont de bateaux, l^ne partie de l'armée de Maxence fut ainsi culbutée dans le Tibre. Maxence , avec les gardes du corps qui essayaient de le proté- ger, céda à l'elfroyable poussée : on le vit tomber dans le fleuve, où sa lourde cuirasse le fît enfoncer comme une masse de plomb (4). « Chantons au Seigneur, s'écrie Eusèbe après Moïse : il vient de glorifier sa puissance! 11 a jeté à l'eau le cheval et le cavalier. Il s'est montré notre protecteur et notre sau- veur... Qui est semblable à vous parmi les dieux. Seigneur, qui est semblable à vous, grand en sainteté, terrible, digne de toute louange, et opérant des merveilles (4-)? » L'entrée de Constantin à Rome fut un vrai triomphe : (1) « Quo responso in spem vicloriœ inductus procedit, in aciem venit. Pons a tergo ejus scindilur. » Lactance, /. c. Eusèbe et Zosime disent que le pont avait été à dessein formé de bateaux mal attachés, afin de s'ouvrir sous l'armée de Constantin ; cela est peu vraisem- blable. (2) « Eo viso pugna crudescit. » Laclance, l. c. (3) Lactance, De mort, pers., 44 ; Eusèbe, De vita Constanlini, I, 38; Zosime, II, 15; Aurelius Victor, Epilome; Paneg. cet., 6. (4) Eusèbe, Hist. EccL, IX, 9, 8; De vita Conslantini, l, 38. — 232 LA BATAILLE DU PONT MILVIUS ET LEDIT DE MILAN. la foule se pressait autour de lui, non avec cette cu- riosité banale qui la porte vers tous les vainqueurs, mais avec le sentiment d'une vraie délivrance. Les sénateurs, les uns tirés de prison, les autres affran- chis de la terreur qui avait pesé sur leur ordre, ap- plaudissaient l'étendard libérateur, et oubliaient leurs vieux préjugés païens pour s'incliner devant les bou- cliers marqués du signe du Christ (1). Non seulement les grands, mais les humbles, femmes, enfants, esclaves, saluaient d'une immense acclamation le protégé du ciel (2). Le peuple le suivit jusqu'au Pa- latin; longtemps ses flots bruyants battirent les mu- railles de la colline impériale; peu s'en fallut qu'ils ne fissent irruption jusque dans le palais, et qu'une émeute d'amour et de reconnaissance n'en franchit « le seuil sacré (3). » Dans ce premier séjour à Rome, Constantin se m_on- tra digne de la religion au nom de laquelle il venait de vaincre. Il n'exerça point de représailles, réprima les délateurs [k), et sut résister aux désirs du peuple altéré de vengeance (5). Le fils de Maxence et les plus (t)Eusèbe, De viia Constantini, I, 39. Cf. Prudence, Contra Sym- machum, I, 493-495 : Tiuic illc scnalus Militiii; ultricis tilulum Cliristique vcrcnduni Nonien adoravit, (luod conliu'cbal in ariuis. {'!) Eiisèbe, Hisl. EccL, IX, 9, 9; De vlla Const., 1. c. (3) « Qucri lam cilo accessissc Palatiiini... pœnc eliam sacrum linien irruinpere... eum a quo obsidione libcrali fueranl, obsidere. » Paneg. vet.y 6. (4) Code Tlu'odosien, IX, x, 1; cf. 2, 3. (5) Paneg. vet-, 6. LA BATAILLE DU PONT MILVIUS (312). 233 intimes agents de sa tyrannie furent seuls conduits au supplice (1). En même temps, la milice prétorienne fut cassée, son camp démantelé, les autres milices urbaines diminuées en nombre (2). Rome, délivrée de l'oppression militaire, redevint une ville libre, la ca- pitale d'un grand empire. Les bienfaits du régime nouveau s'étendirent sans délai au reste de l'Italie, à l'Afrique, et à tout l'ancien domaine de Maxencc; les prisons s'ouvrirent partout pour ses victimes, les biens injustement saisis furent restitués, les exilés revirent leur patrie (3) ; d'intelligentes distributions d'argent, de vivres, de vêtements, des secours discrètement donnés aux veuves et aux orphelins, vinrent atténuer la misère publique (4). Les chrétiens ne furent pas oubliés dans ces largesses : le Palatin étonné vit des hommes pauvrement vêtus, d'humbles ministres de l'Évangile s'asseoir à la table du prince et se mêler à ses conseils (5) ; le trésor public reçut pour la pre- mière fois l'ordre de contribuer à la construction des églises (6); le vieux palais des Laterani, qui venait de prendre le nom de l'impératrice Fausta, fut donné au pape iMiltiade pour devenir sa demeure, le siège de l'administration ecclésiastique et la première cathé- drale de la chrétienté (7). (1) Paneg. vet., 7; Zosiine, II, 17. (2) Paney. vet., 6; Zosime, II, 17; Aiirelius Victor, DeCxsaribus, 40. (3) Eusèbe, De viia Const., I, 41. (4) ma. 43. (5) Ibid., 44. (6) Ibid. (7) Nous verrons en 313 le pape Milliadc présider in domo Faustee 234 LA BATAILLE DU PONT MILVIUS ET LEDIT DE MILAN. Cette faveur si tôt montrée au clergé catholique ne suscita de la part des païens aucun mouvement de jalousie : le sentiment de la délivrance était trop vif encore pour ne pas dominer toute autre impression. Les sectateurs des deux cultes paraissent, dans ces premiers temps, n'avoir rivalisé que d'hommages en- vers Tempereur. Le sénat célébra par la fondation de jeux annuels « la défaite du tyran et Tavènement de Constantin (1); » se trompant peut-être aux égards dont celui-ci se montrait prodigue envers les pères conscrits (2), il se crut appelé à régler les préséan- ces dans le collège impérial ; aussi pensa-t-il honorer le vainqueur en lui décernant par une délibération solennelle le titre de « premier des Augustes (3). » La haute assemblée ne borna point à ce vote les marques de sa reconnaissance : le petit temple rond bâti par Maxence sur la voie Sacrée en l'honneur de son fils Romulus fut dédié à Constantin (4); et l'on commença, aux dépens d'autres édifices dépouillés in Lalerano un concile de dix-huit évêques (saint Optât., Deschism. donat., I, 33). L'Église de Rome élant en possession de tous ses tituli, le choix de ce lieu de réunion ne s'expliquerait pas si le Latran ne lui avait dès lors appartenu; Baronius, Ann., ad ann. 312, § 82-, De Rossi, Bull, di arch. crisL, 18G3, p. 52; Stevenson, Scoperte d'anlicJn edi- fizi al Lalerano, dans Ann. delV Insl. di corr. arch., 1877, p. 232' Duchesne, le Liber Pontif., t. I, p. 191, note 28. {{) Evictio iyranniy adventus Constantini. Calendrier philocalien, aux 28 et 29 octobre; Corp. inscr. lat., t. I, p. 405. (2) Paneg. vet, 6. (3) Laclance, De mort, pers., 44. (4) Ce petit temple servit ensuite de vestibule à l'église des saints Côme et Damien, construite elle-même par l'adaptation au culte chré- tien d'une aula consacrée aux archives cadastrales de Rome; voir De r.A BATAILLE DU PONT MILVIUS (312). 235 pour lui de leurs bas-reliefs, la construction de Tare triomphal qui s'élève entre le Palatin et le Coli- sée (1). Sur ce monument, où la décadence artistique, sensible dans les détails, n'a point encore altéré Thar- monic des proportions et la grAce robuste de l'en- semble, fut mise la célèbre inscription dans laquelle le sénat en majorité païen et le peuple partagé entre les deux cultes attribuent au secours d'en haut la vic- toire remportée sur l'ennemi de Rome : « A l'em- pereur César Flavius Constantin, très grand, pieux, heureux, auguste, le sénat et le peuple romain ont dédié cet arc de triomphe, parce que, grâce à nnspiration divine et à la grandeur de son génie , il a, avec son armée, vengé dans une guerre juste la République du tyran et de toute sa faction (2). » L'examen des lettres et des blocs sur lesquels elles sont gravées a montré que les mots instinctv divi- MTATis ne forment pas, comme on l'avait supposé, une addition postérieure et appartiennent au texte Rossi, Bullettino di arch., crist., 18G7, p. 61-71; Lanciani, Bull, délia comm. arch. comunale di Roma, 1884, p. 29-54. (1) Dédié en 315. (2) IMP. CVES. FL. CONSTANTINO MAXIMO P. I . AVGVSTO S. r. Q. U. QVOD INSTINCTV DIVINITATIS MENTIS M.VGNITVDÎNE CVM EXERCITV SVO TAM DE TYR\NNO QVAM DE OMNI EIVS FACTIONE VNO TEMPOIIE IVSTIS KEMPVHLICAM VLTVS EST ARMIS ARCVM TRIVMPHIS INSIGNEM DICAVIT. Sous l'arche centrale, d'un côté : liberatori vrkis; de l'aulrc : FVNDATORi QViETis. Corp. inscv. lat., t. VI; 1039. 236 LA BATAILLE DU PONT MILVIUS ET LEDIT DE MILAN. primitif (1) : la valeur singulière qui s'y attache ré- sulte , non de l'expression employée par le sénat, qui était au quatrième siècle entrée dans la langue cou- rante (2), mais de l'allusion qu'il est difficile d'y méconnaître : cet aveu, si voilé qu'il soit, peut être mis à côté d'un passage déjà cité d'un panégyrique, comme indice de l'état de l'opinion païenne au sujet des circonstances qui préparèrent ou accompagnèrent le succès de Constantin. A l'exemple du sénat, les particuliers, les villes, les provinces, voulurent honorer par des monuments et des fêtes « le libérateur de Rome , le fondateur du repos public. » Pendant que l'on travaillait encore à l'arc de triomphe, commençait à s'élever presque en regard, au sommet de l'Esquilin, une basilique (3) construite aux frais d'un consul (i), qui rappellera par ses décorations de marbres découpés, incrustées de nacre, la défaite de Maxence, la tête du tyran portée par les soldats, les courses et les spectacles par lesquels fut célébrée la victoire (5). Mais nulle part l'enthousiasme ne parut aussi grand qu'en Afri- que, où la cruauté de Maxence s'était fait plus du- rement sentir. La tête du vaincu, montrée d'abord (1) Bullettino di archeologia crlstiana, 1803, p. 40, 57-60, 86. (2) De Cliampagny, les Antonins, t. I, p. 380, 395,416; De Rossi,^?> coinnuinihabilii propeno- vem egit. Morte consumplus est, ut satis palet, formidine voluntaria. Quîppe cum a Constantino alque Licinio vocatus ad festa nupliarum per senectam, quo minus intéresse valeret, excusavisset, resciiplis mi- nacibus acceptis, quibus increpabatur Maxentio favisse, et Maxiinino favere, suspcclans nccem dedecorosam, venenuin dicitur hausisse. » Aurelius Victor, Epilome, 39, 8. — « Famé atque angore confectus est. » Lactance, De mort, pers., 42. (3) Maxfia xai iTzùvKoi&irt x% "^o^ cd[).oi':o; àadz^zia ôtepYaaOeiç. Eu- LEDIT DE MILAN (313). 247 raent qu'il mourut vers le milieu de 313 (1), et sa mort, quel que soit le récit auquel on s*attache, laisse l'impression d'un de ces coups que la justice divine frappa successivement sur tous les persécuteurs du quatrième siècle (2). Peut-être son vrai châtiment fut-il de n'avoir pu mêler son nom à l'œuvre qui se poursuivit sans lui à Milan. Elle aurait plus valu pour honorer ou réhabiliter sa mémoire que les hommages posthumes qui lui furent prodigués, le titre de dimis que lui décerna le sénat (3) , et le superbe mausolée, couvert d'un voile de pourpre (4) , dans lequel on en- ferma ses cendres. 11 ne s'agissait de rien moins que d'effacer les der- nières traces de la persécution qui , par la faiblesse de Dioctétien, depuis dix ans dévastait rEinpire. Galère l'avait tenté ; mais l'édit rédigé en 310 et promulgué au commencement de 311, n'était en vigueur que dans une partie du monde romain. Les provinces qu'avait possédées Maxence ne le connaissaient point : sèbe, Hist. EccL, VIII, appendice, 3. — La Chronique d'Alexamlria parle d hydropisle. (1) Il résulte de Lactancc, De mort, pers., 43, que Dioclélien mou- rut avant Maxiniin. Or, la mort de ce dernier est du mois d'août 313 (voir la note de Baluze sur Laclance, De wort. pers., i9, et Tille- mont, Ilist. des Emp., t. IV, p. 1.56). Celle de Dioctétien eut donc lieu entre cette date et les premiers mois de 313, époque du mariage de Conslanlia, où il avait été invité. Cf. Tillemont, Ilist. des Emp., t. IV, p. 610, note XX sur Dioclélien. (2) Saint Jérôme, In XIV Zach. (3) Europe, Brev., IX, 28. — Comme il était, par son abdication, redevenu personne privée, le fait parut sans précédent : « Solus om- nium privalus inter deos referlur, » dit la Chronique de saint Jérôme. (4) Ammien Marcellin, XVI, 28. 248 LA BATAILLE DU PONT MILVIUS ET L'EDIT DE MILAN. bien que ce prince y eût rétabli depuis assez long- temps la paix religieuse , elle manquait pour ses an- ciens sujets d'un titre légal. L'édit n'avait encore force de loi ni en Italie ni en Afrique. A plus forte raison demeurait-illettré morte en Orient. Promulgué du vivant de Galère dans tout le nord de l'Asie ro- maine , il y avait été abrogé de fait quand cette por- tion de ses États était tombée aux mains de 3Iaximin. On se rappelle que dans les États propres de celui-ci, c'est-à-dire en Syrie et en Egypte, il n'avait jamais été publié officiellement. La récente lettre à Sabinus, qui contenait seulement de vagues conseils de tolé- rance, ne faisait même aucune allusion à l'édit. La Gaule, l'Espagne et la Belgique, domaine de Cons- tantin, les pays situés entre l'Adriatique et le Bos- phore, apanage de Licinius, considéraient seuls comme une loi de l'Empire l'acte autrefois arraché par la maladie à l'impuissant repentir du vieux Ga- lère. Le reste du monde romain ou ne l'avait pas reçu, ou ne le recevait plus. Une question se posait aux deux empereurs, devenus par leur étroite alliance et par la victoire de Constantin les maîtres incontestés : al- laient-ils promulguer l'édit dans les provinces con- quises sur Maxence, et contraindre par la menace ou par la force Maximin à faire la même promulgation en Asie et en Egypte? Cette conduite paraissait la plus simple; mais elle ne répondait plus aux sentiments de Constantin. En ouvrant les yeux à la foi nouvelle, il s'était aperçu que certaines dispositions, qui d'abord ne l'avaient point choqué , marquaient de la part du L'ÉDIT DE MILAN (313). 249 législatoiir une défiance injurieuse à l'égard des chré- tiens : telle était la condition « de ne rien faire contre la discipline, » dont la formule élastique pouvait se plier aux interprétations les plus diverses; telles étaient surtout les instructions particulières jointes au texte (1), sortes d' « articles organiques » dont la teneur ne nous est point parvenue, mais qui appa- remment restreignaient dans la pratique la liberté octroyée en théorie. Une autre partie de l'édit lui paraissait prêter à la critique : en autorisant les chré- tiens à « rétablir leurs assemblées, » Galère n'avait pas réglé la manière dont ils reprendraient possession des biens confisqués , en particulier les droits que leurs communautés pourraient faire valoir sur ceux des biens ecclésiastiques dont le fisc avait déjà disposé. Enfin, le langage employé par Galère, ce style outra- geant, cette manière haineuse de donner la paix, contrastaient trop avec les pensées actuelles de Cons- tantin pour qu'il en acceptât désormais la responsa- bilité. Ni pour le fond, ni pour la forme , ni en raison des circonstances mêmes qui l'avaient amené , l'acte de 311 ne lai paraissait la charte définitive de la li- berté religieuse. Une nouvelle loi devait donc être rédigée, qui effacerait les conditions défavorables aux chrétiens, réglerait toutes les questions restées en litige, établirait la paix des consciences sur un fonde- ment inébranlable, et la proclamerait en des termes dignes d'une telle cause. (1) Voir plus haut, p. 157. 250 LA BATAILLE DU PONT MILVIUS ET L'ÉDIT DE MILAN. Licinius n'avait rien à refuser au vainqueur de Maxence. Son scepticisme politique lui permettait de feindre des sentiments religieux conformes à ceux que professait sincèrement son impérial beau-frère. Il entra donc sans peine dans la pensée de Constantin et se mit d'accord avec lui pour adresser à tous les magistrats la constitution suivante, dont le texte of- ficiel nous a été conservé par Lactance (1), à l'excep- tion du préambule que nous connaissons seulement par la traduction grecque d'Eusèbe (2) : « Depuis longtemps déjà nous avions reconnu que la liberté de religion ne doit pas être contrainte, mais qu'il faut permettre à chacun d'obéir, pour les cho- ses divines, au mouvement de sa conscience. Aussi avions-nous permis à tous, y compris les chrétiens, de suivre la foi de leur religion et de leur culte. Mais parce que, dans le rescrit où leur fut concédée cette faculté, de nombreuses et diverses conditions avaient été énumérées (3), peut-être à cause de cela quelques- (1) Lactance, De mort, pers., 48. (2) Eusèbe, Hisi. Eccl., X, 5. (3) IloXXat xal ôtàçopoi alpeasiç. Eusèbe, Hist. EccL, X, 5, 2. — Celte phrase a donné lieu à une singulière méprise. On a traduit aîpsaeiç par sectse, et l'on a supposé qu'un premier édit, où il était question d'hé- résies, avait été rendu par Constantin et Licinius. Valois, cité par Til- lemont [Mémoires, t. V, art. xlvi sur la persécution de Dioclétien), croit que dans ce premier édit « l'on avoit été choqué de ce que la religion chrétienne y avoit été tellement relevée, qu'il sembloit que toutes les autres y eussent été défendues; et encore de ce que les di- verses sectes sorties des chrétiens y étoient qualifiées du nom odieux d'hérésies. » M. de Bro^Ue {l'Église et l'Empire romain au quatrième siècle, t. ï, p. 230) suppose au contraire que ce premier édit était « conçu dans des termes d'une généralité telle, qu'il seiiiblail selon- L'EDIT DE MILAN (313). 251 uns y renoncèrent après un certain temps (1). C'est pourquoi, quand moi, Constantin Auguste, et moi, Licinius Auguste, nous nous sommes rencontrés heu- reusement î\ Milan (2), pour y traiter de tous les inté- dre à des sectes ennemies de toute morale et favoriser par là une li- cence périlleuse. » Cet édit postérieur à la défaite de Maxence, an- térieur à l'édit de Milan, et susceptible d'interprétations si diverses, n'est rapporté nulle part. Il a été cependant cilé de confiance par un grand nombre d'historiens : aux noms que je viens d'indiquer on peut ajouter Beugnot (Histoire de la destruction du paganisme en Occi- dent, i. I, p. 57), Aube (De Constantino imperatore ponti/ice maximo, p. 20), Boissier [VÉdit de Milan, dans la Revue des Deux- Mondes, I" août 1887, p. 520). M. de Champagny {les Césars du troisième siècle, t. III, p. 454-455) ne l'admet qu'avec hésitation. Son existence paraît ne reposer que sur une mauvaise traduction de la phrase grecque d'Eusèbe. IToUal xat 6ià. 49. (2) PassioS. Salsx martyris Tipasilanœ , publiée par les Bollaii- (listes dans le Catalocjus codicum liafjiographicorum antiquiorum sœcidoXVI, qui asservmitur in Bibliolheca nationali Parisiensi, t. I, Paris et Bruxelles, 1889, p. 344. — La Passion de sainle Salsa, composée peu après 372, était demeurée inédite jusqu'à la publication de ce catalogue , dans lequel elle est donnée en appendice. Le nom de la sainte n'était jusque-là connu que par une double mention du martyrologe hiéronymien. au 20 mai et au 10 octobre, avec la seule indication topographique : In Africa. 298 CON^TANT]>; ET LICIMUS (313-323). nicipalités et les offrandes des particuliers se faisaient rares : tous ceux que Tintérét, l'habitude ou la peur avaient seuls attachés jusque-là au culte des dieux s'en retiraient peu à peu : aussi voyait-on des sanc- tuau^es se fermer et tomber en ruines, sans aucune intervention de l'autorité civile, mais seulement faute d'adorateurs et de subsides. Il arrivait que la dévo- tion des partisans de l'idolâtrie se concentrait alors sur quelque religion plus vivace, quelque superstition locale, où le paganisme trouvait sa dernière citadelle. En beaucoup de villes, le culte de Mithra hérita de tous les autres; mais, dans la petite ville maurita- nienne de Tipasa (1), théâtre des faits que nous allons raconter, le sanctuaire demeuré seul debout, entre tous ceux dont les murailles sans toits couvraient maintenant la « colline des temples (2) » de leurs débris sans cesse aspergés d'écume et fouettés par le vent de mer, était la chapelle de Python, où se prati- quait le culte du serpent, cher de tout temps aux po- pulations de l'Afrique (3). La fête se célébrait au printemps, avec la publicité à la fois exigée et permise par les lois du quatrième siècle. L'antique narrateur a laissé le tableau des ré- jouissances dont elle était l'objet : il peint, en homme qui peut-être les a encore vus, les murs délabrés des temples rajeunis par des guirlandes de laurier, de (1) Sur la cote, entre Iconiuin (Alger] et Césarée (Chercliell. (2) Teinplensis (collis). (3) Passio S. Salsx, 3, p. 347. Cf. Corpus inscr. lai.. I. VllI, Sii|)[)l., 15247, 15378. LA POLITIQUE RELIGIEUSE DE CONSTANTIN. '29'J peuplier et de myrte, le sanctuaire de Timpure idole paré de tapisseries, les cassolettes d'encens fumant sur les autels, les prêtres vêtus d'habits magnifiques, les chœurs de chant et de danse, bientôt l'enthou- siasme des dévots s'exaltant jusqu'à la frénésie. C'est au milieu de cette orgie qu'une pure et gracieuse en- fant de quatorze ans, Salsa, qui professait le christia- nisme depuis longtemps florissant à Tipasa (1), fut conduite de force par ses parents, païens fanatiques. Elle dut assister, frémissante, au sacrifice et au repas sacrilège qui le suivait. Mais, pendant que ceux qui l'avaient amenée faisaient la sieste, avec tous les au- tres, à la suite de ce repas, Salsa voulut venger sur le dieu son humiliation et ses angoisses : se levant sans bruit, elle parvint à se glisser dans la chapelle, arra- cha la tête dorée du serpent, et la lança dans les flots qui battaient le pied de la colline. Enhardie par ce premier succès, Salsa rentra dans le sanctuaire, saisit dans ses faibles bras le corps du dragon, et le préci- pita du haut de la falaise : mais le bruit que fit le monstre d'airain en rebondissant contre les rochers dénonça le fait aux païens. La foule se rassembla, poussant des cris de fureur : des forcenés saisirent l'intrépide enfant, et, sans être émus de sa jeunesse, ni touchés de sa grâce, la jetèrent assommée dans la (I) Épitaphes chrétiennes découvertes à Tipasa, dont l'une porte le très ancien symbole de l'ancre, l'autre la date de l'année 238, la plus reculée que l'on ait encore lue sur les marbres chrétiens d'Afrique. Duchesne, Sainte Salsa, vierge et martyre, lecture faite le 2 avril 1890 à la séance trimestrielle des cinq académies. 300 CONSTANTIN ET LICINIUS (313-323;. mer OÙ elle avait voulu noyer leur dieu. Trois jours après, un navire provençal, entrant dans le port de Tipasa, recueillit eu rade le corps de la martyre. Les chrétiens, aidés des matelots, l'enterrèrent sur le rivage, près du port : sur la tombe s'éleva bientôt une spacieuse basilique, dont les restes ont été re- trouvés de nos jours. Le culte du Python ne devait pas se relever du coup porté par la main d'une vierge. Les païens, honteux peut-être de leur emportement, cessèrent de venir à son temple. Celui-ci fut usurpé par les juifs, qui de l'édifice abandonné firent une synagogue (1). Mais les chrétiens le reprirent à leur tour, et sur son emplacement construisirent une église destinée à consacrer le souvenir dune action dont l'héroïsme avait couvert sans doute l'apparente irrégularité (2). (1) « Ubi eniin diidum templa fiierant instituta gentiliuni, postrno- dum ibidem diabolus synagogain constituit ludaeorum; sed nunc me- liori vice migravit ad Christum, ut in loco in quo genuina regnabant ante sacrilegia , nunc in honore martyris Iriumpbat ecclesia. » Pas- sio, 3. (2) Cette basilique est, de tous les sanctuaires consacrés aux mar- tyrs africains dont on a les Actes, le seul qu'on puisse encore identilier avec certitude. En 1891, M. Gsell a dégagé, au centre de 1 édifice, un socle rectangulaire qui supportait le sarcophage de la sainte. Dans ce socle, à l'intérieur de la maçonnerie, a été découverte une inscription païenne, l'épilaphe d'une Fabia Salsa, morte à soixante-deux ans, qui appartenait à une famille considérable de Tipasa, et était probable- ment parente de la martyre. Le sarcophage de celle-ci a été trouvé, brisé en un grand nombre de morceaux. En arrière, entre le tombeau et l'abside, le pavé présente une inscription en mosaïque, d'une proso- die barbare, appartenant, selon toute apparence, à une restauration faite au cinquième siècle, après les désastres de l'invasion des Van- dales. Elle est composée de sept hexamètres; deux de ces vers, où se LA POLITIQUE RELIGIEUSE DE CONSTANTIN. 301 Si cette liistoire s'est passée, comme nous le croyons, sous le rC'gne de Constantin (1), elle fait voir le fanatisme qui animait encore certaines popula- tions païennes au lendemain de la pacification reli- gieuse; ce fanatisme va se réveiller tout à coup en Orient, parles efforts intéressés de Licinius, et amener une nouvelle crise de persécution (2). lit le nom de la sainte, sont à peu près entiers, et présentent à pro- pos de ce nom {Salsa, dulcior nectare), un de ces conceitl qui plai- saient tant au goût africain, et que l'on retrouve jusque dans les ser- mons de saint Augustin. Académie des Inscriptions, 13 mars et 11 mai 1891; Mélanges d'archéologie et d'hisloire de l'École fran- çaise de /?o)«e, 18'Jl, p. 179-185; Revue archéologique, mai-juin 1891, p. 416;i?eywe de Vart chrétien, 1891, p. 506-507; Bull, di arch. crist., 1891, p. 24-26. (1) Cf. Duchesne, L c. (2) Sainte Salsa est commémorée dans le calendrier joint au livre liturgique espagnol, du septième siècle environ, connu sous le nom de liber comicus (c'est-à-dire liber cornes), et publié par dom Morin dans le t. I des Analecta Maredsolana. Cette mention s'explique par ce fait que, lors des persécutions vandales, les catholiques de Tipasa, sous Ilumeric, émigrèrent, et se réfugièrent en Espagne : ils y portèrent le culte de leur martyre. Voir Bull, di archeologia crisliana, 1894, p. 44. 302 CONSTANTIN ET LICINIUS (313-323). II La persécution de Licinius. La concorde entre Constantin et Licinius ne fat pas de longue durée. On ne voit pas clairement de qui vint la rupture; mais, dès le mois d'octobre 314, les deux collègues se livrèrent bataille à Cibales. en Pan- nonie. La victoire demeura fidèle à Constantin. Une seconde fois Licinius fut vaincu à Mardie, dans la Thrace. La paix se fit assez aisément : un nouveau partage de l'Empire, donnant à Constantin la plupart des provinces que Licinius avait possédées en Europe, fut le gage de la réconciliation (1). Pendant plusieurs années les bonnes relations réta- blies à ce prix entre les souverains de l'Occident et de rOrient ne subirent pas d'atteinte. Même sur le point que Constantin avait le plus à cœur, la politique reli- gieuse, on ne voit paraître aucun désaccord. Dans le sermon prononcé par Eusèbe de Césarée lors de la dédicace de la cathédrale de Tyr, et certainement postérieur à 31V, le commun dévouement des deux empereurs au christianisme, faversion de l'un et de l'autre pour l'idolâtrie, sont célébrés dans un langage empreint sans doute de quelque exagération, mais (l) Zosime, II, 20; Eulropc, Brev., X, 5-, Auroliiis Viclor, Epi- tome, 41. LA PERSECUTION DE LICINIUS. 303 que cependant l'orateur n'eût pu tenir si Licinius avait dès lors manifesté des sentiments opposés à ceux de son collègue (1). En 317 Télévation simultanée de leurs fils au rang' de Césars, en 318 le consulat pris à la fois par Licinius et par Crispus, fils aine de Cons- tantin, montrent que l'union était encore étroite entre les souverains. Cependant, trois ans plus tard, des symptômes contraires commencent à paraître. Le rhéteur Nazaire célèbre, le 1*^' mars 321, les quin- quennales des jeunes Césars ; mais, dans son panégyri- que, ni Licinius, ni le fils de celui-ci, fait cependant César en même temps que les enfants de Constantin, ne sont nommés : on croirait que Constantin et sa famille président seuls aux destinées de l'Empire (2). Quelle cause avait de nouveau refroidi les sentiments des deux empereurs, et mis dans leurs relations la gêne, peut-être déjà l'hostilité? Il faut certainement la chercher dans la diver- gence, à cette date, de leurs sentiments religieux. D'ami des chrétiens Licinius était devenu leur adver- saire. Jaloux de se sentir effacé par les victoires, l'as- cendant, l'autorité morale de Constantin, l'ancien signataire de l'édit de Milan n'aspirait plus qu'à dé- truire l'œuvre commune et à relever le parti païen pour l'opposer à son glorieux rival. Constantin ne put voir sans un vif déplaisir Licinius engagé, sinon en- (1) Eusèbe, Hist. EccL, X, 4, 50. (2) Paneg. vet., 7. Cf. Tillemont, Hisloire des Empereurs , t. IV, p. 180. 304 CONSTANTIN ET LICINIUS (313-323). core par la grande route, du moins par les chemins de traverse, dans la direction où s'était perdu Maxi- min. La résurrection, en Orient, du régime de Tinto- lérance, l'abandon, dans cette moitié de l'Empire, de la grande pensée à laquelle il avait voué sa vie et at- taché l'honneur de son règne, causaient au prince chrétien une peine d'autant plus insupportable, que l'habileté avec laquelle procédait Licinius, les faux- fuyants qu'il inventait et les retraites qu'il se ména- geait, ne laissèrent pas tout de suite ouverture à une intervention armée. Eusèbe compare ce tortueux adversaire de l'Église à un serpent qui, n'osant attaquer de front, s'enroule autour des membres de sa victime, afin de l'enve- lopper de ses replis et de l'étouffer peu à peu (1). Li- cinius eût protesté contre le reproche de porter atteinte à la liberté des cultes; mais il traitait les chrétiens en suspects, et affectait de voir dans leurs assemblées un danger pour la sécurité publique. Par une disposition jalouse, dont on retrouverait aisé- ment la trace jusque dans la législation moderne, il défendit aux évèques orientaux de sortir de leurs dio- cèses, de se visiter entre eux, de tenir des conciles et des synodes pour délibérer sur les intérêts com- muns (2). Cette défense contrastait singulièrement avec les actes récents de Constantin , qui avait à plu- sieurs reprises convoqué les évèques de rOccident (1) EusèbC; De vila Constantini, 11, 1, (2) Ibid., i, 51. LA PERSÉCUTION DE LICINIUS. 305 pour régler les aiïaires des donatistes. Peut-être le désir de prendre en loutes choses le contrepied de son collègue fut-il un des molnles de Licinius. Eu- scbe semble le dire en comparant la conduite opposée des deux empereurs (1). Mais l'historien prête, non sans vraisemblance, un autre et plus insidieux motif au souverain de rOrient. « Ce que cherchait celui-ci, dit-il, c'était l'occasion de nous tourmenter. Il savait que les nôtres ne pourraient violer sa loi sans encourir le châtiment, ni l'observer sans violer la loi de l'É- glise : comment, en effet, les grandes controverses seraient-elles apaisées, sinon par les synodes (2)? » Licinius tendait ainsi un piège aux évêques, se réser- vant l'occasion de les poursuivre à son heure, non pour cause religieuse , mais pour contravention à une mesure de police. Il n'est point sûr que la menace ainsi suspendue sur la tête des prélats ait été rigoureusement exécutée ; car la grande réunion tenue, en 321, par les évêques d'Egypte et de Libye contre i'arianisme naissant (3) est peut-être postérieure à l'ordonnance sur les synodes; mais, appliquée ou non, cette ordonnance désignait les évêques aux défiances de l'opinion pu- blique et tendait à les faire passer pour des factieux (k). (1) Eusèbe, De viia Conslantini, II, 1. (2) Ibid. (3) Socrate, Ilist. Eccl., I, 6. — Voir Héfélé, Histoire des conciles^ trad. Delarc, t. I, p. 241. (4) Socrale ajoute intime, Hisi. EccL, I, 3, qu'une loi défendit aux évoques d'entrer dans les maisons des païens. V. 20 306 CONSTANTIN ET LICINIUS (313-323). D'autres défenses , empreintes d'un esprit plus hypo- crite encore, incriminèrent la moralité des fidèles, la pureté de leur culte , et trouvèrent moyen de les injurier tout en les vexant. Licinius, dont la débauche était notoire, et qui, bien que touchant à la vieillesse, avait plus d'une fois ravi des femmes à leurs maris ou des filles à leurs mères (1), s'avisa que le mélange des sexes, dans les églises, offrait des périls. Inoffen- sif au temple, au cirque, au théâtre, où les yeux et les âmes se repaissaient de fables impures , d'images vo- luptueuses, de spectacles sanglants, ce mélange ne pouvait être toléré plus longtemps dans les sanctuaires du Dieu crucifié! Aussi fut-il interdit aux femmes d'y entrer à la même heure que les hommes (2). La ver- tueuse sollicitude du souverain découvrit un autre danger dans les instructions faites à celles-ci par les évêques ou les prêtres. Une loi ordonna que l'ensei- gnement religieux ne pourrait plus être donné aux chrétiennes que par des personnes de leur sexe (3). Li- cinius ne s'en tint pas là : après avoir invoqué contre les fidèles l'intérêt de la morale, cliente jusque-là fort négligée du gouvernement païen, il prit pour les gêner le prétexte de l'hygiène , dont les pouvoirs publics ne s'étaient guère, avant ce jour, inquiétés davantage. Les réunions du culte dans Fenceinte des oratoires ou des basiliques parurent pernicieuses à la (1) Eusèbe, Hist. EccL, X, 8, 13; De vita Const., \, 55. (2) Eusèbe, De vita Const., I, 53. (3) Ibid. LA PEKSECUTION DE LICLMUS. 307 santé des citoyens : défense fut faite aux chrétiens de célébrer les offices de leur religion dans des lieux clos, et de s'assembler autrement qu'en plein air, hors des portes des villes (1). Ainsi Licinius, par des coups obliques, détruisait redit de Milan. Après avoir supprimé en fait la li- berté promise par l'édit au culte chrétien, il porta, sur un autre point, une atteinte presque aussi grave à cette charte de la tolérance religieuse. Les droits égaux accordés aux deux religions avaient relevé les chrétiens de toute incapacité politique. Dès lors avait disparu l'incompatibilité trop longtemps maintenue entre la pratique de leur foi et l'exercice des fonc- tions officielles. Licinius la rétablit. Il commença par les services du palais et les charges de cour. Tous les chrétiens de sa maison furent chassés (•2). Il épura ensuite, de la même façon, l'ordre administratif et judiciaire. Mais, dans les nombreux emplois acces- soires de chaque tribunal ou de chaque préfecture, parmi les scribes, appariteurs, soldats de police, em- ployés des bureaux , se trouvaient aussi , en grand nombre, des disciples de l'Évangile. L'empereur ne pouvait les connaître tous et les frapper d'une révo- cation directe. Il recourut au moyen souvent employé pour mettre à Fépreuve les consciences. Tous ces agents subalternes furent mis en demeure de sacrifier aux dieux , et ceux qui , par un refus , se déclarèrent (1) Eusèbe, De vita Constantini, I, 53. (2) Eusèbe, Uist. EccL, X, 8, 10 ; De vita Const., I, 52. 308 CONSTANTIN ET LïClNlUS (313-323). chrétiens perdirent la place dont ils étaient pourvus. « Ainsi, dit Eusèbe, dans chaque province Yofficium des magistrats fut privé des hommes pieux , des ser- viteurs de Dieu : mais de combien de prières se priva lui-même l'empereur en portant cette loi (1; ! » Licinius continua de saper l'édit de Milan, en abo- lissant une de ses plus équitables dispositions. Les biens qui, six ou sept ans plus tôt, avaient été rendus aux Églises, soit par le fisc, soit par les particuliers, furent une seconde fois confisqués. L'empereur s'em- para en même temps de ceux dont la libéralité de son collègue ou la sienne propre les avaient comblées au lendemain de la paix religieuse (2). En un mot, le droit de propriété récemment restitué aux Églises chrétiennes leur fut enlevé de nouveau, par une spo- liation d'autant plus sensible que le patrimoine ec- clésiastique s'était, dans ces dernières années, plus considérablement accru. De tels actes en présageaient de plus violents en- core. Il faudrait mal connaître le caractère de Licinius pour croire que, une fois entré dans la voie des con- fiscations, il s'arrêterait aisément. Peu de souverains montrèrent autant de cupidité. Même lors de la guerre (1) Eusèbe, Uist. EccL, X, 8; De vita Const., I, 54. (2) Cela résulte des clauses réparatrices de l'édit de 323 (Eusèbe, De vita Constantini, IT, 40-41), si, comme le pense Gôrres, avec rai- son selon nous, cet édit eut pour objet de remédier aux maux causés par la persécution de Licinius, et non aux dommages des persécutions antérieures, lesquels avaient eu le temps de disparaître entre 313 et le commencement des nouvelles vexations. Voir l'art. Toleranzcdictc dans Kraus, Real-Envijkl. der christl. AUertlUimer, l. II. LA PERSECUTION DE LICINIUS. 309 contre Maximin , il était déjà impopulaire auprès des soldats, à cause de son avarice (1). Ce n'est pas seule- ment Eusèbe , ce sont encore des païens, comme les deux Victor, qui le lui reprochent (2). Au milieu de richesses immenses, arrachées à la misère publique, il ne cessait de se plaindre de sa pauvreté (3). Un his- torien compare cette avidité maladive à la faim et à la soif insatiables de Tantale (4). On ne s'étonnera pas si, après avoir dépouillé les éghses , Licinius chercha des prétextes à dépouiller les chrétiens. Beaucoup furent inquiétés, probablement parmi les anciens fonctionnaires ou les anciens employés qui avaient refusé de sacrifier. Les uns furent punis de l'exil (5), d'autres relégués dans les îles (6) ; il y en eut de con- damnés aux mines (7); il y en eut d'adjugés au fisc pour être esclaves publics et travailler en cette qua- lité dans les manufactures de l'État (8) ; des fidèles furent même (comme le confesseur Arsace) attachés au soin des animaux dans les ménageries impé- riales (9). Tous avaient été préalablement déposés de (1) « In largiendo tenax, » Laclance, De mort, pers., 47. (2) « Huic parcimonia, et ea quidem agrestis. » Aurelius Victor, De Csesaribus. — « Avariliae cupuline omnium pessimum. » Epitome. — Cf. l'anonyme de Valois : « Licinius scolere, avarilia, crudelitate, libi- dine saîviebat. » (3) Eusèbe, De vita Constanlini, I, 54. (4) Ibid. (5) Ibid., II, 40. (6) Ibid., 31. (l)lbid., 32. (8) Ibid., 34. (9) Sozomène, Hisl. EccL, IV, 16; à moins que la phrase de Sozo- 3tO CONSTANTIN ET LICINIUS (313-323). leur rang" et spoliés de leurs biens (1); à l'exception cependant d'une classe à peine moins malheureuse de condamnés, que l'on adjoignit malgré eux aux curiales des diverses cités (2), afin de rendre leur pa- trimoine responsable des énormes contributions le- vées par Licinius en vertu d'un nouvel et frauduleux cadastre (3). Telle était la situation des chrétiens avant même que la persécution fût officiellement déclarée. Com- ment Constantin ne prévint-il pas celle-ci en inter- venant dès lors avec énergie? Un passage d'Eusèbe semble indiquer que des négociations eurent lieu à plusieurs reprises entre les deux souverains, et que chaque fois Licinius, par des promesses, même par des serments , parvint à tromper les défiances de son puissant collègue (4). Le moment approchait, cepen- dant, où le persécuteur jetterait le masque. Mais il attendait, avant de se déclarer l'ennemi de l'Église, qu'il fût en mesure de se déclarer en même temps l'ennemi de Constantin. Depuis longtemps il prépa- rait en secret sa revanche des défaites de 314. Quand ses troupes furent levées, son trésor de guerre rem- pli, il ne garda plus de ménagements (5). « Il en vint alors, dit Eusèbc , à ce point de fureur d'atta- mène ne signifie qu'Arsace était déjà attaché au service de la ménagerie impériale, quand il devint confesseur de la foi. (1) Eusèbe, De vita Const., II, 30. (2) Ihid., 34. (3) Ihid., I, 55. (4) Ihid., I, 50. (5) Ihid., II, 15. LA PERSECUTION DE LICINIUS. 311 quer les évoques cux-mômcs , en qui il devinait des adversaires; car il tenait pour ses ennemis tous ceux qui se montraient amis du grand empereur béni de Dieu (1). )) Bien que contenues par la prudence, les sympathies des évêques auraient été malaisément dis- simulées. A l'exception de quelque prélat de foi dou- teuse , comme Eusèhe de Nicomédie , qui avait ouver- tement embrassé la cause de Licinius (2), les chefs de l'Église ne pouvaient pas ne pas faire des vœux pour Constantin. Cette préférence inévitable était, cependant, difficile à tourner à crime. Des sentiments ne sont punissables que s'il s'y joint quelque marque extérieure de rébellion. Les évêques furent accusés d'avoir ôté des supplications liturgiques le nom de Licinius, pour ne plus prononcer devant les autels que celui de son rival (3). Les gouvernements qui croient le moins en Dieu sont souvent les plus jaloux d'être nommés dans les prières des chrétiens. On ne nous dit pas si le prétexte avait quelque fondement : les princes n'ont pas besoin de prouver leurs repro- ches. Ils se plaignent tout haut : assez d'ambitieux les entendent. On leur épargne jusqu'à la peine ou la responsabilité de donner un ordre. Leur pensée est comprise à demi-mot. Plusieurs gouverneurs — sur- tout dans les provinces les plus proches de la rési- dence impériale — firent leur cour en poursuivant (1) Eusèbe, De vita Conslantini, II, 15. (2) Théodoret, Hist. EccL, I, 19; Sozomène, 1, 8; Gélase de Cy- zique, III, 2-3. (3) Eusèbe, Hist. Eccl., X, 8, 16; De vita Const., II, 2. 312 CONSTANTIN ET LICINIUS (313-323). les évoques pour lèse-majesté ou trahison. « Des hommes qui n'avaient commis aucun crime furent arrêtés sans cause et punis comme des assassins. Quelques-uns souffrirent un nouveau genre de mort : on coupait leur corps en petits morceaux, et, après cette atroce tragédie, on jetait dans la mer ces lam- beaux sanglants pour être la pâture des poissons (1). » Telle était la fertilité de l'imagination romaine , qu'a- près trois siècles d'empire, et presque trois siècles de persécutions, on pouvait encore inventer de nouveaux supplices! Malheureusement l'historien qui décrit cet horrible traitement ne nomme pas les évêques aux- quels il fut appliqué. Il nous apprend seulement que plusieurs périrent dans le Pont. Le gouverneur de cette province ne s'était pas contenté de raser jusqu'au sol les églises, qu'en d'autres lieux ses collègues avaient seulement fermées (2) : il avait déployé dans ses rigueurs contre les chrétiens « une cruauté dépas- sant toute mesure (3). » La Chronique de saint Jé- rôme cite, parmi les martyrs de la persécution de Licinius, Basile, évêque d'Amasée dans le Pont (4j, (1) Eusèbe, Hist. EccL, X, 8, 17-, De vlta Const., II, 2. (2) Eusèbe, De vita Const., II, 2. (3) Ibid., 1. (4) Clu'onique de saint Jérôme, an 16 de Constantin. Il n'y a rien à fonder sur le témoignage des Actes de saint Basile, pièce sans valeur historique, et même remplie d'erreurs; mais celui de la Chronique est trop sérieux et trop précis pour qu'on l'écarté aisément. Les asser- tions contraires de Nicéphore Callisle (VIII, 14) et de Philostorge (I, 8), qui nomment Basile parmi les Pères du concile de Nicéc, ne sauraient prévaloir, Nicéphore peut avoir confondu les conciles auxquels Basile a pris part. Quant à Philostorge, il est certainement mal renseigné, LA TERSÉCUTION DE LICINIUS. 313 qui, après avoir assisté, en 31'*, au concile d'Ancyre. plus tarda celui de Néocésarée, s'était vigoureuse- ment opposé aux commencements de l'hérésie d'A- rius. D'autres évoques méritèrent le titre de confes- seurs : tels Paul, évoque de Néocésarée, surl'Euphrate, dont on vénérera quelques années plus tard , au con- cile de Nicée , les deux mains privées par le fer rouge de Tusage des nerfs (1); ou Théodote, évêque de Ce- raunia, en Chypre, mis après de cruelles tortures dans une prison, d'où il ne sortira qu'en 323 (2). Les membres du clergé ne furent probablement pas plus épargnés que les pasteurs dont ils partageaient les travaux; mais, pour eux aussi, peu de noms échappent à l'oubli. Parmi les plus illustres sont ceux du diacre Ammon, martyrisé enThrace avec un grand nombre de vierges qu'il instruisait malgré les défenses de Li- cinius (3); du diacre Abibe, brûlé vif dans la Méso- potamie, après l'avoir parcourue en tous sens pour y relever le courage des chrétiens (4). En dehors des fonctionnaires, des évêques et des clercs, c'est surtout parmi les soldats que se firent sen- tir les vexations d'abord , les cruautés ensuite , de Li- puisqu'il prête des sentiments ariens à Basile, dont saint Alhanase [Oratio I contra Ariaii.)\oxxQ l'oilhodoxie; Basile, d'ailleurs, était mort avant le concile delNicée, où siégea son successeur sur le sièjje d'Ama sée, Eutychius. (Ij Tlu'odoret, Hist. EccL, I, 7. (2) Acta SS., mai, t. i, p. 105. (3) Baronius, Ann., ad an-i. 316, ^^^ 12; Tillemonl, Mémoires, t. V, art. sur la persécution de I.icinius. (4) Surins, VUœ SS., t. XI, p. 348; Tillemont, /. c. 314 CONSTANTIN ET LICINIUS (313-323). cinius et de ses agents. Dans les derniers temps qui précédèrent la rupture avec Constantin, Licinius laissa voir le caractère de la guerre projetée. De même que, dans les villes, l'obligation des sacrifices avait été de nouveau imposée aux serviteurs de TÉtat, dans les garnisons ou dans les camps, les pratiques de l'idolâtrie reprirent la place des prières monothéis- tes, et les aigles, détrônant le labarum, reçurent de l'armée l'encens et les libations. Sulpice Sévère, qui n'est point porté cependant à exagérer la persécution de Licinius (1), assure que ce tyran, imitant Dioctétien ou plutôt son vieil ami Galère, voulut contraindre tous les chrétiens qui servaient sous les drapeaux à sacrifier et chassa des rangs ceux qui refusaient (2). On raconte même qu'un d'entre eux, Hadrien, lui re- procha de ruiner par ce moyen les armées romaines et paya de sa tète cette libre parole (3). Un canon du concile de Nicée semble confirmer l'assertion de Sul- pice Sévère , car il soumet à la pénitence ceux qui , « ayant d'abord, pour obéir à la grâce, abandonné le ceinturon, allèrent ensuite, semblables à des chiens qui retournent à leur vomissement, jusqu'à donner de l'argent ou des présents pour être réintégrés dans le service militaire (4) ; » il s'agit vraisemblablement ici d'officiers qui, après avoir refusé le sacrifice et perdu (1) Sulpice Sévère, Hist. sacr., 1, 47. (2) Ibid. (3) Voir les Menées, au 6 août; et, sur les diflicullés de celte his- toire, Tillemont, Mémoires, t. V, note i sur la porsécution de Licinius. (4) Canon 12. LA PERSÉCUTION DE LICINIUS. 315 leur gTade, regrettèrent et désavouèrent ensuite cet acte courageux (1). Cependant l'épuration de l'armée ne fut pas appa- remment poursuivie jusqu'au bout. On retrouve tou- jours des fonctionnaires pour remplacer ceux qui ont été destitués ; on ne retrouve pas aussi aisément des soldats pour remplir les rangs éclaircis. A mesure que la guerre approchait , le propos attribué à saint Hadrien se présenta sans doute de lui-même à la pensée de l'empereur. Il avait pu casser les officiers que leur ferveur religieuse désignait à ses yeux pour des partisans de Constantin ou du moins pour des instruments peu propres à la revanche païenne qu'il rêvait; mais il ne se refusait probablement pas à en- glober les chrétiens dans les levées par lesquelles il grossissait son armée à la veille de la lutte suprême. Ceux-ci, qui n'en pouvaient ignorer le caractère, ne durent pas se laisser enrôler sans répugnance. Com- battre sous les drapeaux de Licinius, n'était-ce pas combattre contre l'étendard du Christ? Saint Théo- gène ne le pensa pas seulement : il crut que sa foi lui commandait la résistance, et refusa de se laisser ins- crire dans la légion Trajana, cantonnée à Cyzique. « Je suis chrétien, dit-il, soldat du Roi des rois, et ne puis ra'engager à aucun autre. » On lui demanda insidieusement s'il avait quelque répugnance à servir Licinius; sans tomber dans le piège, il renouvela sa (1) Voir le commentaire d'Héfélé, Histoire des conciles, trad. Delarc, t. I, p. 405-406. 316 CONSTANTIN ET LICINIUS (313-32J). déclaration. Vainement lui rappelait-on qu'il y avait dans l'armée beaucoup de chrétiens, il persista dans son refus , subit la peine militaire de la fustigation , puis, sur l'ordre de l'empereur, fut jeté à la mer (1). D'autres soldats martyrs sont rapportés à la persé- cution de Licinius : Sévérien, à Sébaste (2); Eudoxe, Agape et d'autres militaires, dans la même ville (3) ; enfin, dans cette métropole de la Petite Arménie, les (juarante héros chrétiens dont les Pères les plus illus- tres ont célébré le courage et les souffrances (4). Ils appartenaient à la légion XH Fulminata, depuis plu- sieurs siècles cantonnée dans la province (5). Un de S3S officiers, Polyeucte, fut martyrisé sous Dèce (6). A une époque plus reculée, l'histoire de la légion se confond avec d'antiques souvenirs chrétiens; d'après un apologiste du second siècle, un de ses détache- ments, composé tout entier de soldats baptisés, suivit (1) Acta 6\S., janvier, t. I, p. 134. (2) Surius, Vitx SS., t. ÏX, p. 101. (3) Menées, au 2 novembre. Cf. Àcla SS.. novembre, t I, p. 4i3. (4) Saint Basile, Honiilia XIX; saint Grégoire de Nysse, Homil. de XL 7?iar^; saint Jean Cbrysostome, dans Pliotius, Bibl., 274; saint Éplirem, Orat. XXVI, XXVII; saint Gaudence, Sermo XXVII ; saint Nil, Ep., Il, 286; Sozomène, Hist. EccL, V, 2; saint Grégoire de Tours, De (jloria martyr um, I, 96. Les Actes [Acla SS., mars, t. 1, p. 19) ont peu de valeur, ou ne valent que par les endroits empruntés aux homélies des Pères. Le texte grec en a été publié, d'après le ms. 1604 de la Bibliothèque nationale, par MM. Abicht et Schmidt, dans -4;'- cfnv. fiXr slaviscke Philologie, t. XVllI. Cf. Analecla Bollandiana, 1896, p. 318. (5) Dion Cassius, LXI. (6) Voir Histoire des persécutions pendant la première moitié du troisième siècle, T éd., p. 433. LA PERSECUTION DE LICINIUS. 317 Marc-Aurèle clans l'expédition contre les Quades, et par ses prières obtint une pluie miraculeuse qui sauva l'armée (1). Si cette tradition est fondée, elle dut se transmettre d'âge en âge et entretenir dans la légion la croyance et le dévouement au christianisme. Indépendamment môme de tels souvenirs, d'autres causes parent y favoriser la propagande chrétienne. En certaines époques, celle-ci avait beaucoup à gagner au système des camps permanents, où une légion s'immobilisait pendant une durée presque in- définie, mêlée à la population civile par les maria- ges, par le commerce, par les relations quotidiennes : il en fut vraisemblablement ainsi pour le corps d'ar- mée de la Petite Arménie, voisine et sœur de cette Arménie indépendante où récemment la croix avait conquis tout un peuple et, par la victoire d'un roi chrétien sur le persécuteur Maximin, préludé à celle de Constantin sur Maxence (2). Mais les motifs qui, dans la légion, enflammaient le zèle des soldats chrétiens, accrurent la sévéïité et les défiances des officiers de Licinius. Aussi, lorsque furent lues dans le camp les lettres impériales piescrivant à toute l'ar- mée de prendre part aux sacrifices, le refus de qua- rante soldats (3), exprimé sans doute avec une vigueur (1) Voir Histoire des persécutions pendant les deux premiers siècles, 2« éd., p. 383. (2) Voir plus haut, p. 203-205. (3) D'après les Actes et le martyrologe d'Adon, ils portaient les noms deQuirion, Candide, Doinnus, Méliton, Domitien, Eunoique, Sisinnius, Heraclius, Alexandre, Jean, Claude, Athanase, Valens, Elien, Editius, Acace, Vibien, Elie, Théodule, Cyrille, Flavius, Sévérien, Valère, Cu- 318 CONSTANTIN ET LICINIUS (313-323). particulière, parut-il au préfet de la légion mériter, non la dégradation ou le congé, mais la mort. Le supplice choisi fut horrible : pendant une nuit d'hiver, on parqua les martyrs, dépouillés de tout vêtement, sur un étang glacé (1), que balayait le vent du nord, et qu'éclairait seulement la lueur tentatrice d'un bâ- timent voisin, où chaufFait l'eau tiède des baignoires. Un seul d'entre eux, vaincu par la souffrance, aban- donna ses compagnons, et se trama jusqu'au bain; mais à peine ses membres gelés en eurent-ils senti la chaleur, qu'il expira. Quelques instants de persévé- rance lui auraient mérité la couronne du martyre (2) ! Alors se produisit un incident, qui n'est pas sans ana- logue dans l'histoire des persécutions. L'appariteur chargé de garder les thermes avait observé de loin le courage des autres condamnés, et vu de près la dé- faillance du malheureux apostat : il apercevait, dans la neige, ces trente-neuf corps gelés, à demi morts déjà, sur lesquels planaient les récompenses éternel- dion, Sacerdon, Priscus, Eutychius, Eutjchès, Srnaiagdus, Philocti- mon, Aetius, Nicolas, Lysiinaqiie, Théophile, Xantheas Angias, Léonce, Hesychius, Caius, Gorgonius. Tillemont fait, à ce sujet, les réilexions suivantes : « Nous ne voyons pas de raison de douter de la vérité de ces noms, quoique saint Basile et les autres Pères n'aient pas jugé nécessaire de les marquer, et que les pièces dans lesquelles on les trouve ne soient pas fort authentiques. Les traditions }>opulaires altè- rent bien les noms propres, mais n'ont pas accoutumé de les inventer, surtout en un si grand nombre. » (1) Saint Éphrem affirme que les martyrs furent exposés sur la glace de l'élang. Le texte de saint Basile est douteux en cet endroit. Tille- mont {Mémoires, t. V, note ii sur les quarante martyrs) pense qu'ils furent exposés sur une place de la ville. (2) Saint Nil, Ep., II, 286. LA PERSECUTIOIN DE LICINIUS. 319 les, et, dans le bain, ce seul cadavre déshonore. Une soudaine émulation le saisit : jetant ses vêtements et criant : « Je suis chrétien! » il courut prendre la place laissée vide par le renégat. Le jour levant le trouva près des martyrs. On l'emporta avec eux au bûcher où leurs corps devaient être consumés (1). Un seul des condamnés (2) avait été oublié par les licteurs, qui, lui voyant un reste de vie , espéraient encore son abjuration; mais sa mère, présente à cette scène, le prit dans ses bras et le déposa dans la charrette près de ses compagnons : celte femme héroïque craignait que la palme lui échappât, ou qu'il souffrit un mar- tyre solitaire, loin des braves dont il avait partagé le combat. A la vue de tant de meurtres, tous les chrétiens pri- rent peur. Ils comprenaient qu'une persécution géné- rale était imminente, si Dieu en laissait le temps à Licinius (3). On vit recommencer ces fuites, si fré- quentes aux jours terribles de Dioclétien ou de Maxi- min. Les campagnes reculées, les déserts qui bordent l'empire vers l'Orient, de nouveau se remplirent de fidèles (i). Mais, sous divers prétextes, les prisons (1) A ce {'ait et à d'autres semblables s'appliquent ces paroles de saint Hilaire de Poitiers : « Scimus pinres sacrainentorurn divinoriim ignaros, exemple martyrum ad martyriiim accurrisse; et extra scien- liam lidei ante viventes, facto fidei prœsentis edoctos, ipsam illam consummatœ in martyrio fidei gloriam consecutos. » Tract- in psalm. LXV, 20. (2) Les Actes lui donnent le nom de Méliton. (3) Eusèbe, Hist. EccL, X, 8; De vita Conslanlini, II, 2; cf. saint Basile, Ho mil. XIX. (4) Eusèbe, l. c. 320 CONSTANTIN ET LICINIUS (313-323). commencèrent à les recevoir. C'est probablement alors que le régime des prisons, que Constantin venait d'adoucir par une loi de 320 (1), se vit aggravé dans les États de Licinius. « Une ordonnance impériale dé- fendit que personne apportât des aliments aux déte- nus et témoignât de la chanté aux hommes qui souffraient de la faim dans les chaînes. C'était le moyen de supprimer tous les bons, y compris ceux qu'un sentiment de miséricorde portait à secourir leur prochain. Car la loi de Licinius ordonnait que quicon- que aurait donné l'aumône à un captif serait con- sidéré comme son complice et puni de la même peine que lui (2). » Cette mesure, qui, bien que générale, parait surtout dirigée contre les chrétiens, amena pro- bablement des apostasies. Plus d'un qui, soutenu par ses frères, eût peut-être affronté le bourreau, ne résis- tait pas à la torture morale de l'isolement ou aux tortures physiques de la faim, et, se croyant aban- donné des hommes, finissait par abandonner Dieu. Nous savons, par deux canons du concile de Nicéc, qu'il y eut sous Licinius des renégats (3). Quelques- uns tombèrent devant la menace de perdre leur vie ou leur fortune (4) ; mais la terreur devint si grande, que d'autres abjurèrent la foi sans avoir été person- nellement inquiétés (5), et que de faibles chrétiens, (1) Voir |)lus liant, p. 290. (2) Eusèbe, Uist. EccL, X, 8. 11 ; De vita Constantini, 1, 54. (3) Cf. saint Basile, Homil. XL, 2. (4) Concile de Nicée, canon 10. (5) Ibid., canon 11. Cf. saint Basile, /. c. LA PERSECUTION DE LICINIUS. 321 voyant le lise mettre en vente le patrimoine confisqué des confesseurs ou des martyrs, se rendirent acqué- reurs de ces « biens nationaux, » par crainte, afin de détourner d'eux-mêmes les soupçons (1). La vue de ces défaillances indignait les cœurs gé- néreux, et les poussait à des résolutions qui, en d'autres temps, eussent paru excessives. Un des offi- ciers qui s'étaient retirés de l'armée pour ne pas se souiller par des sacrifices, le centurion Gordius, me- nait la vie d'ermite dans les montagnes de la Cappa- doce. Les bêtes fauves, qu'il rencontrait dans leurs défilés, lui étaient une société moins répugnante que des persécuteurs ou des apostats. Cependant l'inac- tion finit par peser à cette vaillante nature. Il lui sembla qu'il avait le droit de reparaître parmi les hommes, pour accuser publiquement leurs iniquités. Un jour, à Gésarée de Gappadoce , des courses de chars avaient lieu au cirque. Toute la population de la ville s'y était rassemblée, depuis les premiers des citoyens jusqu'aux derniers des esclaves : à côté des païens se pressaient, sur les degrés de marbre, non seulement des juifs, mais de nombreux chrétiens, attirés soit par cet amour des spectacles publics si difficilement déraciné du cœur des anciens, soit par le désir de ne pas marquer, en s'abstenant, une reli- gion dont l'aveu était devenu périlleux. Tout à coup, par le sommet de la montagne voisine, à laquelle étaient adossés les plus hauts gradins du cirque, (1) Eusèbe, De vita Conslanlini, II, 38. V. 21 322 CONSTANTIN ET LTCINIUS (313-32S). l'homme du désert pénétra parmi les spectateurs, et, parcourant dédaigneusement leurs rangs, descendit au milieu de Tarène. La vue de cet anachorète aux cheveux hérissés, à la barbe inculte , vêtu d'une saie en lambeaux, portant la besace et le bâton, frappa d'étonnement les spectateurs; bientôt Gordius fut reconnu, par les chrétiens qui Faimaient, avec une secrète joie, par les païens avec des cris de fureur. Tous les regards se fixèrent sur lui. Vainement les chevaux couraient, vainement retentissaient les ins- truments de musique : la foule n'avait plus d'yeux et d'oreilles que pour Gordius, et le murmure du peuple ému couvrait tous les bruits du théâtre. Seule la voix perçante de l'ermite se faisait entendre, criant avec saint Paul : « Me voici, moi qu'on ne cherchait pas; je parais devant ceux qui ne songeaient pas à m'inter- roger (1). » Au temps où saint Basile raconta cette histoire dans la chaire chrétienne de Césarée, il y avait en- core, parmi ses auditeurs, des vieillards qui avaient assisté à cette étrange scène, et dont il invoqua le témoignage (2). C'est d'eux, probablement, qu'il te- nait aussi les détails suivants. La continuation des jeux du cirque étant devenue impossible, à cause de l'émotion du peuple, Gordius fut entraîné jusqu'au (1) Sailli Paul, Rom., X, 20. (2) Les Menées grecques disent que le martyre de saint Gordius eut lieu dans la persécution de Licinius et ce détail confirme leur asser- tion. Voir Tillemonl, Mémoires, t. V, note i-xxii sur la persécution de Dioclélien. LA PEUSKCUTION DE LICINIUS. 323 tribunal du gouverneur, — qui était alors, dit Basile, au même lieu où nous le voyons aujourd'hui. Inter- rogé, il dit son nom, sa famille, sa patrie, raconta sa vie militaire, les causes de sa retraite, et poursuivit en ces termes : « Je suis revenu pour montrer le peu de cas que je fais de vos édits, et confesser ma foi eu Jésus-Christ; et j'ai choisi ce temps, ô gouverneur, parce que je connais ta cruauté, qui surpasse celle des autres hommes. » Soumis à toutes les tortures, fouetté, frappé de balles de plomb, mis à la roue, au chevalet, le martyr répondait avec la même ardeur, chantant des versets de psaumes, et disant au magis- trat : « Plus vous me tourmenterez, plus ma récom- pense sera grande. Il y a un marché entre Dieu et nous. Chaque souffrance, chaque outrag-e nous sera payé par un plus haut degré de gloire et de bon- heur. » Le peuple, que la présence de Gordius avait tant ému au cirque, raccompagnait tout entier au tribu- nal : les maisons restaient vides, les boutiques déser- tes; tout ce qui ne parait point habituellement dans les lieux publics, vieillards, malades, jeunes filles, se pressait autour du martyr. Dans cette multitude il comptait des amis, des proches, qui se jetaient à son cou, le suppliant d'abandonner son dessein, d'épar- gner sa propre vie. « Ne pleurez pas sur moi, leur répondait-il, mais pleurez sur les ennemis de Dieu, qui foulent aux pieds les chrétiens. Pour moi, je suis prêt à souffrir, non une seule mort, mais mille morts, si cela se pouvait, pour le nom du Seigneur. » A d'au- 324 CONSTANTIN ET LICINIUS (313-323). très, qui lui insinuaient tout bas que, pourvu qu'il reniât le Christ des lèvres, il pourrait lui demeurer fidèle dans le secret de son cœur, il disait : a Ma lan- gue serait incapable de renier le Christ. Par le cœur nous le croyons, mais par la bouche nous le confes- sons. Pensez-vous donc qu'un militaire n'ait pas droit au salut? et qu'un centurion ne puisse être pieux? N'est-ce pas un centurion qui le premier a re- connu la divinité de Jésus-Christ? » Faisant, à ces mots, un signe de croix, Gordius se livra aux exécu- teurs, qui lai donnèrent promptement le coup mortel, pendant que le peuple poussait de telles clameurs, que les mugissements de la tempête ou les éclats du tonnerre n'auraient pu en égaler le bruit (1). Par l'acte audacieux du chrétien, par l'émotion si facilement excitée dans le peuple, par ces cris d'une foule devenue incapable de se contenir, on peut juger de l'extrême agitation des esprits. La guerre depuis longtemps préparée par Licinius et prévue par Cons- tantin vint enlin mettre un terme à cette situation cruelle. La rupture eut pour motif une prétendue violation de territoire, que Constantin aurait commise en poursuivant les Goths jusque sur les terres de son collègue. Mais, en fait, cette rupture était de celles dont le prétexte importe peu, car elles ont des causes plus profondes. Quand une guerre est devenue inévi- table, il suffît de la moindre occasion, du plus léger choc, pour la faire éclater. Eusèbe est dans le vrai (1) Saint Basile, Homil. XVIU. LA PERSECUTION DE LICINIUS. 325 en disant que Constantin, ne pouvant supporter da- vantage les soufïrances des chrétiens, finit par pren- dre en main leur cause et marcher contre les persé- cuteurs (1). La lutte entre les deux souverains, comme jadis celle de Licinius lui-même avec Maximin, re- vêtit tout de suite le caractère d'une guerre religieuse. Tout grief secondaire disparut devant le grand inté- rêt qui passa aussitôt en première ligne. L'aspect seul des deux armées, à peu près égales en nombre, révélait, par un frappant contraste, le but différent que poursuivaient les deux chefs. Kn tète des légions de Constantin marchait le labarum (2), entouré de cinquante hommes d'éhte, choisis parmi les plus vaillants de la garde impériale (3). Près de l'em- pereur lui-même se tenaient « les excellents gardes de son âme, » c'est-à-dire les ministres de Dieu, qui priaient pour lui et avec lui [k). Licinius s'avançait, au contraire, parmi les victimaires, les hiérophantes, les mages, les faux prophètes, c'est-à-dire cette trom- peuse et fanatique engeance contre laquelle il avait si cruellement sévi après la défaite de Maximin, mais dont les survivants avaient regagné sur son esprit l'empire exercé jadis sur celui de son prédécesseur. Dans l'un des camps s'élevait, à des heures réglées, la prière chrétienne; l'autre envoyait au ciel la fumée des sacrifices, retentissait des cris des animaux dont (1) Eusèbe, De vita Constantini, H, 3. (2) Ibid., 3, 4. [syjbid., 4. (4) Ibid. 326 CONSTANTIN ET LICINIUS (313-323). les aruspices fouillaient les entrailles, ou s'animait à la voix des devins qui récitaient d'obscurs oracles, traduits en vers élégants (1). C'était bien le sort des deux religions qui, dans la pensée de Licinius, allait se jouer de nouveau. Pen- dant une cérémonie à la fois solennelle et secrète, que plusieurs des assistants racontèrent à Eusèbe aus- sitôt après la défaite du persécuteur (2), celui-ci fit vœu d'anéantir les chrétiens. On avait choisi, pour se réunir, un bois sacré, dont l'épaisse végétation était entretenue par d'innombrables sources, et où se dressaient, dans l'ombre du feuillage, des idoles de pierre (3). Licinius y vint, suivi de ses gardes et de ses plus intimes conseillers. De sa propre main il al- luma des flambeaux devant les statues; puis, après avoir immolé des victimes, il prit la parole : « x\mis et compagnons, dit-il, voici les dieux de la patrie, que nous adorons comme les ont adorés nos ancêtres. Notre adversaire, lui, a délaissé les coutumes des aïeux, pour adopter la croyance des athées et embras- ser le culte d'un Dieu étranger. 11 déshonore son armée en la faisant précéder du honteux symbole de ce dieu; il marche, non contre nous, mais contre la divinité dont il a abjuré la foi. Ce jour va montrer lequel de nous deux est le jouet de l'erreur, et juger entre nos dieux et le sien. Ou notre succès prouvera (1) Eusèbe, De vita Constantini, II, (2) Ibid., 5. (3) ibid LA PliUSKCUTlON DE LICINIUS. 327 que ceux que nous adorons sont de vrais sauveurs, de surs appuis; ou le dieu de provenance inconnue qu'adore Constantin l'emportera sur la multitude des nôtres, et nul n'hésitera plus ;\ lui offrir ses hom- mages, à confesser sa force, à lui déférer la victoire. Si donc cet étranger, ohjet de nos railleries, demeure victorieux, nous serons ohligés, nous aussi, à le re- connaître et à l'honorer; il nous faudra renoncer aux dieux devant lesquels, tout à l'heure, nous venons de faire hriiler des cierges! Mais un tel doute est impos- sible ; ce sont eux qui remporteront et, après leur triomphe, nous déclarerons aux impies qui les mé- prisent une guerre sans merci. » Ayant ainsi parlé, Licinius ordonna de livrer bataille (1). La rencontre eut lieu en Thrace, près d'Andri- nople, le 3 juillet 323 (2). Une Providence vengeresse semble avoir choisi, pour relever l'audacieux défi de Licinius, les parages mêmes où celui-ci, champion alors d'une tout autre cause, avait battu Maximin. La victoire se déclara presque aussitôt en faveur de l'armée chrétienne, à laquelle Constantin avait donné pour mot d'ordre : « Dieu notre Sauveur (3). » L'en- nemi fuyait devant le labarum (V). Le soldat qui por- tait l'étendard sacré semblait invulnérable (5). Lici- nius, avec une partie de ses troupes, se replia sur (1) Eusèbe De vita Constantini, II, 5. (2) Zosime, II, 22. (3) Eusèbe, De vita Constantini, II, 6. (4) Ibid., 7. (5) Ibid., 9. 328 CONSTANTIN ET LICINIUS (313-323). Byzance, tandis que le reste se rendait à Constantin. Celui-ci commença le siège de la ville où, six ans plus tard, il établira la seconde capitale de l'empire. Ace moment, sa flotte, victorieuse de celle de Licinius, arrivait sous la conduite du César Crispus, et se pré- parait à bloquer le port (1). Licinius n'eut que le temps de passer le détroit et de se réfugier à Chal- cédoine (2). Constantin l'y suivit sans se hâter, voulant laisser au vaincu le temps d'ouvrir les négocia- tions (3). Licinius s'y prêta d'abord. Pendant quel- ques jours, la paix sembla conclue. Mais, dès que le champion du paganisme eut pu refaire une nouvelle armée, il reprit les hostilités (4). L'aveuglement du malheureux n'était pas dissipé : il était de plus en plus sous la domination de ses de- vins, qui lui promettaient une éclatante revanche (5). Les troupes qu'il avait réunies étaient nombreuses, fraîches, pleines d'ardeur : tous les moyens furent employés pour exciter leur fanatisme; on porta devant elles les statues des dieux , qui brillaient au soleil sur le front des légions (6). Licinius espérait sans doute, par cette exhibition, balancer Tinfluence du labarum, dont la seule vue le glaçait d'effroi , et sur lequel il avait recommandé à ses soldats de ne pas fixer leurs (1) Zosime II, 24. (2) Ibid. (3) Eusèbe, De vita Consf., II, 11. (4) Eusèbe, De vita ConsL, II, 15. (5) Ibid., 11, 15. (6) Ibid., 16. LA PERSECUTION DE LICINIUS. 32'J regards (1). Pendant que ces préparatifs se faisaient dans le camp ennemi, Constantin, comprenant que cette nouvelle bataille serait décisive, s'y prépara par la prière. Il passa de longues heures dans la tente qui lui servait de chapelle pendant ses expéditions militaires : on l'en vit sortir, rayonnant de confiance et d'enthousiasme, pour donner le signal du com- bat (2). La bataille de Chrysopolis fut plus désastreuse en- core pour Licinius que n'avait été celle d'Andrino- ple (3). Complètement battu, il s'enfuit, le 18 sep- tembre, à Nicomédie. Constantin fit grâce de la vie à son beau-frère , et lui assigna Thessalonique pour ré- sidence (4). Mais, peu de temps après, il le fit étran- gler : par un coupable manque de foi, selon les uns (5) ; à la demande des soldats, selon d'autres (6) ; en exécution d'une sentence du sénat, selon une ver- sion peu vraisemblable (7) ; pour prévenir une nou- velle prise d'armes, si l'on en croit l'historien So- crate(8). Les conseillers qui avaient assisté Licinius dans cette funeste guerre, ou s'étaient faits les minis- tres de ses cruautés , reçurent le châtiment mérité de (1) Eusèbe, De vita Const., II, 12. (2) Ibid. {Z)Ibid., II, 17. (4) Zosiine, II, 26; Aurelius Victor, Epitome, 41. (5) Zosime, II, 28; Aurelius Victor, Epitome, 41; Eutrope, Brev. X, 6; saint Jérôme, Chron. (6) Anonyme de Valois. (7) Zonare, XIII, 1 (8) Socrate, aist. EccL, I, 4. 330 COiNSTANTliN ET LICINIUS (313-323). leurs crimes (1); à leur place l'empereur nomma, dans la plupart de ses nouvelles provinces , des ma- gistrats chrétiens, ou des païens modérés, auxquels furent interdits les sacrifices officiels rétablis par Li- cinius(2). (l)Eusèbe, De vita Const.,\\., i'è. (2j Ibid., 44. LES DERNIERS EDITS DE PAIX RELIGIEUSE. 331 III Les derniers édits de paix religieuse. Un pressant devoir s'imposait à Constantin, devenu, par la chute de son rival, seul maître de FEmpire : réparer les maux causés en Orient par la dernière ex- plosion du fanatisme païen, et rétablir l'unité morale du monde romain en étendant à toutes ses parties le bienfait de la paix religieuse. Dans ce but furent pro- mulgués, des la fm de 323, deux édits, destinés l'un à ellacer les traces de la persécution , l'autre à faire connaître aux habitants des provinces orientales les sentiments personnels et les principes de l'empereur en matière de religion (1). Eusèbe a reproduit le premier édit d'après l'exem- plaire adressé aux habitants de la Palestine; mais il n'est pas douteux qu'un texte semblable ait été en- voyé dans toutes les circonscriptions administratives de l'Orient. Cet acte législatif a pour but de remettre en vigueur, dans cette partie de l'Empire, l'édit de Milan, que Licinius, sans l'abroger dans l'ensemble, avait détruit en détail. (1) L'authenticité de ces deux documents a été contestée par Cri- vellucci [Délia fede storica di Eusehio nella Vita di Constantino) et Schuitze {Zeitschrift fiir Kirchengeschichte, 1894, n" 4). Voir, en sens contraire, les justes observations de Boissier [la Fin du Paga- nisme, t. I, p. 17) et de Schuitze [Zeitschrift fiir Kirchengeschichte, 1897, n«3).« 332 CO-NSTAiMlN ET LICINIUS (313-323). Le préambule rappelle les récentes victoires de CoDstantin, et montre que Dieu, en favorisant ses ar- mes, a jugé définitivement entre les deux religions ennemies. Il met ensuite en parallèle la cruauté des persécuteurs et l'admirable patience des persécutés; puis il rappelle comment les premiers ont, tôt ou tard, été punis, et comment Dieu, prenant Constantin par la main pour le conduire des extrémités de la Bre- tagne aux frontières de l'Orient , a fait de lui l'instru- ment de sa justice sur les uns, de sa miséricorde à l'égard des autres. Vient enfin la partie pratique de l'édit, c'est-à-dire l'énumération des diverses catégo- ries de confesseurs qui, sons Licinius, ont souffert dans leur liberté ou dans leurs biens : tous sont ré- tablis dans leur premier état, ou, pour employer l'expression juridique romaine, obtiennent la restitutio in integrwn. Les exilés, les relégués, les condamnés aux mines, aux travaux publics, aux manufactures de l'État ou à la servitude , reçoivent la liberté et sont rappelés dans leur patrie (1). Ceux qui ont été abusivement inscrits parmi les décurions sont rayés de l'album municipal (2). Les chrétiens qui ont perdu, comme tels, le grade ou le rang qu'ils occupaient dans l'armée ont le choix, ou d'y être réintégrés, ou d'é- changer leur congé ignominieux [ignominiosa missio) contre un congé régulier et honorable, donnant droit (1) Eusèbe, De vila Consiantlni, II, 30, 31, 32, 34. (2) Ibid., 30. LES DERNIERS EDITS DE PAIX RELIGIEUSE. 333 aux privilèges des vétérans {honesta nùssio) (1). Les biens enlevés aux chrétiens sont restitués, quels que soient les droits acquis sur eux par des tiers; ceux-ci n'en pourront retenir que les fruits déjà perçus, à l'instar des possesseurs de bonne foi (2). Au cas de prédécès de condamnés soit à la peine capitale, soit à toute autre peine ayant entraîné la confiscation, les héritiers ont le droit de revendiquer leur patri- moine (3). Que s'ils n'ont pas laissé de parents au degré successible , l'Église du lieu où ils ont soufi'ert le martyre, ou dont ils ont été chassés par l'exil, est appelée à leur succession (4). Quant au patrimoine corporatif que possédait l'Église au moment où com- mença la persécution, fonds de terre, maisons, jar- dins, oratoires, cimetières, il devra lui être rendu, soit parle fisc, soit par ceux qui l'ont acquis du fisc ou l'ont reçu en don de l'empereur (5). Cet éditde réparation ne demeura pas lettre morte : Eusèhe raconte qu'il fut tout de suite et énergique- ment appliqué (6). Constantin compléta son œuvre en accordant à tous les évêques de l'Orient des subsides pour réparer, agrandir ou rebâtir les édifices consa- crés au culte chrétien, dont les uns avaient été ruinés par la persécution , dont les autres avaient vu ar- (1) Eusèbe, De vila Constantini, II, 37. l'A) Ibid., 33. (3) Ibid., 35. (4) Ibid., 36. (5) Ibid., 39, 40, 41. (6) Ihid., 43. 334 CONSTANTIN ET LICINIUS (313-323). rêter par elle leur reconstruction commencée (1). Eu- sèbe reproduit la lettre qu'il reçut à cet efïet comme évêque de Césarée, et dit qu'une lettre semblable fut adressée à chacun de ses collègues (*2). Pendant que ces actes de justice s'accomplissaient en faveur de FÉg-lise, de ses ministres et de ses fidèles, les païens attendaient avec inquiétude les résolutions que le vainqueur prendrait à leur égard. Si jamais Constantin dut être tenté de se jeter dans la voie des réactions violentes, c'est au lendemain de la défaite de Licinius. Le paganisme avait relevé la tête, à la fois comme religion et comme parti d'opposition po- litique. Il avait fait couler presque en même temps le sang des chrétiens sur les échafauds et celui des soldats de Constantin sur les champs de bataille, La persécution n'avait été que la préface de la guerre : celle-ci comme celle-là s'était faite au nom des dieux. La situation paraissait tout autre qu'après la défaite de Maxence, oppresseur de ses sujets plutôt que fau- teur ardent de l'idolâtrie, tyran et non persécuteur. Alors Constantin avait triomphé d'un païen; aujour- d'hui c'est, en quelque sorte, du paganisme môme qu'il triomphe. Sa victoire, cette fois, n'a pas eu pour théâtre l'Occident, dont la population était encore en majorité idolâtre, mais l'Orient, où la religion du Christ comptait un plus grand nombre de fidèles, et en certains lieux ralliait même la majorité du peuple. (1) Eusèbe, De vila Constantini , (2) Ibid., 46. LES DERNIERS ÉDITS DE PAIX RELIGIEUSE. 335 Nulle contrée, nul moment, n'auraient été plus favo- rables à un essai d'intolérance chrétienne. Mais Cons- tantin ne s'y laissa pas entraîner. Il eut la sai'csse de s'en tenir à la politique annoncée dans Tédit de Milan. Aucune considération ne le fit dévier de la ligne de conduite qu'il s'était une fois tracée. Les seuls actes restrictifs qu'il posa vis-à-vis de l'ancien culte , après avoir vaincu Licinius, s'expliquent par le caractère de la lutte armée qui venait Je finir : on n'y saurait voir aucune tentative d'opprimer la conscience des païens. Tous les bas-fonds du paganisme avaient été remués par Maximin d'abord, par Licinius ensuilc. De cette fange en fermentation des oracles inconnus, des cultes nouveaux, même de nouveaux dieux, avaient tout d'un coup surgi. Les idoles s'étaient transformées en enseignes de batailles, et la divina- tion était devenue un moyen de gouvernement. Pour terminer une agitation aussi malsaine, qui menaçait de survivre aux événements qui l'avaient fait naître, Constantin promulgua pour l'Orient une loi de cir- constance, interdisant d'ériger aux dieux de nouvelles statues (1). En même temps il remit en vigueur les ordonnances déjà faites contre la divination (2). Mais il ne toucha point à la liber lé de l'idolâtrie, et prit même soin de rassurer les païens elTrayés. Les paroles qu'il leur adresse dans ce but se trou- vent à la fin d'un édit, ou plutôt d'une proclamation (l)Eusèbc, De vilaConstantini, IL 45. (2) Ibid. 336 CONSTANTIN ET LICINIUS (313-323). à tous les sujets romains de l'Orient. Ce curieux spé- cimen de littérature impériale pourrait être considéré comme la contre-partie du sermon païen naguère af- fiché au nom de Maximin dans la ville de Tyr (1); mais la rhétorique y parait moins, un sentiment per- sonnel plus sincère et plus spontané s'y dégage d'ef- fusions pieuses mêlées à des souvenirs intimes, à des récits autobiographiques. L'empereur fait part à ses peuples des incidents de sa jeunesse , des réflexions de son âge mûr, et des croyances qui sont devenues la règle de sa vie. Dans un langage dont la franchise et la prolixité contrastent singulièrement avec la réserve officielle des souverains modernes, il met sous les yeux de tous comme un fragment de ses Mémoires. On sent, en le lisant, que c'est lui-même qui tient la plume, et qu'il se complaît dans l'expression de sa pensée. C'est bien, comme le dit Eusèbe, l'empereur en personne que l'on entend (2). Après un parallèle entre le vice et la vertu (3), Constantin compare la cruauté de Dioclétien et de Maximien à la douceur de son père Constance , « qui invoquait avec une admirable religion Dieu le Père dans tous ses actes (4). » Puis, prenant Dieu à témoin de la vérité de ses paroles, il raconte ce qu'il vit au commencement de la persécution, alors que, jeune (1) Voir plus haut, p. 177. (2) L'original était en latin; Eusèbe en a fait la traduction grecque, qui seule nous est parvenue. De vita Const.^U, 47. (3) Ibid., 48. (4) Ibid., 49. LES DERNIKRS EDITS DE PAIX RELIGIEUSE. 337 homme , il résidait A la cour du premier des Augustes : les plaintes d'Apollon contre les justes qui l'empê- chaient de rendre ses oracles, la (juestion de Dioclé- tien demandant qui étaient ces justes, la réponse des prêtres dénonçant les chrétiens, l'empereur promul- guant alors contre eux ces édits « que l'on croirait gravés avec un poignard trempé dans le sang (1). » « C'est alors, continue-t-il, que l'on put admirer le courage des adorateurs de Dieu, soutirant chaque jour les cruautés et les outrages. Quels feux, quels suppli- ces, quels tourments ne furent pas infligés, sans dis- tinction d'âge ni de sexe! A cette époque, la lerre elle- même versa des pleurs, le ciel gémit, comme si tant de sang l'avait souillé, et la lumière même du jour sembla s'obscurcir en signe de deuil (2). » Constan- tin rappelle ensuite, à la honte des Romains, l'hu- manité avec laquelle des Barbares accueillirent les chrétiens fugitifs (3). Puis il montre le chàliment des persécuteurs, qui se sont détruits les uns les autres au milieu des guerres civiles et ont disparu avec leur postérité. « Tout cela ne serait pas arrivé, sans le faux et malfaisant effet de l'oracle impie d'Apollon Py- tlîien (4). » Le paragraphe qui suit est un bel exemple de ces prières que l'enthousiasme reconnaissant du vain- queur a placées en plusieurs parties de l'édit. « Main- (1) Eusèbe, Devita Constanlini ,]l , 51 (2) Ibid.,b2. (3) Ibid., 58. (4) Ibid, à0-5\. V 22 338 COiNSTANTLN ET LICINIUS (313-323). tenant, Dieu très bon et très grand, je te supplie d'être propice à tes Orientaux, et à tous les pro- vinciaux accablés de lourdes calamités. Daigne leur accorder le salut par moi, ton serviteur. C'est sous ta conduite, sous tes auspices que j'ai entrepris de les sauver.- Portant ton signe en tout lieu , j'ai dirigé mon armée victorieuse. Toutes les fois que l'ont demandé les nécessités publiques, j'ai marché contre les enne- mis, à la suite de ton étendard. Aussi t'ai-je consacré mon cœur dans l'amour et la crainte; car j'aime sin- cèrement ton nom et je révère religieusement ta puis- sance , que tu as manifestée par de nombreuses preu- ves, et par laquelle tu as confirmé ma foi. Je me hâte donc de prendre le fardeau sur mes épaules et de travailler à la restauration de ta sainte demeure, que les scélérats et les impies avaient tenté de dé- truire (1). » L'accent de ces paroles révèle une fois de plus, chez Conslantin, la conviction où il fut toujours de l'aide miraculeuse que Dieu lui accorda, par l'apparition du signe placé ensuite sur ses drapeaux. Mais celles qui suivent montrent aussi, une fois de plus, la politique sage et tolérante que le juste sentiment des circons- tances , l'amour égal pour tous ses sujets, et le respect de la parole donnée, ne cessèrent de lui dicter. « Je veux que ton peuple vive en paix et en con- corde, pour le commun avantage du genre humain. Que ceux qui sont encore impliqués dans l'erreur de (1) Eusèbe, De vita Co)isianlini,U,ôb. LES DERNIERS ÉOITS DE PAIX RELIGIEUSE. 339 la geutilité jouissent joyciiseineiit de la même paix et du même repos que les fidèles, (^ette reprise des bons rapports mutuels pourra beaucoup pour ramener les hommes dans la voie droite. Que personne, donc, ne fasse de mal à personne. Que chacun suive l'opinion qu'il préfère (1). Il faut que ceux qui pensent bien soient persuadés que ceux-là seuls vivront dans la justice et la pureté, que tu as toi-même appelés à l'ob- servation de tes saintes lois. Quant à ceux qui s'y soustraient, qu'ils conservent, tant qu'ils voudront, les temples du mensonge (2). Nous, nous gardons la splendide demeure de la vérifé, que tu nous as don- née lors de notre naissance (spirituelle). Et nous sou- haitons aux autres de vivre heureux, par l'effet de l'union et de la concorde de tous (3) . » Ces idées paraissent à Constantin si importantes , il en fait tellement la base de sa politique affermie par une dernière et définitive victoire, qu'à la fin de l'é- dit il les reproduit presque dans les mêmes termes : « Que personne ne cherche querelle à un autre à cause de ses opinions. Mais que chacun se serve de ce qu'il sait pour aider son prochain, et, si cela n'est pas possible , le laisse en paix. Car autre chose est d'accepter volontairement le combat pour une croyance immortelle, autre chose de l'imposer parla violence et les supplices. J'ai parlé plus longuement (1) >Ir,SsU TÔv exepov Tîapsvoy^^cTTo" êxacrto; ÔTisp r^ ^'oyjfi pou^erat , toOto xat upaTxéTW. (2) Ta Tyj; ^^cuôoÀOYtac T£[jLevy]. (3) Eusèbe, De vita Constanlini, II, 56. 340 CONSTANTIN ET LfCiNIUS (313-323). que le dessein de ma clémence ne l'exigeait, parce que je ne voulais rien dissimuler de ma foi, et aussi parce que plusieurs, me dit-on, assurent que les rites et les cérémonies de l'erreur, et toute la puissance des ténèbres, vont être entièrement abolis. C'est ce que j'aurais certainement conseillé à tous les hommes; mais, pour leur malheur, l'obstination de l'erreur est encore trop enracinée dans l'âme de quelques- uns (1). » Ces déclarations rassurantes, confirmées par la mo- dération personnelle de l'empereur, par la faveur même qu'il montrait à plusieurs des plus distingués parmi les païens, eurent un heureux effet : elles rap- prochèrent les partisans des deux cultes, et rétabli- rent la concorde civile au milieu même d'inévitables dissidences religieuses. Échappés à la réaction qu'ils avaient redoutée, les païens ne songèrent probable- ment pas à se plaindre des fortes expressions par les- quelles l'empereur témoignait de son aversion per- sonnelle pour leurs rites et leurs croyances : et Cons- tantin n'eût pas compris qu'on lui demandât de taire ses préférences intimes pour parler le langage de l'indifférence, ettraiter avec les mêmes égards ce qu'il estimait la vérité et l'erreur. Mais s'il éprouvait pour celle-ci « ces haines vigoureuses » que les caractères indécis et les volontés débiles ne connaissent plus, il (Il "Onep CTUv£êûv/)e\JGa àv Tiàoiv àvOftoT.oiç, et \ir, tt); \i.oybr.ç.&:, 7ï).J. le chanoine Ducis, archiviste de la Haute-Savoie. Annecy, 1887. 360 APPENDICE. Afrique combattre les Maures révoltés. Une loi signée par lui à Cologne le 5 août 302 (1), une autre loi promulguée à Brindes le 1^'' novembre de la même année (2), marquent les deux termes extrêmes de la route qui le conduisit, accompagné de la Secunda Maximiana Thebœorum, des bords du Rhin à la Méditerranée, en passant par les Alpes Pennines. C'est au milieu de ce voyage, le 22 septembre, qu'eut lieu le massacre des Thébéens, c'est-à-dire des soldats de la légion Secunda Maximiana Thehœorum . Ce massacre eut pour cause le refus de ces soldats chré- tiens de prendre part à un sacrifice, et n'est, en réalité, qu'un épisode de la persécution spéciale contre les chré- tiens de l'armée, ordonnée par Dioclétien en 302, un an avant la persécution générale. Les deux autres légions Thébéennes qui se trouvaient en Occident ne furent pas épargnées : Rictius Varus fit tuer beaucoup de soldats chrétiens de celle qui était restée en Germanie, pendant que, traversant l'Italie, Maximien Hercule mettait à mort des soldats de celle qui était cantonnée dans la péninsule. Ainsi s'explique comment, sur six légions Thébéennes qui furent vraisemblablement levées par Dioclétien et Maximien dans la Thébaïde vers 292 ou 296, la Notitla Dignitatum du cinquième siècle nomme seulement la Tertia Diocletiana Thehœorum, campée en Thrace(3), une autre Diocletiana Thebaidos, campée en Egypte ou en Thébaïde (4), et la Prima Maximiana Thebœonnn, aussi cantonnée en Thrace (5) : la Secunda Maximiana avait (1) Code Jusiinien, V, xii,2l. (2) Code Justinien, V, xvi, 23. (3) ISotUia Dignitatum, Or., VII, 4. (4) Ibid., XXV, 5; cf. XXVlll. 8. (5) Ibid., Vli. 3. APPENDICE. 3GI entièrement péri dans le massacre d'Agaune; les deux- autres, la Tertia Maximiana, persécutée en Germanie, et la Prima Diocleiiana, très éprouvée en Italie, n'étaient plus représentées que par deux corps de Thebici servant, d'après la Notitia, en Italie et sur le Rhin (1). Ce système est ingénieux et, à première vue, se tient bien; mais, à qui regardera de près, la solidité du fais- ceau semblera plus apparente que réelle. De ce que la Notitia du cinquième siècle nomme une Tertia Diock- tiana Thebieorum, une autre Diocletiana Tliebaidos, et une Prima Mammiana Thebxorum, on déduit l'existence de six légions levées par les deux Augustes en Thébaïde, et l'on tire de la disparition de trois d'entre elles les con- séquences que nous avons indiquées. Mais l'existence de ces trois dernières légions, qui ne sont nommées nulle part, ne résulte aucunement de la Notitia, Il peut y avoir eu une Prima Maximiana Thebxorum, comme elle l'indi- que, sans qu'il y eût eu nécessairement une Secunda et une Tertia. De même, de ce qu'elle nomme une Tertia Diocletiana Thebxorum et une Diocletiana Thebaidos (dont le chiffre est incertain) (2), il ne suit pas nécessaire- (1) Notitia Dignitatum, Occid., VII, 27; Y, 10. {1) Le texte de la Notitia porte : Sub dispositione viri spectabilis comiiis rei miliiaris per JEgyptiun... n» 5. Legio tertia Diocletiana Thebaidos Andro. Les plus anciens manuscrits portent le nombre en chiffres romains III. On a présumé une faute de copiste, qui aurait ajouté un trait après les deux premiers , et induit les copistes posté- rieurs à écrire tertia au lieu de secunda. La même faute se serait reproduite trois paragraphes plus loin, à propos de cavaliers de la même légion : Su!) dispositione viri spectabilis ducis Thebaidos... n" 8. Equités promoii indigenx legionis tertiœ Diocletianx Ambos. Mais peut-être ny a-t-il dans cette explication qu'une hypothèse sans fon- dement, et le chiffre III des plus anciens manuscrits est-il le vrai. Dans ce cas, il faudrait voir dans la Diocletiana Thebaidos non une légion complète, mais une fraction de la Tertia Diocletiana Thebxo- 362 APPENDICE. ment qu'il ait existé une Prima Diocletiana Thebœorum. La vraisemblance conduit plutôt à reconnaître l'existence des seules légions Thébéennes dont parle la Notitia, une Prima Maximiana, une [Secunda) Diocletiana, et une Tertia Diocletiana. La levée de six légions en une seule année, dans la même province, est un fait peu croyable, et ne résulte pas des textes historiques. C'est pourtant sur cette hypothèse qu'on est contraint de s"appuyer pour établir que trois legiones Thebœorum ont été atteintes par la persécution, une, dont on fait la Secunda Maxi- miana, entièrement détruite à Agaune, deux autres, dont on fait la Prima Diocletiana et la Tertia Maximiana, assez maltraitées en Italie et en Germanie pour qu'il n'en soit resté que de faibles débris, encore subsistant dans ces deux pays au cinquième siècle sous le nom de lliebœi. Le fondement est donc bien hypothétique ; je crois pouvoir ajouter qu'il est ruineux. En effet, les dates po- sées par l'ingénieux érudit auquel j'ai emprunté l'exposé du système, M. Ducis, ne paraissent point exactes. Les deux lois qu'il cite, datées l'une de Cologne, l'autre de Brindes, et qui lui paraissent marquer les deux termes extrêmes du voyage de Maximien Hercule, peuvent être, comme l'indiquent les éditions du Code, du premier consulat des Césars Constance Chlore et Galère, par con- séquent de 294 au lieu de 30:2. J'ajouterai une remarque plus importante : d'après la chronologie de Tillemont, que personne n'a encore ébranlée, et à laquelle, comme l'écrivait M. Camille Jullian (i), on est toujours obligé de rum, dont l'autre partie était en Tliiace; ce qui réduirait à deux les légions Thébéennes citées dans la Notitia : par où croulerait tout le système que nous combattons. (1) Les Transformations politiques de l'Italie, \). 189. APPENDICE. 363 revenir, l'expédition de Constance en Bretagne eut lieu en ^96, et celle d'Hercule en Mauritanie en 297. Or, à cette époque, la persécution spéciale contre les soldats, à la- quelle on essaie de rattacher l'épisode d'Agaune et les nombreux martyres de Germanie et d'Italie, n'était pas encore commencée. C'est au plus tût dans cette même année 297 que Galère, enflé de ses victoires inespérées sur les Perses, en donna le signal et l'inaugura en Asie, d'où elle ne s'étendit qu'ensuite à ses États propres, puis à ceux d'Hercule : Dioclétien n'y prit vraisemblablement une part personnelle qu'en 302 (I). Cette persécution, qui lit sortir de l'armée un grand nombre de chrétiens, les- quels, dit Eusèbe, préférèrent leur foi aux dignités et aux avantages de la milice (2), répandit très peu de sang, au témoignage du même historien et de Lactance (3). Comp- ter l'immolation de six mille Thébéens à Agaune, d'un millier d'autres, selon l'évaluation de M. Ducis, en Ger- manie, de trois cents autres, d'après son estimation en- core, en Helvétie, enfin de martyrs qualifiés par lui d' « innombrables » en Italie (4), parmi les épisodes de cette persécution spéciale oii les contemporains nous rapportent que le sang fut rarement et peu abondamment versé, c'est, il me semble, se mettre en contradiction absolue avec l'histoire. Si cette conclusion est vraie, il faut ou refuser toute réalité historique à l'épisode des Thébéens, — ce qui se- rait déraisonnable en présence de la lettre écrite par saint Eucher au milieu du cinquième siècle, dernier anneau (1) Voir lonie I", p. lis. (2) Voir tome l^% p. 111. (3) Voir tome I^-, p. 146. (4) Saint Maurice et la lUjion Thébéenne, p 3i. 36 f APPENDICE. d"une chaîne de témoignages remontant à une époque très voisine des faits, — ou dire avec Tillemont, avec Amédée Thierry, que. sur leur refus de sacrifier, les Thébéens furent immolés à Agaune par Maximien Hercule, lors- qu en 286 il traversait les Alpes marchant contre les Ba- gaudes insurgés en Gaule. On oppose à cette opinion l'objection suivante : « Mais les levées de troupes faites, d'après la Chronique d'Eusèbe, en Thébaïde par Dioclé- tien et Maximien, et d'où sortirent vraisemblablement les légions Thébéennes, n'eurent lieu qu'en 292 ou 296 : par conséquent il n'y avait pas encore de légion Thébéenne en 286 1 1 » Cette objection ne me touche pas, car je pense que la petite troupe composée tout entière de chré- tiens, commandée par trois officiers seulement, décimée puis massacrée par Maximien Hercule pour refus de sa- crifier, n'était pas upie légion proprement dite, mais soit une vexillatlo, soit plutôt une cohorte auxiliaire tirée probablement de la Thébaïde (2 . Réduit à ces propor- tions, le fait d'Agaune n"a plus rien qui choque les vrai- semblances, et, comme j'ai tâché de le montrer ailleurs, les circonstances de l'expédition contre les Bagaudes suf- fisent à l'expliquer. Quant aux nombreux martyrs, inconnus de saint Eu- cher, auxquels en Italie, en Germanie, en Gaule, des tra- ditions locales ou des documents de diverses époques donnent le nom de Thébéens , il n'est pas toujours prouvé qu'ils aient droit à ce titre, et leur existence peut d'ail- leurs s'expliquer sans qu'il y ait besoin de supposer en- core deux autres légions Thébéennes en plus de celles (1) Saint Maurice et la légion Thébéenne, y. 9. (2) Voir tome !«'. p. 27. APPENDICE. 365 dont la yolilia a gardé le souvenir. Je suis poiié à admet- tre que riinagiiiation populaire, frappée du fait incontes- table du massacre des Thébéens, a rattaché h leur groupe un grand nombre d'autres martyrs, dont le souvenir lo- cal s'était conservé, mais dont Thistoire précise avait péri. D'autres soldats souffrirent soit dans une des épreu- ves antérieures de l'Église, soit, en petit nombre, dans l'épuration militaire qui précéda la dernière persécution, soit dans cette persécution elle-même : comme l'hé- roïsme du soldat chrétien et martjT semblait désormais personnifié dans les Thébéens, — comme d'ailleurs il y avait , au cinquième siècle , des Thebaei servant en Italie et sur le Rhin, — on a pu enrégimenter après coup dans leur glorieuse milice plus d'un précurseur ou d'un émule de leur courage et de leur foi. Ma conclusion sera donc celle de Ruinart : « Je n'ai jamais songé, écrit le sage critique, à défendre comme sûr et indubitable ce que certains auteurs rapportent çà et là, sans preuve suf- fisante, de ces divers martyrs; mais le martyre de la célèbre légion, affirmé par des témoignages si^autorisés et si anciens , me parait ne pouvoir être révoqué en doute par aucun esprit sincère, par aucun homme qui, rejetant tout parti pris, s'attache à la vérité, de quelque point qu'elle lui apparaisse (1). » (1) Admonitio in Passionem SS. Mauritii, etc., dans Ruinart, éd. de Ratisbonne, p. 316. (Ce passage de la seconde édition de Ruinart n'est pas dans celle de 1689.) — Je ne puis citer tous les écrivains qui ont, dans une mesure plus ou moins large, accepté ces conclusions : j'en nommerai seulement quelques-uns. — L'un est l'auteur de l'article Légion Thébaine, dans \ Encyclopédie protestante de>i Sciences reli- gieuses (t. VIII, p. 90; Paris, 1880), qui reconnaît « à l'origine du récit d'Eucber un fait historique, » mais a le tort de supposer une confusion entre le Thébéen INIaurice et un martyr du même nom immolé avec 3G6 APPENDICE. III Réponse aux objections. Cette étude serait terminée , s'il ne paraissait nécessaire de répondre en quelques mots aux objections présentées soixanle-dix soldats à Apamée pendant la persécution {Ada SS., fé- vrier, t. III , p. 337) : les circonstances de leurs Passions sont trop différentes pour que les récils se rapportent à un même personnage, et la simililude de nom ou de profession entre deux martyrs n'a rien qui doive étonner dans une histoire qui embrasse un demi-siècle et un territoire aussi vaste que l'Empire romain. J'ajoute que les Actes du martyr d'Apamée sont loin d'avoir la valeur du récit d'Eucher, mais que, par une coïncidence intéressante, le Maurice syrien parait a\oir été célébré par son compatriote l'historien Théodoret {De curandis Grxcorum affecdbus, 8) au moment même où le Maurice d'Agaune était loué par le Gallo-Romain Eucher, — Un éciit beaucoup plus com- plet et très remarquable sur la question est celui de Franz Stolle, Das martyrium der tliehaisclien Légion (Breslau, 1891). Mais ses conclusions sont empreintes d'un scepticisme qui me parait excessif. « Le fond historique (je reproduis ici le résumé donné par les Ana- lecta Bollandiana, 1891) se restreint aux données des martyrologes, savoir la mention des martyrs Maurice, Exupère, Candide, peut-être aussi le vétéran Victor, et les deux martyrs de Soleure, Ursus et Victor. Voici tout ce que put savoir l'évêque Théodore, lorsqu'en 380 il dé- couvrit les ossements des martyrs et inaugura leur culte à Agaune. Sur ce fond, la légende vint se greffer... Les martyrs étaient des lé- gionnaires, des officiers. Où il y a des officiers, il y a des soldats, et ceux-ci, dans l'opinion populaire, avaient partagé le sort de leurs chefs. En 450, la légende était formée, quand l'évêque de Lyon, Eucher, vint la recueillir sur place. » — Ne pas oublier la courte et ingénieuse note publiée par M. l'abbé Batiffol dans la Revue historique, mars-avril 1893, p. 330-364. Selon lui, une basilique construite à la fin du quatrième siècle, des reliques très célèbres au cinquième et au sixième, quelques noms (Maurice, Exupère, Candide, Victor, Innocent, Vilal), le souve- nir énigmatique d'une legio Félix , voilà tout ce que l'on trouve de solide dans la légende d'Agaune. Il fait remarquer l'expression « felix exercilus » employée par Avit et Fortunat pour caractériser les martyrs APPENDICE. 367 par les hislorieiis qui reruseul toute réalité au récit du martyre des Thébéens (1). L'une d'elles a peu de force et quelques mots suffiront à récarter. On refuse de croire qu'un gouvernement ré- gulier ait jamais donné l'ordre de massacrer uno troupe aussi nombreuse. Le fait n'est cependant pas sans pré- cédents. Quand même il faudrait entendre ici, avec Eu- cher, une légion entière, de six mille six cents hommes, des exemples pourraient être invoqués à l'appui de son récit. Sous la République, une légion, composée alors de quatre mille soldats, fut, raconte Tite-Live, tuée à coups de hache au forum romain (2). Au temps de l'Empire, d'Agaiine, (lue Grégoire de Tours appelle aussi « martyres legionis felicis. » Ces écrivains n'emploient jamais l'expression de Thébéens. N'idenlifient-ils pas les martyrs d'Agaune avec les soldats dune legio Félix, dont les inscriptions nous signalent en effet des quartiers dans la région du Rhône? — On peut répondre que si Avit et Forlunat n'em- ploient pas l'expression Thébéens, Eucher, qui est plus ancien qu'eux, s'en sert : quant à « felix exercitus, » « martyres legionis felicis, » ce sont de pieuses métaphores, non une appellation officielle : il n'y a pas lieu d'y attacher un sens plus précis qu'au mot « congregatio beatis- sima » employé en même temps par saint Avit. La Passion de saint Victor de Marseille, que Tillemont juge être du cinquième siècle, fait expressément allusion à la « famosissima Thebaeorum apud Agaunum caede » (voir plus haut, t. I, p. 45). Ce texte (que l'on oublie toujours de citer) montre qu'à une époque à peu près contemporaine de celle où vivait saint Eucher, le fait des « Thébéens » était assez « fameux » pour être rappelé, par voie d'allusion , et sans qu'il soit besoin d'une explication quelconque, à propos d'un martyre sans aucun lien avec lui. (1) Parmi ceux-ci, je me reprocherais de ne pas citer Egli (dans Theol. Zellschr. aus de?- Schweiz, 1892, p. G9-81}, pour qui l'histoire de la légion Thébéenne n'est qu'une adaptation chrétienne d'un fait antique, le massacre de dix mille Gaulois à Octodure par larmée de Servius Galba (voir César, De Bello Gallico, III, 1-6). Funk 'dans Theol. Quarlalschrift, 1893, p. 176) a pris la peine de réfuter ces rêveries. (2) « Proptcr quod facinus, tota legio, millia hominum quatuor, in foro romane securi percussi sunl. » Tite-Live, XXVIII, 2 s. 368 APPENDICE. on revit de semblables scènes : Galba, entrant dans Rome, fit décimer, puis massacrer plusieurs milliers de soldats de la flotte, dont Néron avait formé une légion : sept mille, selon l'abréviateur de Dion, trucidatis lot millibus inermium hominum, dit seulement Tacite ;1). Maximien était homme à suivre de tels exemples. Aux diverses épo- ques de l'histoire , le contingent des légions a souvent varié; l'armée romaine était déjà bien affaiblie vers la fin du troisième siècle; et rien n'oblige à croire que toutes les légions y eussent gardé le chiffre réglementaire de six mille hommes (2). Mais si, comme nous le croyons, les Thébéens formaient, non une légion entière, mais une simple vexillatio , ou plus probablement une cohorte auxiliaire de quelques centaines d'hommes (3) , l'acte du tyran s'applique plus aisément encore. Les Romains ne ménagèrent jamais le sang de leurs soldats (4), et moins (1) Tacite, Hist., I, 6; cf. 31, 37, et Suétone, Galba, 12; Plutarciue, Galba, 15. (2) Dès lors s'appliquaient probablement déjà ces paroles de Végèce, II, 3 : « On n'a pas soin de mettre de nouveaux soldats à la place de ceux qui sont en congé, après le temps de leur service. On néglige de remplacer les morts, les déserteurs; tout cela fait un si grand vide dans les troupes que, si l'on n'est pas attentif à les recruter tous les ans, ou même tous les mois, l'armée la plus nombreuse est bientôt épuisée. » A la fin du quatrième siècle, le contingent d'une légion tombera à 1.200 ou même 700 hommes; voir Zosime, V, iô; Ammien Marcellin, XVII, 9, 3; XIX, 2, 14; XXVII, 12, 16; cf. Tillemont, His- toire des Empereurs , t. V, p. 582; Duruy, Histoire des Romains, t. VII, p. 198, note 1 ; Marquardt, Rom. Staaiwerwaltung, t. II, p. 588. (3) Sur le nombre d'hommes que comprenaient les cohortes auxiliai- res, voir Marquardt, p. 455. (4) Sous l'Empire, l'armée romaine, en y comprenant les troupes auxiliaires, comptait environ un soldat sur trois cents habitants. Voir Fustel de Coulanges, Histoire des institutions politiques de l'ancienne France, t. I, \\ 183. APPENDICE. :m encore à une époque où les légions elles-mêmes se recru- taient en grande partie parmi les Barbares. En 374, on voit le comte ïhéodose faire massacrer « à la manière an- cienne, » jjrisco more, les officiers et les soldats de plu- sieurs cohortes qui avaient suivi l'usurpateur Firmus (1). J'arrive à une objection plus spécieuse. Elle est tirée « du silence d'Eusébe et de Lactance, deux contem- porains, de saint Ambroise, de Sulpice Sévère, d'O- rose, etc. (2). » C'est l'argument négatif, argumentum e silentio. Sur sa valeur théorique et les conditions qui permettent soit de le recevoir, soit de le rejeter, selon les cas, je renverrai à d'excellents chapitres du P. de Smedt àdiïv?, ^on Introductio ad historiam ecelesiasticam critice tractandam (3) et dans ses Principes de la critique liisio- (1) Ammien Marcellin, XXIX, 5. — Aux exemples de tueries en masse cités dans ce paragraphe, on peut en ajouter d'autres empruntés soit aux temps anciens, — sept mille personnes massacrées en 390 dans le cirque de Thessalonique par l'ordre de Théodose, — soit aux temps modernes, — quatre mille janissaires massacrés en 1826 à Constanti- nople par ordre du sultan. Que serait-ce si nous ouvrions nos propres annales, pour consulter l'histoire de la Révolution française? plus de dix mille hommes fusillés en Maine-et-Loire après la défaite des Ven- déens, plusieurs milliers de personnes de tout âge et de tout sexe noyées par Carrier à Nantes, les mitraillades et les fusillades qui sui- virent la prise de Toulon et de Lyon , les massacres de Quiberon (voir Wallon, tes Représentants du peuple en mission et la Justice révo- lutionnaire dans les départements, t. I, p. 22G, 271,311, 312, 315, 334-335, 416, 410-420-, t. JII, p. 68, 137-141, 168; Forneron, Histoire des émigrés, t. II, p. 118). Sans doute tous ces condamnés n'étaient pas mis à mort en un seul jour; mais plusieurs centaines périrent sou- vent à la fois. Et que sont tous ces meurtres, si on les rapproche des épouvantables massacres de chrétiens qui, il y a peu d'années, ensan- glantèrent et déshonorèrent l'Empire turc, sous les regards de l'Europe divisée et impuissante? (2) Duruy, Histoire des Romains, t. VI, p. 538, note G. (3) Introductio generalis ad historiam ecelesiasticam critice tractandam, p. 29-32. V. 24 370 APPENDICE. rique (1). Les règles posées par le docte et prudent Bol- landiste se résument à celle-ci, que le bon sens suffirait à indiquer : Quand un fait est rapporté seulement par des écrivains postérieurs, et que nul des historiens con- temporains n'en parle , le silence de ces derniers formera contre lui une présomption, pourvu que ceux-ci, ou n'aient pu ignorer 1^ fait, ou n'aient pu, s'ils l'avaient connu, se dispenser de le citer dans leurs ouvrages. Le principe étant ainsi posé, voyons quelle application en devra être faite à l'épisode des Thébéens. On pourrait, d'un mot, écarter toute discussion, et re- jeter à priori tout emploi, dans l'espèce, de l'argument négatif. Car si le premier qui rapporte le martyre des Thébéens est un écrivain de la première moitié du cin- quième siècle, c'est-à-dire postérieur de plus de cent ans au fait qu'il raconte, son témoignage suppose, cepen- dant, que le fait lui-même était depuis longtemps connu. C'est en visitant une basilique construite sur le lieu du martyre, fréquentée par une multitude de pèlerins, en- richie de leurs dons, célèbre par de nombreux miracles (2), qu'Eucher a recueilli le récit qu'il nous transmet. La tradition était donc déjà florissante, attestée par des monuments, et pour ainsi dire enracinée dans le sol. Par conséquent, elle est bien antérieure à Eucher, et la dis- tance qui sépare son témoignage du fait auquel il s'ap- plique doit être notablement diminuée. Ce n'est pas le raisonnement seul qui conduit à celte conclusion : saint (1) Principes de la critique historique, ]>. 213-237. (2) Saint Eucher, Epistola, 7, 8, raconte en détail deux de ces mira, clés, dont le dernier, qui semble s'être passé de son temps, montre qu'une hôtellerie, diversoi'ium, avait été construite près de la basi- lique pour recevoir les pèlerins. Voir Ruinart, p. 294. APPENDICE. 371 Eucher cite trois témoins successifs, par lesquels la tra- dition qu'il résume est venue jusqu'à lui : il produit ainsi, comme nous l'avons montré, une chaîne de té- moignages remontant, ou peu s'en faut, jusqu'au fait lui-même. Que faut-il, cependant, penser du silence des écrivains contemporains? Commençons par éliminer la plupart de ceux que cite M. Duruy, et qui ne sauraient prétendre à ce titre. Saint Ambroise mourut en 397 ; il est antérieur d'un demi-siècle seulement à saint Eucher. Sulpice Sé- vère composa son Histoire sacrée vers 400, Orose, son Histoire universelle en 417 : ils sont presque contempo- rains d'Eucher, qui mourut en 450. Séparés de lui par si peu d'années, leur silence ne saurait, en bonne critique, prévaloir contre son affirmation. On cherche, d'ailleurs, pourquoi saint Ambroise, qui n'a point écrit sur les per- sécuteurs et les persécutions, qui n'a jamais parlé des martyrs qu'incidemment et par occasion (1), aurait fait une allusion quelconque aux Thébéens, étrangers à son Église de Milan, à laquelle ne les rattachait aucun souve- nir (2). Quant à Sulpice Sévère et Orose, ce sont bien, eux, des historiens; mais le récit d'un fait accidentel, arrivé hors des temps de persécution, à une époque de (1) C'est ainsi que saint Ambroise parle des saints Gervais et Pro- tais , à propos de l'invention de leurs reliques , dans VÉpltre 22 à sa sœur Marcelline; de saint Sixte et de saint Laurent dans son traité des Devoirs, I, 61 ; de sainte Sotère dans VExIiortation à la virgi- nité, 12, et dans le livre des Vierges, III, 6; de sainte Agnès dans ce dernier ouvrage, I, 2. (2) Sauf celui de saint Alexandre et de ses quatre compagnons em- prisonnés à Milan avant d'être décapités à Côme et à Bergame; mais la qualification de Thébéens, que leur donnent Adon et Usuard, me parait bien douteuse. 372 APPENDICE. paix officielle pour les chrétiens, n'entrait pas dans le cadre de leur histoire, tel qu'ils Font compris et tracé. Sulpice Sévère déclare avoir omis volontairement de parler des martyrs; Orose n'en nomme aucun. On s'éton- nera moins encore (comme l'ont fait cependant quelques critiques) (1) du silence gardé par le poète espagnol Pru- dence : son recueil d'hymnes en Thonneur des martyrs n'a rien de méthodique , et ne prétend aucunement à être complet : un très petit nombre d'entre eux y sont célé- brés en dehors des martyrs d'Espagne et des plus illustres parmi les Romains (2). Restent deux contemporains, Eusèbe et Lactance. Tous deux ont assisté à la persécution, et en ont écrit l'histoire. Mais Eusèbe n'est pas ici un témoin des choses de l'Oc- cident. Racontant les persécutions précédentes, il s'était servi des documents rassemblés par lui, avait mis à profit sa riche collection d'Actes des martyrs, et donné sur ceux des contrées occidentales des renseignements trop peu nombreux, mais parfois du plus haut prix. On ne saurait, cependant, écrire l'histoire d'aucune persécution, si l'on n'avait sous les yeux que le livre d'Eusèbe : beaucoup des martyrs les plus célèbres et les plus avérés n'y sont même (1) Par exemple G. T. Stokes, art. Legio TJiebxa, dans le Diciio- nary of Christian hiography, t. III, p. 641. (2) Les seuls martyrs nommés par Prudence en dehors Je l'Espagne ou de Rome sont : saint Cyprien, de Carthage; saint Paul, de Nar- bonne; saint Genès, d'Arles; saint Cassien, de Tanger; saint Quirinus, de Siscia; un autre saint Cassien, d'Imola; saint Romain, d'Antioche [Péri Stephandn, IV, 16-17, 34-36, 45-48; VII; X; XIIi;. Ruinarl fait observer que de célèbres martyrs d'Espagne ont même été omis par Prudence : ainsi, sainte Léocadie, dans l'église de laquelle se tint le quatrième concile de Tolède : Prxfatio generalis in Acta marhjnnn, H, 23, p. x\v; \oï t. I, p. 459. APPENDICE. 373 point nommés (1). Pour la dernitTG persécution, celle dont il fut témoin, les lacunes sont plus grandes encore, et comme systématiques : ce n'est plus une histoire, ce sont, en quelque sorte, des souvenirs personnels : les huitième et neuvième livres de son grand ouvrage (2) ont trait aux événements qui se passèrent en Orient. Eusèbe ne parie pas des Thébéens, mais il ne parle de martyrs contemporains de Dioctétien ni pour l'Italie, ni pour la Gaule, ni pour TAfrique, ni pour l'Espagne, ni pour la Bretagne, ni pour la Germanie : on croirait, en le lisant, qu'à la fin du troisième siècle et au commencement du quatrième des fidèles d'Asie ont seuls versé leur sang pour le Christ. L'absence de toute allusion dans Lactance surprendra davantage, car Lactance a vécu en Occident : mais, au moment où périrent les Thébéens, il était en- core soit en Afrique, soit à Nicomédie : il ne vint à Trêves qu'en 315. Le dessein de son livre sur la mort des persé- cuteurs exclut du reste les détails : il peint à grands traits les souverains qui ont attaqué l'Église, marque les évé- nements politiques au milieu desquels se sont dévelop- pées les persécutions, ou qui ont amené les catastrophes dans lesquelles apparaît la main divine; mais son but n'est point de célébrer l'héroïsme des martyrs : aussi dé- crit-il le caractère général des persécutions plutôt qu'il n'en raconte les touchants ou terribles épisodes. Si Ton (1; Voir sur Eusèbe les rédexions de Ruinart, l. c. (2) Sur celte partie de l'Histoire ecclésiastique d'Eusèbe, dans la- quelle s'intercale l'écrit sur les Martyrs de la Palestine, voir la théorie développée par Halmel, Die Entstehunrj der Kirchenge- schichte des Eusebius von Cxsarea (Essen, 1896), et Die palnstini' schen Martyrer des Eusebius von Cxsarea in ihrer zweitsachen Farm (Essen, 1898), diflférente de celles de Lightfoot , de Viteau et de Violet résumées à la page xxxiv de notre Introduction. 374 APPENDICE. persiste à s'étonner que Lactance, qui vécut en Occident, n'ait point conservé le souvenir du massacre d'un corps de soldats chrétiens dans les Alpes, on s'étonnera sans doute que ni le même historien, qui vécut aussi en Orient, ni Eusèbe, qui y séjourna pendant toute la persécution, n'aient songé à nous apprendre le nom d'une ville asia- tique à laquelle tous deux font allusion, et qui fut brûlée avec tous ses habitants, parce qu'ils étaient chrétiens (1). L'exemple que nous venons de citer montre combien il est difficile d'appliquer aux écrivains de l'époque romaine des règles qui seraient légitimes s'il s'agissait d'hommes ayant vécu en des temps de grande publicité comme le nôtre. Dans les siècles oii les communications étaient rares et difficiles, où la presse périodique n'existait pas, les personnages les plus considérables étaient souvent mal renseignés sur les événements qui auraient dû les intéresser le plus. Saint Augustin et l'évêque d'Hippone Valerius ignorent, en 395, un des principaux canons dis- ciplinaires du concile de Nicée (2); le même saint Au- gustin ne sait pas, en 403, qu'un concile s'est tenu à Sardique en 343 (3). Il faut ajouter que les habitudes des écrivains antiques ressemblaient peu aux nôtres. Plus occupés de bien dire que de tout dire, ils se contentaient souvent d'une allusion rapide, là où l'on chercherait au- jourd'hui à donner des détails abondants et minutieux. (1) Eusèbe, Hist. i'cc/., YIII, 11; Lactance, Div. Inst.,\, 11. (2) Saint Augustin, Ep. 213 (alias llO). Cf. Héfélé, Histoire des con- ciles, § 41, 42; trad. Delarc, t. I, p. 362, 398, 401 ; De Smedt, Intro- ductio generalis ad historiam ecclesiasticam critice iraclandam, p. 51 ; Principes de la critique historique, p. 236. (3) Saint Augustin, Cordra Cresconium, III, 24; IV, 44; cf. Héfélé, Hist. des conciles, § 67; t. I, p. 603-604; De Sinedt, Introd. gen., p. 51 ; Principes de la critique historique, p. 232-235. APPENDICE. 375 La destruction d'Herculaniim et de Pompéi, au premier siècle, est un fait plus considérable encore que le mas- sacre d'un corps de troupes à la lin du troisième ou l'in- cendie d'une ville au quatrième. Et cependant, si nous n'avions sous les yeux que les livres d'auteurs contempo- rains, qui pourtant vivaient en Italie, et fréquentaient les rivages si peuplés alors du golfe de Naples, nous ignore- rions jusqu'au nom des localités enfouies en 70 sous la cendre du Vésuve. Pline écrit deux lettres pour raconter la mort de son oncle, victime de l'éruption volcanique; il ne dit rien des villes qui périrent en même temps que le célèbre naturaliste (1). Suétone, dans sa Vie de Pline l'Ancien, rappelle en termes aussi généraux « le désastre de la Campanie (2). » Tacite nomme Pompéi, mais à propos du tremblement de terre de 64 (3) ; pour l'année 79, il parle, sans détails, de « villes englouties ou ren- versées sur le fertile rivage de la Campanie (4). » Stace peint en quatre vers « le Vésuve jetant des feux, les villes et les peuples anéantis, les campagnes dévastées (o). » Plutarque, Martial, font à la catastrophe une vague allu- sion (6). Il faut franchir un siècle et descendre jusqu'à Dion Cassius pour lire le nom des cités détruites (7). Dion Gassius naquit soixante-seize ans après l'éruption, et (1) Pline, Ep., VI, 16, 20. (2) Suétone, C. Plinii Vita (éd. Lemaire, t. II, p. 456). (3) Tacite, Ann., XV, 22. (4) Id., Hist., I, 2; cf. Ann., IV, G7. On ne voit même pas claire- ment si celte phrase fait allusion à la catastrophe de 79 ou au trem- blement de terre qui renversa en 6i une partie de Pompéi (cf. Sénèque, Nat. Quxst., VI, i). (5) Stace, IV Silv., iv, 78-81. (6) Plutanjue, De sera Num. vincL, 42. (7) Dion Cassius, Hùt. rom., LXVI, 23. 37G APPENDICE. cent vingt-deux ans séparent de celle-ci Tannée 201, où il semble avoir commencé à recueillir les matériaux de son histoire. Le passage oii il nomme Herculanum et Pompéi ne nous est même point parvenu dans loriginal, mais seulement dans Tabrégé fait au onzième siècle par Xiphilin. Ce passage renferme des circonstances tantôt merveilleuses, tantôt inexactes, près desquelles les erreurs oii tomba saint Eucher sont vraiment insignifiantes (i). « Je n'hésite pas à le dire, écrit un célèbre géologue, si les villes ensevelies n'avaient pas été découvertes, les relations de leur fin tragique auraient certainement été mises en doute par les modernes, à cause du caractère vague et général des unes, de la date tardive des autres (2). » Un tel exemple devrait nous rendre fort réservés dans l'emploi de l'argument négatif. (1) Ainsi, Dion (Xiphilin) parle de figures gigantesques qui apparu- rent au sommet du Vésuve, et raconte que la population des deux villes fut ensevelie pendant qu'elle était au théâtre, fait absolument démenti par les fouilles. (2) Lyell, Principles of geology, bookll, part. II, chap. ii; Londres, 1835. Cf. Bumbury, art. Pompeii, dans Smith, Dictionary of greek and roman geography. FIN DE L APPENDICE. INDEX ALPHABÉTIQUE DES PRINCIPAUX NOMS DE PERSONNES ET DE LIEUX APPARTENANT AUX CINQ PREMIERS SIÈCLES CONTENUS DANS L'HISTOIRE DES PERSÉCUTIONS OBSERVATIONS GENERALES 1° L'Histoire des persécutions j^endant les deux lyremiers siècles est indi- quée comme le tome I; VHistoire des persécutions pendant la première moitié du troisième siècle, comme le tome il; les Dernières Persécutions du troisième siècle, comme le tome III ; les deux volumes sur la Persé- cution de Dioctétien, comme les tomes IV et V. 2° Les noms de martyrs et de confesseurs sont imprimes en lettres ca- l)itales. 3'^ Les pages les plus importantes sont marquées en chilTresgras. 4° Les chiffres correspondent aux. pages de la seconde édition. Aahox, martyr à Caerleon sous Maxi- mien Hercule, t. IV, p. 43. Adaclc, martyr à Rome sous Claude le Gotliique, t. III, p. 211. Abbir Germaniana, ville de l'Afrique proconsulaire, t. III, p. 79. Abdon, martyr à Rome sous Déce, t. II, p. 31-2-314. Abercius, évé(iue d'Hicrapolis, t. l. p. 3TU, '*-2'>. Abgar IX, roi de l'Osrlioène, t. I, p. 459; t. II, p. 152-153,172-173. Abgar, contemporain de Gordien III, t. II, p. I--2. Ar.iBE, diacre, martyr en Mésopota- mie sous Licinius, f. V, p. 313. Abitène, ville de l'Afrique proconsu- laire, t. IV, p. 19i, 2(i5, 2(Ji;,2G7, 270. Abonotique, ville du Pont, t. I, p. 3i2. Âbruzzes, t. II, p. 318; t. III, p. 352. Ai'.uNDANTius, diacre, martyr à Rubne sous Maximien Hercule, t. IV, p. 386-387. Âr.u.NDiLs, prêtre, id., t. IV, p. 386- 387. AcACE, confesseur à Anlioclie de Pi- sidie sous Dcce, t. II, p.iv, ix,435- 442. 523. Agace, centurion, martyr à Byzance sous Dioclétien, t. V, p. 37. Agace, soldat, martyr à Sébaste sous Licinius, t. V, p. 317. INDEX ALPHABETIQUE. Achaïe, t. I, p. 37; t. Il, p. 391 ; t. III, | p. 162. Achée, juge du martyr Marinus, t. III, p. 186. AcuiLLÉK, martyr à Terracine sous Trajan, t. I, p. 3(i, 168-173; t. II. p. 312 ; t. m, p. 33o, 340 ; t. IV, p. ix, xvr, XVIII. AcuiLLÉE, martyr à Valence dans les Gaules, sous Caracalla, t. II, p. 182. AciLius Gladp.io, consul, martyr à Rome sous Domillen, i. I, p. 112- 115; t. IV, p. \, x\v. AciscLVS, martyr à Cordoue sous Maximien Hercule, t. IV, p. 464. AcLCiLs, martyr à Pouzzoles sous Maximien Hercule, t. IV, i>. 420. Adauctls, intendant des finances. martyr en Phrygie sous Dioclétlcn, t. IV, p. 59; t. V, p. 8. Adiabcne. t. III, p. 2S7. Adonis, t. I, p. 2GG. Adriatique, t. V, p. 248. Adrien ^voi^ Hadrien). Advemor, soldat, martyr à Turin, t. IV, p. 134. Aetius, soldat, mari} r à Sébaste sous Licinius, t. V, p. 318. AffîusCœcilianus,duumvird'Aplonsc. t. IV, p. 208. Afra, martyre à Brescia sous Hadrien, t. I, p. 211. Afra, martyre à Augsbourg sous Maximien Hercule, t. IV, p. 435- 441. Africanus, jurisconsulte, t. H, p. 100. Afrique proconsulaire, t. I, p. 200, 444-440, 4-i5; t. II, p. 38, 51-54, 87, 140, 17G-181, 330-369; t. III, p. 6. 9-10, 14-18, 23-26, 28, 48, 56-61, 78- 79, 1 1 1-139 ; t. IV, p. 94, 101-109, 210- 212, 2«;i-278. AGAPE,martyre à Rome sous Hadrien, t. I, p. 221, 223. AGAPE,mart}Te à Tliessalonique sous Galère, t. IV, p. 284-287. Agape, soldat, martyr à Sébaste sous Licinius, t. V, p. 316. Agapitcs, diacre, martyràRome sous Valérien, 1. 1, p. 217, 218, 3(iT : t. III. p. 90, 332, 333, 33G. Agapit, martAT à Préneste sous Auré- lien, t. III,' p. 253, 254-256. Agapius, évoque, martyr en Numidie sous Valérien, t. III, p. 135, 137. Agapius, martyià Césarée sous Maxi- min Daia, t. IV, p. 351; t. V, p. 75- 76. Agapius, martyr à Césarée sous Dio- clétien, t. V, p. 9. Agathe, martyre à Calanc sous Déce, t. II, p. 318. Agathon, martyr ou confesseur à Tliessalonique sous Galère, t. IV, p. 284, 285, 287, 291. Agatiiomcé, martyre à Pergame sous Dèce, t. II, p. IV, 421-424: t. IV, p. XXXV. Agatiiope, martyr à Gortyne sous Déce, t. II, p. 391. Agatiiopode ou Agatiiope, diacre, martyr à Tliessalonique suus Ga- lère, t. IV, p. 181. Agaune (Saint-Maurice), ville du valais, t. IV, p. 26, 27, 31, 3*, 49; t. V, p. 349, 353. 35(5, 363, 364. 366, 367. Agen, t. IV, p. 39, 47. Agnès, martyre à Rome sous Maxi- mien Hercule, t. I, p. 225; t. II, p. 310, 423; t. III, p. 349, 353; t. IV, p. 399-410 ; t. V. p. 273. Agressas, aïeul du martyr Vincent, t. IV, p. 2i2. Agricola, martyr à Bologne sous Maximien Hercule, t. IV, p. 426. INDEX ALPHABÉTIQUE 379 Agrigente, ville de Sicile, t. IV, p. 21-2. Agrippa, t. l, p. 4. Agrippine, femme de Germanicus, t. I, p. 107. Agrippine, mère de Néron, t. I, p. 31, 41. Aix, t. III, p. ViS, 40-2; t. IV, p. 18i. Alains, t. II, p. 20G. Alran, martyr à Verulam sous Maxi- mien Hercule, t. IV, p. 43. Alhe (ou Albano^ t. I, p. 78, 111,-2-20; t. II, ]). -27;»; t. TII, p. 35-2; l. IV, p. 133, 339; t. V. p. -273. Albinus, compétiteur de Scptime Sévère, t. I, p. xxr, 133; t. II, p. 19, '2-2, -23, -2i, -ÏJ, 26, 31, 42, 4(J, ir.."i. Albinus, préfet de Rome en -2:>6, t. III, p. 4d. AIcé, t. I, p. 306. Alectus, tyran de la Bretagne, t. IV, p. 43,93; t. V, p. 3.'i!). Alemans, t. III, p. 15:;, 159, -205, 2i2, 270, 388 ; t. IV, p. 43, 93. Alexamcne, t. II, p. 21. ALEXA^D^..v, martyre à Ancyre sous Dioclétien, t. IV, p. 335-340. Alexandre, martyr à Rome sous Ha- drien, t. I, p. 213, 214, 215, 219; t. III, p. 3-29, 353 ; t. IV, p. ix. Alexandre, martyr à Rome sous Marc Aurèle, t. I, p. 351, 362, 36-4. Alexandre, médecin, martyr à Lyon sous Marc Aurèle, t. I, ]>. 414- 415. Alexandre, martyr à Lyon sous Marc xVurèle, t. I, p. 421-422. Alexandre, charbonnier, évoque et martyr à Comane, t. II, p. 432. Alexandre, évêque de Jérusalem, martyr à Césarée sous Dèce, t. IL p. 75. 148, 451-453. '<55; t. IV, p. XXIV. Alexandre, martyr à Apamée sous Seplime Sévère, l. II, p. 146. Alexandre, marhr ;i Ccsan'e sous Valérien, t. III, |>. 140. Alexandre, évè(pie, martyrà Baccano sous Caracalla. t. Il, p. 170. Alexandre, martyr à Égèe sous Nu- mérien, t. III, p. 313. Alexandre, soldat, martyr à Marseille sous Maximien Hercule, t. IV, p. 50. Alexandre, soldat, martyrà Bergame sous Maximien Hercule, t. IV, p. 131; t. V, p. 3,59. Alexandre, martyr enterré dans le cimetière Ostrien, t. IV, p. 411. Alexandre, Égyptien, martyr à Cé- sarée sous Dioclétien, t. V, p. 8-9. Alexandre, de Gaza, id., t. V, p. 8-9. Alexandre, soldat, martyrà Sébaste sous Licinius, t. V, p. 317. Alexandre d'Abonotique. 1. 1, p. 342- 343, 368; t. II, p. 1 i7 ; t. IV, p. 14; t. V, p. 181. Alexandre, fils d'Hérode, t. I, p. 1-2. Alexandre Sévère, empereur, t. I, p. XXX, xxxiv, 1G5, 312, 43i; t. II, p. I, 184, 187-191, 192, 196-201. -202, 206, 189. 190, 193, 195, -201, -202, 203, 205, -207, 211, 218, 219, -2-2S, -237 ; t. III, p. 49, 8*, -237 ; t. IV, p. XXU, 80. Alexandre, tyran de l'Afrique, t. V, p. 114, 110,-208, -237. Alexandrie, t. I, p. x, 71, 73, 75, 79, -243, 321, 323, 459; t. II, p. 55, 69- 80. 15'f, 218, 219, -264-207. -287. 373-381, 383, 384, 388-389, 390. 3;)3, 411, 414, 45-2, 457, 474; t. III, 1). 8, 11, 6(j-(i8. 6!>, 184-185, 188, 191- 193, 197. 302; t. IV, p. xxx, 94, 201, 357-359; t. V. 1». 31-35, 50-58, lO-V 113, 195, 19(). Alexius, confesseur à Rome sous Dèce, t. II, p. 302. 380 INDEX ALPHABÉTIQUE. Almacliius (ou Amachius), magistrat persécuteur, t. I, (). 430. 435. Almon, rivière prés de Rome, t. IV, p. 338. Alpes, t. III. p. 180. 181. 241. 399, 40G, 407; t. IV, p. 2'>, 35. 5-2; t. V, p. -210, -2-28, 353. Alpes Maritimes, t. III. p. 97; t. IV. p. 24. Alpes Pennines. t. IV, p. -26; t. V, p. 3io. Alpes Rhétiennes, t. III, p. 177. Alphee, martyr à Césarée sous Dio- Clétien, t. IV, p. 236-238, -248. .VLVEPaus, soldat, martyr à Fossano sous Maximien Hercule, t. IV, p. I3i. Amandus, chef des Bagaudes, t. IV, p. 49. Amantius, martyr à Tibur sous Ha- drien, t. I, p. -270. Amanus (mont^. t. IH, p. 1G5. Amasée, ville du Pont. t. Il, p. 448; t. III, p. 347; t. V. p. 43-4G, 31-2. Ambroise, confesseur à Césarée sous MaximinI", t. II. p. 218-222; l. IV, p. 215. Ambroise, évoque de Milan, t. II, p. -289; t. III, p. 97, 94, 297; t. IV, p. XMV, 91, 379, 4O0, 401, 4-27, 432; t. V, p. 78, 309, 371. Ambroise (pseudo). t. IV, p. 94. Amelia, ville de l'Ombrie, t. IV, p. 418. Amiens, t. IV. p. 40. Ammien Marcelliu. t. III, p. 165, 294; t. IV, p. XLI. Ammon, martyr à Alexandrie sous Dèce, t. IF, p. 380. Ammox, diacre, martyr en Tlirace sous Licinius, t. V. p. 313. Ammonauu:m, martyre à Alexandrie sous Déoe, t. U. p. 379. ÂMMOXARiuM, autre martyre à Alexan- drie sous Dèce, t. II, p. 379. Ammomls, prêtre, martyr à Alexan- drie sous Maximin Daia, t. V, p. 196. Ammonius Saccas, philosophe cliré- tien, t. III, p. 109-170, 197; t. IV, p. -201. Ampelius, martyr ;i Carlhage sous Maximien Hercule, t. IV, p. 205, 274. Ampliatus, nommé par saint Paul dans la lettre aux Romains, t. I, p. 25. Anastasie, martyrisée à Sirmiuin sous Maximien Hercule, t. IV, p. 385. AnastaseFortunat.préfet légionnaire. t. IV, p. 130. 137, 138. Anatole, évéque de Laodicée, t. III, p. 191-198. AxATOLiE, martyre dans la Sabine sous Dèce, t. II, p. 317, 318. .^.natolie, fllle du consul Emilianus, t. II, p. -256, 307. Anazarbe, ville de Cilicie, t. IV, p.3!2, 3-29. Aucune, ville de l'ÉmiIie. t. IV, p. 4-20. ADC)Te, ville de Galatie. t. IV. p. 178, 333-345; t. V, p. -278, 31-2. Andéol, martyr prés de Viviers sous Septime Sévère, t. II, p. 167. Andoche, martyr à Saulieu sous Marc Auréle, t. I, p. 4-22, 4-23. André, martyr à Lampsaque sous Dèce, t. II, p. 418-420. André, soldat, martyr en Cilicie sous Galère, t. IV, p. 114. André, prêtre romain, t. III, p. 344, 345. Andrinople, ville de Thrace. t. IV, p. 324, 330; t. V, p. 3-27. 3-29. Andronic. nommé par saint Paul INDEX ALPHABÉTIQUE. 381 dans la lettre aux Romains, t. I. !.. -ri. Andkomcls, martyr à Anazarhe sous Dioclétien, 1. 1, p. xxiv ; t. IV. p. 304- 311; t. V, p. 19i. Angias, soldat, martyr à Sébasie sous Licinius, t. V, p. 31". Ani^oulème. t. III, p. lo7. Anicet, pape, t. I, p. 304. Anicii (famille des), t. IV, i>. -23, 41-2. Anio, fleuve, t. I, p. 271. Annii (famille des), t. I, p. -28; t. II, p. 191, 19-2; t. III, p. 319. Annius Serv (ianus), fabricant de lampes, t. Il, p. 246. Anteros, pape, martyr à Rome sous Maximin !«% t. Il, p. 210, 212- 214, 215. Antiiime, martyr près de Rome sous Maximien Hercule, t. IV, p. 412. Antiiime, évoque de Nicomédie, martyr sous Dioclétien, t. IV, p. 170, 174; t. V, p. 197. Anthime, évoque d'Antioclie, t. IV, p. 353. Antinoiis, t. I, p. 202, -292; t. II, p. 482. Antioche de l'Hippos, t. IV, p. 353. Antioche de PIsidie, t. Il, p. 47i; t. III, p. 290, 203, 294, -297, 301, 303. Antioche de Sémiramis, t. IV, p. 3:k3. Antioche de Syrie, t. I, p. 119, 183, 184, 185, 187, 188, 189, 195, 197, 198, I9f>, -200, 201, -202; t. II, p. 63, 187, -233, -236, -237, 246, liOi; t. III, p. 6, 141, 161, 164, 183, 195, 198, 199, 218, 219, -220, -232, 239, 3(i8, 373, 374; t. IV, p. 62, 145, 173-1 7(1, -2-25, 3 49; t. V, p. 76, 78, 171-173, 181-182, 186, 197, 198, -268. Antiochus, magistrat persécuteur, t. IV, p. 118. Antiochus, gouverneur d'Arahie, t. IV, p. 110. Antipas, rvoque et iiirirt>r à Per- gamc sous Domilicn, t. i, p. 118; t. II, p. 397. Anti-Taurus, t. iv, p. ii i. Antium, t. l, p. 39. AxTOGOXios , chorévoque, martvr, t. III, p. 217. ANTOINE, ermite, t. v, p. 199-200. Antoliams, martyr en Auvergne pendant l'invasion de Chrocus. t. III, p. 156. Antoxia, martyre en Numidie sous Valérien,t. III, p. 138. Antonix, martyr à Éphèse sous Dcce, t. II, p. 415. Antonix, soldat, martyr à Plaisance sous Maximien Hercule, t. IV, p. 134. Antonin, prêtre, martyr à Césarée sous Maximin Daia. t. V, p. 101, 124. Antonins (les), t. I, p. xxxni, 217, 3-20, 337, 365, 374; t. II, p. -2, 17, 21, 58; t. III, p. 3t9, 3-22; t. IV, p. x, 48. Antonin le Pieux, empereur, t. I, p. I, m, XIV, 246, -283. -284, -285, 288, 293, -294, -295, -29G, -297, 298, -299, 318, 319, 3-21, 3-24, 331. 335, 339; f. II. p. VIII, 2, -23, -27, 63, 1.57, 445; t. IV. p. 111. Anulinus, consul, t. IV, p. 103, 418. Anulinus, préfet de Rome, t. IV, p. 432. Anulinus, proconsul d'Africiue en 304, t. IV, p. 4-2. 211-21-2, -2(U)-278, 432, 452, 454, 455-458. Anulinus, proconsul d'Afrique en 313, t. IV, p. 432. Apamée de Bithynic, t. Il, p. 4-27. Apamée de Phrygle, t. II. p. 145, 146. Apennin, t. IV, p. 21.3. Aper, prêtre de Tibiuca. t. IV, p. -210. 211. 382 INDEX ALPHABÉTIQUE. Aphaque, l. V. p. 287. Apiiien-, martyr à Césarée sous Ma- ximin Daia. t. lY. p. x\x; t. V, p. 47-49. 102. Apodemils, martyr à Saragosse, t. IV, p. -ii-2. Apollinaire, apologiste, t. I, p. 383. 385. Apollinaire, évêque de Laodicée. t. IV, p. 7!). Apollon, t, I. p. XXXIV, 3ii; t. III, p. 2-24, 22.*;. 231. 23.j, 208. 313; t. IV, p. 4G, 73, 7i. lo4-15o, 332, 342. 371, 424; t. V, p. 154. Apollonius, sénateur, martyr à Rome sous Commode, t. I, p. 450-453. Apollonius d'Hiéropolis, t. II, p. 14o. Apollonius, philosophe, t. I, p. g:>. A])ollonius de Tyane. t. II, p. 70, 147; t. III, p. 232: t. IV, p. 223, 224, 223. Appia (porte), t. III, p. 33o. Appienne (voie), t. I, p. il, 28, o7, 217, 303, 365, 300, 429, 430, 433: t. II, p. 7, 8, 14, 21, 203, 205, 250, 204, 495, 497; t. III. j). 43, 44, 40, 73, 101, 214, 317. 325, 308; l. IV. p. 374, 380, 38!). Aprgxlaxus, greffier, martyr à Rome sous Maximien Hercule, t. IV, p. 393, 394-399. Aproniauus (cimetière d'), t. III, p. 100. Aptonge, ville de l'Afrique procon- sulaire, t. IV, p. XLV, 208, 214; t. V, p. 283. Apulée, t. II, p. 41. Apulie, t, IV, p. 213. Aquœ Thibilitana3, ville de l'Afrique procoDsulaire. t. IV, p. 203. Aquila, juif converti. 1. I, p. 21-23. Aquila, préfet d'tgypte. t. II. p. 70, Aquila, prêtre d'Alexandrie, t. II, p. 388. Aquilée, ville de Vénétie, t. II, p. 223; t. III, p. 311; t. IV, p. 22, 23, 38.5, 428 ; t. V, p. 228. Aquilixls. martyr à Scillium sous Commode, t. I, p. 449. Aquilinus, gouverneur de la Basse- Norique, l. IV, p. 298. Aquitaine, t. III, p. 390, 402; t. IV. p. 42, 334. Arabie, t. I, p. 200; t. II, p. 58, 208, 231, 232; t. III, p. 40, 194; t. IV, p. 353, 307. Arabique (mont), t. II, p. 380. Ararat (mont), t. V, p. 205. Arcadia, chrétienne enterrée au ci- metière de Calliste, t. iv, p. 2.5. Archelaïs. veuve chrétienne, t. III, I). 174. Archelaiis, évêque de Carrhcs, t. III. p. 279, 281, 282, 285, 280. Archelaiis, bourreau, t. V. p. 72. Archipel, t. I, p. 117. Ardéaline (voie), t. I, p. 87, 91, 94. 109, 281 ; t. II, p. 250, 497 ; t. III, p. 04 ; t. IV, p. 374. Ar.ES, martyr à Ascalon sous Maxi- min Daia, t. V, p. 120, AnLSTARQiE, évêque de Thessaloni- que, martyr à Rome sous Néron. t. V, p. 34. Aristide, apologiste, t. I. p. 252- 256. Argyropolis, ville de Tlirace. t. v. p." 42. .\.ricanda, ville de Lycie, t. V. p. 173-174, 175-176. Aristarque, compagnon de saint Paul, t. V, p. 3.5. Arislobule, t. I, p. 2,5. Aristobule, consul en 2S5, t. IV, p. INDEX ALPHABETIQUE. 383 AtiisroN, martyr à Cartliage si>us Dèce, t. II, p. 345. Arius. Iiércsianiiic, l. V. p, :{0't. Arles, t. H. p. 3-2!; t. III, p. G; t. IV, p. -202, 2G3: t. V, p. 28,";-2S7. Arménie, Arméniens, t. I, p, 24,198, -23.-i: t. II, p. 27;), 433; t. III, p. 1(i2, I!).'., 2TS; t. IV, |). H'i. il.-;, 22(;. 227, 228, 2-21), 230, 367; t. V, p. 203- 205. 2i2, 317. An)oi)e. rlictcur dirétien, t. IV, p. 215 217. AiiiiiEN, magistrat persécuteur on Tliébaïde, puis martyr à Alexan- drie sous Maximin Daia, t. IV. p. 362; t. V, p. 57-59, lO.'i. Arrius Antoninus, proconsul d'Asie, t. I, p. 450; t. II, p. 182. Arrius Aper, préfet du prétoire, l. III, p. 314. Arsai.f, confesseur sous Licinius, t. V, p. 309, 310. Artaxerxès, roi de Perse, t. II, p. 232; t. III, p. 162 Ar.TAXiLS, martyr en Afiique sou s Seplime Sévère, t. II, p. 98. AiiTEMiLs, martyr à Rome sous Ma- ximien Hercule, t. IV, p. 377. Arvales. t. I, p. 136; t. II, p. 24S- 24!). -2.j5; t. IV, p. 383. AsAPH. ermite, confesseur en Tlié- baïde sous Maximin Daia. t. V. p. 37. Ascalon. ville de Syrie, t. V, p. 1-20. AsCLAS. martyr en Thébaidc sous Diocléticn, t. V, p. 57. Asci tiMADE, évêque d'Antioche, con- fesseur sous Septime Sévère, t. II. p. 149. AstxÉPiADE, prêtre, martyr à Rome sous Alexandre Sévère, t. II, ]). 202. AscLÉPiADE, confesseur à Smyrnc sous Déce, t. II. p. 377, 403, 406, 407, 411 ; l. III. p. 2'.0; t. V, p. 101. Asclepius, évéque marcionite, brûlé à Césarée sous Maximin Daia, t. V, p. 132. Ascoli, ville du Picenum, t. IV, p. 426. Asclla, vierge chrétienne, t. III, p, -258. Asie proconsulaire, t. I, j). 11-2, 23î», 247, 2.'il, 2:;2, 296. 2!J7, 21)1), 300. 302, 313, 390, 451, 45?); t. II, p. .%8. m, 147, 394, 406, 445; t. III, p. 147; t. IV, ]y.:i:i, 56; t. V, p. KiO. Aspasius, prêtre de Cartliage, t. II. p. 122. Aspasius Paternus, proconsul d'A- frique, t. III, p. 57-59; t. IV, p. 406-407. Asper, proconsul d'Afrique, t. II. p. 135-136. Assise, ville de l'Onibrie, t. IV. p. 419. Assur, ville d'Afrique, t. II, p. 337. Assyrie, t. I, p. 198. Aslarté, t. I. p. 177. AsTÈUE, martyr à Egée sous Numé- rlen, t. m, p. 313. AsTÈRE, martyr à Egée sous Maxi- min Daia, t. V, p. 69-72. AsTEiuts, martyr à Rome sous Claude le Gothiciue, t. III, p. 210. Asterius, sénateur, t. III, p. 100, 187, 204. Asterius, magistrat persécuteur, t. IV, p. 50. Asterius, évêque d'Amasée, t. IV, p. XLiv; t. V, p. 97. Astorga, ville de la Tarraconaise, t. II, p. 3-25. Asyncritos, nommé dans la lettro de saint Paul aux Romains, t. l, p. 25. 384 INDEX ALPHABÉTIQUE. Ater, martyr à Alexandrie sous Déce, t. II. p. 379. Athamas, greffier, t. III, p. 292. Athanase, soldat, martyr à Sébaste sous Licinius, t. V. p. 31". Athanase, patriarche d'Alexandrie, t. III, p. 373; t. IV, p. 3G(t; t. V, p. o2, 53, 313. Athénagore. apologiste, t. I. p. xviii. 104, 385, 386, 387; t. II, p. 48. IGO. Athènes, Atliéniens. t. I. p. 208, 2:i2, 2o4, 258, 259, 2(i2, 390; t. II, p. 391 ; t. III, p. 9; t. IV. p. 45, 353. Alhénodore, frère de Grégoire le Thaumaturge, t. III, p. 218. Athénogène, martyr à Alexandrie sous Seplime Sévère, t. II, p. "7. Attale, martyr à Lyon sous Marc Aurèle, t. I, p. 406, 409, 411. 414, 415; t. II, p. 10; t. III, p. 95. Attale (ou Anastase , martyr à Sa- lons sous Aurélien, t. m, p. 2:iG. Attici (famille des), t. I, p. 28; t. III. p. 319. Atticus Héliodore, magistrat d'An- tioche de Pisidie, t. III, p. 291. Atys (ou Attis), t. III, p. 08, 229; t. IV, p. 75, 327. AuDiFAX, martyr à Rome sous Claude le Gothique, t. III, p. 211. Audomatunum (Langres^ t. Ill, p. 393. AuGiRE, diacre, martyr à Tarragone sous Valérien, t. I, p. ix; t. III, p. 102, 105 110. 158. Augusta (légion III), t. II, p. 33, 278; t. III, p. 27, 28. Augusta Euphratensis (proviuce\ t. IV, p. 118. Augusta Vermanduorum (Saint-Quen- tin), t. IV, p. 40. Augusta Vindelicoruni ;Augsbourg), t. IV, p. 435, 43ti. Augustalis, lecteur à Tarragone, t. III, p. 108. Auguste, empereur, t. I, p. 3, 4, 13, 107, 278, 315, .398, 399; t. II, p. 9, 175, 2.58; t. III, p. 103, 225, 393, 404; t. IV. p. 13, 120. Augustin, martyr à Capoue sous Dèce, t. II, p. 320. Augustin, évêque d'Hippone, t. I, p. 317; t. II, p. 100, 114, 119; t. III, p. 9.3, 102, m, 288, 373; t. IV. p. XXXVU, XLV, 180, 267. 339, 4-5.5, 457; l. V, p. 21, 82, 220, 374. Aulus Plautius, époux de Pomponia Grœcina, t. I, p. 26. AuREA, martyre à Oslie sous Claude le Gothique, t. III. p. 208. 212, 372. Aurea (ou Aurélia) Soteria, prosélyte juive, t. I, p. 7. Aurélia Petronilla, t. I, p. 94, 169, 281 ; t. III, p. 353. Aurélia (voie), t. I, p. 2-23; l. II. p. 203, 295, 497; t. III, p. 101, 2-k3; t. IV. p. 378, 380. Aurélien, empereur, t. I, p. ii, iv, 422; t. m. p. XV, XVI, 102, 158, 181, 199, 221-238, -239. 240, 241, 242, 243, 245, 249-251, 254, 2:i6, 259, 264, 265, 26G, 268, 269, 270, 274. 281, 305, 387, 404-407: t. IV, p. 4, 21, 29, 33, 59, 88, 89, 384, 398. Aurélien, juge, t. I, p. 205, 206, 214. Aurelii (famille des), t. II, p. 2i ; t. IV, p. 07, 379. Alrelils, confesseur à Carthage sous Déce, t. II, p. 347, 353. Aurelius Agricolanus, vicaire des préfets du prétoire, t. IV, p. 137- 140. Aurelius Cyrenlus, procurateur du fisc, t. III. p. I!)0. IiNDEX ALPHABÉTIQUE. 385 Aurcliiis Gordiauus, consul sufrecl, t. III, p. 251. Aurelius Victor, t. I, p. l'ri; t. Il, p. -273; t. III, p. -2:;i, 'iO-2, Wl \ t. IV, p. XI.. XI. I. 87. !ll : I. V, p. il), 13, y-2. Aureolus, l'un des trente tyrans. t. III, p. 183, lî)9, i>03, 205, 3f)i). AusoNE, évêque d'Angoulême, t. 111, p. 157. Austremoine, fondateur de l'É- i;lis(! de CN'iiiioht. t. III, p. V,U. Aiilun, l. I, 1). 1-23, 4-24, 4-25; t. II, p. ;i-2i ; t. III, p. 214, :,*):;, 401. AcxENTius, martyr à Césarée sous Maxiniin Daia, t. V, p. 100. Auxerre, t. III, |). 324, 3-20, 3S7. Avenlin (mont), t. I, p. 19, 3i); t. II, p. -2;»i; t. III, p. 98, 404. Axiopolis, ville de Scythie, t. IV, p. -2U9. B Baal ou Bel, t. lll, p. -231, -233,-235; t. IV, p. 70. Babylas, évêque d'Antioclie, martyr à Césarée sous Dèce , t. II, p. 238- 240, 450, 504. Babylone, Babylonie, t. I, p. 05, GO; t. II,p. 57, 283; t. III, p. 109. Baccano, ville d'Etrurie, t. II, p. l(i9, 170. Bacchl's, olTicior de la schola genli- lium, martyr à Barhaleso sous Ga- lère, t. IV, p. 114-115. Bacclius, t. III, p. -2-29. Badia, ville de Numidie, t. III, p. 0-2. Bagaudes, t. III, p. 395; t. IV, p. 15, 18-22, 30, 36; t. V, p. 347. Baibeck, t. II, p. 154. Balbin, empereur, t. il, p. -2-23; t. IV, p. 371. Bâle, t. II, p. 407, 471 ; t. IV, p. 42. Balliste, préfet du prétoire, t. Ill, p. 183. Barbaleso, ville de la Célé-Sjrie, t. IV, p. 115. Barbarus, gouverneur de Corse et de Sardaigne, t. IV, p. 434. Barbarus, consul, t. IV, p. 434. Bar-Cochab (ou Coziba), t. I, p. -20.3. V. Barcelone, t. IH, p. 403; l. IV, p. 463. Barlaam, martyr à Antioche, t. III, p. 347. Baunauk, compagnon de saint Paul, t. Il, p. 435. Barulas, martyr à Antioche sous Dioclctien, t. IV, p. 170. Basile, évêque d'Amasée, mart>r sous Licinius, t. V, p. 312-313. Basile, évêque de Césarée, t. III, p. 147, 347; t. IV, p. XLiv, 346, 348, 307; t. V, 1). 82, 318, 3-22, 3-23,350. Basilcus (cimetière de), t. IV, p. 374. Basii.ide, appariteur, martyr à Alexan- drie sous Septime Sévère, t. II, p. 78-79. Basilide, martyr à Gortyne sous Dèce, t. II, p. 391, Basilide, évêque libellatique d'As- torga, t. II, p. 325-326. Basilidès, martyr à Rome sous Au- rélicn, t. III, p. 253. Basilidiens, secte hérétique, t. Il, p. 90. Basilisqi:e, soldat, martyr à Amasée sous Dioclétien, t. V, p. 46. 25 38G INDEX ALPHABÉTIQUE. Basilisqie, évêque de Comane, mar- tyr sous Maximin Daia, t. V, 1). 199. Basilla, martyre à Rome sous Maxi- mien Hercule, t. IV, p. 388-389. Bassi (famille des), t. I, p. 28; t. II, p. 191-192; t. III, p. 319; t. IV, p. 23, 179, 180. Bassianus, confesseur à Rome sous Déce, t. II, p. 302. Bassus, martyr à Carthage sous Dèce, l. II, p. 348. Bassus, évêque et martyr à Nico- médie sous Dèce, t. II, p. 430. Bassus, consul en 2:i9, t. III, p. 103. Bassus, consul en 289, l. IV, p. 23, 179. Bassus, consul en 317, t. V, p. 23G. Bassus, gouverneur de Thrace, t. IV, p 179, 255-263, 322. Batna, ville de Syrie, t. V, p. 80. Bavares, peuplade africaine, t. III, p. 153. Beata, sœur de la marlyre Colombe, t. III, p. 24i. BÉATRIX (voir VIATRIX). Beauvais, t. IV, p. 41. Bebius Massa, délateur, t. I, p. 101. Bédouins, t. III, p. 277. Belgique, t. III, p. 390; t. IV, p. 24, 41 ; t. V, p. 248. Bellone, t. III, p. 22G. BÉNÉDiME, martyr à Athènes sous Dèce, t. II, p. 391. Bénévent, ville de Canipanie, t. IV, p. 420. BÉNIGNE, martyr à Dijon sous Marc Auréle, 1. 1, p. 422, 423. Bérécynthe (voir Cybèle). Bérénice, sœur d'Hérode Agrippa, t. I, p. 83. Bergamc, t. IV, p. 134, 431. Bermcé, marlyre à Antioche sous Maximin Daia, t. V, p. 79-80. Bérylle, évêque de Bostra, t. Il, p. 231. Besa, soldat, martyr à Alexandrie sous Dèce, t. II, p. 378. Besançon, t. II, p. 182. Bétique, t. II, p. 324; t. IV, p. 464. Beyrouth, ville de Syrie , t. V, p. 47. Bibliade, marlyre à Lyon sous Marc Auréle, t. I, p. 408. Bithynie, 1. 1, p. G9, 120, 121, 146, 148, 149-158, 292; t. II, p. 135, 147,173, 427, 430, 431; t. 111, p. 159, 161; t. IV, p. 13, 53, 221 , 230, 253; t. V. p. 5, 50, 160, 106,239,262. Blandine, martyre à Lyon sous Marc Auréle, t. I. p. 52, 406 407, 409- 410, 415-416. Blemyes, t. III, p. 275. Bologne, t. IV, p. 426. BoNA, à Carthage, exilée pour la foi sous Dèce, t. II, p. 354. Bomface, martyr à Tarse sous Maxi- min Daia, t. II, p. 494; t. V, p. 119. BONOSA, martyre à Porto sous Auré- lien, t. III, p. 261-263. Bonosus, tyran des Gaules, l. III, p. 289. Borans, peu|)Ie du Bosphore Cim- mérien, t. III, p. 159, 160. Bordeaux, t. lll. p. 393, 395; t. IV. p. 24. Bougie, t. IV. p. 15i. Bos, esclave public, t. IV, p. 202. Bosphore, t. II, p. 233; t. V. p. 248, 262. Bosphore Cimmérien, t. I, p. 174, 175, 177. Bostra, ville d'Arabie, t, II, p. 231. Bourguignons, t. III, p. 270, 275; t. IV, p. 4i. INDEX ALPHABETIQUE. 387 Brescia, t. I, p. 21-2, 213; t. v, p. 220. Bretagne (Angleterre), t. l, p. ;«o, WO: t. 11, p. 2(>, 157, ir.8, !()-, 2:i8; t. m. p. 131, 337, 3;)0, 3«)1, '(07; t. IV, l». XXVIII, /é2. :i2, 82, 88, 182, 183, 18:i; l. V, 1). lî», GO, (hi. Brigetio, ville de Pannonic. t. 111, p. 227. Brindcs, t. V, p. 300. Brucliiuni, quartier d'Alexandrie, t. III, p. 192, 20?J. Brutii (famille des), t. I, p. 1U8. Briilius Prasens, historien, ami de Pline le Jeune, t. I, p. 107, los, loy. BuUa Félix, brigand. I. II, p. l'io. Burrlius, prét-epteur de Néron, t. I, p. 31, 37. Byzacène, t. III, p. 372. Byzance, t. I, p. 380; t. II, |). 2(;; t. 111, ]). 2o0, 347, 309; t. IV, j). H^io, 201 ; t. V, p. 35, 42, 259, 328. Cadix, t. IV, p. 459. Caecilius Naialis, 1. 1, p. 393. Caîlestis (dea), t. I, p. 344. Caerleon-on-Usk, ville de la Ciande Bretagne, t. III, p. 390; 1. iv. p. 43. Cagliari, ville de Sardaignc. l. IV, p. 433. Caius, petit-fils d'Auguste, t. l. p. 4. Caius, prêtre romain, t. 1, p. "(i: t. II, p. 80. Caius, pape, confesseur sous Dioclé- tien, t. IV, p. 6-7, 60. Caius, martyr à Apamée sous Septime Sévère, t. II, p. 146. Caius , confesseur à Saragosse sous Maximien Hercule, t. IV, p. 461- 462. Caius, soldat, martyr à Sébaste sous Licinius, t. V, p. 317. Caius Sextius, t. III, p. 404. Calahorra, ville deTarraconaise, t. II, p. 279; t. IV, p. 141, 143. Calame, ville de Numidie, t. III, p. 113; t. IV, p. 203. Calédonie, Calédoniens, t. I, p. 208; t. II, p. 108. Calépode, martyr fi Rome (et cime- tière de), t. II, p. 202; t. IV, p. 378. Caligula, empereur, t. I, p. 10; t. II, j). 18i; t. IV, p. 370. CAi.LiNiguE, martyr en Bitliynie sous Dèce, t. II, p. 430. Calliope, martyr à Pompeiopolis sous Dioclétien, t. I, p. 208; t. IV, p. 304. Callista, fille du consul Emilianus, t. II, p. 256. Calmste, pape, martyr à Rome sous Alexandre Sévère (et cimetière de), t. I, p. 223, 280, 420, 433-436 ; t. H, p. 12-15, 21, 83-85,190,191, 192, 194-195, 201-202, 20i, 205, 214, 253, 290, 308, 310, 493; t. III, p. 20, 32, 47, 72, 73, 88, ÎK), 102, 252, 309, 317, 318, 319, 330, 338, 342, 308, 375; t. IV, p. 6, 11, 25, 07, 180, 189, 190, 191, 201, 349, 381, 389, 417; t. V, p. 144, 145, 211, 212, 2V1. Callistrate, jurisconsulic, t. Il, p. 199. Caloceuus, martyr à Rome sous Dèce, t. II, p. 254, 256, 307-312, 314; t. IV, p. xr, 389. Cai.piiurmus, confesseur à Rome sous Dèce, t. II, p. 302. 388 INDEX ALPHABÉTIQUE. Calpurnii (famille des), t. IV, p. 410. Caipurnius, poète, t. III, p. 313. Calvisianus, correcteur de Sicile, t. IV, p. 4-2-2-425. Cameiunus, martyr à Casiiari sous Maximien Hercule, t. IV, p. 433. Campanie, t. I, p. 39; t. II, p. 3-20; t. III, p. 169, 253, 303; t. IV, p. 6, 420; t. V, p. 213. Campanienne (voie), t. IV, p. 382. Cananéotes (ville des), t. Il, p. 53". Candide, ofûcier thébéen martyrisé à Agaune sous Maximien Hercule, t. IV, p. 32; t. V, p. 351. CANDiDE, martyre à Rome sous Maxi- mien Hercule, t. IV, p. 378. Candide, soldat, martyr à Sébaste sous Licinius, t. V, p. 31". Candidien . ûls de l'empereur Galère. t. V, p. 64, 165, 269. Cannes, t. III, p. 226; t. IV, p. 30. Canope, ville d'Egypte, t. I, p. 209. 344; t. V, p. 199. Cantii (famille des), t. IV, p. 23. Cantils, Cantiams, Cantianilla, mar- tyrs à Aquilée sous Maximien Her- cule, t. IV. p. 22, 23, 24. Capéne (porte), t. I, p. 9, 19, 21, 39. 40. Capitolin, historien, t. II, p. -206. Capitolinus (clivus), t. II, p. 300. Capoue, t. II, p. 320-321 ; t V, p. 273. Cappadoce, t. I, p. 67, (59 ,.149, 423, 459; t. II, p. 75, 141, 147, 181, 215- 218, 2-20, 432, 433, 452; t. III, p. 159, 161, 162, 218, 267, 268, 269; t. IV. p. -2-25--230, 346; t. V, p. 137, 153. 160, 181, 321. Caprais, martyr à Agen sous Maxi- mien Hercule, t. IV, p. 42. Capris, lieu de la sépulture du mar- tyr Getulius, t. I, p. 220 Caracalla, empereur, t. II, p. 9, 21, 28, 31,73, 153, 168-175,176, 178, 218, 252, 235, 280; t. III, p. 50. Carausius, tyran de Bretagne, t. IV, p. 43, 52, 82. Carie, t. III, p. 145. Carinus, empereur, t. III, p. xni, 305, 306-307, 310, 312, 313, 314; t. IV, p. 3, 5, 15, 22, 23, 24, 133. Cariovise , chef barbare au service de l'empire, t. IV, p. 40. Caritas, martyre à Rome, enterrée dans le cimetière de Calliste, 1. 1, p. 223. Carnuntum, ville ée Pannonie, t. III, p. -2-27. Carosus, sous-diacre, t. IV, p. 197. Carosus, fossoyeur, t. IV, ]). 198, 200. Carpes, peuple barbare, t. II, p. 241. Carpocratiens, secte liérèlique, t. I, p. 235. Carpopiiore, martyr à Côme sous Maximien Hercule, t. IV, p. 431. Carpopiiore. affranchi de Commode, t. I, p. 453; t. II, p. 5, 1-2. Carpos, évèque, martyr à Pergame sous Dèce, t. II, p. IV, 420-423, 435; t. IV, p. XXXV. Carrha ou Carrhes, ville de Mésopo- tamie, t. II, p. 233; t. III. p. 16-2, -278-279, 280, 281, 282, 284; t. V, p. 78. Cartenne, ville de Mauritanie, t. IV, p. 452. Carthage, 1. 1, p. 344, 4MÎ, 460; t. II, p. 39, '.0, 48, 54. 55, 88, 89, 90. 91, 93, 103, 101, 105-133, 181, 261, -297, 301, 305, 306, 330-368, 372, 388, 411, 409; t. III. p. 5, 7, 8-11, 14, 18-20, 21, 23 , 28-29. 31 , 40. 57, 59, 61. 67, 78, 113, 115-1-20, 376; t. IV, p. Xlil, x\, xxi, XXVI, xxvn, xlv, 62, 109, l!t2-l!)3. -203--204, 264-278, 339; t. V, p. 208, 280, 282. Carlhagène. t. IV, p. -239. LNDEX ALPIIABKTIQUE. 389 Carus, empereur, t. III, p. xiii, xvii, 305-306, 307, 312; l. lY, p. 2, hJ, lf>. Cascar, ville d'Arménie, t. III, p. 278, 281. Cassia, jugée pour la foi à Thessalo nique sous Galère, t. IV, p. 285. 287, 291 . Cassia Feretria, chrclienne enterrée dans le cimetière de Calliste, t. IV, p. 189. Cassianus, martyr à Carthage sous Maximien Hercule, t. IV, p. 265. Cassien, maître d'école, martyr à Imola sous iMaximien Hercule, t. III, p. 3i7; t. IV, p. 201, 428- 429. Cassien, greffier, martyr à Tanger sous Maximien Hercule, t. IV, p. 109. 139-140. Cassien, diacre, t. IV, p. 186. Cassils, martyr en Auvergne i)en- dant l'invasion de Chrocus, t. III, p. 156. Cassius, compétiteur de Marc Au rèle, t. I, p. Lxi, -133. Castorius, martyr en Pannonie sous Galère, t. IV, p. 25; t. V, p. 26-28. Castulus, martyr à Rome sous Maxi mien Hercule, t. IV, p. 5, 6. 374, 378. Castus, martyr en Afrique sous Sep- time Sévère, t. II, p. 99. Catane, ville de Sicile, t. II, p. 318: t. III, p. 208; l. IV, p. 212, 421- 42.S. Cataphryges, secte hérétique, t. II. p. 436. Catherine, martyre à Alexandrie sous Dioclétien ou Maximin Daia, l. V, p. 81. Catia Clementina, t. IV, p. 2i. Calianilla, t. IV, p. 2i. Catii (famille des), t. IV, p. 2t. Cattes, peuple gcrmaniciuc, t. I, |). 339. Catulinus, sous-diacre, t. iv, j). 197, 199, 200, 203. CÉCILE, martyre à Rome sous Marc Auréle, t. I, p. .388, 427-439; t. II, p. 14, 30.;; t. m, p. 317; t. IV, p. ix, 190; t. V, p. 144. Cecilia, martyre à Carthage sous Maximien Hercule, t. IV, p. 266. Ceciliani (famille des), t. I, p. 27. GECiLfANUs, martyr à Carthage sous Maximien Hercule, t. IV, p. 265. CÉciLiEN, martyr à Saragossc, t. IV, p. 242. Cécilien, diacre, puis évéque de Carthage, t, I, p. ix ; t. IV, p. xlv, 206, 278; t. V, p. 280 281, 282, 288, 287. Cecilii (famille des), t. I, p. 28; t. II, p. 14, 84, 85, 191, 496, 497; t. III, p. 317, 319. Cecilius, personnage de VOctavius (peut-être Fronton), t. I, p. 325, 374, 392. Cecilius, agent chargé de conduire le martjT Marcel, t. IV, p. 137. Ceionius Varus, préfet de Rome, t. III, p. 308. Cf.lerina, martyre à Carthage sous Septime Sévère, t. II, p. 98, 305. Celerinus, confesseur à Rome sous Dèce, t. il, p. 302, 303-305. célé-Syrie, t. III, p. 141 ; t. IV, p. 115. Celius (mont), t. I, p. 38, 57, 121; t. II, p. 297; t. III, p. 407; t. IV, p. 128. Gelse, polémiste païen, t, I, p. xxxi, .309, 325, 374, 395, 460; t, II, p. 39, 80; t. III, p. IX ; t. IV, p. xi,78; t. V, p. 193. Celsinus, dccurion t. IV p. 2if. 390 INDEX ALPHABÉTIQUE. Cemeneium (Cimiez), t. III, p. 101. Cenophrurium, ville de Tlirace, I. III. p. 2o0. Centumcelles (Civita-Vecchia), t. II, p. 317; t. III, p. 2-2, 2G, 320. Ceraunia, ville de Chypre, t. V, p. 313. Cerealis, martyr dans la Saijiiie sous Hadrien, t. I, p. 219. C;:i.EALis, mart}T à Rome, t. III, p. 23. Gérés, t. II, p. 127; t. IV, p. 350. César (Jules), t. I, p. 457; t. III p. 22(3, 240; t. IV, p. 10. Césarée de Cappadoce, t. II, p. 215. 217, 220, 432; t. III, p. 147, 1()5, 21)7. 208, 2G9; t. IV, p. 3i6, 348; t. V, p. 321- 324. Ccsarée de Mauritanie (Cherchelli, t. II, p. 89; t. III, p. 153; t. lY, p. 192, 452. Césarée de Palestine, t. I, p. G, 15, 33; t. II, p. 217, 319, 390, 451, 452; t. III, p. liO, 185, 186, 188; t. IV, p. XXIV, XXXV, 175, 233-237; t. V, p. 47-49, 75-70, 99-105, 110, 117, 118- 121, 124-125, 131-139. Césars (les), 1. 1, p. xx,334; t. Il, j). viii, 2, 10, 17, 58,97; t. IV, p. x. Cksidius, martyr ou confesseur en fc, Italie ,;§wg> ftIa.\iaHtt,,iI"vitt ^^l > .,-p. 2!à3i .,, ^ij j ,ov)/;.>. •>U!J]'{-3H Pjçtiun?,., Ville 4a,^la.,Bsi^se;:îi^^£«^, Qhalçjédçinç, ville ,de,^itjiy4;^i^atijll, p. 347; t. V, p. 97-98, 328. Gl^ltfé^oine. (détroit 73 Champ de Mars, t. I, p. 6, 9',*'*39,"^0, Charité, martyre à Rome sous Marc Auréle, t. I, p. 371, 373. CuARiTOx, martyr à Rome sous Marc Auréle, t. I, p. 371, 373. CiiARiTON, confesseur à Iconium sous Aurélien, t. III, p. 271. Chéchébé, village d'Arabie, t. II, p. 237. Chedworth, ville d'Angleterre, t. II, p. 158. CiiELiDOxius, soldat, martyr à Cala- liorra sous Maximien Hercule, t. II, p. 279; t. IV, p. 141-143. Chérémon, évéciue de Mlopolis, fu- gitif pour la foi sous Déce, \. II, p. 386; t. III, p. 67. Chérémon, diacre d'Alexandrie, t. Il, p. 388. Cherson, ville de la Chersonèse, 1. 1. p. 175, 177. Chersonèse (Crimée), t. I, p. 173, 177, 202. Chinois, t. II, p. 299. Chio (île de), t. Il, p. 392. CnioxiA, martyre à Tiiessalonique sous Galère, t. IV, p. 285-287. Christine, martyre à Bolsèuc, t. IV, p. 23. Christophe, martyr en Lycic sous Dèce, t. II, p. 449. Obî'QouB^- roi; dbs lAlemans; ,t.'riiii p. 155, 1^7Ç 108,1182., 40d.' ■ Chromatîus^ magistrat converti, tillli p. 308, 310,,v'l. lY, p.'G. . .< ,:ji -î Ciir.YSANTHE, martyr à Rome soifs'ia- •aotfiQnvt^ m. p- A7, ^ 4, 327^830.- ^K) Chuyselil, martyr en Belgiq'àé sdus /Maxinù'en Uereuio; l.IV, :\y. 41h ^a3 Cii itrsiicoS'Ë", îîiaî'hr f\ Àcjuïlée scrus Dioclélien, t. IV, p. 385'.' ■'« '^ "^ Chiysoiiolrs' ^Hhe' p. 319. .M- . i ,vi .J .tldflÉiJfiO INDEX ALPIIAliÉTIQUE. 301 Cljypre, t. I, p. -iO:.; t. v, i). 141, 183, 313. Cibalis, ville de Pannonie, t. \\\ p. HQJ. Ciceron, t. Il, p. 477, 487. Cilicie, t. I, p. 14'J; t. III, p. 145, -274, 313; t. IV, p. 170, 303-3-21; t. V, p. 4(), G9-74, 118, 119, 120, 132, IGO, 2()3, 267. Cincius Severus, proconsul crAfri(iuc. t. r, p. 455; t. II, p. 38. Cilla (Conslantine), ville de Numi- die, t. I, p. 393; t. II, p. 89, 499; t. ill, p. 62, 94, 130, 134, 135; t. IV, p. XLV, 193-195, 203, 443, 444; t. V, p. 21, 237, 273. Cisalpine (Gaule), t. I, p. 91. CisEi.LLs, martyr à Cagliari sous Maxi- mien Hercule, t. IV, p. 433. CiTTiNus, martyr à Scillium sous Com- mode, t. I, p. 449. Civicus Cerealis, proconsul d'Asie, t. I, p. 112. Civilis, rebelle gaulois, t. IV, p. 379. Claude, empereur, t. I, p. 13, 16, 21, 26, 77, 94; t. II, p. 16; t. IV, p. 419: t. V, p. 176. Claude le Gothique, emjjereur, t. IM. p. xiif, XIV, XY, 199, 202-206, 207- 208, 212, 214, 216, 219, 220, 221, 274, 403-424; t. IV, p. 371, 416. Claude, martyr a Rome,^j^. III^,p.j48. Claude, sous-diaçre, martyr à R,ome sous Valérien, t. III, p. 95. Claude," sculpteur, martyr en Panno- nie sous Gîflére, t. IV,' p. 45; t • V, .,p^26-2§. , , . , , Claude, marlVMÉgéë sèus fl/aH^nin ,. Daia, t. ViP- Ç9-72. , , .,. ^ . Clvlde, soldat, mài-tyrà Sébliste-sOus ,l.,i,uinius,.t..jYvP/ «in, , . . Ci^oDiA, martyre à AncyrQ/WKfâiDJto- clélien, t. IV, p. 335-340. .£f»î Claudia (gens), t. IV, p. 409. Claudia (voie), t. II, p. I(i9. Claudia (aqueduc), t. IV, p. 374. Claudiopolis, ville d'Isaurie, t. IV, p. 306. Ciaudius, tribun, t. I, p. 35 Claudius Herminianus, légat de Cap- padoce, t. II, p. 148, 181; t. V, p. 153, 155. Claudius Severus, i)liilosoplic, t. 1, p. 320. Clemens (Titus Flavius), consul, mar- tyr à Home sous Domiticn, t. I, p. 89, 91-93, 101-106, 107, 1 10, Il I , 114, 126, 129, 130, 168, 170; t. 111, p. 265; t. IV, p. XXV. Clément, pape, martyr en Crimée sous Domilien, t. I, p. 43, 55, 69, 74, 121-124, 135, 173-180; t. IV, p. VII, 37. Clément d'Alexandrie, t. I, p. 139; t. II, p. m, VII, 54, 67, 71-72, 73-75, 93, 96, 145, 148, 452; t. IV, p. xi, xit, 201. Clementianus, renégat, t. II, p. 346- 347. Cleomène, martyr à Gortyne sous Dèce, t. II, p. 391. Cléomque, soldat, martyr à Amasée sous Galère, t. V, p. 46. Clerràbht, t. irr, p. 156. ..V; ..: ./! .1 .'j^iMi Clodia (gens), t. IV, pi 410. Clopas ou Cleophas, parent de Jésus- Clirist, t. I,' p. Vèl. Clusium (CULugi).,, ville (i'/Ét]purie,j t. III, p. 2.53,' 257, '26O.' Co(^ê9n, l^ctegr, t. ly,' p, 2pi.^/,, Goli$ée„jt. ^, p. jçxxy^ .8.f, §^Ti\ JU,.|1I, ■p. 314 ;>»¥,. ;p-23?r. 19. ..".ouO ,(^i Collecta, emprisonnée poiif^flafdl à Rome sous j)èc«»,iiqK<.p«.-3i)3Un.> ) Colluthion, ville de Liliya .tj. ,tll, (iï^ii^v.iioj 0!) -njiîs , i!iJnKJ?:no3 392 INDEX ALPHABÉTIQUE. Cologne, t. III, p. 389, 393, 401; t. V. p. 360, 362. Colombe, martyre à Sens sous Auré- lien, t. III, p. 243, 245-247. CoLOMCA, emprisonnée pour la foi à Rome, sous Dèce, t. Il, p. 302. Colonicus, fondateur d'une basilique en l'Iionneur des martyrs Juslus et Decurius, t. IV, p. 446. Colophon, ville de Lydie, t. I, p.3ii. Columelle, t. III, p. 86. Comane, ville de Cappadoce, t. II. p. 145, 147. Comane, \ille du Pont, t. II, p. in. 432. CôME, médecin, martyr en Cilicie sous Dioclétien, t. v, p. 69. Côme, ville de Transpadane, t. IV, p. 431. CoMiMus, martyr à Catane sous Claude le Gothique, t. Ill, p. 208. Commode, empereur, t. I, p. 108, 216, 3oo, 392, 442, 443, 4 44, 4o0, 452. 453-456 ; t. II, p. 3, 16, 19, 20, 22. 27,28, 29,5i,130, 169, 18i, 280; t. III. p. oO, 84, 119,144; t. IV, p. vni. Commagène, t. IV, p. 73. Commodien, écrivain chrétien,!. Ill p. 3. Commodilla (cimetière de), 1. 1, p. 8(i. Complutus (Alcala), ville de Tarraco- naise, t. IV, p. 464. Condevincum (Nantes), t. IV, p. 39. Condianus, consul, t. I, p. 440, CoNON, martyr à Iconium sous Aurc- lien, t. m, p. 264-266. Constance Chlore, empereur, t. III. p. 259; t. IV, p. XI, 87-93, 98, 101. 145, 182-185, 239; t. V p. 14, 18. 19, 60-63, 82, 93, 218. 219. 221, 22-.>. 356, 362. Constance, empereur, t, IV, p. 325 ; t. V, p. 223. Constantia, sœur de Constantin, femme de Licinius, t. v, p. 216, 245. Constantin, empereur, t. I, p. 76, ''78. 267; t. II, p. xv, 248, 316, 387, 479, 528. 529: t, III. p. 64, 189, 226, 259, 287, 346: t. IV, j), i, ui, xxvn, XXXVII, XXXVIII, XLI, XLII, XLIV, XLV, ^, 91, 154, 1G4, 355, 366, 386; t. V, p. 4, 13, 14. 16-17, 43, 60-65, 68' 83, 89. 90, 9% 114, 115, 149, 160, 208-258. 259. 273-301, 302, 303, 310, 31o, 316, 324-341, 356. Conslanfinople (voir Byzance). Coptos, ville de la Thébaïde, t. II, p. 527. Cordoue, ville de la Bétique, t. IV, p. 464; t. V, p. 281. Corinthe, t. I, p. 21, 23, 24, 74. 122. 123, 380; t. II, p. 391. Corneille, pape, confesseur ou mar- tyr à Centumcelles, t. Il, p. 119, 297, 298, 327-328, 329. 368. 453, 497: t. III, p. 5, 6, 21-23, 26-27. 31, 40,72, 92, 101, 317-326,376; t. iV, p. XV ; t. V, p. 128. 211. Corneille, centurion, t. I, p. 6, 14: t. II, p. 518, Cornelia (voie), t. III, p. 87, lOO, 211 ; t. IV, p. 376. Cornelii (famille des), t. Il, p. 191, 496, 497; t. III, p. 27,318. Cornélius Sœcularis, préfet de Rome. t. III, p. 94, Corneto (voir Tarquinies). Cornutus, philosophe, t. I, p, (J5, Corse, t, IV, p, 433-434, CoTTus, martyr près d'Aiixerre sous Aiirélien, t. III, p. 243. Credila, martyre à Carthayc sous Déce, t. II, p. 345. Ckementiis, confesseur à Saragosse sous.Maximien Hercule, (.IV, p. 461- 462, INDEX ALPHABÉTIQUE. 393 Cremcnlius, sous-diacrc, l. H, p. -iO-S. Ciu;piN, mortyrn Soissons sous Maxi- mien Hcrculo, t. IV, p. 40, il. Cui.piNiF.>', id., ibid. Ckf.scknce, mart\r en laicanie sous Maxiniicn IIcm'cmiIc, t. IV, p. 421. Ciu;s«:e\s, martyr à Tibur sous Ha- drien, l. I, p. 271. Crkscent, lecteur, martyr à Rome sous Valérieu, t. III, p. 95, 90. Cresccnt, philosoi)lic, t. I, p. 322, 370. Ckescentianus, martyr à Rome sous Max i mien Hercule, t. IV, p. 3<>3, 397-398. Cr.EscENTto (nomme dans les Actes de saint Laurent), t. TU, p. 06; t. IV, p. 3*h2. Crète, t. II, p. 3G9; t. IV, p. 87, 88. Crimée (voir Chersonèse). Crispina, femme de Commode, l. I, p. 108. CiuspiNE, martyre à Théveste sous Maximien Hercule, t. I, p. ix; I. IV, p. 455-459. Ciusi'is, prêtre, martyr à Rome sous Maximien Hercule, t. IV, p. 382. 413. Crispus, (ils de Constantin, t. IV. p. XLiv; t. y, p. 89, 303, 328. Cromon, martyr à Alexandrie sous Dècc, t. II, p. 377. Ctésiphon, capitale de la Perse, t. II, p. 31, 57, 230; t. III, p. 166, 18i, 30a. CicLFAs, martyr à Rnrcelonc sous Maximien Hercule, t. IV, p. 464. Cldion, soldat, martyr à Scbastc sous Liciuius, t. V, p. 317. Culcianus, préfet d'Egypte, t. V, p, 10.",- 11-2, 269. Curuho, ville de rAliiquc proconsu- laire, t. III, p. 59, fil. Cyholc, t. II, 1). 18.S, 41 i, 48î); t. UI, |). 202; t. IV, p. 75, 337, 338. Cypiuen, évê(|ue et martyr à Cartliaj,'e sous Valérien, t. I, |). vf, vim ; t. II, p. ni, 82, 98, 105, 119, 215, 261, 2{)3. 290, 295, 298, 304, 305, 306, 320, 321, 326, 328, 332, 339, 340- 341, 3V2, 344, 350, 353. 354, 355, 356 368; t. III, p. ii,5, (i, 911, 13-19, 20 26, 28-31 , 37, 3S, 40, 41, 45, 48 49, 56 62,63, (i5, 78- 81, 89, 102, 104, 114-120, 121, 124, 128, 133, 137, 321, 331, 333, 335,370, 376; t. IV, p. XI, XII, xiu, XX, xxr, XXVI, 67, 70, 109, 204, 406; t. V, p. 280. Cyprien, martyr à Corinthe sous Déce, t. II, p. 391. CvpuiEX, évoque, martyr à Nicomédie sous Dioclctien, t. III, p. 370; t. IV, p. 351 355. Cvn, enfant, martyr en Cilicie sous Maximin Daia, t. V, p. 46-47. Cyr, médecin, martyr à Canope sous Maximin Daia, t. V, p. 199. Cyrénaïque, t. 1, p. 205; t. III, p. 70. Cyriadcs, tyran d'Anlioclie, t. III, p. 164-165. Cykiaqi:e, diacre, martyr à Rome sous Jlaximien Hercule (et cime- tière de), t. II, p. 471 ; t. IV, p. XVIII, 188, 393-398. Cyriaqie, esclave, martyr en Pam- pliylie sous Hadrien, t. I, p. 227. Cyrille, enfant, martyr en Cappa- doccsous Valérien, t. III, p. 147- 149. Cyrille, martyre à Rome sous Claude le Gothique, t. III, p. 209, 210. Cyiulle, prêtre, martyr à Sora sous Aurélien, t. III, p. 253. Cyrille, évô(iue d'Antioche, confes- 394 IN )\Li A.^P.U:Jl;riQ UE. seur en Pannonie sous Galcic, t. IV, |). 174; t. V, p. 26-27, -28. Cyrille, soldat, martyr à Sébaste sous Licinius, t. V, p. 308. Cyrille, i)alriarclie d'Alexandrie, t. III, p. 233; t. IV, p. 79. Cyzique, ville de l'Asie proconsulaire- t. V, p. 3io. D Dacunus, martyr à Cartilage sous Maximien Hercule, t. IV, p. 266. Dacie, Daces, t. I, p. xxxi, 197, 200, 20<); t. II, p. 2G0, 482; t. III, p. 249, 250, 264; t. IV, p. 257. Dalmates, t. II, p. 438; t. III, p. 233. Damas, ville de Syrie, t. II, p. 229, 230; t. III, p. 195; t. IV, p. 35i; t. V, p. 194. Damase. pape, 1. 1, p. 3G4, 3G7, 368 ; t. II, p. 318; t. III, 1). 75, 325, 327, 328, 330, 334, 3b5, 336, 3i2, 355, 362-365, 370, 377, 379, 382 ; l. IV, p. XV- XVIII, 190, 191, 375, 376-377, 39J, 394, 395, 400, 404, 407, 418; t. V, p . 350, 351. Damien, médecin, martyr en Cllicie sous Dioclélien, t. V, p. 68. Danaïdes, nom donné à des martyres de la persécution de Néron, t. I. p. 51 ; t. III, p. 98. Daniel , marlyr à,.Césarée sous Maxi- , miii Daja i t., Y, '])'. ':f ^Giiz-ibs. ' Dantus, martyr à Car tUage. sous l^axi- mien Hercule, t. IV, p. 266. DanAibiê ,' ,t.\i\.i}ri , ,2H, 343 ; t. , II, p. 2ii, 259, '279;'457'; t. III, p. 3, 161, ^ife, 249, 305; t. It;^."ï3, 29,144, -'^Jd; t.V, p.'ll, 143. ' Daphné, village de Syrie, t. II,p.* i51. Dar^i\neil.e5^t. IV, p.sS'."' '],;^ '^' ; Dauia, n'iartyre à Ilomé 'sôus Valé- ' ricrt, (. lïCp; "47, 74, 321^3.10. ' ' Daria, femme dii m.irlyr'Kicandre, -f-tir; pvtasi^i-^ô, Î12971311 '-^ ■;) Dasius, martyr en Mésie sous Galère, t. IV, p. 300-301. Dasumii (famille des), t. IV, p. 417. Datianus, magistrat persécuteur, t. IV, p. 42, 239-245, 251.459, 463, 464; t. V, p. 19. Dativa, emprisonnée pour la foi à Home sous Dèce, t. II, p. 302. Dativus, martyr à Carthage sous Maxiiuicn Hercule, t. IV, p. 265, 268-272, 278. Dativus, évéque, confesseur aux mines de Sigus sous Valérien, t. 111, p. 62. Décapole, t. IV, p. 353. Déce, empereur, 1. 1, p. ii, iv, xxviii. XXXIV ; t. II, p. I, X, 98, 254, 269- 270 , 273-292 , 295, 298, 302, 308, 312. 313, 315, 316, 317, 321, 324, 325, 328, 331, 332, 351, 353 , 360, 3(i2, 372. 375, 376, 382, 386, 421. 427, 430, 433, 435,441-442, 4 49, 457-460, ■ 83-2; t..ïir, |). i. lli, IV, v; vu. xh, 2, 4, 1,^550, 2-2,'2'i,'é9'. 39; 5r,'54','70, 7i, 4 12,. 136, 14^. 1.40, 147, 152, 16T, 175, 213, 215, -28T, 376; t. IV, p. Iii, ,,xx, 28, 55, 68, J 96; t. V,^ p. -202,;28i. Dcce le Jeune, empereur, [t. Ul, p. 209,210.' ' ' ' _,-,.;> ppçéb^le, roi des Dace3rt^ h l^ -^^ Decîanus/ légat de N«hiidiev Declrus, mai-OI* à" S^tif sous Slaîxi- ,,uvei.i;ILerciUe,'t. lV;,,p. 44,^,^,, i,,.) Delphes, t. IV, p. 46. .nst /ri'-i-fd LM3EX ALPHABÉTIQUE. 395 Dcmelrianus, magistrat pcrsocuteur, I. Ili, |). -2*, tîo. Demclrius, cvè(juc d'Alcxaiulrie, 1. 1. p. 70. Demclrius, évoque égyptien, t. III, p. lîX). Dcmetrius, prêtre d'Alexandrie, t. II. p. 388. Demelrius, centurion, t. IV, p. 31-2. Denise, martyre à Lampsaque sous Déce, t. Il, p. 418-420. Denys l'Aréopagite, martyr à Atlièncs sous Domilien, t. I, p. i'>3. Denys, évêque d'Alexandrie, con- fesseur sous Valérien, t. 1, p. m; t. II, 1). 3oG, 37.'}, 37(J, 380, 382, 383- 385, 38(;. 388-389, 453 ; t. III, i). n, II, 21, 23, oj, 67-71, 104, 1(J3, IGG. 188-189, 1!)0, 101; t. IV, p. xii. 18 i, 40G; t. V, p. 100. Denys, martyr à Corintlic sous Dcce, t. II, p. 391. Denys, évoque et martyr à Paris sous Maxiinien Hercule, t. IV. p. 37. Denys. martyr près d'Éphèse soii^ Dèce, t. II, p. 415. Denys, martyr à Aquilée sous Cari- nus, t. III, p. 311. Denys de Tripolis, martyr à Césaréc 80U9 Dioclétien, t. V, p. 8-9. Denys -d© Césa^ée^ itU, rl-fe-id., p.-^. Denys^papô, l. l'i^ p.29a;hiUi, p. tfijJ. 170, -lUiiy. .'i .. .. - ..):':>' n ,:ia Denys, évêqw* de i^omll^Vii iWaIî p. 380;. • .r.:-' , , .1 . :,n :,i -7 P^^y§,, Vi^Ç^re et rnédftci9,,.^^^y» Deusatelio, prêtre, t. IV, p. iaË'-*^ Deyo;u, xiifirlyre ei) Corse.sous Maxi ..iuiep yllerf^ule, t. IV, p. 433. , Diane, t. II, p. 414-415, 41 VVjr; 425- p. 40, 331-332, 324, 337-33Çftr.f DiniEp,, martyr à Pouzzolcs sous Maximicu Hercule, t. IV, p. 420. Didius Julianus, i)roconsul, 1. 1, p. 37. DiDYME, martyr à Alexandrie sous Dioclétien, t. IV, p. 358-359. DiGNA, servante, martyre à Augsbourg sous Maximien Hercule, t. IV, p. 440-441. DiGNA, martyre à Rusicade sous Maxi- mien Hercule, t. IV, p. 445-448. Dijon, t. I, 1). 422; t. III, p. 24-2. Dinocrate, frère de sainte Perpétue, t. II, p. 116-117, 119. Dioclétien, empereur, 1. 1, p. ii, xxviii, xxx, xxxni, 175; t. II, p. 308, 300, 378, 534; t. III, p. XiH, xvr, XVll, 101, 147, 178, 2i3, 203, 294, 310, 314, 409; t. IV, p. I, II, XXI, XXIII, XXV, XXVI, XXIX, XXXIII, XXXIV, XXXIX, XL, XLI, XLV, 3-17, 23 , 25, 33, 39, 42 , 55, 5G, 57, .58, 7G, 80, 81-87,92, 93,94-100, 101,107, 118, 133, 144-147, 150- 160, 161, 1G2, 164-169, 170, 173, 17G, 183, 18G, 189, 195, 220, 222, 225, 22G, 227-231, 234, 237, 246-249, 250, 252, 254, 282, 330, 355, 3G0, 375, 380, 40G, 426, 441 ; t. V, p. 2-3, 4. 9-18, GO, 84, 8.5, 88, 90-91, 166, 169, 218, 242, 245-247, 262, 269, 31 4, 345, 318, 352, 353, 355, 360, 363. Diodore de Tarse, t. IV, p. 79. DioGÈNE, martyr à Rome, t. Ili, p. 330. .<•,.'- .•• ,111 .5 •i?r..)>;n-rt ,n-;iJii!M)a Diognéte,' t. I, p. 236, 258. Dion Ca,ssius, historien,.!. I, P», 19, '■ 2^;' ^:i\^; p} viii;i,x-i;V;^p^^^ 373'. ^ ..'-.,.' ,.,-,'- Dipn Cassius, proconsul d'Afriqi^e, t. iv, p. 10 pio»ny<5ius.;.t:l»rçliqu..en|e;M-V'. t**in'pi- meliére de Calli.stft, ,t iV^py 2J>>? PhrygieJ^li4tfiir(^,,V \U,,9R^^fXi 396 INDEX ALPHABÉTIQUE. DioscoRE, confesseur à Alexandrie sous Dèce, l. II, p. 379-380. Dioscore, prêtre d'Alexandrie, t. II. p. 388. Dioscoride, fugitif pour la foi sous Dèce, t. II, p, 449. Dir.cÉs, nom donné à des martyres de la persécution de Néron, t. I. p. 51-52; t. III, p. 98. Dius, prêtre, martyr à Alexandrie sous Maximin Daia, t. V, p. 196. Djudjura, montagne de la Kabylie. t. III, p. loi. Dniester, t. III, p. 161. Doliche, ville de Commagène, t. IV, p. 73. Domitia, femme de Domilien, t. I. p. 93, 96, 130, 133. DoMiTiEN, soldat, martyr à Sébaste sous Liciuius, t. Y, p. 3)7. Domitien, empereur, 1. 1, p, m. xxxn, XXXVII, 91. 93-94, 96-111, 114, 115, 116-124, 125-132, 136, 137, 138, 139, 143, 389, 390, 391; t. II, p. I, 47, 483; t. IIF, p. 278; t. IV, p. IX, 119. Domitien, magistrat persécuteur, t. III, p. 265, 266. Domitien, général romain, t. m, p. 265. Domitien, sénateur, t. Ill, p. 265. DoMiTiLLA (Klavia) femme de Flavius Clemeiis, reléguée pour la foi à Pandataria (et cimetière de), t. I, p. 89, 91, 93, 103, 113, 130, 131, 170, 171, 410; t. II, p. 497; t. III, p. 26j; t. IV, p. 11, 199, 374. DoMiTiLLA (Flavia), nièce de Flavius Clemens, reléguée pour la foi à Pontia, t. I, p. 106-108, 109, 139, 169, 170, 172, 173. DoMMNA, martyre à Egée sous Maxi- min Daia, t. V, p. 72-73. DoMMNA, martyre en Syrie sous Maxi- min Daia, t. V, p. 79-80. DoMxixus, martyr prés de Parme sous Maxiinien Hercule, t. IV, p. 426. DoM.Mxus, martyr à Césarée sous Maximin Daia, t. V. p. lOO. Donininus, apostat, t. II. p. 63, 396. DoM.Nus, soldat, martyr à Sébaste sous Licinius, t. V, p. 317. Domnus, évêque d'Antioche, t. III, p. 219. DoNAT, confesseur à Nicomédie sous DJoclctien et Galère, t. IV, p. 232- 233; t. V, p. 164. DoxAT, martyr à Carthage sous Dèce, t. II, p. 345. Donat, évêque de Maxuia. traditeur, t. IV, p. 194. Donat, évêque de Porto, t. III, p. 262. Donat, évêque de Casa Nigra, t. IV, p. 232 ; t. V, p. 280. Donat évêque de Calame, t. IV, p. 203. Donat le Grand, évêque schismatique de Carthage, t. IV, p, 232; t. V, p. 280. DoxATA, emprisonnée pour la foi à Rome sous Dèce, t. Il, p. 302. DoNATA, martyre à Scillium sous Commode, t. I, p. 448-449. Donatien, martyr à Nantes sous Maxi- mien Hercule, t. IV, p. 39. Donatien, martyr à Carthage sous Valérien, t. III, p. 120, 125. Donatilla, martyre à Thuburbo sous Maximien Hercule, t. IV, p. 453- 455. Donalistcs, t. IV, p. xliv, xlv, 183, 193, 206, 208, 391, 447; t. V, p. 5!, 281 289. Dorostore, ville de Mésie, t. IV, p. 117, 299. I.NDKX ALPHABÉTIQUE. 397 Dorothée, cliambellan, martyr à Nicomodie sous Dioclélien, t. IV, p. 57, 169. DoROTiiKK. à Alexandrie, exiltc sous Maxituin Daia, t. V, j). 81. DoKYMKDON, ticoulion , martyr à Syn- nade sous Probus, l, 111, p. 297- 301. 30-2. 303. Dositlu^o, grammairien, t. I, p. 2-43. Drusillo, sœur d'Hérodo Agrippa IF. t. I. |). 83. Drusus, t. I, p. '2-">. Dulcelius, gouverneur de Macédoine, t. IV, p. 2Si-21M. Dulcidius, correcteur d'Islrie et de Vénétie, t. IV, p. 23. Eboracum (York), t. V, p. 62. Edesils, martyr à Alexandrie sous Maximin Daia, t. V, p. 50-51, 81. Édesse, capitale de rOsrlioène, t. II, p. 132, 172; t. V, p. 70, 141, 199. Editius. soldat, martyr à Scbaste sous Licinius, t. V, p. 317. Edusius, greffier, t. IV, p. 200. Egée (mer), t. II, p. 390, 392; t. IV. p. US. Egée, ville de Cilicie. t. III, p. 313; t. V, p. 09 74. Égérie (bois d'), 1. I, p. 21. Egypte, Égyptiens, t. I, p. 262; t. Il, p. 09-80, 264-267, 278, 373-389,433; t. III, p. 23, 67-71, 184-183, 190-193. 218; t. IV, p. 27, 28, 356-366; t. Y, p. 31-33, 30-59, 80, 99, 103-113, dl9, 132-133, i39, d46, 147, 160, .303. Élagabale, dieu solaire, t. III. p. 227. Élagabale, empereur, t. II, p. 1. 184 187, 189, 190, 192, 222; t. III, p. 232, 233, 236, 238, 306. Éléphanlis, ville de la Tliébaïde, t. IV, p. 27. Eleusippos, martyr à I.angres (ou en Cappadoce) sous Marc Aurèle, t. I, p. 423. ÉLEiTHÈRE, compagnon du martyre de saint Denis, t. IV, p. 37, 38. ÉLEUTHKUOPOLIS, t. V, p. 131. ÉLiE, soldat, martyr à Sébaste sous Licinius, t. V, p. 317. ÉLiEN, id., ibid. Elpis, martyre à Home sous Hadrien, t. I, p. 221-223. Énièse, ville de Phénicie,.t. II, p.189, 222; t. III, p. 232, 233; t. V,p. 199. Émilien, légat de Pannonie, puis empereur, t. III, p. 29, 30. Émilien, préfet d'Egypte, usurpa- teur à Alexandrie, t. III, p. 67-69, 190-193, 203; t. IV, p. 226; t. V, p. 196. Émilien, préfet de la Tarraconaise, t. III, p. 103-106, 109. Émilii (famille des), t. II, p. 191. Emilius, martyr en Afrique sous Septime Sévère, t. II, p. 99. Emilius Parlenius, enterré dans le cimetière de Calliste, t. II, p. 237. Emilia, enterrée dans le cimetière de Calliste, t. II, p. 2^i7. Emygdiis, évèque et martyr à Ascoli sous Maximien Hercule, t. IV, p. 426. Encratis, clirétienne ayant confessé la foi à Saragosse sous Maximien Hercule, t. IV, p. 461-463. 398 INDEX ALPHABÉTIQUE. Elis, rivière, t. IV, p. -298. Epœnète, nommé dans la lettre de saint Paul aux Romains, t. I, p. 25. Éphèsp, t. I, p. 2:J1, 379; t. II. p. 414-416, 4-25; t. IV, p. 308; t. V. p. 34. Ephysius, martyr à Cagiiari sous Maximien Hercule, t. IV, p. 433. Épiclète, t. I, p. 3G9, 37-2, 393; t. III, p. 32-2. ÉPiMAQL'E, martyr à Alexandrie sous Dèce, t. II, p. 379. Épiphane, évêque de Salamine, t. II, p. 437; t. IV, p. m. ÉPiPODE, martyr à Lyon sous Marc Aurèle, t. I, p. 421. ÉRASME, martyr en Campanie sous Maximien Hercule, t. IV, p. 420. Esculape, t. I, p. 3i4; t. il, p. 4-25; t. III, p. 313; t. IV, p. 55, -132; t. V, p. 27, 148, -287. Espagne, t. I, p. G9, 44-2, 4G8; t. II, p. 4, 279. 324-326; t. III, p. 102-110, 387, 391-392, 403; t. IV, p. xiiT, 60-61, 0-2, 64, 69-71, 87, 88, 141-143, 185, -239-245, 248-254, 449-459; t. V. p. 18, 19, 22, 248. Espérance, déesse, t. II, p. '(89. Esquilin, t. I, p. 38, 57; t. III, p. 404; t. V, p. 236. Etecusa, chrétienne de Rome, t. II, p. 300. Etienne, diacre, premier martyr, 1. 1, p. 133; t. II, p. 97; t. III, p. 340; t. V, p. 33. ETIENNE, pape, martyr ou confes- seur, t. III, p. 36-37, 38, 41, 44, 71, 72, -255, 334. ETIENNE, diacre, martyr à Rome sous Valérien, t. III, p. 90. Étrurie, t. I. p. -208; t. III. p. -208, 352; 1. IV, p. 373, 416-418; t. V, p. 2-28. EuBULvs, martyr h Césarée sous Maxim in Daia, t. V, p. 140. Eucher, évèque de Lyon, t. IV, p. 27, 39; t. V, p. 346-348, 349, 350, 351, 352, 353, 355, 357, 358, 364, 365, 366, 367,370, 371. 370. EudîEmon, évèque de Smyrne, apostat, t. II, p. 395. EuDoxE, soldat, martyr à Sébaste sous Licinius, t. V, p. 316. Eudoxie, impératrice, t. IV, p. 352; t. V, p. -229. Eugène, martyr à Tibur sous Ha- drien, t. I, p. 271. Eugène, frère de la martyre Sym- phorose, t. I, p. 271. Eugène, lecteur, t. IV, p. 200. Eugène, usurpateur à Antioclie, t. IV, p. 226-227. Eugénie, martyre à Rome sous Valé- rien, t. II, p. 498; l. III, p. 99-100. EuLALiE, martyre à Mérida sous Maximien Hercule, t. III, p. 340 ; t. IV, p. 465-469. EuLOGE, diacre, martyr à Tarragone sous Valérien, t. III, p. 102-110, 158. Euloge, patriarche d'Alexandrie , t. m, p. 9-2. Eumène, rhéteur païen, t. V, p. 4. Euménie, ville de Phrygie, t. I. p. 379. EuNATUAs, martyre à Césarée sous Maximin Daia, t. V, p. 124. EuNicioN, martyr à Gortyne sous Dèce, t. II, p. 391. EuNOÏQUE, soldat, martyr à Sébaste sous Licinus, t. V, p. 317. EuNOMiA, servante, martyre à Augs- bourg sous Maximien Hercule, t. IV, p. 441-442. Eupator, irénarque, t. II, p. 447. EupiiÉMiE, martvre à Clialcédoine INUKX ALPIIAliKTIQUE. 3'J9 sous Galrrc. t. III, p. 347; t. V. p. 96-98. EupnRASiA, martyre à Aiicyre sous Dioclctien, l. IV, i). 335-340. Euphraic. t. II, p. rîa:;; t. m, \). VX>; t. IV, p. 414, ï>30; t. V, p. 80, 30i. El PLUS, diacre, martyr à Catane sous Maximien Hercule, t. IV, j). 421- 425. EuPORE, martyr à Gorlyne sous Dèce, t. II, p. 3i)l. Europe, province de Tlu-ace, t. IV, p. 170, 2^J5, EusÈBE, pape, confesseur, mort en Sicile, t. II, p. 30î); t. IIÏ, p. 330; t. IV, p. XVI ; t. V, p. 130-131, 210212. EusÈBE, martyr à Rome sous Com- mode, t. I, p. 't:>'2. EusÈBE, prêtre, martyr à Rome sous Valérien, t. III, p. 43, 44-46. Eusèbe, diacre d'Alexandrie, évo- que de I-aodicée, t. II, p. 388; t. III, p. 191-193. ^210; t. V, p. 190. EusÈBE, évè(|ue et martyr à Cibalis. t. IV, p. 295. Eusèbe, évcque de Césarée, t. I, p. X, 15, 106, 109, 142, 181, 183, 184, 2o3, 296, 298, 300, 31. -i, 388, 450, 4ol, 432, 453; t. II, p. lU, 72, 76, 77, 79, 82, 165, 188, 207, 208, 238, 239, 240, 264, 27o, 316, 395, 420, 421, 'i50, 451, 455, 504; t. III, |). VII, 32. 172. 187. ?13. 373; t. IV, p. XI, XXVII XXXVII, 21, 57, 59, 62, 71-72, 79. 92, 111, 115, 117. 129, 131, 160, 1(8, 169, 184, 22b. 226, 231, 233, 235, 282, 283. 349- 351, 356, 361, 390; t. V, p. 4, 7, 8. 22, 30. 36, 37, 47, 48, 100, 102- 104, 118, 121, 138, 141, 147, 150. 176, 191, 195, 197, lî)8, 214, 221. 222, 223, 231, 239, 2,50, 251, 266, 274, 296, 302, 308, 309, 324, 326, 333, 363, 369, 372-374. Eusrhe, c'vr(|ue (1(î Niconicdic, t. V. I). 311. Euslalhius, f^rcnicr, t. V, p. 68, 70, 71. Euliciiis. leclcur. I. IV, p. 2ol. Euticius, père du martyr Vincent, t. IV, p. 241. Eutolmius, comte d'Orient, t. IV, p. 354. EuTuoPE, martyr à Ostie sous Aurè- lien, t. III, p. 261. EuTKOPE, soldat, martyr à Amasée sous Galère, t. V, p. 46. Eutrope, historien, t. I. p. 142; t. III, p. 388; I. IV, p. xxwiii, XXXIX, 21, 91 ; t. V, 1). 4, 10. EuTYCuÈs, soldat, martyr à Sébaste sous Licinius, t. V, p. 318. EuTvcHiA, martyre ou confesseur à Thessalonique sous Galère, t. IV, p. 285, 286, 291. Eulycliien, moutaniste emprisonné à Smyrne, t. II. p. 405. EuTYCHius, martyr à Ferentum sous Claude le Gothique, t. lll, p. 209; t. IV, p. 417. EuTYcnius, martyr à Rome, t. IV, p. 190, 418. iîuTYCHiLS, confesseur à Cornelosous Maximien Hercule, t. IV, p. 417- 418. EuTYcnirs, martyr à Pouzzoles sous Maximien Hercule, t. IV, p. 420. EuTYCHius, soldat, martyr à Sébaste sous Licinius, t. V, p. 318. EvA, martyre à Carlhagc sous Maxi- mien Hercule, t. IV, p. 266, ÉVAhiSTE, martyr à Gorlyne sous Dèce, t. II, p. 391. EvELPiSTus, martyr à Rome sous Marc Aurèle, l. I, p. 374. Evelpius, donateur d'une area fu- néraire, t. II, p. 499. 400 INDEX ALPHABÉTIQUE. EvEMius, martyr a Rome sous Ha- drien, t. I, p. 213, 214, 219. Évhémère, t. I, p. 108. Evlindus, père nourricier de Cara- calla. t. II, p. 21,22. EvoTis, martyr à Sara^josse, t. IV, p. 242. ExANiHiLs, martyr à Côme sous Maximien Hercule, t. IV, p. 431. ExscpEiiAMiLs, diacre, martyr à Assise sous Maximien Hercule, t. IV. p. 419. ExupÈUE, officier tliébéen, martyr à Agaune sous Maximien Hercule, t. IV, p. 32; t. V, p. 351, 306. Fabien, pape, martyr à Rome, t. II, p. 228, 251-253, 292-298, 303, 329; t. III, p. 175; t. IV, p. XV. Fabius, martyr en 3Iauritauie sous Maximien Hercule, t. IV, p. 451- 452. Fabius, évêque d'Antioclie, t. II, p, 433; t. III, p. G. Fabius Victor, père du martyr Maxi- milien. t. IV, p. 104, 106. 109. Faléries. ville du Latium, t. IV. p. 429. Faltonius Pinianus, proconsul d'Asie, t. IV, p. 412. Faraxen, chef kabyle, f. III. p. 154. Faust, martyr à Cordoue sous Maxi- mien Hercule, t. IV, p. 464. Fausta, femme de Constantin, t. I, p. 433; t. V, p. 89, 233. Faustine, femme de Marc Auréle, t. I, p. 443. Faustinus, martyr à Rome sous Ha- drien, t. I, p. 211-212. Faustinus, martyr à Rome sous Maxi- mien Hercule, t. I, p. 281 ; t. IV, p. 382. Faustinus prêtre d'Alexandrie, t. II, p. 388. Faustus, diacre, confesseur à Alexan- «.Irie sous Valérien, martyr sous Maximin Daia, t. Il, p. 388; t. III, p. 67 ; t. V, p. 196. Faustus. martyr à Carthage sous Maximien Hercule, t. IV, p. 268. Fausius, habitant de Pompéi, t. II, p. 467. KÉLiciEX, soldat, martyr à Marseille sous Maximien Hercule, t. IV, p. 50-52. Felicissima, martyre à Faléries sous Claude le Gothique, t. III, p. 209. Felicissimus, diacre, martyr à Rome sous Valérien, t. I, p. 217, 367; t. III, p. 90. 332, 333, 336. Felicissimus, confesseur à Carthagc sous Déce. t. II, p. 343, 367. Felicissimus, schismatique à Car- thage, t. II, p. 366-367. Félicité, martyre à Rome sous Marc Auréle, t. I, p. 217, 345-368, 3«;9. Félicité, esclave, martyre à Carthage sous Septlme Sévère, t. I, p. 53; t. II, p. 104-132. FÉLICITÉ, mai lyre à Capoue sous Déce, t. Il, p. 320. Félix, martyr à Rome sous Marc Auréle, t. I, p. 350, 362, 363, 364. Félix, niaityr à Saulieu sous Marc Auréle, t. I, p. 422. INDKX ALPilAinaïQri:. 401 FÉLIX, niarhi' à Scillium sous Com- mode, t. 1, p. 449. FÉLIX, martyr à Valence (en Gaule) sous Caracalla. t. Il, p. 182. FÉLIX, prêlre, confesseur à Carlhage sous Dèce, t. II, p. 353. FÉLIX, évoque africain, confesseur aux mines de Sigus sous Valé- rien, t. III. p. 61-62. FÉLIX, autre évêcjue afiicain, confes- seur au même lieu, t. III, p. 62. FÉLIX, confesseur à Noie sous Va- lérien, t. I. p. 281 ; t. III. p. 174- 175. FÉLIX, prêtre, martyr à Sutri sous Aurélien, t. IH, p. t>.'>3, 256-257. FÉLIX, marlyrà Aquilée sous Carinus, t. III, p. 311. FÉLIX, martyr enterré dans le cime- tière Ostrien, t. IV, p. 411. FÉLIX, martyr à Saragosse, t. IV, p. 24-2. FÉLIX, évoque de Tibluca, martyr sous Maximien Hercule, t. IV, p. 210-213. FÉLIX, soldat, martyr à Lodi sous Maximien Hercule, t. IV, p. 431. FÉLIX, fils du prêtre Saturnin, mar- tyr à Cartilage sous Maximien Hercule, t. IV, p. 265. FÉLIX, martyr à Carlhage sous Maxi- mien Hercule, t. IV, ]). 265, 274- 275. FÉLIX, id., ibid. FÉLIX, id., ibid. FÉLIX, évêque et martyr à Spello sous Maximien Hercule, t. IV, p. 418. FÉLIX, martyr à Girone sous Maxi- mien Hercule, t. IV, p. 463. Félix, pape. t. III, p. 327. 2i:i, 252, 253, 340. Félix, cvêque de Saragosse. t. IV, p. 241. V. Félix, évéque d'Aplongo, t. I, p. i\ ; t. IV, p. XLli, 208 209. Félix, marbrier, lecteur, t. IV, p. 200. Félix, procurateur de Judée, t. II, p. 30i. Félix, beau-pére de Polyeucte, t. I, p. 33S; t. II. p. ,il2, .%l:i, .MO, 521 524, o25, 535 536. Ferenlum, ville d'Étrurie, t. III, p. 208. Ferrata (légion IV), t. m, p. 18j. Ferreol, martyr à Besançon sous Ca- racalla, t. II, p. 182. Ferreol, officier, martyr à Vienne, t. IV, p. 184. Ferrution, martyr à Besançon sous Caracalla, t. II, p. 182. Festl's, martyr à Pouzzoles sous Maximien Hercule, t. IV, p. 420. Festus, procurateur de .Judée, t. I, p. 153. Fidèle, martyr à Côme sous Maxi- mien Hercule, t. IV, p. 431. Fidence, marlyrà Martane sous ftlaxi- mien Hercule, t. IV, p. 418. Fides, martyre à Rome, enterrée dans le cimetière de Cailiste, 1. 1, p. 221, 223. Firmilien, gouverneur de Palestine, t. V, p. 117, 124, 125, 133-130, 140, 147. FiRMix.v, martyre à Amelia sous Maxi- mien Hercule, t. IV, p. 418. FniMLS, martyr à Carlhage sous Déce, t. II, p. 345. FiRMu.s, martyr à Vérone sous Maxi- mien Hercule, t. IV. p. 431-432. Firmus, révolté sous Valentinien, t. V. p. 361». Fismes, bourg prés de Reims, t. IV, p. 40, 437. Flaccinus, gouverneur de Bithynie, t. IV, p. 221, 232. 26 402 INDEX ALrilABETIQUl-. Flaminienne (voie), t. V, p. ->2-2. Flavia Domitilla (voir Domitilla;. Flavia (famille), t. IV, p. 401). Flavia (légion XIV), t. III, p. 185. Flavianus Hilarianus, procurateur d'Afrique, t. II. p. 87, 88, 91, Hl- 112, H3, 114, 115, 128, 134. Flavianus, gouverneur de Sardaignc. t. IV, p. 433. Flavien, martyr à Carthage, sous Valérien , t. II, p. 499 ; t. III , p. 120, 133. Flavien, gouverneur de Palestine, t. IV, p. 234. Flaviens, t. I, p. 83, 84, 87, 88, 86. 94. 9G, 98, 99, 103, 107, 110, 112, 143, 14», 145; t. II. p. vill, 2, 18; t. V. p. 10. Flaviopolis, ville de Cilicie. t. III. p. 145. FLAVIUS, soldat, martyr à Scbaste sous Licinius, t. V, p. 208. Flavius Antoninus, proconsul d'Afri- que, t. IV, p. 412. Flavius Clemens (voir Clemens). Flavius Latronianus, préfet de Rome, t. IV, p. 412. Flavius Petro. t. I, p. 9i. Flavius Sabinus. frère de Vespasien. t. I, p. 90-91, 92. Flavius Sabinus, frère de Flavius Clemens, t. I, p. 93. FLOrjANus, martyr à Cetium sous Ga- lère, t. IV. p. 208. Florus, renégat à Carthage. t. II. p. 346-347. Florus. gouverneur de Numidie. t. IV, p. 214. 442-444. Foi, martyre à Agea sous Maximien Hercule, t. IV. p. 42. FoRTUXAT, martyr à Valence en Gaule sous Caracalla. t. II. p. 182. Forlunat, correspondaiil de saint Cyprien, t. III. p. i'. Fortunatianus, avocat, t. IV. p. 270, 27G. Fortunatus, auteur d'inscriptions en l'honneur des martyrs Nivalis, Ma trôna et Salvus, t. IV, p. 445. Fortunatus, évêquc d'Assur. renégat. t. II, p. 337. Fortune, déesse, t. II, p. 489: t. III. 1). 146; t. IV, p. 2G1. FoKTUMO, martyr à Cartilage sous Dèce, t. II, p. 348. Fossano. t. IV. p. 132. Francs, t. III. p. 158, 212. 275; t. IV. p. 44, 83 ; t. V. p. 217, 259. Fretensis (légion X), t. III. p. 185. Fronton, martyr à Saragosse. t. IV p. 242. Fronton, prêtre chrétien, t. IV. p. 334- 335, 344-345. Fronton, rhéteur païen, t. I, p. 320, 325, 460; t. III. p. 322: t. V. p. 193. Fructueux, évêque et martyr à Tar- ragone sous Valérien. t. I. j). ix: t. II, p. 139; t. III. j). 102-110. Fructuosus, fossoyeur, t. IV, p. 197. Fructus, marlvT à Cartilage sous Déce, t. II, p. 345. Fulminata (légion \ïV. t. I. p. 382- 383 ; t. II, p. -433, 533; t. V, p. 316. Fundanus, évéque d'Abiténe. tradi- teur, t. IV, p. 194. Furius Dionysius Pliilocalus, t. I, p. 367; t. III, p. 342; t. V, p. 210. Furnes, ville de l'Afrique proconsu- laire, t. IV, p. 208. FuscA, martyre à Ravenne sous Déce. t. II, p. 317. Fuscianus, préfet de Rome. t. I. p. 4.55. FusciEN, martyr à Amiens sous Maxi- mien Hercule, t. IV. p. 40. Fuscus. neveu d'Hadrien. 1. 1. !>. 268. J INDEX ALPHABÉTIQUE. 403 G Gal)ies, ville du Lalium, t. I, p. 2-20. Gabies, ville de la Sabine, t. I, p. ±20. Gabinius, père de sainte Suzanne, l. IV, p. (î. Gains, compagnon de saint Paul, t. V, p. 3o. Gaius, gouverneur de Uliclie, t. IV, p. i30-i'tl. Galatie, t. I, p. (iî). I'i9: t. II, p. Wii; t. IV, p. 53, 237-238, 303, 33I-3W, 3()6, 373 ; t. V, p. iU. Galalius, habitant d'Apionge, t. IV, p. 208. Galba, empereur, t. I, p. "8. Galère (Maximien), empereur, t. IV, p. XXX, XXXIX, XLI, 87- 93, 1)8. 107. 113-118,1-21, 4-2.;, 131, 13i, 145, 147, 150-157, IGl , 163-167, 173, 175, 180, 222, 2;j4, 282, 283, 301, 372; t. V, p. 3, 9-17, 24, 25, 28, 30, 37, 38, 3!), 43, 60, 6!, 02, 64, 65-68, 70, 74, 83, 84, 85, 88, 89, 90, 91. 92, 93, 95, 97, 98, 114, 115, 11G, 152-165, 100, 167, 1G9, 201, 208, 218, 245, 247. 248, 249, 253, 269, 302, 303. Galien, médecin, t. I, p. 393; t. Il, p. 22. Galilée, t. I, p. 83; t. III, p. 29, 277. Galiléens (chrétiens), t. IV, p. 343. Gallien, empereur, l. I, p. iv; t. II. p. 280; t. III, p. VII, VIII, XII, xni, XIV, XV, XVI, xvn, 57, 58, 08. 131, 102, 118, 141, 158, 105, 168-179, 181, 182, 183, 184, 185. 188-190, 191. 195, 190, 199, 202. 204, 20(i, 207, 214, 216, 294 378-389, 398-400, 403; t. IV, p. 2, 3, 14, 40, 83, 220. Gallion, proconsul d'Aciiaïe, l. I, p. 37. Galls, prêtres de C\i)èlc, t. IH, p. 202. Gallus. empereur, t. lll. p. 2-3. 20-21, -2;{, 29-30, 35, 152. Gangre, ville de rai)h!agonie, t. m, p. 147. Gaudenlius, t. I, p. 85. Gaule, Gaulois, t. I, p. 09, 212, 339, 397-399, 422, 444, 400; t. II, p, 4, 19, 40, 58, 158, 107. J82, 32! ; t. III, p. 30, 101, 140, 155-158, 181-182, 205, 206, 212, 234, 240-245, 247, 249, 270, 275. 289, 387-407; f. IV, p. 14, 15, 17-22. 24-25, 26, 30, 30- 52, 87, 88, 90, 182-185, 334; t. V, p. 22, 03, 114, 143. 2l(i, 225, 248, 282, X>6, 3îi6, 357, 364. Gavixus, soldat, mart\r à Toii-e sous Maximien Hercule, t. IV, p. 433. Gaza, ville de Palestine, t. I, p. 344; t. IV, p. 55; t. V, p. 8, 75, 100, 120, 121, 140. Gelase, martyr à Gortyne sous Dèce, t. II, p. 391. Geinina (légion VII), t. II, p. 279. Gexerosa, martyre à Scillium sous Commode, t. I, p. 449. Generosa, fondatrice d'une cata- combe, t. I. p. 281 ; t. IV, p. 382. 385. Gexès, martyr à Arles, t. iv, p. 12; t. V, p. 372. Genès, martyr à Rome sous Dioclé- tien, t. IV, p. 8-13. Genève, t. V, p. 357, 300. Gemixus, martyr à Rome sous .Vaxi- mien Hercule, t. IV p. 375. 404 INDEX ALPHABÉTIQUE. Gerasa, t. IV, p. 353. Germain, martyr à Cadix sous Maxi- mien Hercule, t. IV, j). 459. Germain, martyr à Césarée sous Maximin Daia, t. Y, p. 124. Germanicus, martyr à Smyrne sous Antonin, t. I, p. 303. Germanie, Germains, t. I, p. 339, 3i7, 460; t. II. p. 172, 277; t. III, p. 30, 480, 248, 888, 390, 398, 401 ; t. IV, p. 13, 41, o2; t. Y, p. 359, 360, 302, 363, 364. Germanus, évoque égyiitien, t. III, p. 70-71. Gekvais, martyr, à Milan, t. III, p. 339 ; t. V, p. 371. Gessoriacum (Boulogne-sur-Mer), t. V, p. 63. Géta, empereur, t. II, p. 73, 133, 168, 169. Getulius, martyr à Gal)ies sous Ha- drien, t. I, p. 219-221, 269, 270, 271, 272, 276, 277. Girone, ville de la Taruaconaise. t. IV, p. 440, 459, 463. Givalius, martyr à Carthage sous Maximien Hercule, t. IV, p. 266. Gladrion (voir Acinus Glabrion). Glycon (serpent), t. I, p. 343; t. IV, p. 13, 29. Golgotlia, t. I, p. 266. Gordianus, sénateur, t. I, p. 431. Gordien F% empereur, t. II, p. 224- 225. Gordien II, empereur, t. Il, p. 225. Gordien III, empereur, t. II, p. 224- 226, 228, 232-235, 243, 248, 24!), 255, 250, 313; t. III, p. 2, 259; t. IV, p. 371. GoRDiLs, martyr à Césarée de Cappa- doce sous Licinius, t. V, p. 321- 324. GoKGOMis, cliarabcllan, martyr à Ni- com('diesousDioclétien,t.lV,p.57, 169. GoRGONiLs, niart3Tà Rome sous Maxi- mien Hercule, t. IV, p. 375. GoRGONiuB, soldat, martyr à Sél)astc sous Licinius, t. V, p. 318. Gortync, ville de Crète, t. II, p. 391. Gotlis, t. I, p. 360; t. II, p. 200, 277, 278, 327, 457, 458; t. III. p. 3-4, 29, 141, 159, 469, 161, 205, 212, 219, 220. 275, 328, 329. 330, 343; t. IV, p. 42, 461, 467; t. V, p. 324. Grado, île de l'Adriatique, t. IV, p. 23, 24. Grande Grèce, t. IV, p. 213. Gratien, magistrat ou bourreau con- verti, t. IV, p. 394. Gratien, empereur, t. II, p. 248, 529; t. V, p. 292. Gratilianus, martyr à Paieries sous Claude le Gothique, t. III, p. 209. Gratus, consul, t. II, p. 308. Grèce, Grecs, t. I, p. 77, 78, 207, 252. 290, 344, 390, 400; t. II, p. 3. 390. 391, 426, 458; t. III, p. 43, 482, 214: t. IV, p. 87; t. V, p. 170. Grégoire, i)rétre, martyr à Spolétc sous Maximien Hercule, t. IV, p. 418. Grégoire de Nazianze. t. II, p. 530 ; t. III, p. 269, 370; t. IV, p. .Vi2, 353. Grégoire de Nysse, t. II, p. 530: t. IV, p. 367 ; t. V, p. 43. Grégoire l'Illuminateur, apôtre de l'Arménie, t. IV, p. 228; t. V,p.203. Grégoire le Tliauinaturgo. évéque de Néocésarée, t. Il, p. 260-261, 390. 431-432, 443; t. III, p. 38; t. IV, p. 178, 367. Grenade (voir Illiberis). Guddene, martyre en Afrique sous Septime Sévère, t. II, i). 133. Guclma, ville d'Afrique, t. IV. p. 21m. Gyrus, lecteur, t. IV, p. 2l0. IM)hX ALniABÉTIQUE. 405 Hadrias, martyr à Rome sous Valô- lien, t. m, p. 43 46. Hadhien, officier, martyr à Nicoiuédic sous Galère, t. II, ]). 51 1 ; t. V, p. 39- 43. Haduien, martyr à Césaréc sousMaxi- min Daia, l. V, p. 140. Haduiex, soldat, martyr sous I.ici- nius, t. V, p. 314, 31.^. Hadrien, empereur, 1. 1, p. i, xiv, wiit, 203-209, i21 1-213, •2ti. -21!), 2-23, 224, 2-2:;, 227, 22S. 23 'i, 236-260, 261-279, 282, 285, 28G, 288, 2!)8, 334, 335, 38i, 389, iH, 431, 443, 451, 458, 451); t. II, p. 1, 2, 27, ViG, 51!); t. III, p, 50, 2Tti, 378, 3i)0; t. IV, 1). 11!). Haldegast, clief l)arl)are au service de l'empire, t. IV, p. 37. Halys, neuve de Galatie. t. IV, p. 333. Haouran, t. II, p. 229-231. Hartmund, ciief barbare au service de l'empire, t. IV, p. 40. Hatra, ville d'Arabie, t. Il, p. 31, 55, 57, 134. Hèbre, fleuve de Tlirace. t. IV, p. 330. Hégésippe, écrivain ecclésiasli. 25. Hermès, auteur du Pasteur, t. IV, p. M. Hermès, nommé par saint Paul dans la lettre aux Romains, t. I, p. 25. Hf.p.mhs, martyr à Rome sous Hadrien, 406 INDEX ALPHABETIQUE. t. I, p. 213, 215-216, 2-20; t. III, p. 378; t. IV, p. VIII, 389. Hermès, diacre, marljT à Andriuople sous Dioclétien, t. lY, p. 256-2 63. Hennés (T. Vettius), t. II, p. 490. Hermias. écrivain clirétien , t. I, p. 385. Herminianus (voir Claudius Henni- nianus). Herniogéne. liérésiarque , t. IV. p. 7i. Hermogène, jurisconsulte, 1. 11. p. 199. Hermyle, martyr à Singidon sous Licinius, t. V, p. 143. Hcrode le Grand, t. I, p i, 12, 13; t. V, p. i.iS. Hérode, père d'Aristobule, t. I, p. 2."i. Hérode Agrippa, t. I, p. IG. Hérode Agrippa II, t. I. p. 83. Hérode Atlicus. t. I. p. 224. 320, 3(>r., 430. Hérode Meiallarius, t. I, p. 223, 224. Hérode, irénarque de Smyrne, t. I, p. 306, 31G. Hérodion , nommé par saint Paul dans la lettre aux Romains, t. I, p. 25. HÉr.ox, martyr à Alexandrie sous Septime Sévère, t. II, p. 76. Hérules, t. IV, p. 40. Hf.speuus, esclave, martyr en Pam- pljylie sous Hadrien, t. I, p. 227- 229. Hrsycihl's, soldat, martyr à Dorostore sous Galère, t. IV, p. 122-123. Hesyciiius, évoque martyr à Alexan- drie sous Maximin Daia , t. V, p. 52, 196. HESYcnius, soldat, martyr à Sèbaste sous Licinius. t. V, p. 318. Hierapolis, ville de Piirygie, t. III. p. 301. HiEUAx, martvr à Rome sous Marc Aurèle, t. I , p. 371 , 373 , 376. Hiéroclès, gouverneur de PalmjTe. de Bithynie et d'Egypte, sophiste et persécuteur, t. IV. p. xxix. "G. 113-114, 1.V2, 153, 221-225, 2-32; t. V, p. 50, 58, 81, 189. HiÉROx, mart}T à Mélitène sous Dio- clétien, t. IV, p. 229-230. Hiéropolis, ville de Phrygic,t. I, p. 3TG. Hiéropolis, ville de Syrie, t. V, p. 80. HiLAir.E, évêque et martyr à Aquilée sous Carinus, t. III, p. 311. HiLAiRE, diacre, martyr à Surrena sousMaximien Hercule, t. IV.p. 417. Hilasire, évêque de Poitiers, t. JI, p. 289. HiLARiA, martyre à Rome sous Valé- rien, t. II, p. 498, 501; t. III, p. 48. HiLAUiA , martvre à Augsbourg sous Maximien Hercule, t. IV, p. 440- 441. Hilarianus (voir Flavius Hilarianus). HiLARiEN, martyr à Cartilage sous Maximien Hercule, t. IV, p. 2G5, 277. Hildemund, chef l)arbare au service de l'empire, t. IV. p. 40. Hindoustan, t. III, p. 279. HippARQLE, magistrat municipal, mar- tyr à Samosate sous Galère, t. IV. p. 115-116. HippoLYTE. docteur, martyr en Ilalie (et cimetière de), t. H. p. 209; t. III, p. IV, 96 99, 209-210, 337- 377; t. IV. p. XXI ; t. V, p. 351. HippoLTTE, anachorète, martyr à Rome sous Yalérien , t. III, p. 44- 46, 3G8. HippoLYTE, soldat, martyr à Rome, t. m, p. 368, 372. HIPPOLYTE NoxMs, prêtre ou évoque, martvr à Porto sous Claude le Go- LNDKX ALl>IlAFn:TlQi:i 407 tliiquc. t. 111. ]). 209. -21-2, 377. HiPPOiATE, diacre, martyr à Anliocho, t. III, p. .UJ!). ;;t3. Hollande, l. m. p. l'Ji; t. IV, \). 2'i. HoNouAT.v, marl^rc a Cartilage sous Maximien Hercule, t. IV. p. 266. Horace, 1. 1, p. 8, -2-2^. .Ul, ;jl-2. Hyacinthe, prêtre, ami de Marcia, t. I, p. 453, 456. Hy.vcimiif, , esclave, martyr à Rome sous Valcrien, t. III, p. 99, 378- 386; t. IV, p. XV, lîH), 381). Hyménce, êvê(iuc de Jérusalem, t. III, p. 2\S. lallii Bassi (famille des), t. II, p. 191 ; t. IV, p. 179-180. lasus, ville de Carie, t. III, p. 14.'>. Iconium, ville de Lycaonie , t. II, p. -2I(;; t. III, p. -234, 2G(). Ida (mont), t. II, p. 391. Ignace, évêque d'Anlioclic, martyr à Home sous ïrajan, t. I, 181, 183- 201, 304; t. IV, p. Vil. iGXATiLs, martyr à Cartiiagc sous Seplime Sévère, t. II, p. 98; t. IV p. XIX. Illiberis (Grenade), t. Il, p. 534; t. IV, p. 60, 64, 4. 09-73; t. n, p. 4,81, 215-3-20; t. III, ]). 71,212, 28^, 359 ; t. IV, p. XI, XXVI, 21 , 29, 40, 52, 87, 88, 213, 415-434; t. V, p. 18, 19, 22, 91, 92, Ui), 200, 2.JS, 215, 2-28, 273, 350, 3.59, 300, 3(>1, 3G2, 303, 305. ITLRKE, t. II, p. 2-29. 408 [NDEX ALPHABETIQUE. JACQUES (le Mineur), martyr à Jérusa- lem, t. I, p. 79, 204; t. V, p. 33. Jacques, martyr à Laml^èse sous Va- lérien, t. III, p. 135-138. Jadep., évêque africain, confesseur aux mines de Sigus sous Yalérien, t. III, p. 62. Jamblique, martyr ])rès d'Éphése sous Dèce, t. II, p. 415. Jamblique, i)hilosophe, t. III, p. 19-2. Jamnia, ville de Palestine, t. V, p. 135. Jakuauia, martyre à Scillium sous Commode, 1. 1, p. 449. Januaria, emprisonnée pour la foi à Rome sous Dèce, t. II, p. 302. Jakuaiua, martyre à Carthage sous Maximien Hercule, t. IV, p. 266. Januauia, id., ibid. jANi'ARius, martyr à Carthage sous Maximien Hercule, t. lY, p. 265. Januarius, fossoyeur de Cirta, t. IV, p. 197. Janvier, martyr à Rome sous Marc Aurélct. I, |). ^217,218, 350, 362, 363, 367, 368. Janvier, diacre, martyr à Rome sous Valérien, t. III, p. 90, 332. Janvier, évêque de Bcnévent, mar- tyr à Pouzzoles sous Maximien Hercule, t. IV, p. 420. Janvier, diacre, martyr à Torre sous Maximien Hercule, t. IV, p. 433. Janvier, mariyr à Cordoue sous Maxi- mien Hercule, t. IV, p. 464. Janvier, catccliumène, t. III, p. 126. JASON, martyr à Rome sous Valérien, t. m, p. 48. Jean, apôtre, martyrisé à Rome, exilé à Patmos, t. I, p. 116, 125. 139; t. II, p. 421. Jean, martjT près d'Éphèse sous Dèce, t. II, p. 415. Jean, prêtre, martyr à Rome sous Maximien Hercule, t. IV, p. 382, 396, 413. Jean, lecteur, martyr à Pliœnos sous Maximin Daia, t. IV, p. xxix; t. V, p. 146-148. Jean, martyr à Canope sous Maximin Daia, t. V, p. 199. Jean, soldat, martyr à Sébaste sous Licinius, t, V, p. 317. Jean, martyr à Rome sous Julien, t. IV, p. 123. Jean Chrysostome, t. I, p. 19; t. II, p. 238, 239, 2V0, 450; t. IV, p. XLII, 325; t. V, p. 67, 78, 350. JÉRÉMiE, martyr à Césarée sous Maxi- min Daia, t. V, p. 133-135. Jérôme, docteur, t. II, p. 275, 532; t. IV, p. 32. Jérusalem, t. I, p. 2, 4, 15. 19, 82, 83, 109, 13i, 262-267, 2(ï8; t. II, p. 137, 451, 452; t. III, p. 277; t. V, p. 133, 154, 135. Jordani (cimetière des), t. I, p. 3G2, 363. Josèphe, historien, t. I, p. 6, H. Jourdain, t. m, p. 187, 222, 277. Jovia, province d'Egypte, t. IV. p. 356. Jovien, empereur, t. II, p. 52 ). Jovinus, évêque africain, renégat, t. II, p. 337. J0VITA, marlyrà Rome, sous Hadrien, t. I, p. 211-213. INDEX ALPIlAliEïlQUi:. 409 ucuNDus, mailyr à Carlliai,Mi sous Septime Sévère, t. Il, p. 98. Judée, t. I, p. 18, 2(12, 2G3, 2(>'*; t. II, p. 304. Juifs, t. I, p. 2-14, i:i, 18, lî), 20, 2 1 22, 23, 27, 20, 30, 32, 35, 37, 41-43, 4«, (w, GG. 70, 79, 82, 83, 8i, 00, 100, 103, 105, lOf), 20:i, 262-268, 303,312,313, 31(;; t. II, j). 2, 12. 18, 40, 59, 60, 01, 62-63, 80, 188, 395- 396, 399,420; t. III, p. lî>7;t. IV, p. 2G0; t. V, p. 108, 110, 121. Jules, sénateur, martyr à Rome s eus Commode, t. I, p. 452. Jules, martyr à Saragosse, t. IV. p. 242- Jules, soldat, martyr à Dorostorc sous Galère, t. IV, p. 119-123, 127. Jules, martyr à Pipcrno sous Maxi- mien Hercule, t. IV, p. 415-416. JuLiA, martyre à Carlliage sous Dé ce, t. II, p. 345. Julie, ville de Phrygie, t. III, p. IW. Julia Domna, femme de Seplime Sévère, t. II, p. 57, 70 ; t. III, p. 1G8 t. IV, p. 223. Julia Genetiva, colonie roinaine, t. I, p. 230, 232. Julianus, clirctien enterré sur la voie Nomentane , t. II, p. 402. Julianus, proconsul d'Afrique, t. IV, p. Oi. Julie, martyre à Troycs sous Auré- lien, t. III, p. 2t3, 247-249. Julie, nommée par saint Paul dans la lettre aux Romains, t. I, p. 25. Julie, fille d'Auguste, t. I, p. 4. Julie, fille de Titus, l. I, p. 93. Julien, martyr à Tibur sous Hadrien, t. I, p. 271. Julien, martyr à Alexandrie sous Dèce, t. II, p. 377. Julien, martyr à Carthage sous Valé- ricn , t. III, p. 120, 124. 126. 129. Julien, martyr à Rrioude (dans la dernière persécution ?), I. IV, p. 18'». Julien , martyr à Césarée sous Maxi- min Daia, l. V, p. 133 134. Julien, évè(|ue d'Apamée, t. II, p. 1 i"», 1 4(i. Julien, magistrat persécuteur, t. IV, p. 41. Julien, empereur, t. II, p. 4o9; t. III, p. 284; t. IV, p. xxvii, XXXIX, 11, 79, 87, 343, 429; t. V, p. 4, 18.'J. Julienne, martyre à Ptolémaïs sous Aurélien, t. III, p. 266. JuLiTTA, martyre à Ancyre sous Dio- cléticn, t. IV, p. 336-340. JuLiTTA, martyre à Césarée de Cappa- doce sous Dioclélicn, t. IV, j). 346- 348. JULITTA, martyre à Torse sous Maxi- min Daia, t. V, [). 46. Julitta, chrétienne enterrée sur la voie Nomentane, t. Il, p. 492. Julius Paulus, jurisconsulte, t. H, p. 62. Julius Proculus, proconsul d'Asie, l. II, p. 408-409. Junie, nommée par saint Paul dans la lettre aux Romains, t. I, p. 25. Junius, greffier, t. IV, p. 200. Junius Rusticus, préfet de Rome, t. I, p. 320, 369-378; t. II, p. 2. Junon, t. II, p. 384, 438; t. V, p. 192. Jupiter, t. I, p. 98, 2GG, 344; t. II, p. 384, 408, 438, 481, o04, 505; t. III, 1). 154; t. IV, p. IG, 30, 51, 73, l'M>, 310-311, 419; t. V, p. IG, 178, 181- 182, 2(;0, 2(i9. Jusla, fondatrice du cimetière de saint Rcsli tutus sur la voie No- mentane, t. II, p. 4C9. 410 INDEX ALPHABETIQUE. Juste, fondateur du cimetière de saint Nicomcde sur la voie Nomen- tane, t. Il, p. 499, :>oi. JisTix, martyr à Tibur sous Hadrien, t. I, p. 271. JusTi.x, apologiste, martyr à Rome sous Marc Auréle, t. I, p. 19, 21, 286-296, 300. 318, 319, 32-2, 32i, 328, 330-331, 369-378; t. IV, p. VII, 201 ; t. V. p. 192, 220. Justin, prêtre, martyr à Home sous Claude le Gothique, t. III, p. 209. Justin, gouverneur de Tlirace, t. IV, p. 322-328. Justine, martyre à Nicomédie sous Dioctétien, t. IV, p. 354-355. Justine, martyre à Padoue sous Maximien Hercule, t. IV, p. 431. Justus, martyr à Alcala sous Maxi- mien Hercule, t. IV, p. 464. JusTUS, martyr à Sétil sous Maxi- mien Hercule, t. IV, p. 446. Juvénal, poète, t. I, p. 9'>, 111 126. K Kabyles, Kabylie, t. Ill, p. 133, i:,3; t. IV, p. 83. Kalama, ville de Numidie, t. IV. p. 44a. Kephro. ville de Libye, t. III. p. 08 09, 70. Labicane (voie et porte), t. II, p. 294, 409; t. III, p. 323; t. IV, p. 132, 375; t. V, p. 273. Lactance, apologiste, t. Il, p I3"i. 193; t. IV, ]). XXXVII-XLII, 87, 89, 99. 100, 152, loi. 102, lO't, lOi, 160, 169, 171, 220, 221, 232, 233. 24(i, 2i8; t. V, p. 3, 4, 7, 13, 28, 31, 05, 150, 100, 108, 229, 208, 372-374. L.x'lianus (voir Lollianus). L^TANTius, martyr à Scillium sous Commode, t. I, p. 449. Laîtus, lu-éfct d'Egypte, t. II, p. 70, 71, 73. Lambèse, ville de Numidie, t. Il, p. 3», 3G; t. III, p. 27, 135, 130, 137, 15i. Lampride, historien, t. H, p. 185, 203, 218. Lampsaque, ville de l'Asie procon- sulaire, t. II, p. 414, 415, 410, 418, Langres, t. I. p. 423. Lanuvium, ville du Latium, t. II, p. H, 482. Laodicée, ville de Phrygie, t. III, p. 301. Laodicée, ville de Syrie, t. I, p. 38i; t. III, p. 191. L.vuGus, martjT à Rome sous Maxi- mien Hercule, t. IV, p. 393, 394. Latine (voie), t. Il, p. 471, 498 t. III. p. 72, ICO, 3i5. INDEX ALlMlAIJKTIQUi:. 411 J.alium, t. IV. p. ;WG, '.1.%. 'dG. Lalran, I. III, p. a.v;, 303; t. IV, p. x\i. MK): l. V, p. ï>-2T, 233, 2.;8, 273, 282. Lairf.nt, diacre, martyr à Komc, t. III, p. 89, 92-93, IT.'i, 3ilJ, 3.;3 3<îî); t. V, p. t>T3. l.ALKF.xTiLs, martyr à Carlliagc sous Scptime Sévère, l. II, p. 98, 30:j; t. IV. J). XIX. Lauriacum, ville de la Basse-Noiiquc, t. IV, p. -298. Lcgio (Léon), ville de la Tarraco- naise, t. II, p. 3-2;>; t. III, p. 37; t. IV, p. 143, 2il. Lemnos, prêtre, conlesseur à Sniyrne sous Déce, t. II, p. 404. LÉocADiE, martyre à Tolède sous Maximieu Hercule, t. IV, p. 459. LÉON, martyr à Patare sous Valérien. t. III, p. 146-147, 2Gi. LÉONCE, soldat, martyr à Sébaste sous Licinius, t. V, p. 318. LÉONiDE, martyr à Alexandrie sous Septime Sévère, t. Il, p. 75. Libye, Libyens, t. III. p. G8, Gl); t. IV, p. 87,88; t. V, p. .'«. Licinius, magistrat i)erscculeur, t. I, p. ÛV.). Licinius, empereur, t. IV. p. i, u\, XXXIX, xu; t. V, p. 64, 90 91, 99, ^\'^, Hr>, 143, 100, lG"i, 10(!. 107, 173, 21.;. -l'rl, -2i:i, -2V(i, 2'»8, 2:>0, 2-iI, 2.'>2. 259 263, 267-269, 29(i, 301, 302- 330, 331,33.i. LiMiNU:s, martyr en Auvergne pcn- i dant l'invasion de Clirocus, t. III, I p. 156. Lin, pape, t. I, i>. 8.'). I LiTTEus, évêque africain, confesseur ! aux mines de Sigus sous Valérien, ] t. III, p. 62. t Livie, t. V, p. 229. Lodi, ville de la Transpadane, t. IV, p. 431. Loire, t. III, p. 242. LoUia Paulina, t. II. p. 2.V2. Lollianus, proconsul de Lycie, t. III, p. 140, 400. Lollianus (ou La-lianus), empereur I des Gaules, t. Ill, i). 140, 181, 388, LÉONIDE, martyr à Corintlic sous \ 400-401. Dèce, t. II, p. 391. I Longin, rhéteur, t. III, p. 197. LoNGUs, martyr à Aquilée sous Cari- nus, t. III. p. 311. Léontius, évêque d'Antioclie, t. Il, p. 240. Léontius. évêque de Césarée de Cap- padoce, t. IV, p. 228. Leucon, assesseur du préfet de Mé- sie, t. IV, p. 127. Lezoux, ville d'Auvergne, t. m, p. irio. Liban, t. V, p. 147, 272. Libanius. rhéteur païen, t. IV, p. 220, 227. LiREUALis. consul, martyr, t. IV, p. XXIV. 387. LiDEUiANLs. martyr à Rome sous Marc Aurélc. t. I, p. 371, 376. Lucanie, t. IV, p. 213, 421 ; t. V, p. 18, 8.-;. Lucie, martyre à Syracuse sous Maximien Hercule, t. IV, p. 425- 426. LcciEN, martyr à Nicomédie, sous Dcce, t. II, p. 428-430. Lucien, confesseur à Carthage sous Dcce. t. II, p. 303, 304,341, 343, 362, 365. Lucien, martyr à Beauvais sous Maximien Hercule, t. IV, p. 40, 41. 412 INDEX ALPHABETIQUE. Llcien, prêtre, martyr à Nicomédio sous Maxirain Daia, L V, p. 197. 199. Lucien, prêtre à Cartliage, t. III p. 12G, 134. Lucien, personnage (apocryplie) de la cour de Dioclétien, t. IV, p.o7. Lucien, satirique, t. I, p. 188, 34-2 344; t. II, p. 13G; t. IV, p. vu. Lucilla, instigatrice du schisme do- natiste, t. il, p. 297; t. IV, p. 205. Lucille, parente du martyr Tibmr- tius, t. IV, p. 37G. Lucine, chrétienne, propriétaire de domaines funéraires, t. II, p. 496- 497; t. III, p. 2G, 317, 318, 319. 3-20. Lucine, descendante de celle-ci, t. II, p. 497; t. III, p. 87; t. IV, p. 384, 398, 411-414. LuciTA, martyr à Madaure sous Marc Aurèle, t. I, p. 445. Lucius, martyr à Rome sous Anlonin, t. I, p. 318, 329, 330. Ll'Cius, confesseur à Carthage sous Dèce, t. II, p. 353. Lucius, martyr en Bithynie sous Dèce, t. II, p. 430. Lucius, pape, confesseur sous Gal- lus, t. III, p. 27, 30-32. Lucius, évêque africain, confesseur aux mines de Sigus sous Valérien, t. III, p. 61, 62, 1-24. Lucius, martvr à Cartilage sous Va- lérien, t. III, p. 120, 126, 127- 128, 129. Lucius Verus, empereur, t. I, p.3:)3. Lucretius Asinianus, père de plu- sieurs martyrs à Piperno. t. IV, p. 415-416. Lucretius Vespillo, consul, t. II, p. 4G9. LuPERCUs, martjr à Saragosse, t. IV, p. 2i2. Lusia (gens), t. IV, p. 409. Lusilanie, Lusitaniens, t. I, p. 339; t. II, p. 3-25; t. IV, p. -239, 4G5. Lutèce, t. IV, p. 34, 30. Lycaojiie, t. III, p. -2G», 265; t. V, p. 40. Lycie, t. II, p. 449; t. III. p. 144-147, -200. Lycopolis, ville d'Egypte, t. V, p. 51. Lydie, t. I, p. 119. Lyges, peuple barbare, t. III, p. 275. Lyon, t. I, p. 49, 398-401, 40-2-4-20, 421, 4-22; t. II, p. 20, 158, 159, 100, 101, 1G2, 163, 104, 175; t. III, p. 241, 243, 393, 403; t. IV. p. 24; t. Y, 3i0. Lyonnaise (Gaule), t. I, p. 397-i-22; t. II, p. 19; t. III, p. 212. Lyslas, gouverneur de Cilicie, t. Y, p. 09-74. Lysimaque, soldat, martyr à Sébaste sous Licinius, t. V. i». 318. M Macvu, martyr à Alexandrie sous Dèce, t. II, 1). 378. Macarius, confesseur à Rome sous Dèce, t. II, p. 302, 306. Macedo, prêtre de Diane, t. Il, p. 4-20. Macédoine, t. I. p. 190, -201. -202; t. Il, p. 433; t. IV, p. 87, 88. 180. -2(Î0, -28V. INDKX ALPHABETIQUE. 413 Macedoma. emprisonmo pour la foi à Smyrne sous Dccc, t. II, p. 405. Macra, martyre à Fismcs sous Maxi- mien Hercule, t. IV, p. ',0. Macrien, conseiller de Valrricn, puis tyran de l'Asie, t. III, p. :>0, l'iO, 163, lG(i, 184-185, 188-189, 100; t. IV, p. S(i. Macrien le Jeune, t..Ill, p. isi. Macrin, empereur, t. II, p. 184. Macrina, aïeule de saint Basile, fu- gitive pour la foi sous Dioclétien, t. IV, p. 367. Macrobius Candidiauus, procurateur, t. II, p. 499: t. III, p. 1-20. Madaure, ville de l'Afrique proconsu- laire, 1. 1, p. 44:i. Magnence, empereur, t. V, p. '2-2:i. Magnésie du Méandre, ville de l'A- sie proconsulaire, t. I, p. "2.M. Magnésie de Sipyle, ville de l'Asie proconsulaire, t. I, p. 2.'il. Magnilianus, curateur de Tibiuca- t. IV, p. 210, -211. Magnus, martyr à Rome sous Dcce, t. II. p. 317. Magnls, diacre, martyr à Rome sous valérien, t. III, p. 90, 332. Magm:s, martyr en Cai)padocc sous Aurélien, t. III, p. 267-268. Magydos, ville de Pampliylie, t. II, p. 442-447, Majoiî, martyre à Carthage sous Maximien Hercule, t. IV. i>. 266. Majorinus, évoque schismatiquc de Carthage, t. V, p. 281. Malakbelus, dieu solaire, t. III, p. 234. Malcuus, martyr à Césarée sous Valé- rien, t. III, p. 140. Malus, village de Galalie, t. IV, p. 33 i. Mamerlin. rli9. Martial, martyr à Carlhage sous Dcce, t. II, p. 345. Martial, martyr à Saragosse, t. IV. p. ûi'2. Martial, marlyr à Cordoue sous Maximien Hercule, t, IV, p. 464. Martial, évoque libellatique de Mé- rida, t. II, p. 326; t. III, i). 37; t. IV, p. 241. Martial, poète, t. I, p. 9"; t. V, p. 375. Martianus, magistrat persécuteur, t. II, p. IX, '<36-'*4-2. Martin, apôtre des Gaules, t. IV, p. 21 ; t. V, p. 143. Martimen, martyr à Rome sous Né- ron, t. H, p. 497. Martimex, marlyr près d'É|)lièse sous Dèce, t. II, p. 415. Martisus, martyr à Carlhage sous Maximien Hercule, t. IV, p. 266. Masse Blanche, groupe de martyrs à Utique, t. III, p. 111-113. Mastar, ville de Numidic, t. II, p. 538 ; t. IV, p. 443-444. MATRaxA, martyre à Carlhage sous Maximien Hercule, t. IV, p. 266. Matrona, id., ihid. Matroxa, martyre à Ancyre sous Dioclélien, t. IV, p. 336-339. M.vTRONA, martyre en Numidie sous Maximien Hercule, t. IV, p. 444- 445. MATunis, martyr à Lyon sous Marc Aurèle, t. I, p. 406, 409. NDE.\ ALPn.\nKTIQUE. 415 M\i!n. enfant, martyr à Rome sous Vaierien, t. III, p. 328. Maira, martyre à Ilavcniie sous Dèce, t. II, p. 317. Malra, martyre en Thèhaide sous Dioclélien, t. Ii , p. 383; t. IV, p. 362-366. Maures, t. I, j). 339: t. IV, p. 93; t. V, p. 34!). Maurice, chef des Théhéens, martyr à Agaune sous Maximien Hercule, t. IV, p. 32; t. V, p. 3i7, 351, 3(i.-;, 3(ki. Maurice, soldat, martyr à A|)améc sous Dioclélien, t. V, p. 365,306. Mauritanie, t. II, p. 177, 258, 330; t. III, p. 62; t. IV, p. 82, 135, 19(i 448-452; t. V, J). 22, 215, 303. Maukus, martyr à Rome sous Maxi- mien Hercule, t. IV, p. 389, 396, 411. Mavilus, marlyr à Adrumètc sous Caracalla, t. il, p. 178. Maxence, empereur, t. IV, p. 132 ; t. V, p. 14, 20, 83-84, 88, 89, 90, i)2, 11 i, 110. 120, 128, 129, 100, 107, 208-210, 213-216. 217, 228-231, 233, 234, 237, 245, 25(i, 33*. Maxima, martyre à Sirmium sous Galère, t. IV, p. 291. Maxima, martyre à Thuburbo sous Maximien Hercule; t. IV, p. 453- 455. Maxime, greffier, martyr à Rome sous Marc Aurèle, t. I, p. 430, 434, 438, 439. Maxime, prêtre, martyr à Rome sous Maximin 1'"% t. Il, p. 213. Maxime, diacre, martyr dans les Abruzzes sous Déco, t. II, p. 317. Maxime, prêtre, confesseur à Rome sous Dèce, t. II, p. 302, 306. Maxime, martyr à Éphèsc ou à Lamj)- saquc sous Dèce, t. II, p. 416- 417, 41G INDEX ALPHABETIQUE. Maxime, greffier, martyr à Rome sous Valérien, t. III, p. 46. Maxime, prêtre, confesseur à Alexan- drie sous Valérien, t. II, p. 388; t. III, p. 67. Maxime (cimetière de), sur la voie Salaria Nova, t. I, p. 3G3. Maxime, évoque africain, renégat, t. II, p. 337. Maxime, sénateur, t. lY, p. 422. Maxime, curateur de Siscia, t. V, p. 143. Maxime, gouverneur de Mésie, t. IV, p. 118-121, 123-128. Maxime, gouverneur de Cilicie, t.lV, p. 30i-3-21. Maxime, évéque de Turin, t. III, p. 93, 94; t. IV, p. XLi, 400; t. V, p. 340. Maximiaxcs, martyr à Carthage sous Maximien Hercule, t. IV, p. 265, 275. Maximiex, martyr prés d'Éphèse sous Dèce, t. II, p. 415. Maximien Hercule, empereur, t. II, p. 289, 308; t. III, p. 2i3; t. IV, p. xxxviu, xxxix, 15, 16, 17, 21, 24-26, 28-36, 37, 39, 40, 41, 43-o2, 82, 83, 86, 87, 88, 91, 133, 135, 185, 193, 195, 212. 239, 240, 249, 254, 267, 360, 370-372, 380. 393, 397, 428, 429, 435, 449, 450; t. V, p. 9, 10, 14, 15, 17, 18, 19, 21, GO, 83, 84, 85, 89, 90-91, 92, 149-150, 215, 2i2, 326, 351. 352. 353, 354, 355, 356, 357, 358, 359, 3()0, 3l>-2, 363, 364. Maximilien, soldat, martyr en Afri- que sous Maximien Hercule, t. II, p. IX ; t. IV, p. 104-111. Maximilla, prophétesse montaniste, t. II, p. 145, 147. Maximin P% empereur, t. I, p. ii, IV ; t. II, p. I, 182, 190, 206-208, 2^11, 212, 213, 2H. 215, 210, 218, 220, 222,223. 290, 292; t. III, p. iiT, 359; t. IV, p. xxii. Maximin Daia, empereur, t. iv, p. XLi, 118; t. V, p. 15-17, 29-31, 30, 37-38, 40, .50, 04, 05, 75, "7, 78, 80, 88, 93. 99-113, 114-116. 117. 120, 123, 125, 142, 147, 160-165, 166-205, 208, 242 244, 245, 240, 247, 248, 25(>, 259-270, 317, 32.5, 327, 336. Maximinus, sénateur, t. IV, p. 109. Maxys, officier païen, t. V, p. 124. Mayence, t. I, p. 22,5; t. III, p. 400, 401 ; t. IV, p. 15. Méates, t. II, p. 168. Mèdes, l . m, p. 280. Méditerranée, t. I, p. 204, 400; t. III, p. 70, 19.5, 394; t. V, p. 359. Mein, t. II, p. 278. Mélèce, évéque de Lycopolis. scliis- matique, t. V, p. 51-53, 141. Méliténe, t. II, p. 433, 53.5, 537 ; t. IV, ]). 114, 226,229. MÉLiTON, soldat, martyr à Sébaste sous Licinius, t. V, p. 317. Méliton, évéque de Sardes, apolo- giste, t. I, p. XVili, 02, 03, 162, 247, 29G, 299, 381, 385, 387-391; t. II. p. 47, 142, 100. Memorius, i)rétre, t. IV, p. 196. Mensurius, évéque de Carlhage, t. IV, p. 203-207,278; t. V, p. 208. 280. Meraclus, sous-diacre de Cirta, t. IV, p. 197. Mercure, t. lU, p. 155, 150. MERCUfîiA, martyre à Alexandrie sous Déce t. II, p. 379. MEnccuiLS, soldat, martyr en Cappa- doce sous Dèce, t. II, p. 433. Merida, ville de Lusilanie, t. II. p. 326; t. III, p. 37; t. IV, p. 241^ 105-409. INDEX ALPHABÉTIQUE. 417 Mésic, t. I, p. 17:i, il-2; t. m, p. ±\-2, -2'il>, 31 i. MX), 40:i; t. IV, p. 2, HO, WX 2'»G, 257, 2UI, 299; t. V, p. 143, 1o2. Mésopotamie, t. i, p. 198, 2o:i, 20G; t. II, p. 4, 31; t. m, p. l-i, 189, 225, 278, 281, 294; t. IV, p. 354: t. V, p. 313. Messaline, t. I. p, 2G. Messine, ville de Sicile, t. II, p. 318; t. IV, p. 212. MÉTHODE, évèque de Tyr ou de Pa- tare, martyr sous Maximin Daia, t. IV, p. 29 ; t. V, p. 196-197. Metius Carus, délateur, t. I, p. 101. METRA, mart}T à Alexandrie sous Philippe, t. II, p. 265. Métrodore, prêtre marcionite, brûlé comme chrétien à Smyrne, sous Dèce, t. II, p. 411. Métrodore, possesseur d'un domaine funéraire, t. II, p. 499, riOl. Métrodore, soldat, t. IV, p. 345. MiGGiN, martyr à Madaure sous Commode, t. I. p. 445. Miggin, fossoyeur, t. IV, p. 197. Milan, t. II, p. 499; t. III, p 177, 199, 339, 404; t. IV, p. 88, 325, 428, 431, 432; t. V, p. 17, 228, 245-258. Milet, ville de l'Asie proconsulaire, t. IV, p. 154. Milève, ville de Numidie, t. III, p. 02; t. IV, p. 442, 443, 44 i. Milidi, ville de Byzacène, t. III, p. (i2. MiLix, martyr à Rome, t. II, p. 314. Miltiade, apologiste, t. II, p. 145. Miltiade, pape, t. I, p. 3(iO; t. IV, p. 132, 186; t. V, p. 209-212^ 233, 25(), 283. Milvius (pont), t. V, p. 22î)-23l. Minerve, t. II. p. 274, 334; t. m p. 183; t. IV, p. 337, 341, 397, 402, V. -Mincrvina, lémmc ou concui>iiic de Constantin, t. V, p. 89. Minicius Fundanus, proconsul d'A- sie, t. I, p. 239-2.50, 252, 299, 431. Minucius Félix, apologiste, t. I, p. 105, 390; t. II, p. 248; t. III, p. 2.5, 322; t. IV, p. 220. Minucius Timinianus, proconsul d'A- frique, t. II, p. 87, 10.5. Miséne, t. I, p. 275. Miliira, t. Il, p. 30, 424; t. III, p. 227- 231, 232, 233, 237; t. IV, p. 73, 100, 311. Mitre, esclave, confesseur à Aix (fin du troisième siècle ou com- mencement du quatrième), t. IV, p. 184. Moab, t. III, p. 277. Modéne, t. V, p. 228. Modeste, martyr en Lucanie sous Maximien Hercule, t. IV, p. 421. Modestin, jurisconsulte, t. il, p. 199. Moïse, prêtre, martyr à Rome sous Déce, t. II, p. 302, 306. Montan, martyr à Carthage sous Valèrien, t. n, p. ^99; t. III, p. 121, 124, 126, 128-129. 130. 133. MoNTAN, prêtre, martyr à Sirmium sous Galère, t. IV, i). 291-292. Montan, montanistcs, t. Il, p. 39, 103, 104, 137, 141-146; t. IV, p. 101- 103. Montan, prêtre, t. IV, p. 106. MoNTA.NiANus, martyr à Piperno sous Maximien Hercule, t. IV, p. 415- 416. Montmartre, t. IV, p. 37-38. Mopsueste, ville de Cilicie, t. IV, p. 309, 313. Morte (mer), t. II, p. 399. Moselle, t. III, p. 289. 27 418 INDEX ALPHABETIQUE. Mucapor, bourreau thrace, t. IV, Musonius Rufus, pliilosoplie, t. J, p. 2o7. I p. 65 ; t. III, p. 32-2. Muguas, près de Cirta, t. III, p. 135, Mustiola, martyre à Chiusi sous Au- 137. Munatius Félix, curateur de Cirta, t. IV, p. 195-202. rélien, t. III, p. 253, 250. 258- 260. Mysie, t. I, p. 119, 149. N Kabor, soldat, martyr à Lodi sous Maximien Hercule, t. IV, p. 431. Nabor, roi de Perse, t. IV, p. 393. Kacolée, ville de Plirygie, t. III, p. 301. Namphamo, martyr à Madaure sous Commode, t. I, p. 445. Nantes, t. III, p. 149; t. IV, p. 39. Naples, t. V, p. 2G5. INarbonnaise (Gaule), t. II, p. 322; t. III, p. 390; t. IV, p. 4o, 48. Narbonne, t. IV, p. 23. Narcisse, évêque et martyr à Girone sous Maximien Hercule, t. IV, p. 440. Narcisse, affranchi de Néron, t. I, p. 25. Nartallus, marlyr à Scillium sous Commode, t. I, p. 449. Natalie, épouse du martyr Hadrien, t. II, p. 511 ; t. V, p. 40-42. Natalis, confesseur à Rome sous Septime Sévère, t. Il, p. 82-83. Navigius, évêque de Rusicade, t. IV, p. 44G-447. Nazaire, rhéteur, t. V, p. 303. Néarque, ami du martyr Polyeuctc, t. II, p. 512, 513, 514, 533, 534, 537. Nemesiams, évoque africain, confes- seur aux mines de Sigus sous Va- lérien, t. III, p. 61-62. Nemesils, martyr à Tibur sous Ha- drien, t. I, p. 271. Nemesil's, martyr à Rome sous Va- lérien, t. III, p. "2. Nemesius, chrétien enterré dans le cimetière de Calliste, t. IV, p. 25. Néocésarée, ville du Pont Polémia- que, t. I, p. 344, t. II, p. 260; t. V, p. 313. NÉox, marljT à Rome sous Valérien, t. III, p. 43-46. NÉOM, martyr à Egée sous Maximin Daia, t. V, p. 69-72. Nepi, ville d'Étrurie, t. III, p. 209. Neptune, t. III, p. 183. NÉRKE, martyr à Terracine sous Tra- jan, t. 1, p. 30, 168-173; t. III. p. 3i6; t. IV, p. VMi. XVI, 142. Nérée, nommé dans la lettre de saint Paul aux Romains, t. I, p. 25. Néron, empereur, t. I, p. in, iv, XXXIV, 14, 24, 31, 32, 33, 35, 37-57, 58, 59, 00, 01, 02, 63, 04, OCJ, 69. 73, 75, 77-78, 79, 80, 115, 142, 143, 105, 107, 3S9, 390, 4:;8: I. II, p. l, 305. 474; t. III, p. 84, 220; t. IV, p. VIll. 107; t. V, p. 170, Xm, 300. Nerva, empereur, t. I, p. 137-138, 141, 108; t. II, p. 27; t. IV, p. 402: t. V, p. 11. NiCANDRE, soldat, inaityr en Mésie sous Galère, t. iv. p. 124-131. INDEX ALPHA IJETIQUE. 419 Nice, t. III, p. 101. Nicée, ville de Billiynie, t. Il, p. ^rli, 428; t. V, p. 313. NicÉPiiORE, martyr à Antioclie sous Valérien, l. III, p. 142-144. Nicète, père de rirénarcjuc de SmjTne, t. I, p. 306. Nicolas, soldat, martyr à St'hastc sous Licinius, t. V, p. 318. Nicomaque, renégat, t. II, p. 419. NicoMÈDE, martyr à Rome (et cime- tière de), t. II, p. 499; t. IV, p. li. Nicomédie, ville de Bithynie, t. II, p. 2-23, 428, 430; t. IV, p. XXVM, 13- 14, 22, :a), :;-, «3, i:io, i;>G-rr2, it3, 189, 220, 222, 22:;, 232, 249, 250. 373, 381 ; t. V, p. 2, 4, 9, 10, 13, 16, 24, 38-42, 62, 160, 164, 174-175, 198, l'H). NicoN, martyr à Messine sous Dèce, t. II, p. 318. NicosTKATF, , diacre, confesseur à Rome sous Dèce, t. II, p. 302. NicosTUATE, martyr en Pannonie sous Galère, t. IV, p. 25; t. V, p. 26-28. Nil, évoque égyptien, martyr à ?\ix- nos sous Maximîn Daia, t. V, p. 147, 148. Nil, rédacteur de la Passion de Tliéo- dote, t. IV, p. 346. Nil (neuves t. I, p. 340 ; t. II, p. 259; t. V, ]). 200. Nilopolis, ville d'Égy|)te, t. II, p. 386. Nîmes, t. I, p. 275. Ninus, renégat, t. H, p. 346-347. Nisil)e, ville de Mésopolaïuie, t. IV, I». 116. NivALis, martyr en Nuniidlc sous .Maximien Hercule, t. IV, p. 444- 445. Noie, t. III, p. 174-175, 352. Nomentane (voie), t. I, p. 17, 213, 214; t. II, p. 498; t. III, p. 356; t. IV, p. 410; t. V, p. 274. Norbanus, conjuré contre Domiticn, t. I, p. 130, 133. Ndrique, t. V, p. 62. Novat, schismatique, t. Il, p. 367, 368; t. III, p. 375, 376. Novatien, schismatique, t. III, p. 6, 22, 376. Novella (cimetière de), t. V, p. 122. Numérien, empereur, t. III, p. 46, 47, 74, 305, 306, 311, 312-313 314; t. IV, p. 83. Nlmidicus, martyr à Cartiiage sous Dèce, t. II, p. 349-350. Numidie, t. I, p. 111; t. H, p. 177 ^ 278, 330, 538; t. III, p. 6, 27, 28,' 40,61;t. IV, p.82, 104, 194, 1!)6, 214, 216, 442-448; t. V, p. 273, 281. Numitoria (gens), t. IV, p. 409. Nymphas (cimetière ad), voir Cime- tière Ostricn. 0 Octave, soldat, martyr à Turin sous Maximien Hercule, t. IV, p. 134. Octavie, femme de Néron, 1. 1, p. 432. Octodure, ville du Valais, t. IV. p. 29: t. V, p. 3*7. Odenalli, souverain dcPalmyre. l. III, p. 178, 183-184, 195, 196, 197. Olympiade, nommée par saint Paul dans la lettre aux Romains, t. I, p. 25. 420 INDEX ALPHABETIQUE. Olympius, martyr à Rome sous Valc- rien, t. III, p. 72. Ombrie, t. I, p. 2-26; t. Il, p. 499; t. lY, p. 372, 415, 418-il9. Onésicrate, prêtre de Diane, t. II. p. 420. Optât, martyr à Saragosse, t. IV, p. 2i2. Optât, évoque de Carthage, t. II, p. 122. Optât, évoque de Milève, t. II, p. 532; t. III, p. v; t. lY, p. XXXVI, 205, 207, 442 ; t. V, p. 22. Optimus, proconsul d'Asie, t. II, p. 415, 418, 420. OniGÈNE, docteur, confesseur à Cé- sarée sous Dèce, t. I, p. xxix, 1G5; t. II, p. III, 75-76, 78, 79, 187, 208, 218, 219-222, 250, 258,200,288, 390, 455-457; t. III, p. 197; t. lY, p. XI, XII, 201, 215; t. Y, p. 47. Orléans, t. III, p. 242. Oroxce, martyr à Girone sous Maxi- mien Hercule, t. lY, p. 459. Oronte, fleuve de Syrie, t. lY, p. 230. Orose, t. I, p. 61 ; t. Il, p. 207; t. lY, p. 21. Osca (Huesca), ville de Tarraconaise, t. lY, p. 2i2. Osrhoène, t. II, p. 4, 153,172; t. III, p. 276, 278; t. Y, p. 79, 204. OsiLS, évêque de Cordoue, confes- seur sous Maximien Hercule, t. lY, p. 240; t. V, p. 273. Ostie (et voie d'), t. I, p. 39, 7G; t. Il, p. 11, 497; t. IV, p. 398; t. Y, p. 273. Ostrien (cimetière), t. I, p. 17; t. III, p. 122; t. lY, p. 68, 199, 396, 411- 413. Otacilia Severa, femme de l'empe- reur Philippe, t. II, p. 250. 270. Pachumils, évéque, martyr à Alexan- drie sous Maximin Daia, t. Y, p. 52- 53, 19G. Paga, ville de Lycie, t. V, p. 47. Palatin (mont), t. I, p. 30,57,457; t. II , p. 20, 21 , 154, 155, 206, 307 ; t. III, p. 168; t. lY, p. 6, 65, 163; t. V, p. 233. Palestine, t. I, p. 13, 80, 84, 202, 2G6 ; t. II, p. 4, 59, 61, 62, 217, 219, 452; t. III, p. 140, 144, 218, 277; t. lY, p. XXIX, XXX, xxxii, 282, 283, 303, 349, 351, 354; t. Y, p. 8, 99, 103. 104, 117, 119, 138, 140, 141, 147, 148. Pallas (voir Minerve). Palmyre, t. III, p. 178, 184, 194-196, 205, 2V2-234, 241; t. lY, p. 113, 221. Pampiiile, docteur, martyr à Ccsarée sous Maximin Daia, t. lY, p. xxx, XXXI ; t. Y, p. 102-105, 124. 132, 135-138, 197. Pampliylie, t. I, p. 227; t. II, p. 449; t. IV, p. 303, 332, 33G. Paxcrace, martvTà Rome sous Yalô- rien, t. I, p. 223; t. III. p. 101; t. lY, p. 380. Pandataria (île), t. I, p. 103, 1.07. Pannonie, t. II, p. 269; t. III, p. 9, 178, 221, 289; t. lY, p. 29, 291-293; t. Y, p. 143. Pannosa (rivière), t. Y. p. 14V. Pantène, fondateur de l'école chré- tienne d'Alexandrie, t. H, p. 69, 415; t. IV, p. 201. Panthéon, t. U, p. 154. INDEX ALPHABÉTIQUE. i21 Pnpas, évô(iue de Séleucie, t. Iil, p. -287. Paplilagonie, t. II, p. 1 17 ; t. III, p. 147. Papiinucf. , anachorète, martyr en Tliébaide sous Dioclclien, t. IV, p. 362. Papias, martyr à Rome sous Maximien Hercule, t. IV, p. 393, 396, ill. Papias, t. I, p. 400. Papien, frère du martyr Pasicratc. t. IV, p. 1-21). Papylos, diacre, martyr à Pergame sous Déce, t. II, p. 421-424; t. IV, p. XXXIV. Pauegorils, martyr à Patare sous Valérien, t. Ill, p. 145. Parme, t. IV, p. 4-2(i. Partexius, martyr à Rome sous Dèce, t. II, p. 2.Vt, «230, 307-312; t. IV, p. XV, 389. Partîtes, t. II, p. 53. Parthica (légion II), t. II, p. 279; t. IV, p. 13i. Paschasius, t. IV, p. 'rîK Pasicrate, soldat martyr à Dorostore sous Galère, t. IV, p. 119, 123, 129. Pastor , martyr à Alcala sous Maxi- mien Hercule, t. IV, p. 464. Patare, ville de Lycio, t. I, p.3ii: t. III, p. 145; t. V, p. 196. Patermltuils, martyr à Pliœnos sous Maximin Daia, t. V, p. 147- 148. Patrobe, nouuiié par saint Paul dims la lettre aux Romains, 1. 1, p. 25. Patrocle, martyr à Troyes sous Va- lérien, t. III, p. 101-102. Paul, apôtre, martyr à Rome sous Néron, t, I, p. 23-24, 2,5, 29-37, 51, 73-76, 97, 12i, IW, 153, 157; t. II, p. 100, 175, 2G5, 391, 435, 47i ; t. III, p. 84; t. IV, p. 389, 399; t. V, p. 33, 220, 273, 274, 279. pAiL, martyr à Carthoge sous Déce, t. II, p. 348. Paul, martyr à Corinlhe sous Dèce, t. II, p. 391. Paul, martyr à ïroas sous Dèce, t. II, p. 418-420. Paul, martyr en Afrique sous Valé- rien, t. III, p. 120. Paul, prêtre, martyr à Autun sous Aurélien, t. III, p. 2i3. Paul, martyr à Ptolcmaïs sous Auré- lien, t. III, p. 266. Paul, martyr à Gaza sous Maximin Daia, t. V, p. 121-122. Paul, martyr à C 'saréc sous Maxi- min Daia, t. V, p. 135. Paul, évêque de Néocésarée, confes- seur sous Ucinius, t. V, p. 304. Paul, ermite, t. II, p. 3SG-387. Paul, évoque de Cirla, traditeur, t. IV, p. 196. Paul, jurisconsulte, t. II, p. 199, 474, 493. Paul de Samosate, évêque d'Antioche, t. III, p. 198-199, 216-219, 239- 240; t. IV, p. G-2; t. V, p. 197. Paula, t. I, p. 109. Paulin, martyr à Athènes sous Déce, t. II, p. 391. Pauline, martyre à Rome sous Valé- rien, t. III, p. 44-46. Pauline, martyre à Rome sous Maxi- mien Hercule, t. IV, p. 378. Pauline, épouse de Polyeucfe, t. H, p. 511, 512, 515, 516-518, 519, 520, 521, 522, 525, 536-537, 538. Pausis, martyr à Césarée sous Dioclé- tien, t. V, p. 8. Pectorius, chrétien enterré à Autun, t. I, p. 425. Pélagie, martyre à Anlloche sous Maximin Daia, t. V, p. 78, 21 i. Pelée, évêque égyptien, martyr à 422 INDEX ALPHABÉTIQUE. Pha'iios sous Maximin Daia, t. V. p. 146-148. Pella, ville de Palestine, t. I, p. 79, -2G4. Péloponèse, t. II, p. 391. Pellsius, martyr à Cartliage sous Maximien Hercule, t. lY, p. 266. PÉox, martyr à Rome sous Marc Au- rèle, t. I, p. 371, 376. PÉRÉGRiN, martyr à Rome sous Com- mode, t. I, p. 452. Peregrinls, diacre, martyr à Ancône sous Maxirtiien Hercule, t. IV, p. 426. Pergame, ville de l'Asie proconsu- laire, t. I,p. 406; t. II, p. 421- 424. Perennis, prélel du prétoire, t. I, p. 451. Perge, ville de Pamphylie, t. IV, p. 304, 332. Perpétue, martyre à Carthage sous Septime Sévère, t. II, p. 99-132, 13G, 331, 524; t. III, p. 122. Perse, Perses, t. II, p. 232, 312, 313; t. III, p. 1G2, 167, 183, 275, 280, 281 , 286, 287, 300; t. IV, p. 113, 114, 115, 117, 307, 393; t. V, p. 60, 205. Perside, nommée par saint Paul dans la lettre aux Romains, t. I, p. 25. Pertinax, empereur, t. II, p. 17, 20, 38, 44. Pescennius Niger, compétiteur de Septime Sévère, t. II, p. 19, 22, 25, 40, 60, 109. PessiDunte, ville de Galatie, t. iv, p. 337. Petronille (voir Aurélia Petronilla). Petronius Secundus, préfet du pré- toire, t. I, p. 130, 133. Peucetius, ministre de Maximin Daia, t. V, p. 268. Pliœnos, mines de Palestine, t. iv, p. XXIX ; t. V, p. 145-148. Phanie, martyre à Ancyre sous Dio- clétien, t. IV, p. 335-339. Pliénicie, t. IV, p. 349, 354; t. V, p. 8, 199. Philadelphie, ville de Svric . t. I, p. 301. Philœ, ville de la Thébaïde, t. IV. p. 27. PniLEAs, évoque de Thmui?, m.irtyr à .\lexandrie sous Maximin Daia. t. V, p. 52-56, 105-113. PuiLÉMON, joueur de flûte, martyr à Alexandrie sous Maximin Daia. t. V, p. 57-59. PiHLippA, martyre à Thessalonique sous Galère, t. IV, p. 285-287. Philippe, martyr à Rome sous Marc Auréle, t. I, p. 350-351, 362, 364, 366. Philippe, évoque d'Héraclée , martyr à Andrinople sous Dioolélien, t. II, p. 499; t. IV, p. 255-263, 312-330. Pliilippe, empereur, t. II, p. 228-271, 313, 502-500. Philippe le Jeune, t. IF, p. 237, 243. 250, 209, 502, 503, 505. Philippe, asiarque, t. I. j). 302, 313. Philippe, propriétaire d'un domaine funéraire, t. II, p. 499, 501. Philippes, ville de Macédoine, t. I, p. 189, 201. Philippopolis, ville de Thrace, t. IV p. 257. PiuLOCTiMox, soldat, martyr à Sébastc sous Licinius, t. V, p. 318. Philologus, nommé par saint Paul dans la lettre aux Romains, t. I, p. 25. Pliilon d'Alexandrie, t. I, p. 3. Puilorome, magistrat, martyr à INDEX ALPIIAUETIQUE. 423 Alexandriesous Maxiiuin l)aia,t. IV. |). 57; t. V, p. 54, 105-113. Phiiostrate. rhéteur païen, t. il. p. 68, 147; t. IV, p. 223-224. PiiiLOTHÉE, magistrat municipal, mar- tyr à Saniosate sous Galôrc, t. IV, p. 115. Plilégon, nommé par saint Paul clans la lettre aux lloiuains, t. I, p. -2'i. Phœbé, diaconesse, t. I, p. 157. Plirygie, t. I, p. 400, 4j!) ; t. Il, p. 141- 147, '259; t. III, p. 144, 2<)0, 293, 206. 301; t. IV, p. 53, Gl, 353; t. V, p. 5, 7. PiATON lou Piat). martyr près de Tournai sous Maximien Hercule, t. IV, p. 41. Picenum, t. IV. p. 4-2G. Pietés, t. I, p. 339; t. III, ]). 390. PiEnr.E, apôtre, martyr à Rome sous Nûron, t. I, p. 15-19, 23, 38, 65-69, 73-76, 85, 94, 121, 172, 470; t. II, p. 97; t. IV. p. 389; t. V, p. 33, 273. Pierre, martyr à Lampsaque sous Dèce, t. II, p. 416, 418. Pierre, prêtre, martyr à Rome sous Maximien Hercule, t. Il , p. 424; t. III, p. 329; t. IV, p. 235, 375, 376. 377 ; t. V, p. 273. Pierre, chambellan, martyr à Nico- médie sous Dioclétien, t. IV, p. 57, 168. Pierre, évoque d'Alexandrie, mar tyr sous Maximin Daia, t. V, p. 31- 35, 51, 52, 53, 195, 270. Pierre Abselamus, mai'lyr à Césarce sous Maximin Daia, t. V, p. 131- 132. Pincio (mont, et porte Pinciana), 1. 1, p. 40; t. III, p. 363; t. IV, p. 398. PiONius, martyr à Smyrne sous Dèce, t. II, p. 385. 397-411, 415, 423; t. IV, p. XXXIV, 190. PisTis, martyre à Rome sous Hadrien, t. I, p. 221,223. Plaisance, t. IV, p. 13V. IMaute, t. m, p. «;5. Plautianus, consul, t. II, p. 133. Plautien, préfet du prétoire, t. II, p. 152, 153, l.'K). Plautien, préfet de Rome (?), t. IV, p. 11-12. Plautilla, sœur de Flavius Clemens, t. I, p. 94. Pline l'Ancien, t. I, p. 2C9; t. V, p. 375. Pline le Jeune, t. I, p. 108, 120-121, 146-159, IGI, 238, 240, 241, 244, 299; t. II, p. IX, 59, 163, 245, 403; t. IV, p. vu; t. V, p. 373. Plotin, philosophe, t. III, p. 109. Pi.uTARQUE, martyr à Alexandrie sous Septime Sévère, l. II, p. 73. Plutarque, écrivain, t. I, p. 344; t. V, p. 375. Polemius Silvius, t. V, p. 347. Polémon, rhéteur païen, t. II. p. 393- 394. Polémon, n^ocore, t. II, p. 397, 599, 401, 402, 405. PoLiANus, évêque africain, confes- seur aux mines de Sigus sous Va- lérien, t. III, p. 61. Pollenius Auspex, proconsul d'Afri- que, t. IV, p. 412. PoLLiox, lecteur, martyràCibalis sous Galère, t. IV, p. 295-297. PoLYCARPE, évoque et martyr h Smyrne sous Antonin, t. I, p. 201, 301-317, 400, 422; t. II, p. 159, 395, 524; t. IV, p. VII, XIX, XXXIV. Polychrone, renégat, t. IV, p. 341 . Polycrate, évoque d'Éphèse, t. I p. 379. PoLYEUCTE, soldat, martyr à Mclitène 424 INDEX ALPHABETIQUE. sous Déce, t. II, p. 343, 507-539; t. III, p. 144; t. V, p. 317. Pompéi, ville de Campanie, t. I, p. 69-73; t. IV, p. 237; t. V, p. 37-2, 373. Pompeiana, chrétienne, t. IV, p. 109. Pompeianus, avocat du fisc, t. IV, p. 104, 105. Pompeianus, avocat, t. IV, p. 27i. Pompeiopolis, ville de Cilicie, t. IV, p. 304, 30G. PoMPOXiA, martyre à Carthage sous Maximien Hercule, t. IV, p. 266. Pomponia Grœcina, t. I, p. 26-27; t. III, p. 318. Pomponii (famille des), t. I, p. 28- 29. Pomponius Bassus, t. Il, p. 192. Pomponius, diacre de Carthage, t. II, p. 108. Ponce Pilate, t. I, p. 43, 153; t. Il, p. 523; t. IV, p. 319; t. V, p. 190. Pont, t. I, p. 67, 209, 459; t. II, p. 4, 147, 259, 390,432; t. III, p. 159, IGO, 218; t. IV, p. 20, 178, 303, 3G6-3G7: t. y, 8, 43, IGO. Pont-Euxin, t. I, p. 120, 173, 177; t. II, p. 278, 393; t. IV, p. 13. Pontia (île), t. I, p. 107, 109, 1G8, 170. PoNTicus, martyr à Lyon sous Marc Aurèle, t. I, p. 415, 416. PoNTiEx, martyr à Rome sous Com- mode, t. I, p. 452. Po.NTiEN, pape, martyr en Sardaigiie sous Maximin I", t. II, p. 190, 209- 212, 215, 251-253, 295, 493; t. III. p, 2G; t. V, p. 211. PoNTius, martyr à Cimiez sous Valé- rien, t. Il, p. 502-50G; t. ni, p. 101. Ponlius, diacre, biographe de saint Cyi)rien, III. p. 56, 58, 59, 121. Poi)pée, femme de Néron, t. I, p. 6, 42. Porphyre, esclave, martyr à Césarée sous Maximin Daia, t. IV. p. xxx; t. V, p. 135-137. Porph}Te, philosophe, t. III. p. 169, 170; t. IV, p. 77-80, 201; t. V. p. 107. Porphyre, employé du cens. t. V, p. 28. Porto (et voie de), t. II. p. 313. t. Ill, p. 261, 263; t. IV, p. xv, 297, 388. Posthume, empereur des Gaules, t. III, p. 178, 180-181, 1!)9. 387- 400. Posthume le Jeune, t. III. p. 393- 369. PoTHiN, évêque et martyr à Lyon sous Marc Aurèle, t. I, j). 400,409; t. II, p. 159. Pouzzoles, ville de Campanie, t. I. p. 70; t. II, p. 491 ; t. IV, p. 420. Préneste, ville du Latium (et voie de), t. I, p. 344; t. Il, p. 22 i: t. III, p. 253, 255. Prétextât (cimetière de}, t. I, p. 217- 219, 363, 365-367; t. II. p. 498; t. III, p. 88, 333, 330, 3S5 : t. IV, p. 358; t. V, p. 109. Prima, martyre à Carthage sous Maxi- mien Hercule, t. IV, p. 266. Primitivls, martyr dans la Sabine sous Hadrien, t. I, p. 219. Primitivus, martyr à Tibur sous Ha- drien, t. I, p. 271. Primitivcs, martyr à Saragosse, t. IV, p. 242. Primolus, martyr à Carthage sous Valérien, t. Ill, p. 120, 125. Prion (mont), t. II, p. 415. Prisca, femme de Dioclélien, t. IV, p. 56, 167, 168; t. V, p. 169, 269- 270. Priscille (et cimetière deK t. I, p. 86. INDEX ALPHABÉTIQUE. 425 ?.&2, 303: t. II, p. i08; t. IV, p. ix, GS, 392, 397. Priscls, martyr à Aiuerre sous Valo- rien, t. III, p. 243, -2vrj. pRiscus, soUlat, inartyrà Scbasle sous Licinius, t. V, p. 318. Piuscrs, marlyr à Césarce sous Vak'- ricn, t. m, p. 140. Privernuni (Piperno), ville du Laliuin, t. IV, p. 4I5-41G. Prohi (famille des), t. IV, p. 2-2. Prodl's, marlyr à Anazarbe sous Dio- clôtien, t. IV, p. 304-331. Probus, empereur, t. III, p. xiv, wiu, 2i2, 274 275, 289 290, 303-304, 305; t. IV, p. 8S. Probus, gouverneur de la Pannonie iuférieure, t. IV, p. 291-297. Proclssus, martyr à Rome sous Né- ron, t. I, p. 497. PROCOPE, lecteur, martyr à Césarée sous Dioclétien, t. IV, p. 234, 23o. Procopius, chrétien enterré au ci- metière de Calliste, t. IV, p. 2:;. PaocuLus, martyr à Pouzzoles sous Maximien Hercule, t. IV, p. 420. Proculus, martyr à Bologne sous Maximien Hercule, t. IV, p. 426. Proculus, philosophe, 1. 1, p. 320. Proculus, rebelle en Gaule, t. III, p. 289. Proculus Toparcion, t. II, p. 21-2-2. Promis, martyr à Ascalon sous Maxi- min Daia, t. V, p. 120. Propontide, t. I, p. 4o9; t. IV, p. 2u.'i; t. V, p. IGO. Prosdosces, martyre en Syrie sous Maximin Daia, t. V, p. 79-80. Prutais, martyr à Milan sous Néron, t. III, p. 339; t. V. p. 371. Protus, esclave, martyr à Rome sous Valérion, t. Ilf, p. 99, 100, 378-38G; t. IV, p. XV, 389, Plions, prêtre, marlyr à Torre sous Maxiniieu Hercule, t. IV, p. 433. Proxcnes, aiïranchi de Commode, 1. 1, p. 216, 453. Prudence, poète, t. I, p. 93; t. 111, p. 93, 9G, 108, 331, 33o, 338, 340,341, 343, 3io, 347, 3i9, 450, 351, 353, 35 i, 357-3(>7, 368, 3G9, 370, 372, 373, 374, 377; t. IV, p. XIV, XV, xxur, 140-143, 17G, 185, 243, 2i3-245, 250-25i, 400, 404, 408, 409, 428, 431, 459-409; t. V. p. 144,351,370. Ptoleniaïs, ville de Palestine, t. III, p. 2GG. Ptolkmée, martyr à Rome sous An- tonin, t. I, p. 318, 325-330. Ptolémée, marlyr à Alexandrie sous Dèce, t. II, p. 380. Ptolémée, martyr à Nepi sous Claude le Gothique, l. III, p. 209. PccLiLS, marlyr à Saragosse, t. IV, p. 242. Publius Salvius .lulianus, préfet de Rome, t. I, p. 316, 347-357. Pudens, soldat, martyr à Carlhage sous Septime Sévère, t. II, p. 129- 130. Pudens, procoiisul d'Afrique, t. II, p. 37. Pudens (famille des), t. H, p. 498. Pudentienne, t. I, p. 208. Pupien, empereur, t. Il, p. 214-215, 223, 225; t. IV, p. 371. Purpurius, évéque de Limata, tradi- teur, t. IV, p. 194. Pyrénées, t. IV, p. m. 426 INDEX ALPHABÉTIQUE. Quades, t. IV. i). "20: t. V, p. 3o9. QuADRATus, martyr à Corinllie sous Dèce, t. II, p. 391. Quadratus, apolosiste, t. I, p. 251- 352, 38i. QuARTiLLOSA, martyre à Carthage sous Valérien, t. III. p. 121, 125. QUENTIN, évêque et martyr à Augusta Vermanduorum sous Maximien Hercule, t. IV. p. 40. Quietus, fils de Macrien, t. III, p. 184. Quietus, habitant de Pompéi, t. Il, p. 467. Quiuquegenlans, t. III, p. 154; t. IV, p. 440. QuiNTA, martyre à Alexandrie sous Pliilippe, t. II. p. 266. Quintia (gens), t. IV, p. 4G0. Quintiana, mère de plusieurs mar- tyrs à Piperno. t. IV, p. 415. QuiNTiANus, confesseur à Rome sous Dèce, t. II, p. 302. Quintilia Verecunda, clirélienne en- terrée sur la voie Nomenlanp,t. n, p. 420. QuiNTiLiEN, martyr à Saragosse. t. iv, p. 242. Quintilien, t. III, p. 305: t. V. p. 10-2. Quintillus, frère de Claude le Gothi- que, t. III, p. 221. QuiNTLs, martyr à Carthage sous Sep- lime Sévère, t. II, p. 98. QiiXTUS, martyr à Carthage sous Maximien Hercule, t. IV, p. 265, 275. Quintus, renégat, t. I, p. 302, 303. Quirinal, t. I, p. 4). Qlirincs, martyr à Rome sous Ha- drien, t. I, p! 213, 217-219; t. IV, p. 8. QiiRiNUs, martyr à Rome sous Claude le Gothique, t. III, p. 209. QuiRiNLs, évêque de Siscia, martjT à Sabarie sous Licinius, t. V. p. 137- 139. QuiRiON, soldat, martyr à Sébaste sous Licinius. t. V. p. 317. R Rasapha, ville de l'Augusta Euplira- tensis, t. IV, p. 118. Ravenne, t. IV. p. 2iO, 250, 428. llegalianus, l'un des trente tyrans, t. III, p. 308. Regiola, martyre à Carthage sous Maximien Hercule, t. IV, p. 266. Regulus, délateur, t. I. p. 101. Reims, t. IV. p. 40. Renis, martyr à Carthage sous Valr- rien, t. III, p. 120, 124-125. Repostcs, confesseur à Carthage sous Dèce, t. II, p. 353. Repostus, évêque de Saturnum, re- négat, t. II, p. 337. Respicius, martyr à Nicée sous Dèce, t. II, p. 427-428. HESTiTUTA. martyre à Sora sous Aurc- lien, t. m. p. 253. INDEX ALPHABÉTIQUE. 427 Restituta, martyre à Carlhage sous Maximien Hercule, l. IV, p. 266, 270. Restitltis, martyr à ilome, t. IF, Uestilutu?, fondateur d'un tombeau cliriHien sur la voie Nomenlane, t. II, p. 'd)± Reslitulus, habitant de Pompci, t. II, p. 407. RÉvÉRiEX, évêque et martyr à Au- tun sous Aurélien, t. Ilf, p, 243, 2U. Revocatis, esclave, martyr à Car- lhage sous Septimc Sévère, t. II, p. 105, 113, 128-137. Riiétie, 1. 1, p. 211. Rhin, t. III, p. 220; t. III, p. i:i:i, 38H, 397,398; t. IV, p. 52; t. V, p.21G, 259. Rhône, t. I, p. 398, 42.5, 460; t. II, p. 22; t. II, p. 394; t. IV, p. 20, 47. Rictiovare, magistrat pers(';cuteur. t. IV, p. 39-42 ; t. V, p. 3()0. Rieti, t. I, p. 91. Rignano, t. IV, p. 388. Roches Rouges, t. V, p. 229. RoGATiANLs, prêtre, confesseur à Carlhage sous Dèce, l. II, p. 343. RoGATiAMs, martyr à Carthage sous Maximien Hercule, t. IV, p. 265- 274. UOGATIAMS, id., t. IV, p. 265. ROGATIAMS, id., ibid. Rogalianus, disciple de Plotin, t. III, p. 109. RoGATiEN, martyr à Nantes sous Maximien Hercule, t. IV, p. 39. RoGATus, martyr à Carthage sous Maximien Hercule, l. IV, p. 265. ROGATLS, id., ibid. Romain, portier, martyr à Rome sous Valérien,t. Ill, p. 95. Romain, martyr à Ncpi sous Claude le Gothifiue, t. III, p. 209. Romain, diacre, martyr à Anlinche sous Dioclélien, l. IV, p. 175-176, 248; t. V, p. 370. Rome, l. I, p. 2-57, .58, 00, 01, ^5, 71, 73-70, 77, 90, 97, 98, 113, 115, 110, 117, 118, 121, 123, 12.5, 120, 13», 174, 179, 191, 194, 198-201, 200, 212, 213, 217, 208, 2'^0, 2 81, 30 i, 318, 320, 321, 322, .328, 3.39, 340, 342, 343, 3.53, 358, .359, 300, 301, 368, 309, 373, 399, 429, 430, 431, 432, 441, 450, 4.50, 459; l. II, p. 22, 81- 80, 90, 151-1.50, 185, 1!K)-192, 201- 205, 213-214, 235, 279, 281-292-314, 3.59, 365, 480, 40.5-501, 502-:i00; t. 111, p. 5, 6, 21, 22, 20, 27, 30-32, 87-90, 91-101, 175-177, 193, 307-309, 312-314; t. IV, p. 3-12, Oi-08, 84-85, 103, 18.5-191, 201, 24<>, 248, 249, 297, 370-414; t. V, p. 33, 83-84, 89-90, 114, 110, 118,119,120-129,209-213, 21.5, 217, 219, 228-241, 245, 273, 274, 282, 285, 3.'iO, 350, 308. RoMLLLS, martyr à Césarée sous Maximin Daia, t. V, p. 8. Romulus, fils de Maxence, t. V, p. 114, 234. Roscius Amerinus, t. II, p. 477. Rouge (mer), t. V. p. 117. Uubrœ, bourg du Latium. t. IV, p. 387. RiFiN, confesseur ou martyr en Italie sous Maximin 1*% t. II, p. 223 . Rlfin, diacre, confesseur à Rome sous Déce, l. II, p. 302. Rltix, martyr à Reims sous Maxi- mien Hercule, t. IV, p. 40. Rufin, sophiste à Smyrne, t. Il, p. 407. Rufin, historien ecclésiastique, t. I, p. 179; t. II, p. 275; t. III, p. 187; t. IV, p. 100; t. V, p. 154. 428 INDEX ALPHABÉTIQUE. Rlfine, martyre à Rome sous Valé- rien, t. III, p. 100. KuFLS, martyr à Rome sous Trajan, t. I, p. 200, 201. RuFUs (ou Rlfimanus), vicaire, martyr à Rome sous Maximien Hercule, t. IV, p. 385. Ruio, ville de Lucanie, t. IV, p. 213. Rusicade (Philippevillc), ville de Numidie, t. IV, p. 4iG-4i8. lUsTiCLS, martyr à Vérone sous Maximien Hercule, t. IV, p. 431- 432. Ruslicus, catéchumène à Carthage, t. II, p. 131. Rustique, prêtre, martyr à Paris sous Maxiniien Hercule, t. IV, p. 37, 38. RuTiLius, martyr on Afrique sous Septime Sévère, t. II. p. 95. Sabarie, ville de Pannonie, t. V, p. 143. Sabbazius, martyr à Antioclie de Pisidie sous Probus, t. III, p. xvui. 290-296, 303. Sabin, évéque d'Assise, martyr à Spolète sous Maxiraien Hercule, t. IV, p. 419. Sabine, martyre près de Terni sous Hadrien, t. I, p. 223-225. Sabine, emprisonnée pour la foi à Rome sous Dèce, t. Il, p. 302. Sabine, esclave, poursuivie pour la foi à Smyrne sous Dèce, t. II. p. 226-228, 397-398, 401-402, 403-404, 406, 407, 411. Sabine, martyre à ïroyes sous Aurc- lien, t. III, p. 243. Sabine (province), t. I, p. 89, 220. 221, 279; t. II, p. 317; t. IV, p. 188. Sabinus, préfet d'Egypte, t. II, p. 377. Sabinus, préfet du prétoire, t. V, p. IGI, 174, 2i3, 24S, 205. Sabinus, rebelle dans les Gaules, t. III, p. 380. Sacerdon, soldat, martyr à Scbastc sous Licinius, t. V, p. 318. Sagaris, évoque et martyr à Laodiccc sous Marc Auréle, t. I, p. 379-380. Salamine, ville de Chypre, t. I, p. 205. Salaria Nova (voie), t. I. p. 302, 3G3; t. II, p. 498; t. III, 1). 211, 213, 329; t. IV, p. 08, 395, 397, 398; t. V, p. 210. Salaria Vêtus (voie), t. I, p. 216, 219; t. II, p. 498; t. III, p. 311. 330,378; t. IV, p. 190, 380, 387, 388. 389. Sallustia, martyre à Rome, t. III. p. 23. Salone, ville de Dalmatio, t. III, ]). 250; t. IV, p. 2i9, 250: t. V, p. 17, 85, 91, 150, 152. Salonine, épouse de Gallioii, t. III, p. 168-173. Saloninus, fils de Gallien, t. III. p. 389. Salsa, martyre à Tipasa. t. V. p. 297- 300. Salvidienus Orfitus, mis à mort par Domitien, t. I, p. 112. Salvius Julianus, préfet de Rome, t. I, p. 346-353, 3;i5. Salvus, martyr en Numidie sous Maximien Hercule, t. iv. p. 444- 445. INDEX ALPHABÉTIQUE. 429 Saniaric, Samaritains, t. Il, p. (iO; t. V, p. mi. Samoilirace. t. IV, p. -2GI. Samufl, martyr à Césaréc sous Maximin Daia, t. V, p. 133-135. Sanaé, martyr à Madanrc sous Com- mode, t. I. p. 445. Sanctiex, martyr à Sens sous Aurc- lieu, t. III, p. 243. Sanctl's, diacre, martyr à Lyon sous Marc Aurèle, t. I, p. 406-410. Saône, t. I, p. 398, 4-2:J; t. m, p. 2i-2. Sapiextia, niaityre à Rome, enterrée au cimetière de Calliste, t. I, p. 2-21, 223. Sapor, roi de Perse, t. III, p. 1'*0, 162-167. Sapricius, prêtre, renégat, t. III, p. 141-144. Saragosse, t. II F, p. 306; t. IV, p. 240, -2 il, 460- i63. Sardaigne, t. I, p. '»:^J; t. II, p. 12, 209, 211, 493; t. III, p. 3G9, 375, 370; t. IV. p. 433. Sardes, ville d'Asie, 1. 1, p. 188. Sardiquc, ville de Mésie , t. V, p. ur>. Sarmates, t. m, p. 29i; t. V, p. 24. Sarrasins, t. II, p. 38G; t. IV, p. 82. Saturne, t. Il, p. 127 ; t. III, p. iVi. Saturnin, proconsul d'Afrique sous Commode, t. I, p. 440-449. Saturnin, martyr à Cartliage sous Seplime Sévère, t. II, p. 98. SATinMN,id., t. II, p. 106, 112-113, 128-129. Satlrmn, confesseur à Rome sous Dèce, t. Il, p. 302. Saturnin, martjT à Gortyne sousDôce, t. II, p. 391. Saturnin, évoque et martyr à Tou- louse sous Dèce, t. Il, p. 321-323. Satii;mn. martyr à Saragosse, t. IV, p. 242. Saturnin, id., ihiii. Saturnin, id., ibid. Saturnin, id., ibid. Saturnin, martyr à Rome sous Maxi- mien Hercule, t. II, p. 498; t. IV, p. 393-395. Satup.mn, martyr à Cagliari sous Maximien Hercule, t. IV, p. 433. Saturnin, prêtre, martyr à Cartilage sous Maximien Hercule, t. IV, p. 265, 268, 272. Saturnin, lecteur, martyr à Carlhage sous Maximien Hercule, t. IV, p. 265, 275. Saturnin, jurisconsulte, t. II, p. 199. Saturnin, rebelle en Egypte, t. III, p. 289. Saturnin, fossoyeur, t. IV, p. 197. Saturnina, martyre à Carthage sous Maximien Hercule, t. IV, p. 266. Saturnum, ville de l'Afrique procon- sulaire, t. II, p. 337. Saturus, martyr à Carthage sous Se])time Sévère, t. H, p. 112, 121- 122, 124, 127-130, 131. Sati.rus, confesseur à Rome sous Déce, t. II, p. 302. Saulieu, t. I, p. 422. Save (rivière), t. IV, p. 291, 29.>. Savinien, martyr à Troyes sous Aurélien, t. III, p. 243. Scapula TertulUîS, proconsul d'Afri- que, t. II, p. 177-182. Scarbantia, ville de Pannonie, t. III, p. 22^); t. V, p. 143. Scillium, ville de l'Afrique i>rocon- sulaire, t. I, p. 44(5-449. Scytliopolis, ville de Palestine, t. IV, p. 234. Sébaste, ville de la Petite Arménio, t. V, p. 307-310. 430 INDEX ALPHABÉTIQUE. SÉBASTIEN, officier, martyr à Rome sous Maximien Hercule, t. I, p. 217 ; t. III, p. 30T, 308, 310: t. IV, p. 132, 374, 411. SÉDASTiEN, soldat, martyr à Fossano sous Maximien Hercule, t. IV, p. 134. Sébastopol, ville de la Cliersonèse. t. I, p. 173. Seconde, marlyre prés de Rome sous Valérien, t. III, p. 100. Secoxdien, martyr à Cenlumcelles sous Dèce, t. II, p. 315-317. Seconda, martyre à Scillium sous Commode, t. I, p. 448-449. Seclxda, martyre à Carthage sous Maximien Hercule, t. IV, . 266, 271. Seclxda, id., t. IV, p. 266. Secuxda, martyre à Thuburbo sou> Maximien Hercule, t. IV, p. 453- 455. Secl'xdulls , martyr à Carlliage sous Septime Sévère, t. II, p. 106, 124. Secuxdls, soldat, martyr à Vintimille sous Maximien Hercule, t. IV, p. 134. Secuxdls, martyr à Amelia sous Maximien Hercule, t. IV, p. 418. Secundus, évoque de Tigisis, l. IV. p. 206-207. Seine, t. IV, p. 20. Séjan, t. I, p. 13. Séleucie, ville de Perse, t. I, p. -20.%: t. II, p. 57; t. III, p. 305. Séleucie, ville de Syrie, t. IV, p. 220. Seleucl'S, vétéran, martyr à César ée sous Maximin Daia, t. V, p. 137- 138. Sélinontc, ville de cilicie, t. I, p. 205. Sénrcion, consul, t. I, p. 18t. Sénèque. t. [, p. 37, 54-55, 71, 75. 317; t. III. p. 8i: t. IV, p. 405, iOG. Sexxex, martjT à Rome sous Dcce^ t. II, p. 312-314. Sens, t. III, p. 23i, 238. Septime Sévère, emi)ereur, t. I, p. u, III, xxvii, XXXVII ; t. II, p. I, XII, 3, 9-10, 16-28, 29, 35-30, 44, 47, 49, 50, 55, 57-68, 69, 72, 73, 88, 89, 134, 147, 151-158, 159, 167, 108, 169, 173, 170, 177, 184, 218, 290, 305, 321, 452, 49i; t. III, p. m, 39, 83, 84, 389; t. IV, p. xii, xill, 196, 261, 387; t. V, p. 2^>6. SÉr.APiE, marhTe prés de Terni sous Hadrien, t. I, p. 223-227. SÉr.APiox, martyr à Alexandrie sous Philippe, t. II. p. 266. SÉr.APiox, martyr près d'Éplièse sous Dèce, t. II, p. 415. Sèrapion, évêque d'Antioche, t. II, p. 61, 145. Sérapis, t. II, p. 375; t. III, p. 145. Serena, nommée dans la Passion de saint Sabin, t. IV, p. 419. Serenianus, légat de Cappadoce, t. II, p. 218. Seiiexus, martyr à Alexandrie sous Septime Sévère, t. II, p. 76. Serexis, id., t. II, p. 76. Serexls (ou Sexei'.is). jardinier, mar- tyr à Sirniium sous Galère, t. V, p. 93-95. Seuge, officier de la Scliola Genli- 11 um, martyr en Célo-Syrie sous Galère, t. IV, p. 115, 116. Sergius Paulus, proconsul d'.\sie, t. I, p. 380. Servand, martyr à Cadix sous Maxi- mien Hercule, t. IV, p. 459. Servius Galba, t. V, p. 367. Servius TuUius (mur de), t. I. p. 9; t. III, p. 40'K Sctif, ville de Mauritanie, t. IV, p. 446. SÉvÉuE, prêtre, martyr à Rome sous Valérien. t. m. p. 95, îHî. I INDEX ALPHABÉTIQUE. 431 SÉVÈRE, pn-lre, martyr à Andrinople sous Dioclclien, t. IV, p. 256, 257, 323-326, 330. Sévère, empereur, t. V, p. \:>, 17, 18, 19, -20, (ii, (î'i, 8o, 88, 89, !M. Sévère, consul, t. Il, p. 200. Seveiuanl's, confesseur à Carlhage sous Dèce, t. II, p. 353. Severianus, légat de Cappadoce, t. II, p. 147. Severianus, heau-père de l'empe- reur Philippe, t. II, p. 268, 2G9. SÉvKRiEx, soldat, martyr à Sébastc sous Licinius, t. v, p. 317. Severus, archidiacre, t. IV, p. <>'. lîK); t. V, p. 210. Sexti, prés de Carthage, t. in,p. ll"i. 118. Sicca, ville de l'Afrique proconsu- laire, t. IV, p. 2i:i, -210. Sicile, t. II, p. 60. 318, 31!); t. IV, p. -212, 421-4-20; t. V, |). -22, 131. 210, 211. Side, ville de Paniph>lie, t. IV. p. 307. Sidon, ville de Pliénicie, t. IV. p. 3'i9. SiDOMLs, confesseur à Rome sous Déce, t. II, p. 302. Sigerius, conjuré contre Domilien. t. I, p. 133. Silam:s (ou Silvanls), martyr à Rome sous Marc Auièle, t. I, p. 351, 355, 302. 3(i3, 30o. Silpius, t. III, p. 164. SiLVAix, évoque, martyr à Piiœnos sous Maxiniin Daia, t. V, p. 100, 146, 148. SiLVAiN, évéque et martyr à Émése sous Maximin Daia, t. V, p. 199. Silvain, sous-diacre, t. IV, p. xlih, 197, 198, 100. Silvcstre, pape, t. IV. p. 180; t. V. p. 28:;, 2««i. SiMÉox, évê(|ue et martyr à Jérusa- lem, t. I, p. 181-183. Simon Xenodochus, t. I, p. 200. SiMPLiciLs, martyr à Rome sous Maximien Hercule, t. I, p. 281 ; t. IV, p. 382-384. SiMPMcius, sculpteur, martyr en Pan- nonie sous Galère, l. V, p. 26- 28. Singidunum, ville de Mésie, t. IV, p. 291; t. V, j). 143. Sirice, pape, t. III, p. 32'j; t. v. p. 347. Sirmium, ville de Pnniionie, t. III, p. -2-20, -2-27, -289, 304; t. IV, p. 87, 222, -291, 202-20:;, 38:;. Siscia, ville de Paiinonie, t. V, p. 143. SisiNMLS, martyr à Rome sous Maxi- mien Hercule, t. Il, j). 40^; t. IV, 1). 393-395. SisiNNiLs, soldat, martyr à Sébastc sous I.icinius, t. V, j). 317. Sisinnius Fescenninus, correcteur de ristrie, t. IV, p. 2-2, 37 39, 41. Sixte I", pape, t. I, p. 210. Sixte II, pape, martyr à Rome sous Valérien, t. I, p. 217-218; t. III, p. 78-80, 81, 87-90, 01, 03, 17u, 3-26, 331-336, 386; t. IV, p, xxxiv. Slaves, t. I, p. 178. Smaragdl-s, soldat, martyr à Sébastc sous Licinus, t. V, p. 318. Smyrne, l. I, p. ix, 118, 188, 100, -201. 300-317, 370; t. II, p. 392-394, 30(;. 308, 300, 407, i08, 400, 4-20, 4-23 ; t. IV. p. lOli. Soleil, dieu. t. II. p. 18:;; t. III, ]). -2-27, 231,233 236. 2il, -246, 314; t. IV, |). 47, 73-75, 324; t. V, p. -26, 27, 106. 432 INDEX ALPHABÉTIQUE. Soleure, t. IV, p. 34. SOLUTOR, soldat, martyr à Turin sous Maximien Hercule, t. IV. p. 13i. Sophène, province de l'Arménie. t. IV, p. 114. SoPHiA, martyre à Rome sous Ha- drien, t. I, p. 2-21. 223. Soplironie, morte pour la chasteté sous Maxence, t. V, p. 214. SoPHROMus, confesseur h Carlhage sous Déce, t. Il, p. 353. Sora, ville de Campanie, t. III, p. 253. Sosie, martyr à Pouzzoles sous Maxi- mien Hercule, t. IV, p. 420. SoTÈr.E, martyre à Rome sous Valé- rien, t. Iir, p. loi; t. iv, p. 380. SoTÈRE, martyre à Rome sous Maxi- mien Hercule, t. III, p. lOi ; t. IV, p. 379-380; t. V, p. 212. Sozox, martyr à Pompeiopolis sous Dioclélien, t. IV. p. 312. Spartien, historien, t. I, p. 243; t. II, p. 59, Cl ; t. IV, p. XIII. Spello, ville de l'Ombrie,t.IV, p. 418; t. V, p. 238. Spes, martyre à Rome, enterrée dans le cimetière deCalliste, 1. 1, p. 221, 223. Spesina, emprisonnée pour la foi à Rome sous Déce. t. II, p. 302. Speusippos, martyr à Langres (ou en Cappadocei sous Marc Aurèle, t. I, p. 423. Spolcle, ville de lOmbrie, t. IV, p. 418, 410. Stace, poète, t. I. p. 9T; t. V, p. 373. Stachys, nommé dans la lettre de saint Paul aux Romains, t. I, p. 25. Statius, conTesseur à Carlhage sous Déce. t. II. p. 353. Stephanus, meurtrier de Domitien, t. I, p. 130, 131, 133. Stracteis, martyr à Tibur sous Ha- drien, t. I, p. 271. Straton, diacre, t. IV, p. 18G. Str.vtonique, martyr à Singidon sous Licinius, t. V, p. 143. Suburre, t. I, p. 9; t. III, p. 3ii0: t. IV. p. 387. Slccessus, évéque d'Abbir Germa- niana, martyr sous Valerien, t. III, p. 77, 120. Slccessus, martyr à Saragosse, t. IV, p. 242. Suétone, historien, t. I, p. 59, 64, 92, 96, 100, 102, 103. 104, 110, Ml, 112. 125, 127, 129, 220, 234, 432; t. IV. p. vu, IX. Sulpice Sévère, historien ecc ésias- tique, t. I, p. 61, 105, 283; t. 111, p. 213; t. V, p. 314, 317, 369, 370. Summus Pœninus (Grand Saint-Ber- nard i, t. IV, p. 26. SiPERius (ou ExuPEr.AXTiA), martyr à Rome, t. III, p. 72. Sura, consul, t. I, p. 184. Surrena, ville d'Éirurie, t. IV. p. 417. Suse, t. V, p. 228. Sutri, ville d'Étrurie, t. 111. p. 256. SizANNE, martyre à Rome sous Maximien, Hercule, t. iv, p. 6. Syène, ville de la Thébaïde. t. iv. p. 29. Sylla, t. II, p. 477. Sympiiorien, martyr à Aulun sous Marc Aurélc, t. 1, p. 423-424. SvMPiioRiEx, sculpteur, martyr eu Pannonie sous Galère, t. IV, p. 25; t. V, p. 26-28. SYMPiionosE, martyre à Til>ur sous Hadrien, t. I. p. 220. 269-283. INDEX ALPIIAHÉTIQUE. 433 SYMPiiROMis, niarhrà Ronu\ t. III, p. 7-2. Synnade, ville de Pinygie, t. III, p. HM, 397, 21)8, 300, 301, 303. Syracuse, t. IV, p. i-2:;. Syrie, t. I, p. is. -20. I8S, l!.8, Hii 1.11,2-2; t. p. III, p. 41, KJi, !♦;',, i(jr;; 1. IV, p. .S3, 82, 1 l(i, -2-2o, -227, 2.30. 349, 353; t. V, p. 18, 99, IGO, 21S. 2r>9. T Tacilc, t. I, p. XXXV, 1-2, 43, 4:i, 4G, 48, 49, iil, .'iS, 91, 234, 432; t. IV, p. vu; t. V, p. 3.>2, 366, 373. Tacite, empereur, t. III. p. 270, 271, 30:J, 309; t. IV, p. 4. ïagartha, t. II, p. 153. Talmud, t. III, p. 107. Tanger, ville de Mauritanie, t. IV, p. I3:>. TAi;\cm:s, martyr à Anazarbe sous Dioclélien. t. I, p. xxiv; t. IV, p. 305 321. Tarenle, ville de Lucanie, t. IV, p. 213. Tarquinies, ville d'Étrurie, t. IV, p. 417. Tarraconaise , t. Il, p. 325; t. III, p. 103; t. IV, p. 141, 239, ^63. Tarragone, t. Ill, p. 103-104, 110. Tarse, ville de Cilicie, l. I p. 188; t. IV, p. 30G, 313; t. V, p. 267. Tarsicil's, acolyte, marhT à Rome sous Valérien, t. m, p. 73-74. Tatif.n, martyr à Aquilée sous Cari- nus, t. III, p. 311. Tatien Dli.as, martyr à Prctoriadc, l. IV, p. 312. Tatien, apologiste, 1. 1, p. 385. Tauromcnium, ville de Sicile, t. IV, p. 213. Taurus, t. V, p. 2(i3, 267. Tebcssa (ou Tlievesloi, ville de Nu- niidie, t. IV, p. lO'i, 455. T F.CLSA, martyre à Ancyrc sous Dio- clélien, t. IV, p. 335-339. TÉLEspnoRE, pape, martyr à Rome sous Antonln, t. II, p. 190; t. IV, p. XXV, 392. Tellus, déesse (et quartier de), t. IV, I). 387, 39». Tkrence, martjT à Marlane sous Maximien Hercule, t. iv, p. 413. Terentianus, cilicaniue. t. IV, p. 3-20. Ternie (dieu), t. III, p. 219. Terni, t. III, p. 211, 213. Tcrracine, t. I, p. 168, 170. Terlius, diacre, t. II, p. 108. Tertllla, martyre en Numidie sous Valérien, t. Ill, p. 138. Tertullien, t. I, p. XXI XXIII, xxix, 63, 71, 78, 133, IGO-IGI, l(i2, 164, 105, 248,339, 381-382, 390, 391, 459, ^60; t. II, p. 111,30-31,33-36. 39, 4-2-54, 56, 85, 87, 88. 89. 92-96, 97, 99, 103, 104, 136-140, 141, l'.5, 15-2, 158, Km, 179-181, 247, -278, 283-284,361; t. III, p. xr, 5, 2i. 103; t. IV, p. x, XIX, xxxviil, 191-103, lOV, 105,133, 2-20; t. V, p. 107, 190. Tektillixl's. martyr à Rome, t. III. p. 72. Tertullus, décurion. t. I. p. 2-29--233. Tctricus, empereur des Gaules, t. III, 28 434 INDtX ALPHABÉTIQUE. p. 181, 203. 20:;, -200), 21-2, 231, 402- 402, 406 407. Thadmor. t. III, p. 19i. Tliagora, ville de Numidie, t. IV, p. 4oo. TiiALÉLÉE, martyr à Egée sous Numé- rien, t. III, p. 313. Thea, martyre à Césarée sous Maxi- mln Daia, t. V, p. 116-117. Théhaide. t. I, p. 20:i; t. II, p. 386, 387; t. III. p. 275; t. IV, p. 27, 28, 298. 3G1-360; t. V, p. 53, 57-59, 105, 117, 128, 359, 3G0, 301, 3i7, 331 -3U ; t. V, p. 171, 17-2. Tliéotecne, curateur d'Antioche, t. V, p. 171, 181, 182, 180, 20!). Thessalonique, ville de Macédoine, t. I, p. 2î>r>. 297, 390; t. IV, p. 180, 181, 284-291; t. V, p. 329. Thibaris, ville de l'Afrique procon- sulaire, t. III, p. 17; t. IV, p. 210. Tliimida, ville de l'Afrique proconsu- laire, t. IV, p. 210. Thniuis, ville d'Egypte, t. V, p. :ii. Thrace, t. m, p. 188, 2:;i, 274, 27o; t. IV, p. (M, 87. 2ri:;-263, 307, 32i- 330; t. V, p. 37, CI, 25!). 298, 313, 327. TnuAsÉAS, évêque et martyr à Eumé- nie sous Marc Aurèle, t. I, p. 379' 380. Thraséas. philosophe stoïcien, t. I, p. Go. Thrason. possesseur d'un domaine funéraire à Rome, t. II, p. 498 ; t. IV, p. 3!)o. Thuburbo, ville de l'Afrique procon- sulaire, t. II, p. iOo, 110; t. IV, p. 210, 452, 454. Thuccabor, ville de l'Afrique pro- consulaire, t. IV, p. 210. Thugga, ville de l'Afrique proconsu- laire, t. IV, p. 210. Thurris, ville de l'Afrique proconsu- lairc, t. IV, p. 210. Thyalire, ville de l'Asie proconsu- laire, t. II, p. 422. TiiYusE. marlyr à Sauliou sous Marc Aurèle, t. 1, p. 422. TnvasE, martyr en hithMiie sous Dôce, t. II. p. 430. Thysdrus, ville de l'Africiue procon- sulaire, t. I, p. 455. Tibère, empereur, t. I. j). x\xiv, 208. Tibère Alexandre, t. I, p. 84. Tiberius Claudius Atticus. légat de Palestine, t. I, p. 182. Tibiuca, ville de l'Afrique proconsu- lairc, t. IV, p. 210. Tibre, t. I, p. 339, 3i0, 347; t. II, p. 202, 353; t. III, p. 209, 201, 33!), 360, 3(J1, ^:'Ai. 404; t. IV, p. 382, 383; t. V, p. 228, 229, 231. Tibur, ville de la Sabine, t. I, p. 2G9- 273, 276-282 ; t. III, p. 225. TinuRCE, martyr à Rome sous Marc' Aurèle, t. I, p. 430, 434, 438, 439. TinuncE, martyr à Rome sous Maxi- mien Hercule, t. IV, p. 375. Tiburtine (voie et porte), t. I, p. 280; t. II, p. 294, 498; t. III, p. 209, 338, 346, 349, a'WJ, 363, 307, 309, 370, 377 ; t. IV, p. 4, 180. Tigellin, t. I, p. 40, 42. Tigisis, ville de Numidie, t. IV, p. 205. Tigre, t. I, p. -197; t. II. p. 233; t. III, ]). 195, 300. Timésithée, préfet du prétoire, t. II, p. 22,5, 233. TiMOLAÏis, martyr à Césarée sous Maximin Daia, t. V, p. 8. TiMOTiiÉE, disciple de saint Paul, marlyr à Éphèse, t. I, p. 134. TiMOTiiÉE, martyr à Rome sous Maxi- mien Hercule, t. II, p. 498. TIMOTIIÉE, martyr à Gaza sous Dio- clétien, t. IV, p. 351. TiMOTHÉE, lecteur, martyr en Thé- 436 INDEX ALPHABÉTIQUE. baide sous Dioclélien, t. iv, p. 361 367. Tjpasa, ville de Mauritanie, t. V p. 1298-300. Tiridate, roi d'Arménie, t. IV, p. 2-28 t. V, p. 205. Tite Lire, t. IV, p. xl ; t. V, p. 3i2 356. Titus, empereur, t. I, xxxv, 81-83, 84,85,91,93,97,99,-209. Titus Statius Quadratus, proconsul d'Asie, t. I, p. 301, 308, 310-311. Titutius Robusiusou Roburrus, t. III, p. 308. Todi, ville de l'Ombrie, t. IV, p. 418. Tolède, t. IV, p. 459. Torre, ville de Sardaigne, t. iv, p. 433. Toscane, t. in, p. -253, -257 (voir Étrurie). Totorse, ville du Bosphore, t. I, p. 177. Toulouse, t. II, p. 3-22-3-2i; t. IV, p. 433. Tournai, t. IV, p. 41. Tournus, ville de la Gaule, t. I, p. 4-22. Trachonilide, t. Il, ]>. -229, 230, 231. Trajan, empereur, t.l. p. xxxv, xxxvi, 120-121, 142 167, 1G8, 170,173, 174, 170, 184, 197-199, 200, -201, -202, 204,' 205, 20(J, -208, -20!>, 210, 240, 241, 242,' 213, 244, 2«, 24G, 248, -249, 335, 381, 3&>, 390, 413, 458; t. II, p. vii, vin, IX, 2,18,2^;, 27, 01, 65, 283, 433; t. III, p.2i9, 300; t. IV, p. vri; t. V, p. 11. Trajana (légion II), t. Il, p. 267, 279; t. IV, p. 135. Traites, ville de l'Asie proconsulaire, t. I, p. 179, 298. Thanqlmllin , martyr à Rome sous Maximien Hercule, t. iv, p. 25. Transpadane, t. IV, p. ',30. Transtevere, t. I, p. 10. 11. 41, 42; t. II, p. 203, 294. Trebellius Pollion , historien, t. m, p. 387, 388, 393, 397. Trêves, t. III, p. 393, 395,401,403; t. IV, p. 44, 52; t. V, j). 136. Tripolis, ville de Phénicie, t. v, p. 8. Tnipos, martyre Rome sous Aurélien, t. III, p. 253. Troas, ville de l'Asie proconsulaire, t. 1, p. 188. Tropiiime, martyr à Synnade sous Probus, t. III, p. xvni, 290-301. Troyes, t. lll, p. 102, 243, 247. Tryphène, nommée dans la lettre de saint Paul aux Romains, t. I, p. 2o. TuYPHox, martyr à Nicée sous Dèce, t. II, p. 427-428. Trypuome, martyre à Rome sous Claude le Gothique, t. m. p. 209- 210. Tryphoninus, jurisconsulte, t. il, p. 199. Tryphosa, nommée dans la lettre de saint Paul aux Romains, t. I, p. -23. Tubernus, ville de l'Afrique procon- sulaire, t. IV, p. 210. Tubon, t. m, p. 153. Tuburnic, ville de l'Afrique procon- sulaire, t. IV, p. 210. Tubursicum Bure, ville de l'Afrique proconsulaire, t. IV, p. 210. Tupusuctu, ville de Mauritanie, t. in. p. 154. Turbon, disciple de Manès, t. III, p. -281. Turcii (famille des), t. II, p. lOO, 101. Turcius, correcteur de Toscane, t. lll, p. -257--2G0. Turrania Lucina (voir Lucine). Turrania (gens), t. iv, p. 409. Turin, t. IV, p. 134: t. v, p. 228. Tuscus, consul, t. IV. p. 103. INDEX ALPIIAHKTIQUE. 437 Tyanc, I. \[\. p. >23-2. TvpA'^L'^. martyr en Afn(|iic sous Waximicn Hercule, t. iv, p. 448- 451. Tyr. ville de Pliénicie, t. III, p. ^'^- : t. IV. 1). 177, 349, 3:K); t. V, p. !). 176180. m\, 190, 200, -2(50, 302, Tyuanmo. évi''quc de Tyr, martyr à Antiochc sous Diode-tien , t. IV, p. 349. Tyrannus, (''vc(iue d'Anliociie. l. IV, p. 174. Tyrrliénicune (nier;, t. MI, j). 3ii0. u Ulpia (sons), t. IV, p. 409. Ulpien, martyr à Tyr sous Maximin Daia, t. V, p. 50. Ulpien, jurisconsulte, t. I. p. 311; t. II, p. 199-201. Ummidius Quadratus, neveu de Marc Aurèle, t. I, p. 4:>4. Urania, chrétienne enterrée dans le cimetière de Prétextât, t. I, p. 2-24. Uramus. confesseur à Rome sous Dèce, t. II. p. 302. Urrain, évèque, martyr à Rome sous Marc Auréle, t. I, p. 4-29, 430, 433; t. II, p. 20:i. Urbain, confesseur à Rome sous Dèce, t. II, 1). 302, 305. Urbain, martyr à Saragosse, t. IV, p. 242. Urbain, nommé dans la lettre de saint Paul aux Romains, t. l, p. 2o. Urbain, pape, t. Il, p. 190, 205. Urbain, gouverneur de Palestine, t. V, p. 47, 48, 93, 100, 102, 104. Urbicus (Quintus Lollius), préfet de Rome, t. I, p. 328, 329, 309. Urbin, ville de l'Ombrie, t. Il, p. 4G9, 470, 472, 475, 484. Ursls, soldat tliébcen, martyr à So- leure, t. IV, p. 34. Ursus, évêque dans la banlieue de Rome, t. I, p. 215. Utique, ville de l'Afrique proconsu- laire, t. III. p. 109. 110. 111, 113. Valais, t. IV. p. 20; t. V, p. 355. Valence, ville de la Gaule Narbon- naise, t. II, p. 182; t. III, p. 403. Valence, ville de Tarraconaiso, t. IV, p. 42, 242, 251-254. Valexs, martyr en Galatie sous Dio- clétien, t. IV. p. 333. Valens, martyr à Césarée sous Maxi- min Daia, t. V, p. 133. Valens, soldat, martyr à Scbaste sous Licinius, t. V. p. 317. Valens, empereur, t. II. p. 529. Vai.entin, martyr à Tournus sous Marc Aurèle, t. T. ]). 422. 438 INDEX ALPHABETIQUE. Valentin. martyr à Rome sous Claude le Gothique, t. III, p. 211-212, ■213. Valentin, prêtre, martyr à Surena sous Maximien Hercule, t. IV, p. 417. Valentine, martyre à Césarée sous Maximin Daia, t. V, p. 120-121. Valentinien, em])ereur, t. II, p. liûi). Valextion, soldat, martyr à Dorostore sous Galère, t. IV, p. 119, 123. Valèke, martyr à Soissons sous Maxi- mien Hercule, t. IV, p. 40. Valère, soldat, martyr à Sébaste sous Licinius, t. V, p. 317. Valère Maxime, iiistorieu, t. II, j). 17. Valeiua, martyre à Rome sous Claude le Gothique, t. Ilf, [). 209, 21 i, 408, 'M). Valerianus, èvêque de Saragosse, t. III, p. 366; t. IV, p. 2il. Valérie, fille de Dioclètien, épouse de Galère, t. IV, p. 56, 167, 166; t. V, p. 165, 167-169, 269-270. Valérien, martyr à Rome sous Marc Aurèle, t. I, p. 429-433, 434, 438, 439. Valérien, empereur, t. II, p. 67, 531, 532; t. III, p. IV, v-vi, vu, vui, ix, XIV, 30, 31. 34-55, 56, 57, (i8, 71, 72- 87, 101, 103, 104, liO, 143, 152-167, lîtO, 213, 214, 215, 288, SOO, 378, 383, 387; t. IV, p. XII, XVI, 14, 82, 83, 159, 160, 406; t. V, p. 355. Valerius, èvêque de Saragosse, con- fesseur sous Maximien Hercule, t. IV, p. 241-243. Valerius, évéque d'Hippone, t. V, p. 372. Valerius (ou Valerianus), proconsul d'Asie, t. II, p. 420. Valerius Mercurius, chrétien enterré Varane, roi de Perse, t. lit, p. 275, 287. Varron, t. II, p. 2'i2. Vatican, t. I , p. 48-53, 76; t. II. p. 188; t. III, p. 350. véliocasses, t. IV, p. 38. Velogius, chrétien de ïhrace. t. IV, p. 329. VÉNÉRAND, martyr à Troyes sous Au- rèlien, t. III, p. 243. Vénétie, t. Il, p. 483; t. IV, p. 22, 23. 35, 430. Venouse, ville d'Apulic, t. iv, p. 213, 214. Venuleius, jurisconsulte, t. II. p. 199. Vénus, t. I, p. 47; t. II, p. 415, 418, sur la voie Nomcntane, t. Il, p. i92. | vi 419. VÉxusTiEN, correcteur d'Étrurie. puis martyr sous Maximien Hercule, t. IV, p. 372, 419. Venustus, martyr à Carthage sous Dèce, t. II , p. 302. Veranius, martyr à Ceiituracelles sous Dèce, t. II, p. 316-317. Vérone, t. II, p. 269; t. IV. p. 428; t. V, p. 228. Verulam, ville de Grande-Bretagne, t, IV, p. 43. Verus (Lucius). empereur, 1. 1, p. 338, 353, 405. Vcspasia Polla, 1. 1, p. 89. Vespasien, empereur, t. I. p. xxxv, 83, 84, 85, 86, 89, 90, 91. 93, 94, 96, 99, 101, 209,225. Yespronius Candidus, proconsul d'A- frique, l. II, p. 38. Vestia, martyre à Scillium sous Commode, t. l, p. 448-449. Vesta, t. II, p. 185. Vésuve, t, V, p. 375. Vétranion , empereur, t. V, p. 223. Vcttia (gens), t. IV, p. 409. Epagatius. marhr à I.von INDEX ALPriABKTIQUK. 139 sous Marc Auri;lc, t. I, p. 402. Veturia Paula, i)rosrlytc juive, t. I, |). <;. Vetirils, niartvr à Scillium sous Commode, t. 1. p. 449. Velurius, mailre de la milice, t. IV, p. 117. ViATUix (OU Beati'.ix), mailyrcà Rome sous Maximien Hercule, t. IV, p. 382-384, 411,413. Vir.iEN. soldat, martyr à Schaste sous Licinius, t. V, p. 31". ViCTOinE, martyre dans la Sabine sous Déce, t. II, p. 318. Victoire, martyre à Carlliage sous Maxiiuien Hercule, t. IV, p. 266, 269, 270, 276. Victoire, déesse, t. IV, p. 2G1. ViCTou, martyr à Cartilage sous Déce, t. II, p. 345. VicTon, martyr à Cartilage sous Va- lérien, t. m, i). 121-123. Victor, évêque africain, confesseur aux mines de Sigus sous Valêrien, t. III, p. 62. Victor, évoque et martyr, enterré dans le cimetière Ostrien, t. IV, p. 4H. Victor, soldat tliébéen, martyr à Soleure sous Maximien Hercule, t. IV, p. 32. Victor, vétéran, martyr à Agaunc sous Maximien Hercule, t. IV, p. 34 35; t. V, p. 3M. Victor, officier, martyr à Marseille sous Maximien Hercule, t. IV, p. 48- 52. Victor, soldat, martyr à Milan sous Maximien Hercule, t. IV, |>. 431, 432. Victor, martyr à Girone sous Maxi- mien Hercule, t. IV, p. 459. Victor, confesseur douteux à .^ncvre sous Dioclétien. t. IV. 331 333. Victor, pape, t. F. p. 379; t. II, p. 13, l.';3, lo9. Victor, évé(iue de Rusicade, tradl- teur, t. IV, p. 194. Victor (Fabius), vétéran, t. IV, p. lot, KXi, 1(H). Victor, prêtre, t. IV, p. ur,. Victor, fossoyeur, t. IV. j). 197. Victor, greflier, t. iv, p. iot. Victor, grammairien, lecteur, t. IV, p. 200, 201. Victoria , à CartUage , exilée pour la foi sous Dèce, t. II, p. 353. ViCTORiANus, martyr à Cartilage sous Maximien Hercule, t. IV, p. 265. Victoric, martyr à Cartilage sous Valêrien, t. III, p. 120, 126, 128, 129. Victoric, martyr à Amiens sous Maxi- mien Hercule, t. IV, p. 40. VicTORiN , martyr en Auvergne pen- dant l'invasion de Chrocus, t. III, p. 156. Victorina, régente des Gaules, t. III, p. 203, 401-402. ViCTORiNus, martyr à Carlliage sous Déce, t. II, p. 345. ViCTORixus, martyr à Cartliage sous Maximien Hercule, t. iv. p. 266. Victorinus, empereur des Gaules, t. III, p. 181,401-402. Vienne, ville de la Gaule Narbon- naise, t. T, p. 403, 40<>, 418, 421, t. IV, p. XXXIV, 200. Vigile, pape, t. IV, p. 32<), 363. Vincent, martyr à Rome sous Com- mode, t. I, p. 452. Vincent, diacre, martyr à Rome sous Valêrien, t. III, p. 90. Vincent, diacre, martyr à Valence (Espagne) sdus Maximien Hercule, 440 INDEX ALPHABÉTIQUE. t. IV, p. 4-2. 241-245, 2tG, 250- 254. ViNCENTics, martyr à Cartilage sous Maximien Hercule, t. IV, p. 265. Vindena, ville d'Orabrie, t. I, p. 2-2i, •22G. Vintimille, t. IV, p. 134. Vital, martyr à Rome soiks Marc Auréle, t. I, p. 352, 36-2, 3G4. Vital, esclave, martyr à Bologne sous Maxiniien Hercule, t. IV, p. 426-427. Vital, lecteur, t. IV, p. 210. vitellius, empereur, t. I, p. 90. Viterbe, ville d'Étrurie. l. IV, p. 417. Vitigès, roi des Goths. t. III, p. 329. Viviers, t. Il, p. 1G7. Volusien, fils de Gallus, t. Ill, p. 30. Vopiscus, historien, t. Il, p. 273. X Xantiif.as, soldat, martyr à Sébaste sous Liciuius, t. V. p. 318. Zaciiée, mart}T à Césarée sous Dio- clétien, t. iv, p. 236-237, 248. Zama, ville de l'Afrique proconsu- laire, t. IV, 1). 208. Zeijixas, martyr à Césarée sous Ma- ximin Daia, t. V, p. 124. ZÉxoBE, évoque et martyr à Egée sous Maximin Daia, t. V, p. 69. Zénobie. reine de Palmyre, t. III, p. 196-198, 190, 203, 214, 20G, 212, 210, 219, 232-233, 239. Zenobu:s, prêtre et médecin, mar- tyr à Antioche sous Dioctétien, t. IV, p. 349. ZÉNOx, martyr à Rome, t. I, p. 217. ZÉNON, soldat, martyr à Alexandrie sous Déce, t. II, p. 380. Zépbyrin, pape, t. Il, p. 13-24, 82, 83, 84, 85, 20o. ZoÉ, esclave, martyre en Pami)liylie sous Hadrien, t. I, [). 227-229. ZoÉ, martyre à Rome sous Maximien Hercule, t. IV, j). 25. ZoELLUs, martyr à Cordoue sous Ma- ximien Hercule, t. IV, p. 464. ZosiME, martyr à Rome sous Trajan. t. I, p. 200, 201. ZosiME, martyre à Porto sous Auré- lien, t. III, p. 261-263; t. IV, p. XV, 123. Zosime, pape, t. I, p. 179; t. V, p. 347. Zosime, historien, t. II. p. 2(i7. 273; t. III, p. 221; t. IV. p. xxxix: t. V. p, 21(», 274. Zosime, bourreau, t. iv, p. 289. ZoTiQLE, martyr enterré sur la voie Labicane, t. I, p. 220. ZOTiQUE, martyr à Gorlyne sous Dèce. t. II, p. 391. Zotique, chrétien de Mésie, t. IV, p. 130. Zotique, évoque de Comane, t. II, p. 145. FIN DE L IXDEX ALPIIADETIQUE. TABLE DES MATIÈRES DU SKCOM) VOLUME CHAPITRE VII I.ES CIIRKTIENS DEl>i;i.S l'aDDICATION DE DIOCLKTIEN ET DE MAXIMIEN JL'SQL'A I-'USIUPATION DE MAXENCE (30o-306). I. — Abdication de Diocléticn et de Maxiniieu. Fin de la persécution en Occident (305). rages. Dioclétien malade à Nicomédic a La persécution se poursuit dans ses États 4 Procédés différents des gouverneurs 4 Incendie d'une ville chrétienne de Phrygie 7 Martyre de huit cin-étiens à Césarée K Galère arrive à Nicomédie 9 Il obtient l'abdication de Dioclétien et de Maximien Hercule î) Formation d'une nouvelle tétrarchie 14 Élévation de Galère et de Constance au rang d'Augustes 14- Choix de deux nouveaux Césars i'^ Maximin Daia proclamé en cette qualité à Nicomédie, au mépris de Constantin, fils de Constance 47 Sévère proclamé en la même qualité à Milan, au mépris de Maxence. fils d'Hercule 17 Nouveau partage territorial 18 La persécution cesse en Espagne, devenue partie de l'apanage de Constance -. 10 Sévère la fait cesser en Italie et en Afrique 1î> Cependant les biens ecclésiastiques ne sont pas rendus, ni les ra|)- ports officiels rétablis -20 Réflexions d'Eusèbc -2-2 4 42 TABLE DES MATIERES. II. — A'ouveaiix éïlit«» de pcDiéciilion eu Orient 300). Pages. Marhre de cinq sculpteurs chrétiens en Pannonie 24 Maximin Daia accorde une amnistie aux cliréliens 29 Ses illusions sur la puissance du paganisme 30 Les Églises orientales commencent à se réorganiser 31 Canons péuitentiaux de Pierre d'Alexandrie 31 Prompte fin de l'amnistie 33 Nouveaux édits de persécution 30 Leur promulgation dans les Étals de Maximin et dans ceux de Ga- lère 36 Martyre d'Hadrien et de Xatalie, à Nicomédie 39 Martyre de Théodore, à Amasée 43 Autres soldats martyrisés dans la même ville Mi Martyre de sainte Julitta et de saint Cyr. à Tarse 40 Martyre d'Aphien, à Césarée 47 Prodige attesté par Eusébe 49 Martyre d'Ulpien à Tyr 49 Martyre d'Edesius, à Alexandrie ."iO Pierre, évoque de celte ville, se tient caché 51 Origine du schisme de Mélèce ,jI Lettre écrite contre Méléce par quatre évéques captifs î)2 Philcas, évéque de Thmuis, et le haut magistrat Philorome, dans la prison d'Alexandrie 54 SoulTrances des prisonniers chrétiens décrites par Philéas .54 Martyrs de la Thébaïde 37 Apollonius 57 Le joueur de llùte Polémon 57 Conversion du gouverneur Arrien ,58 Les convertis de la Thébaïde amenés à Alexandrie et noyés par l'ordre d'Hiéroclés 5S III. — Avèiieinciit de Constantin et de :»!axence (30G). Constantin à la cour de Galère • GO Il est rappelé en Gaule par Constance 61 Ruse employée pour déjouer les poursuites 62 Son voyage r,2 11 accompagne Constance en Bretagne ($3 Mort de Constance à York 63 Constantin proclamé Auguste par les soldats 03 Il envoie son portrait aux autres empereurs tvt Galère se décide avec peine à reconnaître son élection, mais le fait descendre au rang de César 64 Exaspération de Galère 6-5 Les païens traités au^si cruellement que les chrétiens 66 TAIiLE DKS MATIERES 4i3 l'ngcs. Nouveau supi)lice du feu, invcntr pour ces derniers (!S Martyre de Claude, Astèrc, Néon, Domnina et Tlieouilla, en Cilicie... 6!i Martyre d'Agapius, à Césarce "5 Débauches de Maximin 77 Chrétiennes sauvant leur vertu par une mort volontaire 77 Sainte Pélagie, à Antioche "S Autres martyres de celle ville "!» Domnina, Bernice et Prosdosces se noient pour échapper auv t)orsé- cuteurs "!> Maximin confisque les biens d'une chrétienne d'Alexandrie, «lui a ré- sisté à sa passion 80 Chrétiennes punies par le martyre de leur résistance aux proi)Osi- tions infâmes des gouverneurs 81 Réllexions de saint Augustin sur celles (lui ont été outragées par vio- lence 8^2 Ambition de Maxence ' 83 Mécontentement du peuple de Rome et des prétoriens 84 iMaxence proclamé par eux empereur 84 Extinction de la seconde lélrarcliie 84 Six empereurs en présence 8"> CHAPITRE YIII I.ES CMf.KTrF.N'^ DEl'CIS L'lSLRPATIOX DE MAXF.NCE JUSQU'A I. V MOIIT DE MAXIMIN UEncuLE (306-310). I. — La perséciitiou eu 307. Confusion politique 88 Mort de Sévère 89 Échec de Galère en Italie 80 Rupture entre Hercule et Maxence 90 Hercule se réfugie en Gaule 90 Congrès de souverains en Pannonie 90 Licinius proclamé Auguste 91 Maxence, à Rome, favorable aux chrétiens 9-2 I.a persécution continue en Orient 93 Martyre du jardinier Serenus, à Sirmium 94 Martyre d'Euphémie, à Chalcédoine 97 Martyre de Théodosie, à Césarée 99 Mutilation des confesseurs envoyés aux mines 100 Trois chrétiens condamnés à être gladiateurs lOi Le docteur Pamphilc 102 Ses travaux excgétiqucs 102 Il les continue en prison 103 444 TABLE DES MATIERES. Pa^es. Disgrâce et mort d'Urbain, gouverneur de Palestine 104 Philéas et Pliilorome comparaissent à Alexandrie devant Culcien 105 Intervention des avocats en faveur de Philéas 107 Son interrogatoire 107 Condamnation de Philéas et de Philorome 112 Philéas refuse de faire appel 11-2 Leur supplice 113 il. — La persécution en 308. Nouvelles intrigues poliliques 114 Maximin oblige Galère à le faire Auguste 115 Souffrances des chrétiens condamnés aux mines 110 Des frères les secourent au péril de leurs vies 1 18 Martyre de deux cluétiennes à Gaza 120 Martyre de Paul et de ses compagnons 121 Nouvel édit de Maximin forçant les chrétiens à sacrifier 122 Martyre, à Césarèe, d'Antonin, Zebinas et Germain 124 Martyre de la vierge Eunatlias 124 Cadavres de chrétiens laissés sans sépulture 123 Lacrymœ rerum 125 Tranquillité de l'Église romaine 120 Élection du pape Marcel 126 Réorganisation paroissiale 120 Dissensions au sujet des « tombés » 127 Marcel meurt en exil 128 m. — La persécution en 309 et 310. Élection du pape Eusèbe 130 Heraclius suscite de nouveaux troubles au sujet des « tombés » 130 Maxence exile Heraclius et Eusèbe 130 Eusèbe meurt en Sicile 131 Suite de la i)ersécution en Orient 131 Martyre de Pierre .\bselamus 131 Cinq pèlerins d'Egypte arrêtés à Césarée 132 Leurs réponses au gouverneur Firmilien 133 Ils sont mis à mort 13 i Martyre du docteur Pamphile, de Valons et de Pau! 13i Protestation du jeune Porphyre 134 Son martyre 13,'; Martyre du vétéran Seleucus 137 Martyre de l'esclave Tliéodule 128 Martyre du voyageur Julien 121) Les animaux refusent de toucher aux cadavres des saints 139 Martyre d'Hadrien et d'Eubulus 1 40 Le gouverneur Firmilien meurt disgracié 140 TAI5LE DES MATIEUES. 415 rnges. Drsordres subsistant, malgré la persécution, dans les Églises orientales. 141 Martyre d'Hern)yle et de stralonique en Mésie 143 Martyre de Quirinus, évêque de Siscia, en Pannonie 143 Adoucissement du sort des chrcliens condamnes aux mines 145 Leurs réunions pieuses 14*> Nouvelles sévérités à leur égard 147 Martyre de Nil, Pelée et Patermutliius 147 Martyre de trente-neuf forçats chrétiens 148 Mort de Ma\imicn Hercule 149 Douleur de Dioclétien 14î» CHAPITRE IX LES CimKTlENS DEPLIS L'KDIT DE TOLÉRANCE DE CALÈUE JUSQU'A LA OUEItUE DE MAXnilN CONTltE L'AKMKME (311-31:2). I. — Ledit de lolérance et la mort de (ialèrc. Galère tombe malade l.>2 La maladie des persécuteurs Vii Parole d'un de ses médecins 154 Tardif repentir de Galère 155 Singulier édit de tolérance 15G Caractère de cet édit 156 On le publie dans les États de Galère, de Licinius et de Constantin.. IGO Maximin ne le promulgue pas, mais ordonne verbalement de cesser la persécution IGO Circulaire du préfet du prétoire Sabinus IGl Vraie portée de cette circulaire IGâ Joie des chrétiens 164 Retour des confesseurs 164 Reprise de la vie religieuse 165 Mort de Galère I6:> II. — Attaques Insidieuses de Maximin contre le cliristianisuic. Partage des États de Galère entre Maximin et Licinius 106 Écroulement de l'œuvre politique de Dioclétien 106 Sa fille Valérie, veuve de Galère, persécutée par Maximin 167 Maximin prohibe de nouveau les assemblées chrétiennes 169 Voyage de Maximin dans les provinces 171 Théotecne, curateur d'Antioche, organise un pètitionnement des villes contre les chrétiens 171 Complicité de Maximin dans ce mouvement 173 Texte de la pétition de la ville d'Aricanda ; 173 Réponse de Maximin à la ville de Nicomédie 174 Réponse de Maximin à la ville d'Aricanda 175 4i6 TABLE DES MATIERES. Pages. Son message aux habitants de Tyr 176 Véritable sermon païen 176 Texte du message 177 Tiicotecne institue le culte et l'oracle de Jupiter l'Ami 181 L'oracle demande l'expulsion des chrétiens 182 Elle est ordonnée par de nombreux arrêtés municipaux 182 Persécution hypocrite et non sanglante 182 Maximin précurseur de Julien 184 II cherche à créer un clergé païen 185 Organisation de ce clergé 180 On lui donne des pouvoirs de police contre les chrétiens 18" III. — Dernières calomnies et persécution ouverte. Maximin essaie de noircir les chrétiens 188 Publication de faux Actes de Pilate 190 Ils sont partout alfichés ou lus publiquement 191 On les rend obligatoires dans les écoles 193 Des femmes de mauvaise vie sont contraintes par la menace à ca- lomnier les mœurs chrétiennes 193 Maximin recommence ouvertement la persécution 194 Il attaque surtout les évéques et les docteurs 195 Martyre de Pierre d'Alexandrie , de Faustus et d'Ammonius 195 — des évéques égyptiens Hesychius, Pachumius et Théodore.. 196 — de Méthode, évéque de Tyr ou de Patare 196 — de Lucien, prêtre d'Antioche 197 — de Basilisque, évéque de Comane 199 — de Silvain, évéque d'Éphèse 199 — de Cyr, Jean et plusieurs femmes 199 Saint Antoine encourage les fidèles d'Alexandrie 199 L'empire de Maximin est ravagé par la famine et dévaste par la peste 201 Charité des chrétiens 202 Changement de l'opiuion en leur faveur 203 Guerre de Maximin contre l'Arménie chrétienne 203 Défaite du i)ersécuteur 20d CHAPITRE X LA DAT\ILLK DU PONT MILVIIS ET I.'ÉDIT DE JlILAN (312-313). I. - La bataille du pont Milvius (312). Rapports de Maxcnce avec les chrétiens d'Afrique 208 Les propriétés de l'Église romaine sont restituées au pape Miltiade.. 209 Le corps du pape Eusèbe est rapporté de l'exil 210 TAIiLE DKS MATIERES. 447 rages. Sa crypte au cimctièri; de Callistc 2H Autre martyr transporte dans ce cimetière 21-2 Cependant, des ciiréticns souffrent des grossières passions de Maxcnce '2\'S Mort licroï(|uc de Sophronie 214 Maxence jaloux de son beau-lrèrc Constantin 21'* Il lui déclare la guerre, sous prétexte de venger Hercule 215 Constantin s'allie à Licinius 21.% Superstitieuses terreurs de ses soldats au moment de marcher contre Rome 217 Idées religieuses de Constantin 21K Réflexions plus prolondes 220 Prière au vrai Dieu 221 Sincérité du récit d'Eusébe 222 Vision de Constantin 223 Version païenne de cet événement, qui en confirme la réalité 224- Le labarum 22(> Cet étendard peut être accepté de tous 227 Campagne de Constantin en Italie 22H Mauvaise manœuvre de Maxence 230 Bataille du pont Milvius 23i Défaite et mort de Maxence 231 Entrée triomphale de Constantin dans Rome 231 Modération de sa conduite 232 Faveur montrée aux chrétiens 233 Réjouissances officielles 234 L'arc de triomphe et son inscription 235 Enthousiasme des particuliers et des provinces 23ft Joie des Africains ^ 236 Constantin se fait représenter tenant la croix 238 Hommages discrets des chrétiens de Rome 23î> Le monogramme Constantin ien dans les catacombes 240 II. — Ledit de Milau (313j. Constantin oblige Maximin à cesser la persécution 242 Maussade rescrit de Maximin 24a Il ne trompe ni les chrétiens ni Constantin 2'*4 Rencontre de Constantin et de Licinius à Milan 215 Mariage de la sœur de Constantin avec Licinius "2'*^ Dioctétien refuse d'y assister 246 Lettre menaçante de Constantin 246 Mort de Dioctétien 247 Constantin et Licinius s'occupent d'établir la paix religieuse 247 Raisons de substituer un nouvel édit à celui de Galère 247 La première partie de l'édit de Milan 25a 448 TABLE DES xMATIERES. Pages. Liberté de conscience accordée à tous, mais profitable surtout aux chrétiens ^0 La seconde partie de l'édit de Milan -2o4 Restitution des biens ecclésiastiques, même aliénés 256 L'Église reconnue par l'Étal comme société indépendante 2:;8 III. — La fln de Maximin. Maximin menace les États de Licinius 25î) II se l'ail le cliampion du polythéisme 200 Prière monothéiste dictée par Licinius à ses soldats 260 Défaite de Maximin près d'Héraclée 261 Licinius afliche à Kicomédie l'édit de Milan 262 .Maximin, réfugié en Cilicie, se décide à faire un édil en faveur des chrétiens 263 Texte de l'édit 26i Réflexions d'Eusèbe 266 Marche de Licinius vers Tarse 267 3Iaximin s'empoisonne 267 Cruelles représailles de Licinius 268 Exécution de la femme, des enfants, des principaux officiers de Maxi- min 269 CHAPITRE XI CONSTANTIN ET LICINIKS (313-323). a politique religieuse de Constantin. Renaissance chrétienne 272 Basiliques nouvelles 273 Nécessité de poser des règles pour la rentrée des « toml)és » dans l'Église 275 Canons du concile d'Ancyre 276 État des esprits en Afrique 279 Cécilien succède à Mensurius sur le siège de Carthage 280 Félix, son consécralcur, accusé d'avoir été traditeur 281 Schisme des donatisles 281 Faveurs accordées par Constantin au clergé catholique 281 Ses lettres reconnaissent la légitimité de Cécilien 281 Cette légitimité proclamée par le concile de Rome 282 L'innocence de Félix i)rouvée par une enquête judiciaire 283 Nouvelles protestations des donatistes 283 Impatience de Constantin 28i TABLE DES MATIERES. 449 Pagea . 11 convoque le concile d'Arlea 285 Jugement d'Arles conforme à celui de Rome 28.*> Canons transmis au pape Silvestre pour être promulgués 286 Questions d'ordre civil et social résolues par les canons 286 Suite de l'histoire des donalistcs 287 Les évoques catholiques ne demandent pas le châtiment de leurs ad- versaires 288 Même douceur des évêques pour les païens 288 Progrès de la législation romaine sous l'inlluence des conseillers ecclésiastiques de Constantin 288 Plaintes des païens 291 Rien n'est changé cependant à la situation légale du paganisme 291 Constantin garde le titre de Ponlifex Maximus 292 Ses motifs 293 Ce titre lui permet de faire la police du culte païen 293 Lois en interdisant l'exercice secret, en autorisant l'exercice public. 293 Destruction d'un petit nombre de lenij)les, où la morale était outragée. 29.'} Suppression des sacrifices offerts ofliciellement par les magistrats et les généraux 296 La politi(iue de Constantin à l'égard du culte païen peut se résumer par ces mots : toléran ce et publicité 297 Les païens et les chrétiens : martyre de sainte Salsa 297 II. — I.a persécution de Uclnlus. Courte rupture et réconciliation des deux empereurs 302 Leur accord jusqu'en 321 302 Changement dans la politique religieuse de Licinius 303 Conduite tortueuse à l'égard des chrétiens 304 Interdiction aux évêques de sortir de leurs diocèses et de se réunir. 304 Interdiction aux hommes et aux femmes de se trouver en même temps dans les églises 306 Interdiction aux évéqucs et aux prélrcs de donner renseignement religieux aux femmes 306 Défense aux chrétiens de célébrer leur culte autrement qu'en plein air 396 Expulsion des chrétiens du palais 307 Épuration de la magistrature 307 Tous les employés des tribunaux et des préfectures obligés de sacri- Uer sous peine de révocation 307 Nouvelle conliscation du patrimoine ecclésiastique 308 Chrétiens condamnés à l'exil 309 — — à la rélégation 309 — — aux mines 309 — — à la servitude pénale 309 — — au soin des ménageries impériales 309 Conliscation de leurs biens 310 V. 29 450 TABLE DES MATIERES. Pages, Chrétiens inscrits parmi les curiales 310 Les évêques soupçonnés d'être favorahles à Constantin 310 Horrible supplice infligé à plusieurs prélats 312 Martyre de Basile, évêque d'Amasée 312 Les confesseurs Paul, évêque de Ncocésarée, et Thcodote, évêque de Ceraunia 313 Martyre des diacres Ammon et Abibe 313 L'idolâtrie imposée aux soldats 313 Réponse d'Hadrien 314 Martyre de Théogène 315 Martyre de Scvérien, Eudoxe, Agape 316 Les quarante martyrs de Sébaste 316 Dureté envers les prisonniers 319 Apostasies 320 Martyre de saint Gordius 321 Guerre entre Constantin et Licinius 324 Contraste des deux armées 325 Discours païen de Licinius 326 Il est défait à Andrinople 327 Tentative de réconciliation, puis reprise d'hostilités 328 Nouvelle défaite à Chrysopolis 329 Mort de Licinius 329 III. — Les derniers édlts de paix religieuse. Édit de 323, efifaçant les traces de la persécution de Licinius 331 Lettre de Constantin accordant des subsides aux évoques 333 Inquiétudes des païens 334 Proclamation de Constantin à ses sujets 336 Récit autobiographique 336 Prière 337 Tolérance promise aux païens 338 Second passage répétant cette promesse 339 Conclusion 340 APPENDICE Le martyre de la Légion Thébcennc 345 INDEX ALPIIAP.ÉTIQUE DES NOMS DE PERSONNES ET DE LIEUX, APPARTENANT AUX CINQ PREMIERS SIÈCLES, CITÉS DANS L'Histoire des Persécutions... 377 FIN DE LA TABLE DES MATIÈRES. TYPOGRAPHIE FIRMIN-DIDOT ET C'«. — MESXIL (EITRE). ^ m "THE INSTITUTF OF ITPiApv'H STUCI£S 10 ELMSLEV PLACÇ TOROfviTO 6, CAr»" -*